dimanche 22 octobre 2017

Lettre 14 : cloture

Je ne sais plus même comment t'appeler, je préfère ne rien écrire pour commencer cette lettre. Tout serait faux. Peut-être que c'est ce rien que tu es désormais et je m'en réjouis. Mauvaise sœur ? Cela m'est aujourd'hui complètement égal, Père est mort et ma famille avec.
Ce que tu me racontes ne me surprend en rien. Je sais tout ce que tu me dis là. Je sais depuis très longtemps ce que tu crois me claquer au visage. Tu ne me fais tomber d'aucune illusion, d'aucun mensonge enjoliveur. Je savais qu'il venait et qu'il t'aimait plus que personne. Voilà la vérité. Tu étais son enfant chérie, au détriment de tous les autres, et tu ne t'en défendais même pas. Tu n'as jamais essayé de nous remettre dans la course Kaki et moi, tu nous as laissés être distancés de loin par ta préférence. Tu as profité de ta position. Tu as joui de tes prérogatives. Tu as eu la vie facile de l'enfant gâtée, de la petite dernière choyée. Tu crois donc aujourd'hui encore que je vais te plaindre ? Que je vais pleurer sur ton sort ? Tu n'es depuis la nuit des temps qu'une petite pute, tu avais ça dans le sang à peine née. Tu l'es intrinsèquement. J'ai su dès ta naissance que les problèmes commençaient et en effet, ton arrivée a signé le début des tourments de tous les membres de cette famille. Tu as précisément démembré cette famille. Tu as volé le noyau dur, le noyau précieux. Tu as tout pris, tu as tout mangé, tu as tout avalé et nous nous sommes retrouvés dénudés, juste parce que tu exister telle que tu es. Honnêtement, je t'ai haïe dès le premier regard. Je n'ai pas voulu me l'avouer et on m'a ordonné de t'aimer. J'ai essayé encore et encore mais je dois l'avouer enfin, moi aussi : je n'ai jamais rien aimé de toi. Tu as attiré toute l'attention, tout l'amour sur toi et tu nous as laissé essuyer les pots cassés, être l'éponge des exigences folles de Père. C'est toi qui l'as changé en bête, qui l'as rendu fou. Avant toi, tout était calme. C'est toi qui as pris tout l'amour, tout l'amour, un amour immense. Je t'ai enviée, jalousée. Je l'ai regardé se glisser, comme tu dis, dans ta chambre. Je l'ai regardé la mort dans l'âme te préférer à nous tous, sans pitié, sans égards et toi ne pas hurler que cet amour était aussi notre droit. Tu t'es tue, en effet. Comme une petite pute profiteuse que tu as toujours été. Restons-en là.

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