jeudi 5 octobre 2017

Tyran de bac à sable

A peine plus grand que nous,
pourtant encore minus,
silencieux devant nos bureaux,
sur nos chaises de bois
laides et vieilles.
Il était de notre gabarit,
il avait 50 ans de plus.
Sur le ring, nous aurions presque tous
sans doute
gagné.
Mais nous étions tout petits
dans la caboche
et pas conscients
qu'il était à abattre
et que nous aurions pu.
L'un de ces êtres à
éradiquer.
Il régnait sur sa classe comme
un souverain
légitime.
Une parodie de Napoléon,
le pauvre mini
déjà aux airs
de comique
circassien.
Pas de pitié pour
ces fous furieux.
Il se sentait fort ;
les choses allaient encore.
Il ne se sentait plus,
les choses déraillaient dur.
Mini-pouce rouge comme un
piment mûr,
agité de spasmes handicapés,
mais la main toujours leste
et les yeux injectés
de sang de rage.
Il visait la
nuque,
par-derrière
l'enculeur,
il tournait autour de
l'élu,
plus souvent élue d'ailleurs,
dans son dos
et après un bouquet de noms d'oiseaux
dégradants,
la main où il était tout entier
concentré
s'abattait.
On s'y attendait toujours.
On était toujours surpris.
Personne ne disait rien.
La tyrannie à l'état pur.
Un pourceau roi du monde,
inquiété par sa seule conscience
peut-être,
mais dormant à poings fermés,
pensais-je alors.
Pas moi,
qui tournicotais
dans mon lit
et les autres,
sûrement,
en pensant à
demain.
Aujourd'hui,
il est l'une des personnes,
finalement rares,
me semble-t-il pour tout un chacun,
que j'aimerais voir souffrir,
mourir
si nécessaire.
Contre la peine de mort,
bien sûr,
haut et fort,
et pourtant,
une envie démente
de le démembrer.
Le démembrer
mot à mot,
chaque jour.
L'humilier,
le traîner dans sa merde,
même parfois sans un son.
Juste une présence
implacable
et aussi
emprisonnante
que sa tyrannie de bac à sable.
Ces êtres qui
nous révèlent
impitoyables.
A terre et coupons-lui
les jambes
et la queue
tant qu'on y est.
Qu'il ne soit qu'un tronc
et ses yeux pour pleurer.
Nain foireux foiré.
Erreur,
parfois 
du monde.

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