mardi 17 octobre 2017

Grande mutilée, gueule cassée, et tout re-.

Elles ont vécu
encastrées,
l'une dans l'autre,
s'emboîtant presque
parfaitement.
Elles se sont lovées
l'une dans l'autre,
jour et nuit,
sans jamais se dénouer.
Et voilà que le drame
arrive
car personne n'a le droit de
vivre ainsi.
Les lois de tous les
systèmes
l'interdisent,
l'arrêtent
un jour
ou l'autre.
Elle se retrouve seule,
amputée,
à moitié vivante,
claudicante,
ahurie.
Elle sent
peu à peu
qu'elle a perdu
ce rêve,
cette perfection,
cette bulle parfaite.
Elle la voit de loin,
désormais.
Et elle la voit éclater
et disparaître comme si
elle n'avait jamais
existé.
Elle voit s'écrouler
le monde d'avant.
Elle le voit laid et fou,
puis disparaître.
Sa vie n'était qu'un rêve,
un long berceau,
pompeux et creux
prestidigitateur.
Elle est seule,
elle n'est plus quelqu'un
d'assez.
Elle n'est plus assez.
Elle ne sent plus
ce qui fait vivre,
elle n'est qu'une moitié.
Un morceau.
Peut-être de viande
sans plus.
Elle doit
tout
réinventer.
Elle doit
tout
accepter
d'abord.
Elle doit
repartir
de zéro.
Elle se croyait parmi les
meilleurs,
les forts,
les vrais.
Elle doit repartir
du plus fragile,
du minuscule,
de l'à-peine né.
Elle aura eu deux vies.
Elle sera
bien pourtant
toujours la
même.
Ne pas sombrer,
ne pas se perdre,
hurler à l'aide
et doucement,
tout rebâtir
pierre à pierre.


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