Fille
de joie !
Fille
de rien !
Mauvaise
vie !
Fille
salie !
Fille
finie !
La
honte de ses parents.
La
honte sur son nom.
L'alcool
aidant, quand les langues se délient, je suis une salope. Une vraie
pute dans la bouche de ceux qui osent. Les plus honnêtes sans doute.
Parce que tout le monde ou presque le pense.
Et
toi sais-tu pourquoi ? Sais-tu ce qui fait de moi cette
fille-là ? Cette femme de plaisir ? Cette jouisseuse ?
Pécheresse galeuse ! Intouchable. Sais-tu pourquoi ? Que
tu l'aies pensé ou non, tu l'as entendu de toutes les bouches
familiales et vénéneuses . Sais-tu pourquoi ou j'ai choisi cette
vie de débauche ? Question stupide ! Tu m'as déjà
demandé pourquoi. Parce que tu savais que j'étais aussi quelqu'un
d'autre. Mais tu n'as jamais eu de réponse. J'ai toujours éludé.
Parce qu'il aurait fallu tout raconter et que j'avais trop envie de
tout te dire pour pouvoir commencer sans achever l'histoire jusqu'aux
origines du mal.
Je
cherche. Je pousse les limites. Non le plus loin possible mais afin
de toucher le plaisir, même du bout du doigt, d'un seul. Mais cela
ne fonctionne pas ainsi. Je ne le connais toujours pas. Pas une
miette. Oui, on parle de mes plaisirs à l'envi. Il n'y a pas de
plaisirs pour moi dans cette vie. Je n'éprouve rien de ce genre. Je
suis froide comme la glace. Même ivre morte, le plaisir ne m'atteint
pas. La fille de joie sans plaisirs. Rien, tu entends ?, rien ne
me satisfait. Je ne sais pas ce qu'est le plaisir, la jouissance, de
quelque ordre qu'ils soient. Je les ignore absolument. Ils me fuient.
Je les fuis malgré moi. Ma tête les repousse et les remplace par
d'autres idées, triviales et terriblement quotidiennes. Je ne
ressens rien. Je ne suis qu'une planche inerte. Je vivote et fais
semblant de jouir à longueur de temps. Pour me le faire croire, pour
encore essayer aussi. Parfois, j'y crois un peu. Je me mens
gentiment, pour me bercer. Les illusions ne tiennent pas longtemps
mais elles adoucissent. Je les nourris, régulièrement. Même si je
sais au fond de moi. Parce que je ne peux pas abandonner cette
lutte-là. Je ne peux pas baisser les bras, là. Je ne eux absolument
pas. Ou je signerais ma perte. C'est vrai, je continue d'espérer.
Mais je sais désormais qu'il faudra une vraie personne, un vrai ami,
une âme sœur pour y parvenir. Seule, je n'y peux rien. Il faudra
que je raconte mon histoire, une nouvelle fois. Il faudra que je
vomisse toutes ces saletés, de ma bouche à cette âme sœur. Il
faudra aussi beaucoup d'autres choses que je ne sais sans doute pas.
Peut-être
que je te semble geindre, me conforter dans mes jérémiades, croire
être la plus malheureuse. Certainement pas, soi-en sûr ! Je ne
transcris que ce qui est et que désormais toi seul partage avec moi.
Ma vie est une pierre glacée enroulée de merveilleux froufrous,
magnifiques, oniriques, mais monstrueux menteurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire