dimanche 29 novembre 2015

L'accident-éléphant

L’énorme accident.
L’accident d’éléphant.
L’accident pire que tous les
Carnivores.
L’accident qu’on ne sait pas
Imaginer.
Dénaturé.
Innaturel.
Pas pour se nourrir,
Non non non !
Sûrement pas !
Pas pour s’apaiser.
Pas pour se venger
Et basta.
L’accident presque
Maléfique.

L’on ne peut qu’
Invoquer Dieu
Et ses conneries,
Ses putains de couacs.
J’aurais voulu vous
Épargner
Mais la vie est ainsi
Pute.
C’est
L’accident de trois
Cars
Et dix
Voitures.
Dire qu’il y a des corps,
Pas vraiment non.
Il y a des
Morceaux.
Et l’on doit continuer
De penser
Que ce sont des
Bouts
De congénères.

Les trois conducteurs
Endormis
A la même seconde
Et les voitures,
Ben,
Elles tiennent pas la
Route,
Face aux monstros.
Quant aux humains,
Des petits prouts
Minables.
On dit à ce moment-là
Qu’une vie c’est
Sacrée.
Moi, primo,
Je demande où donc est Dieu
Là ?
Deuxio,
Bien sûr qu’on dit que c’est
Sacré,
Sinon,
Ça fait gerber
Et pas pleurer
La mort.
Remarquez qu’on peut faire les
Deux.
Ca sort
Quoi.
Mais bon,
Ca se fait pas
A priori
A la messe d’enterrement.

Revenons à l’accident
Éléphantesque.
Ah oui ! tout a volé
Dans tous les airs.
Tout a fait badaboum
Jusque loin
Dans les campagnes.
Et personne
N’a eu le temps de rien.
C’est ce qu’on dit
En tout cas.
C’est comme la vie
Sacrée.
Ca rassure bien.
Tant qu’à faire,
Pourquoi empirer les choses ?
Les morceaux,
C’est déjà bien
Dégueu.
Un peu d’adoucissant,
C’est la moindre des choses.
A ce moment-là,
On est bien pétrifié.
On pourrait s’enfoncer
Dans le sol.
Même bitumé.
On n’y voit plus de tableau,
Ni de scène de quelque chose.
C’est un truc.
Un accident éléphantesque.
Un accident de la jungle.
Et ca ouvre le gouffre.
La grande bouche
Dévoreuse
Des cauchemars,
Des enfants ?
Et des grands qui osent s’en
Rappeler et l'avouer.
L’accident à grandes dents.


jeudi 26 novembre 2015

Amour en grand

Mon désert,
Et un amour immense
Qui remplit la poitrine.
Toujours et encore la poitrine !
Bordel ! Pourquoi donc ?
Un amour qui tourne
Sur lui-même,
Il n'a pus personne à
Envelopper,
Ni dans lequel se creuser.
Un amour manchot.
Comme un imbéciles prêt
A un câlin dont tout le monde
Se fout,
Sans méchanceté
Aucune.
Longtemps,
J'ai cru être une faible,
Puis une froide.
A s'y perdre !
Certains m'ont fait
Fondre de
Tendresse,
le mot que j'emploie
Pudiquement,
Ou lâchement,
Question de point de vue,
Pour ne pas dire
Amour
Trop fort.
Meme une petite seconde.
L'amour , ça peut être un
Éclair.
Et repartir aussi sec.
Mais aujourd'hui,
Il s'installe,
Prend ses aises
Derriere mes seins
Un peu timides
Mais risquant la rondeur
Dans mon monde anguleux.
Aujourd'hui,l'amour
Ne me dévore pas,
Bien au contraire,
Il sort de mes poumons
Et estomac,
Plus que du coeur,
(L'amour est symétrique)
Et se déverse devant mes
Yeux impuissants.
Sans limites
Puisque je ne peux aimer personne
Ainsi.
Personne
Aujourd'hui
Devant moi.
Il n'y a pas toujours quelqu'un
Juste
Au moment.
Ce n'est pas un drame.
Aimer de tout son Coeur,
Et le rvoilà !,
Meme sans savoir pour qui pour quoi
C'est déjà bien.
Ça donne envie d'être en tailleur,
Yoga,
Bouddhiste
Et tralala.
Et le voilà
Qui redescend au ventre
Et aux ovaires
Pour s'asseoir
Définitivement.
Jusqu'au bout des orteils.
C'est la meilleure place,
En plein milieu.
Bon,
Les pieds restent
Rétifs.
Et,
Je serais malhonnête d'
Omettre
Que ca brule dur dur.
Que j'attends
Avec impatience
Ma couette
Et le câlin canin,
La douceur infinie
Du petit animal
Qui se serre
Fort
Tout contre moi
Comme si rien d'autre
Ne l'attendait.
Il est tout chaud
Tout doux
Tout contre.
Il doit bien
Absorber
Quelque chose quand même
Et je l'aime beaucoup plus fort
Que je ne voudrais.
Mais m'en fiche !
Parce qu'il virevolte,
Et me regarde
Droit
Dans les yeux.
Parce qu'il m'attend au
Tournant.
Parce que je suis
Son
Refuge
Préféré.

