jeudi 22 février 2018

Madame Connasse

Madame Connasse égale à elle-même.
Elle laisse sur son passage une bave
de mépris,
recouverte ensuite par le venin
qui lui répond.
Ce mélange qu'on imagine amer
n'a souvent pas de mots et
Madame Connasse peut avancer sans
se retourner.

Puis,
petit accroc dans le rouage,
vient le jour où
Madame Connasse se fait héler
de l'autre bout du couloir
et demander des comptes
sur cette bave répugnante
dont elle salit
impunément
les locaux.
Madame Connasse regarde bien.
Elle ne voit fichtre rien.
De son ton habituel, elle demande :
"Mais de quoi parlez-vous ma chère ?"
On dirait une poule outragée.
L'autre s'avance,
se plante devant elle.
Et la toise.
Elle ose sans aucune gêne.
Madame Connasse se tortillonne de l'intérieur,
pourquoi se fait-elle agresser
ainsi,
Mon Dieu ?!
Elle n'a rien dit.
Après l'avoir fixé durement,
Madame Connasse sait qu'elle provoque ça.
mais elle n'aime pas l'émotion
alors voilà qui est mieux,
l'autre lui dit :
"Cette bave de mépris que vous étaler
sans vergogne à tout vent !
Quand cesserez-vous ?"
L'autre cherche,
plisse les yeux.
Elle semble
vraiment
ne pas comprendre.
"Youhou !
Madame Connasse,
vous êtes là ?
- D'où vous permettez-vous ?
- C'est votre nom non ? Le vrai j'entends.
Je ne vous permets pas.
Mais je permets seule, ma chère."
Madame Connasse fulmine,
se hausse sur ses talons,
déjà très hauts,
Louboutin ou plus.
Mais Madame Face-à-Face
est beaucoup
beaucoup
plus grande qu'elle.
Elle s'ancre bien solidement dans son sol.
"Qu'en est-il donc ?
- De quoi enfin ?!
- Du ménage, je crois que nous en sommes là.
- Je ne suis pas une femme de ménage, moi.
- Moi non plus.
- Peut-être plus que moi.
- Vous voilà telle que vous êtes Madame Connasse.
Et l'autre hurle et crache, en plus de la bave au plancher :
- Je vous interdis ! Vous êtes insultante et injuste. C'est répugnant.
- Miroir Madame C. Miroir et regardez-y bien ce que vous venez de
dire."

Madame Connasse a les larmes aux yeux.
Elle s'en va d'un pas décidé.
Elle tient tête.
Elle passe la porte et les épaules s'affaissent.
Elle doit maintenir le cap jusqu'au bureau.
Elle l'atteint,
sans encombre,
pas de rencontre importune.
Elle aurait dû se montrer désagréable,
elle n 'aime pas ça.
Elle s'enferme à clef dans son bureau.
Elle pleure
à chaudes larmes.
Pourquoi pleure-t-elle
presque tous les jours ?
Elle est faible.
Elle ne sais pas se défendre.
Elle se laisse faire,
comme toujours.
Elle n'arrivera donc jamais à se faire
respecter.
Même ses gosses lui chient dans les bottes.
Et elle pleure
une heure.

Et demain recommencera,
identique,
aussi sourd qu'aujourd'hui.
Monsieur Silence a encore frappé.
et avec sous son bras,
Monsieur Imperméable.





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