Pitayak,
tu
n'est qu'une sale petite pute, oui je sors de ma réserve et de ma
politesse si respectables d'aînée digne de ce nom. Heureusement que
tu ne l'es pas et que mon image peut masquer la tienne. Je m'efforce
de faire oublier tes frasques et tes vulgarités. Je dois lutter sans
cesse contre toi, ton fantôme sans même jamais te voir. Tu ne
t'arrêteras donc jamais de nous salir ? Jamais ? Tu
continueras de nous embarquer dans toutes tes galères ? Tu n'es
oui qu'une petite pute de plus dans ce bas-monde. Toi qui as pu
profiter de tout, qui as pu jouir de tout, qui aurais pu réussir ta
vie mieux que bien des gens qui se battent pour de nobles causes eux.
Je t'annonce donc que notre père est mort ce jour. Il a parlé de
toi pour finir son existence fière et noble. Il s'est sali les
lèvres en s'excusant auprès de toi, en se blâmant de t'avoir
trahie, de ne pas t'avoir aimée comme il le fallait. Il a pleuré.
Pour la première fois de ma vie, j'ai vu notre père pleurer et
c'était pour en mourir. Tu es celle qui l'a tuée. Par hasard,
dira-t-on, « l'accident » est arrivé le jour de ton
anniversaire. Un jour maudit, une fille maudite. Pourtant jamais
reniée. Je te renie moi, ta sœur, l'aînée, je rompt
définitivement le lien qui nous unissait, même ténu. Plus rien ne
nous attache, sauf notre sang, Dieu soit loué invisible. Je
changerais de sang pour ne plus le partager avec toi si je pouvais.
Tu as brisé leur couple, tu as tué notre père. Je ne sais pas
comment tu es parvenu à faire tout ce mal autour de toi, à tant
faire souffrir tout en continuant d'être aimée, qui plus est !
Je ne sais pas. Sache que je ne t'aime plus depuis longtemps. J'ai
essayé mais tu n'étais qu'une tombe, froide et sans un mot. Tu les
as tous garder pour te pavaner et bonimenter, caqueter comme une
dinde écervelée. Tu n'as jamais été bien brillante, pas
d'intelligence cachée, plutôt une grande bêtise ai-je compris plus
tard. Mais que l'on soit bête n'est en rien condamnable. Tu es bête
et méchante. Tu tortures ceux qui t'aime le plus, t'ont aimée ou
l'ont essayé. Tu t'enfuis, tu te sauves lâchement avant le verdict.
Tu n'écoutes jamais la fin. Tu l'a laissé mourir. Et ne fais croire
à personne que tu ignorais quoi que ce soit. Quand je pense qu'en
nous ayant Mère et moi à ses côtés, c'est toi qu'il a nommée,
c'est à toi qu'il a demandé pardon. Quand je pense... Ce que le
monde est injuste ! Mère ne s'est pas même étonnée. Elle
s'est sûrement résignée à toi et ton omniprésence. Notre esprit
noir, notre monstre familial. Je suis restée bouche bée. J'en ai eu
la nausée. Je t'ai haïe plus que jamais.
Pourquoi
le jour de ton anniversaire ?
De
ta naissance ?
Pourquoi
ses derniers mots ?
Pourquoi
toi ?
Kaki
et moi comme figurants de ton grand spectacle de magie noire. Mère
dans les coulisses et Père à tes cotés, toujours.
Tu
l'as assassiné. Tu n'es qu'une maladie qui nous a gangrenés, tous.
Kaki croit encore en toi. Il ne cessera jamais. Il me dira inique. Je
me tairai à mon tour dans un sourire écœuré. Je ferai comme toi
désormais. Allumer le feu et faire faux bond dès qu'il s'agit de
l'éteindre. Tu verras petite sœur. Pitayak ? Putayak !
Olive
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