mercredi 25 novembre 2015

Livre et vertige

De plain pied
Le vertige me prend.
Les pieds sont jamais
Plats,
Je peux pas.
C’est comme ça.
Ils sont faux ?
Des faux pieds,
Alors la terre fausse
Aussi.
Tout est faux
Et le monde commence à
Pencher.
La Tour de Pise
N’est jamais bien
Loin.

Je lis une théorie
Sérieuse et sans sourire
Du vertige.
Les psys.
Oh ! On parle de moi !
Putain ! C’est vrai j’ai le vertige debout sur mes gambettes !
Il faut s’asseoir
Et tout va mieux.
Le vertige de ma dignité.
Le vertige de mon droit à être là.
Le vertige absolu.
Ma pathétique grand-mère
Dans mes baskets.
Ca fout les
Sacrées boules !

J’ai le vertige de ma
Propre
Hauteur !
C’est ça oui !
Je me le répète pour moi,
C’est tellement
Idiot.
Je tombe des nues.
Je ris aussi.
Je ris de bon coeur.
Parce que je comprends
Enfin.
J’ai suivi
A la lettre
Le sillon tracé
Pour moi
Par mes ascendants frappadingues.
A force de lutte
Pour m’extirper,
Pouf !
Me voilà exactement
Sur la route indiquée.
Je ris aussi
De rage contenue
Qui s’envole.
Et je ris
D’avoir raison
De tant aimer
Mes livres chéris,
Les mots et le sens.
Je ris de les voir tous là
Autour de moi
Me protégeant
Et me portant.
Peut-être qu’un jour,
Je ferai
De l’escalade
Ou Père Noël.

Pour l’instant,
J’ai toujours le vertige


Tempo pis

Le temps
Ce salaud
Ce pourri,
Il file,
Il lambine,
Il creuse la plaie
Et la guérit,
Je le déteste,
Je le maudis,
Souvent,
Souvent,
Je dis de lui
Toutes les plus grosses
Cochonneries,
Moi la sage petite
Bourgeoise,
Je l’attends
Car il m’apaise,
Je le vénère
Car lui seul
Me mènera plus
Loin
Et mieux.

Le temps,
Ce salaud
Ce pourri
Ce bienfaiteur
Pourtant,
Docteur
Sans science humaine,
Il est le charlatan
Le plus fou
De l’univers.
Rien qu’y penser
Me donne
Mon vertige,
Oui facile à venir
Mais j’en tombe
Et je chante pour
Penser à Marcel,
Oh non un autre !
A Harry P.
Et Bond, James Bond.

Le temps,
Ce salaud
Pourri,
Je crache sur sa tombe,
Je piétine ses cruautés,
Et je le prie à genoux
De me porter
Jusqu’à
Demain,
Il me tue
Et me sauve,
Un pervers
Voilà le fin
Mot !
Un pervers
De l’endroit
Et l’envers
Du sens
Et son contraire.

