jeudi 2 novembre 2017

Quand le livre s'ouvre à moi


J'avançais lourdement dans
cette histoire,
grise,
lointaine,
intouchable.
Je m'accrochais aux mots,
aux pages,
je poursuivais sans entrain
mais avec intérêt,
la tête sans le cœur,
le chemin de
ce livre.
Je savais qu'il m'apprenait,
nourrissait,
ouvrait en réalité,
laborieusement
un horizon tenu clos
en moi
par ignorance et par nonchalance sûrement ;
la nonchalance intellectuelle est la facilité la mieux partagée
au monde.
Je m'acharnais donc,
un peu obsessionnelle,
très têtue,
presque sûre que m'attendait
l'émotion,
un peu plus loin,
avec un peu de patience.

Une partie s'achève
et
une autre s'ouvre dans laquelle
je plonge
sans précautions
car sans mise en garde.
Le livre s'ouvre enfin à moi,
j'en fais désormais
partie,
je suis de ses personnages.
Je ne suis plus maintenue
assise dans mon siège
d'étrangère spectatrice.
Je suis sur scène,
propulsée d'un coup de
page tournée
négligemment.

Je veux lire
encore et encore,
connaître la suite,
rester avec mes nouveaux amis,
silencieuse
et
bienheureuse.
Dans cette chaleur
fluide,
où j'ai ma place,
où les mots et les images sont
faciles.
Je ne veux plus les quitter.
Je ne veux plus reculer.
Je bénis mon entêtement
parfois sot,
parfois dénicheur de trésors.
Quand le livre s'ouvre à moi...

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