dimanche 31 mars 2013

Je convoque mes intérieurs habitants
Pour un exceptionnel rassemblement.
Je veux vous faire bouillir et bien vous mélanger.
Un magnifique personnage est né !
Se glisser dans son lit,
Se glisser dans son corps,
Sommeil de mort.

samedi 30 mars 2013

Être à l'intérieur de moi-même
Me glisser dans mon corps.
Pour aujourd'hui au moins.
Je ne l'ai pas chaussé depuis longtemps.
Je suis restée au vestiaire.
Il a pris son envol.
Nous n'étions plus si liés ces derniers temps.
Nous revoilà d'accord.
Nous avons négocié.
Serrer la main, signer en bas de la page.
Période d'essai de 24h.
Jusqu'à la prochaine brouille.
Nous sommes comme chien et chat.

dimanche 17 mars 2013


     Livre oublié, laissé en arrière sur la route qu'on a trop parcourue. Sommeille dans la bibliothèque, sous d'autres plus jeunes et plus vivants. Vieux, lu relu, connu de fond en comble. On l'a en soi maintenant. Plus besoin de ce livre. Le livre est oublié.
    Dimanche matin, livre retrouvé. Plaisir de le feuilleter. Superflu oui ! Simple plaisir charnel de la caresse. Allez ! Quelques minutes pour lire une page. On s'asseoit.

On se réveille 1h après. Monumentale erreur : a-t-on vraiment lu ce livre-là ?

samedi 16 mars 2013


À vous qui habitez et m'animez, je vous convoque au face à face, sortir de moi, vous exhumer de la profondeur de mon cœur où vous séjournez !
Je vous convoque en ce jour de perdition et de décision. Vous êtes ceux qui me suivez partout là où je vais, qui me guidez, me dirigez, loin du devant de la scène. Sur une expresse requête du monde, vous sortez parfois. Expresse requête ! J'ai besoin de vous devant moi, tous visibles et tous humbles pour vous interroger et vous prier. J'ai besoin que chacun de vous tel qu'il est me réponde de ses yeux, de son rire, de ses mots, de ses mains. J'ai besoin de savoir.
Quittez votre caverne tout au fond, tout au chaud. Rassemblez-vous devant moi, lilliputiens magiques et en demie-lune asseyez-vous. Je suis en tailleur devant vous et vous me regardez, de toutes les couleurs de vos yeux, bariolés de vos vies.
J'ai le droit d'exister.
Mais dites-moi comment ?
Redites moi qui je suis.

     Vous vaquez tranquillement à vos occupations habituelles, vous vous dirigez sans réfléchir vers le supermarché, vous accomplissez mécaniquement votre tâche ménagère. C'est alors que vous entendez cette phrase parmi tant d'autres dont vous n'avez rien perçu, que ces mots vous sautent aux yeux alors que cela faisait bien 3 minutes que vous ne compreniez plus ce que vous lisiez. Vous vous ne vous attendiez à rien, vous étiez en mode reptilien, rêvassant probablement, vous reposant de tous ces moments où l'on doit penser et parler. Cette phrase, ce mot même ou cette bribe de dialogue, vous réveille. Il, elle vous met en demeure d'être là à nouveau. Et ce qui se passe alors, c'est ce que vous imaginez d'un électrochoc ou d'un réveil d'hypnose.
Ce que vous avez lu, vu, entendu est entré directement dans votre cerveau le plus profond et le plus intime. Et il a su se diriger vers l'endroit précis ou il allait résonner, tonner dans tout votre être.  C'est un vrai concert de cloches dans votre tête et dans votre poitrine, ça tremble de vérité. Les tam tam sont de sortie. Vous étiez loin de chercher un sens quelconque à la vie et c'est comme si vous compreniez tout à coup. Vous comprenez quelque chose que vous n'aviez jamais saisi ou toujours remis a plus tard, consciencieux. Vos pieds sont terriblement ancrés dans le sol, pour une fois, vous êtes complètement vous et c'est un autre qui vous l'a dit. Un autre a saisi la brèche qui s'offrait a lui, la merveilleuse occasion de faire miroiter son double à votre intérieur. Vous vous sentez entier, vrai, honnête, intègre et consistant. Vous êtes vraiment quelqu'un, plus besoin d'éluder la question, pour le moment. On vous a enraciné avec un mot, une phrase, une voix qui répondait a votre question.
Et là, vous remerciez Dieu si vous y croyez.