Le temps,
Salaud pourri,
Est ma seule chance,
Ma chance
D’être plus
Douce et
Dansée.
Quand il m’aura finie,
Je saurais
Enfin
Danser
Et être belle
Même dans le ventre.
Mum, my belly hurts !
Je danserai
Des jambes
Et des bras,
Je virevolterai
Et j’aurai
Le rythme
Parfait
Au creux de l’utérus
Inutile
Mais heureux.


vendredi 20 novembre 2015

chialer

tout en haut
tout en bas
on n'en sait rien.
droite et gauche sont
finies
depuis longemps.
envie de ne pas être
humain
pas érigé
pas sur deux pattes
fières
ergoteuses.
des seins ou des couilles
ne font plus la
différence.
juste un vivant
qui pourrait
se glacer.
sa gorgone est à chaque coin de
rue.
Il faut se battre
pour marcher.
on avance
pour ne pas crever.
courir plutôt que
revenir à la
poussière.
mais en vrai,
on s'en foutrait de crever
comme un chien.
on serait d'accord pour
tout.
on hausse et baisse le ton
sans queue ni tête.
on sent que même les
organes
ne sont plus à leur place.
le corps
non plus
n'a plus la force.
le premier qui dit
Allez n'exagère pas !
s'en prendra une.
on regarde les gens
pour qu'ils n'approchent
surtout
pas.
qu'ils ne brisent pas
l'équilibre
risible
qui se joue là.
même les bienveillants
sont repoussants.
on ne veut personne d'autre.
on veut juste
arriver à
chialer
bordel de merde !

Et on verra après les
larmes.



lundi 16 novembre 2015

Ra la Muette

      La Muette, l’ancienne idiote du village. Personne n’a jamais cru à cette version d’elle. Chacun autour d’elle, depuis si longtemps qu’elle existe (Ca parait toujours très long le temps qu’on a soi-même  déjà existé.), voit dans ses yeux qu’elle comprend tout. Chacun l’a vu dès le premier jour et c’en était un peu terrifiant. Un nouveau né quand même... Elle comprend sans doute au-delà des autres, au-delà de l’horizon habituel. Peut-être dans un domaine des anges. Est-ce que les anges parlent ? Ont-ils besoin de parler ? S’est-on déjà posé cette question théologique primordiale ? Elle est peut-être un ange. C’est la théorie secrète de certains. D’autres y voient le diable. Elle n’est pas loin d’être rousse. Les parents insistent sur le « blond vénitien ». Parce que, qui n’a pas une idée spécifique des roux ? Il y a les abrutis, finalement assez nombreux qui parlent de l’Enfer. Il y en a qui le prennent comme quelque chose d’anormal, presque un handicap. Il y a ceux qui trouvent ça superbe et n’ont de cesse d’en parler. De quoi se dédouanent-ils ? Bref, les parents ont également beaucoup insisté sur son odeur de blé doré, même au soir après la journée d’école. Ils se sont battus pour elle. Comme des tigres. Ils ont eu terriblement peur pour elle. Elle était si chétive à la naissance. Une crevette. Cela a donné le ton tout de suite. Une crevette blonde vénitienne. D’emblée. Ils se sont regardés. Ils ont comblé le désarroi. Ils ont parlé, prévenu et ils ont réussi. Une belle et douce jeune femme. Muette. D’où aurait-elle eu besoin de parler ? Ils ont toujours parlé avant qu’elle ouvre les lèvres.
     Elle est calme comme un arbre. Pourquoi pas comme un arbre ? Elle ne s’agite pas davantage que cela. Sauf les jours de tempête, jours de grand vent. Mais elle n’en parle pas pour autant. Elle siffle oui. Elle fronce les sourcils et lève les oreilles sous ses cheveux fins. Les autres n’entendent souvent rien. Mais certains ont appris à lire entre les lignes. Parce que parler n’est pas indispensable pour aimer ses proches et nouer de profondes relations.
    Elle est douce et majestueuse en même temps. Elle est douce, comme la nature tendre, comme ses cheveux d’or. Elle est ample comme son silence, dans son corps minuscule. 1m50 et 40kg. Les beaux parleurs ne sont pas prêts de comprendre. Elle a, de fait, l’avantage de ne pas être importunée par ces lourdingues-là. Elle a les siens. D’autres. Chacun les siens.

