mardi 7 novembre 2017

Bisounours

Une simple photo d'identité
que je peux
à peine
du moins speedy,
s'il
le
faut,
si elle s'impose,
s'approche devant mes yeux,
dévisager.
Je l'imagine sur ses
deux pattes vives
de photo miniature
me courir dessus me coller au nez.
Elle pourrait m'embrasser.
Je la repousse brutalement.
Elle me répugne.
Je ne ressens même plus rien,
je ne sais plus
ce que je ressens,
j'ai oublié,
oblitéré,
obstrué la case,
pour ne plus savoir,
précisément.
Je sais seulement
qu'elle ne doit pas m'approcher,
sur ses petites pattes
insectimorphes
et alors,
tout roule.
A distance.
Loin des yeux loin du cœur.
C'est parfait.
Elle n'est plus une honte,
plus vraiment,
plutôt une antiquité,
qu'on ressort pour rire,
parce que désormais,
je peux rire.
Je ne ressens plus rien
alors je m'empare de
ce que l'autre éprouve,
à bien l'observer.

La photo apprivoisée
méfiée tout de même,
animal sauvage,
est devenue
brusquement
absolument
inoffensive.
« Oh on dirait un bisounours ! »
Interdite,
moi qui voyais plutôt
Quasimodo.
Je le regarde
éberluée,
celui qui vient de
prononcer ces mots.
Il rit de bon cœur
et ne voit
sincèrement
qu'un bisounours.
Pas l'Autre.

La photo n'est plus
donc
qu'un objet
drôle et tendre.
Presque aimable.
Témoin moelleux,
pas mièvre mon Dieu !
Jamais de la vie !
de l'ancien temps.
Il a dit « oh on dirait un bisounours ! »
et mon histoire peut se
réécrire.
Plus juste
et moins folle.
Il est temps.



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