dimanche 3 mars 2013


On se retourne sur le passé, on marche dans l'autre sens pour comprendre l'abîme.
Il y a des trous partout sur la route, à se demander si elle a été goudronnée un jour.
Pourtant, dans les souvenirs, elle était moins laide.
Peut-être abimée rime-t-il avec s'abîmer, que la langue ne s'y est pas trompée pour faire de ces faux jumeaux des frères de sang.
On fait ce voyage et on saisit le sens de cette incompréhension sans fin.
On part parce qu'on le peut enfin. Il y a quelqu'un, quelques-uns qui nous attendent au retour. On pourra se perdre en chemin, on viendra nous tirer d'affaire.
On peut partir parce qu'on a saisi comment ça roulait, on a enfin compris comment notre hébétude ne nous terrassait pas :
On le sait ce grand canyon dans notre poitrine, celui qui nous empêche de marcher droit.
Et tout d'un coup, parfois, il se referme. Et puis de plus en plus souvent au fil du temps. Il est là. Il nous traverse comme une longue cicatrice, même si on n'a jamais été opéré du palpitant. On se réjouit d'abord, avant tout, même surpris. Juste la jouissance de cette entièreté. En fait, avec le temps, on a tapissé le fond de l'abîme, inconscient de ce labeur de grande haleine. Ils sont là tous ceux qui s'y sont attelés et qui ont pelleté pour réparer.
On croit qu'ils sont passés et qu'il en est ainsi, qu'ils ne sont plus du quotidien. Mais quand on se retrouve nez à nez avec eux, nos ouvriers de l'ombre, on sent bouger leur âme à l'intérieur, dans les entrailles. Ils étaient là tout ce temps.
Et on se jure que plus jamais on n'oubliera ce qu'ils ont fait pour nous qui continue de nous faire vivre.
On se jure que la prochaine fois on le reconnaîtra d'emblée celui qui prendra à son tour sa pelle pour nous mettre sa pierre à l'édifice en construction que l'on est.
On se jure qu'on ne le ratera pas.
On se jure qu'on ne l'empêchera pas de continuer à être là, même de très loin, même si on croit qu'il est mort à nous, avec tous les même si du monde.
On se jure qu'on regardera sa place de temps en temps et qu'on le laissera se faire sentir chaque jour de plus qu'on se réveillera, pour avancer encore.
On se jure qu'on lui dira combien on lui sait gré.
On ne s'interdira pas de les aimer nos ouvriers de l'ombre jusqu'à ce que la mort nous berce. De les aimer de tout notre cœur, d'avoir les larmes aux yeux en parlant d'eux parce que sans eux...

Il y a eu un architecte qui s'est enfui et à laissé la charpente vide. Une chance que vous ayez accepté de poursuivre son travail en souffrance et que j'aie finalement compris que je suis faite pour vous aimer toute ma vie. Secrètement ou pas, cherchant vos frères et sœurs à venir.

Ensemble


Quand je tomberai en poussière, brusquement, en plein milieu, ce sera à tes pieds.
Tu sauras qu'il faudra t'asseoir en tailleur, face à moi.
Tu sauras qu'il faudra me regarder, ma tête pourtant enfoncée dans la poitrine.
Tu attendras jusqu'à sentir que je ne suis plus intouchable.
Doucement, tu poseras ta main sur mes cheveux.
À nouveau, tu attendras.
Tu guetteras la première vague de vie revenir.
Et tu te rapprocheras pour envelopper et me ramener à vous.
Tu auras l'infiniment lente et généreuse patience de ne pas me parler, de ne pas vouloir me relever.
Tu ne me demanderas pas de te regarder même quand j'aurai sorti la tête du gouffre.
Et quand tu me sentiras de retour, en reconstitution, tu essaieras de me faire tenir debout.
Tu essaieras et tu me suivras là où je pourrai aller, le plus haut que je pourrai, pas plus.
Et tous les jours, tu seras là pour me rattraper avant le gouffre et la poussière.

Quand tu fermeras toutes les issues de ton monde, à tout le monde, je me posterai devant les grilles.
Tu t'assombriras et tu te tairas à faire peur, je continuerai de vivre, à côté de toi, partageant avec toi mon âme et mon cœur encore plus vibrants.
Tu les refuseras, tu n'en voudras pas, je garderai ta part en réserve.
Tu me tourneras le dos et tu ne m'expliqueras pas, je serai perdue mais je continuerai de vivre, à côté de toi, ta part en réserve.
Des heures durant, tu transpireras la douleur et la rage et je ne céderai pas.
Comme toi, j'attendrai, que tes yeux me touchent, puis qu'ils se fixent et me demandent.
Tu laisseras la plus petite de toutes tes portes s'ouvrir et m'y laisseras rentrer.
J'attendrai d'être sûre de ressentir ton pouls et je le suivrai respectueusement, comme si c'était mon chef.
Et, doucement, je te donnerai ta part.

Lutter quitte à ce que mort s'ensuive.
Ne pas lâcher, ne pas se laisser faire.
Ne pas se soumettre à la frénésie, s'échapper par le calme.

      Respirer, sentir ses poumons, capables de renaître, douloureux mais soulagés, pour laisser entrer le monde et le respirer et comprendre.
       Sentir ses pieds s'ancrer dans le sol et se muer en un socle confiant sur lequel pouvoir se reposer, pour s'appuyer sur le monde et rester debout et comprendre.
        Sentir ses jambes se tendre et offrir leur soutien solide, pour avancer vers le monde et découvrir et comprendre.
         Sentir son ventre se remettre à battre et murmurer son mystérieux langage, pour contenir le monde et s'en nourrir et comprendre.
         Sentir ses poings se desserrer et les doigts se dénouer, pour tâtonner dans ce monde et  le saisir et comprendre.
         Sentir sa bouche se rouvrir et se mouiller dévie, pour goûter toutes les couleurs du monde et s'en délecter et comprendre.
         Sentir ses oreilles bourdonner et tressaillir aux bruits familiers de la ville, pour capter les mélodies et cris du monde et chanter et comprendre.
         Sentir ses yeux se réveiller, sortir du brouillard de craie noire qui aveugle, pour assister au théâtre du monde et scruter et comprendre.

          Et accepter de vivre le monde sans le comprendre vraiment.