      La Muette n’est pas la Sourde. Elle écoute mieux que quiconque. Elle joue. Elle joue de l’alto. Elle est de ceux qui n’ont de sens que s’ils entendent parfaitement les autres. Ceux du 2ème et 3ème rang. Qui ne sont jamais les héros. Mais elle se fiche d’être un héros. Elle devrait déjà parler si elle avait de telles ambitions. Elle connaît elle-même à peine sa voix. Elle aime le son de son instrument. Elle le chérit et soigne son bois et les crins de son archet. On pourrait penser qu’elle méprise les premiers et encore plus le premier violon mais non même pas. Elle ne l’envie en aucun cas le acquéreur. Le silence lui est pour ainsi dire interdit et il est bien plus soumis qu’elle, en réalité.
       La grande question, pour tous, elle et les autres demeure : ne veut-elle ou ne peut-elle pas parler ? Tout être humain correctement assemblé parle. Il est fait pour. Elle a tout de l’être humain correctement assemblé. Ses parents s’en sont arrachés les cheveux. Les Dr n’ont jamais rien trouvé. Elle n’a jamais rien fait comprendre à quiconque. Un exaspérant mystère. Il n’en reste pas moins qu’elle ne dit pas un mot.
         Cela n’empêchera jamais personne d’avoir un nom, n’est-ce pas, tout cela ? Même écorné.

        Ra La Muette est, vous le savez vous lecteur sensible qui laissez vivre au fond des tripes, l’enfant d’il y a des siècles. Vous n’avez pas oublié. Eh bien, Ra n’est autre que la petite fille coincée au fond du placard ou sous le lit pour échapper quelques minutes au monde. A l’angoisse, bien sûr, à cette terrible entrée dans l’univers qu’est la parole. D’ailleurs, elle semble se demander souvent si c’est le monde qui l’envahit ou si elle l’envahit de son silence, car dans notre monde, le silence est un monstrueux blasphème. Elle n’est ni provocatrice ni joueuse. Le feu ne l’intéresse pas le moins du monde. Elle le trouve facile et les cendres déprimantes. Il y a l’angoisse du contact avec les pairs. Pas atroce et quelque chose qui noue l’estomac. Elle a peur de leurs mots sans doute, de leur lumière stroboscopique. Ra est cette minuscule gamine qui ne cherche pas à être cherchée. Qui s’évade, qui souffle et reprend pied au fond d’un placard. C’est de l’ordre de l’impulsion. Un besoin irrépressible parfois quand même quand il n’y a pas de paroles, juste quand le monde est trop là. Ah oui ! Il y en a qui se cachent sous leur couette aussi. Vous voyez n’est-ce pas ?
          Détrompez-vous, lecteurs cyniques si vous pensez qu’il s’agit de pleurer sur le sort de l a pauvre petite soubrette. Vous faites complètement fausse route. On vous l’a dit. Elle ne se cache en aucun cas pour être trouvée. Et surtout, elle n’est pas malheureuse. Elle n’est pas abandonnée. Elle n’est pas désespérée. Rien à voir avec Cosette. Elle n’est pas comme tout le monde et hop ! Ah bah oui, il y en a ! La vie quoi ! De toute façon, même adulte, elle est si menue qu’elle se faufile où elle veut. Elle est petite souris. On la laisse faire. Elle est plus libre que l’air.
        Il y a bien quelque chose d’encore plus fou avec Ra. Parfois, elle disparaît bel et bien. Tout le monde la voit et puis, plus personne ! Comment savoir puisqu’elle ne dit rien ? Mais on est content quand elle est de retour. Chacun imagine son scénario : elle part pour un voyage dans le temps-éclair ; elle va rejoindre sa famille elfe (ce qui expliquerait sa petite taille puisque tous sont grands sauf elle dans sa famille) et parle leur langue, se ressource et revient ; après cela, se pose les questions suivantes : où met-elle ses ailes ? Oui, ce sont forcément des elfes qui volent. Et quel rôle ont les elfes dans le monde humain ? Bienfaiteurs ? Protecteurs de l’humanité, espèce parallèle inoffensive ? Secret du noyau du monde. Tout est envisageable. Elle rétrécit comme dans le sac de Merlin l’Enchanteur et peut parvenir à ses fins sans que personne ne la voie. Quelles fins ? Personne n’en sait rien. Elle semble jouir de la vie, simplement. Elle se plaît à prendre soin, été comme hiver des plantes qu’on lui confie. Elle y est douée. Elle le sait. Elle ne s’en flatte pas. Elle n’y pense sans doute même pas.mais elle y prend un immense plaisir. Elle doit dézinguer tous les nuisibles à portée. Elle ne s’y prête qu’à demi. Elle trouve ca illogique. Elle ne s’y sent pas. Elle fait le juste nécessaire pour que tout fonctionne, pour que la nature continue de se réguler à son rythme.
        Ra rêve de ce rythme, le vrai rythme. Le rythme des animaux sauvages et des chênes millénaires. Elle en trouve un peu à l’alto. Mais c’est encore un rythme trop calculé. Heureusement qu’on peut opter les mots. Elle les prend pour la forme, faire comme tout le monde, ça ne lui est pas égal, sinon elle deviendrait folle, elle en est bien consciente, mais elle absorbe et délaisse la plus grande part de ces paroles qui rendent encore plus fou. Ils disent que les fous se taisent. Elle dit que les taiseux sont les moins fous. Cette aura du mot, de la phrase et du texte. Elle aime caresser, adoucir, tendre, masser, frapper tout comprendre à pleines mains, même les livres. Elle veut sentir à l’aveugle ou à l’ouïe.un seul sens à la fois. Elle ne peut pas tous les avoir ensemble. Pour elle, le sens s’y meurt. Et elle avec. C’est aussi pour cela qu’elle reste si petite et parfois si cachée. Pour préserver le sens. Pour ne pas éclater. Personne n’y croirait si elle disait cela mais elle est une explose use. Ce qu’elle croit elle, c’est que chacun l’est plus ou moins mais que tout le monde se goinfre de sens pour boucher fort les trous et éviter les catastrophes. Tout simplement. Et cela se comprend. Elle n’est peut-être pas née comme tous les autres. Ou elle n’a pas trouvé ses pairs. Elle n’a pas vraiment cherché. Un sens en plus venant d’un autre que l’on connaîtra a jamais si peu. Elle ne referme certainement pas les autres.  Mais pas les kaléidoscopiques qui s’éparpillent. Ca, ça la fout en pétards et elle se carapate vite fait comme elle sait si bien le faire.les autres disent qu’elle disparaît. Elle est humaine, elle ne disparaît pas. Mais elle ne se laisse us voir. Bombardement à entendre, voir et traduire ! ça non ! Mais la plupart des gens aiment l’effervescence. A Paris surtout. Il est si facile de se cacher à Paris. Elle se cache à Paris. Dans tous les coins de la ville et des appartements. Tout est alambiqué. Elle n’y cherche que la cachette parfaite. Voilà qui l’amuse : la cachette parfaite.

