mardi 7 novembre 2017

La vie est un boomerang : pirouetteurs congénitaux


J'étais sûre et certaine,
je savais,
pertinemment,
irréductible,
que je ne serais jamais,
que je ne saurais jamais,
que je ne pourrais jamais,
que je ne voudrais jamais.
Je savais peu de choses mais ça,
oui sans aucun doute,
je le savais.
Dure comme fer.
Pour une fois,
assurée.
Capable seulement d'être
confiante et
ferme dans
mon échec annoncé à
être,
faire,
et surtout
devenir.
Pitoyable portrait
de l'impuissance
bouffée,
digérée,
imprégnée.
Je puais l'impossible
à plein nez.

Pas de misérabilisme à
deux balles.
Pas de sensibleries
pleurnichardes.
La réalité
pure et dure,
et c'est tout.
Rien à regretter,
rien à pleurer.
Tout ça est révolu
et désormais
parfaitement vain et nul.
Mais l'aujourd'hui n'a aucune valeur sans
ce tableau infirme
et tire-larmes.

L'aujourd'hui dit que
tout cela était un vaste
mensonge,
une énorme mauvaise blague,
qu'on aurait oublié
négligeant,
insoucieux,
jm'enfoutiste,
de
démentir,
un Père Noël qui dure
vingt ans.
Et qui finit par empester,
le vieux.
L'aujourd'hui dit
Que les plus grandes faiblesses
métamorphosent en conte de fée.
Que les failles les plus béantes
se remplissent à ras bord.
Que les impuissances les mieux apprises
deviennent les plus grandes forces.
Pas de philosophie positive
les yeux fermés pour
croire en quelque chose,
puisque,
dit-on,
ce monde est affreux comment faire grandir des enfants dans ce monde mon Dieu mieux vaut ne pas !
Pas de philosophie positive
pansement.
Stupide vernis qui
arrachera les poils
et un bout d'épiderme
en prime.
Juste la réalité
pure et dure.
La mienne,
merci mais on s'en fout tu n'es pas seule au monde !
Tout à fait d'accord.
Celles de ce Sourd
qui communique mieux que
les fameux Normaux…
Celle de ce bouc-émissaire
partout où il passe qui
devient adulé.
Celle du silencieux surtimide
mué en acteur de haut vol,
ou comique sans complexe.
Celle de celui auquel le lien échappe,
solitaire faute de tact,
rendu diplomate convoité.
Celle de la méchante fille
transformée en dévouée
généreuse.
J'oublie tous les autres qui
ont haï leur fissures
douloureuses
et ont fini par,
à bras le corps,
les empoigner,
et les secouer comme des pruniers,
pour en mitonner
la meilleure de leurs
confitures,
peut-être de tous
leurs mets maison.

Pas de magie,
pas de foi aveugle,
l'immense don de virevolte
de l'humain,
pirouetteur congénital.

La vie est un boomerang.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire