lundi 26 février 2018

Je a disparu

Tu parles
il parle
elles parlent
vous parlez.
Je se tait.
Je reste à la troisième personne.
Je se cache.
Je s'enfuit.
Je se terre.
Je voudrait disparaître.
Il tourne en rond dans sa tête
qui se vide
peu à peu.
Il ne sait plus être Je,
voudrait tellement être Tu.
Je n'est plus rien.
Je fait mal partout.
Rien d'autre.
Ce Je qui a tant appris,
qui a tant grandi,
qui a acquis le vrai
langage,
a tout perdu,
les jambes flageolantes,
comme au premier jour,
Je ne sert à ren.
Les autres continuent de
Jerer.
Ils ne perdent pas ça.
Du moins,
peu.
Je est parti dans les confins
du monde
pour surtout ne pas être retrouvé.
Il est pourtant le seul qui peut
sauver la mise,
que le cœur ne s'arrête
pas,
que le cerveau
s'irrigue.
Mais il a peur,
bien trop peur,
acculé dans son
loin coin des antipodes ou
du grand intérieur,
on ne sait jamais avec lui,
il est indébuscable.
Il est caméléon,
il est le plus doué des
transformistes.
Ce don est un fléau.
Parce que Je sait qu'il
peut,
s'il veut,
disparaître,
qu'il peut toujours.
Et ne pas relever la
tête.
S'enrouler.
Et ne pas se remettre debout
Je tremble de peur
et personne ne comprend.
Je dois sortir
au moins le museau
pour quelques mots
qui font renaître.

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