     Attention à ceux, je les vois d’ici, derrière la lumière des projecteurs, qui diraient Rate au lieu de Ra. Elle est Ra et pas plus. Ok ?
Ra comme ratiboisée.
Ra comme rabougrie.
Ra comme rapetissée.
Ra comme ramonée.
Ra comme rallumée.
Ra comme ranimée.
Comme vous voudrez. A votre bon coeur Messieurs Dames ! Des Ra, il y en a des tas. Elle se sent juste Ra. Ça veut déjà dire beaucoup, n’est-ce pas ?

       En tout cas, elle a suscité des vocations ou des bifurcations, comme on préfère le dire. C’est pareil. Certains l’ont rencontrée. Et déjà, ils étaient saoulés de mots et de froufrous blablas. Ils ne se sont pas tus véritablement pour autant. Mais ils ont notoirement réduits le flux. Et les autres autour n’y ont rien compris. Parce que le silence ou moins de paroles, les gens n’y comprennent rien. Et ça fait peur. Ça ne fait rire que les diables et les fous. Ca repose les musiciens parfois. Ça rend folles les pipelettes qui en bavent de mots et phrases insensées.
Ces quelques convertis donc ont ralenti et ils se sont mis à écouter et regarder avec plus d’attention. Ils ont constaté que tout était plus calme pour eux ainsi. Ce sont leurs dires, je ne déforme pas, je ne me permettrais pas. J’ai procédé en fidèle reporter. Mais, bien sûr, ils étaient prêts. Ils étaient au bord justement de l’explosion. Il ne faut pas négliger les circonstances.
       Ra ne s’est pas vraiment préoccupée de ces chemins qui ont changé après elle. Elle rirait si on li en parlait comme cela. Elle ne croit pas qu’elle ni quiconque ait un tel pouvoir sur son prochain. Un jour, un homme l’a remerciée. Elle a souri. Il l’a appelée « faiseuse d’anges ». Elle a soulevé un sourcil, interpellée.
        Oui, c’est vrai, Ra est sans ambition. Elle n’essaye pas davantage, ni plus haut, ni us fort. Elle se sent là où elle est. C’est si rare, avouons-le ! Comparée à Pika par exemple, quel gouffre ! Et pourtant Pika n’est pas une grande bavarde. Bref.
        En fait, Ra fait penser  à ces toutes minuscules grands-mères qui sourient aux facéties et tentatives désespérées de se récupérer de leurs jeunes pairs. Vous savez ces toutes minuscules vieilles assises sur un banc qui ne pipent pas mot et pensent tout haut. Pourtant, Ra est toute jeune. Peut-être le pouvoir elfique.
        Justement, puisqu’on en parle : Ra est toute jeune. Ra veut bien aimer. Elle est capable d’aimer sans limites. Sans mots ni limites. Comme certains humains. Elle n’est pas unique en son genre, sauf que les mots... C’est un frein. Qui , aujourd’hui, ici, maintenant, accepte un amour sans mots ? Sans mots. Sans aucun mot. Sans un Je t'aime jusqu’a ce que la mort les sépare. Ra ne s’impatiente pas. Mais elle y pense. Elle prie même parfois pour ca. Parce qu’elle a beau en aimer fort des gens, elle voudrait en aimer un et être ensemble. Si c’est impossible, il en ira ainsi. Elle ne fera pas plier sa nature à ce point pour un amour qu’elle devra donner avec des mots. Sa mère est inquiète. « Tu finiras toute seule. Et quand nous ne serons plus là ? » Ra la prend dans ses bras. Elle est plus petite que sa mère mais c’est elle qui la serre dans ses bras. Ra, elle, n’a pas besoin d’etre consolée. N’a jamais eu besoin ou presque. Très vite, sa mère l’a vue s’apaiser seule, en quelques semaines de vie. Pratique mais effrayant. La mère est restée mère. Elle l’a quand même bercée et Ra souriait toujours douce et rassurante.
Il y a la famille. Mais il y a aussi les amis. Ra a de bons amis. Sa mère le sait. Elle sait aussi qu’ils ne peuvent pas être faux. Qu’elle n’est pas seule et que même si elle l’etait, elle n’en serait pas si malheureuse. Et puis, il y a son travail. Un bon travail. Un beau avait. Elle y voit du monde, des tonnes de monde. Elle est loin d’être recluse. Mais sa mère trouve aussi son compte à s’inquiéter. Elle aime que Ra la tienne fort dans ses petits bras. Sa mère n’a pas eu la vie facile.
Son père, il ne s’en mêle pas. Il préférerait aussi qu’elle trouve un bon bonhomme sûr. Il parle beaucoup de ce fameux gendre qui n’existe pas. Il parle beaucoup. Ils brisent les clichés d’hommes taiseux et femmes bavardes à eux deux. Ils sont drôles. Ils sont comme on ne s’attend pas à ce que soient les gens. Ils détonnent. Vice-versa badaboum. Ils rient en tout cas. La mère de Ra rit moins. Un juste équilibre familial. Mais elle aime les voir rire.
Ils n’ont eu que Ra comme enfant. Ils ne voulaient qu’un enfant. Pour de multiples raisons belles et moins belles. Comme tout le monde cette fois. Ra ne regrette rien. Elle peut trouver des frères et sœurs autre part, non ? Les parents ne voulaient tenir qu’un enfant dans leurs bras, qu’un seul, qu’une seule, peu importait mais unique. Un enfant unique. Pas de blond brun roux aux yeux de toutes les couleurs aux prénoms à rappeler dans le bon ordre. Pas tout ca. Un unique.
      Ra trouvera sans doute une belle personne, qui regarde droit dans les yeux. Qui la prendra telle qu’elle est. Elle n’est pas idiote. Elle sait que sa situation est inédite et qu’elle ne tombera pas au coin de la rue sur cette belle personne. Peut-être dans ses cachettes parisiennes en revanche : un coin ou une embrasure. Elle n’a pas peur d’attendre ni de ne pas trouver. Elle a un sens au creux de son noyau, c’est déjà beau. Elle aime chaque jour sa chance.
Si jamais elle trouvait la belle personne, il reste évident qu’elle n’aurait pas d’enfants. Encore moins que ses parents donc. Elle n’en prévoit sûrement pas. C’est limpide, sans un mot de plus. Et parait-il, la moitié des elfes ne procréent pas. Ils ont un autre boulot compliqué. Plus philosophique. Ce qui n’a l’air de rien et fait vivre les êtres dans leur société. Mais pour comprendre précisément cela, il faudrait aller chercher dans les encyclopédies ou interroger Tolkien, dans son ciel et sa terre.
        Chez les humains, Ra fait pencher les têtes et ouvrir grand les yeux. Je plaisante avec cette histoire nature humaine. Mais Ra n’est fermée à rien. Elle est prête à tout entendre, à tout comprendre. Elle ferme les écoutilles quand elle sent la malveillance prendre le dessus. Cela se lit sur son visage. Elle s’absorbe en elle-même et elle devient ostensiblement inaccessible. Ceux qui cherchent un allié dans leur critiques ou moqueries sont entièrement désarçonnés d se retrouver si seuls. Ils reçoivent en prime en boomerang leur noirceur, renvoyée par le mur de pierre de petite bonne femme qui ne paye pas de mine. C’est idiot mais pour avoir assisté à une telle scène, j’ai vu Ra se tasser encore davantage, blanchir et noircir ses grands yeux, pâliras peau, creuser ses joues, presque sortir les canines. Un fantôme de vampire. Ça souffle ! Mais pour avoir envie de médire devant Ra, franchement, il faut etre un sacré con. Un sacré sacré con qui a tous les sens à côté de la plaque.

      Souvent, j’assiste à ses concerts. Souvent, je lui raconte ma vie. Moi, j’ai des mots plein la bouche et plein les mains. Elle n’a pas l’air de ses sentir envahie. Je me le demande, bien entendu. Je sais que quelque part, nous nous ressemblons. Elle le sait aussi. Je sais qu’elle m’aime. Et moi aussi je l’aime. On se serre toujours fort dans les bras pour les bonjour et au envoie. Pourtant on n’est pas américaines. Mais pas de bises parisiennes du bout des lèvres. Ça ne rime à rien. Et puis, elle est petit format mais elle a une de ces vigueurs ! Je lui raconte mes aventures. Souvent, elle sourit. Si je pleure, elle me caresse la joue. Si on a le temps, elle m’emmène chez elle et elle me joue la musique qui m’apaise. Qui m’extirpera de mes nouées. On dirait qu’elle n’a pas de nœud sur. Pourtant, les psychanalystes disent bien que c’est avec les mots que les bœufs se défont. Pas toujours apparemment. On s’en fout d’ailleurs. Ra fait partie de ces êtres que j’ai envie de croire magiques. Elle se laisse faire. Mais je ne suis pas dupe. Elle m’aime alors elle me cajole et se laisse transformer par mon intérieur fracassé.

Ra ne doit jamais mourir. Jamais avant moi.

Chausse tes cornes mon amie la plus douce

L’amie,
La plus douce,
La plus vraie.
L’âme soeur
Qu’on ne perdra
Jamais.
Mon coeur
Ralentissait
Dangereusement,
Et tu pédalais
Pour qu’il ne
S’arrête
Pas.
Ton coeur
Aujourd’hui
Ralentit
À voir ses espoirs
Mourir
Lui aussi.
Je pédale
Pour que ton coeur
Retrouve
Les sauts de cabri
Que je lui connais.
Écoute-le.
Écoute ta douceur.
Écoute tes entrailles.
Écoute.
Prends le temps.
Arrête-toi
Absolument seule,
Sans même un miroir.
Arrête le temps
Et écoute.
Que ton coeur
Ne s’abime pas
Pour toujours.
Mon amie
La plus douce,
La plus vraie,
Oublie les principes.
Oublie la vie mathématique.
Oublie qu’il faut et qu’on doit.
Et écoute !
Comme tu sais si bien
Entendre
Ce que les autres
N’entendent
Pas
D’eux-mêmes.
Après,
Chausse tes cornes
Et fends la foule
Qui empêche.
Mon amie,
La plus douce,
La plus vraie,
Je courrai
À tes côtés
Si tu me le
Demandes.

Chausse tes cornes
Mon amie
La plus douce,
La plus forte.





jeudi 12 novembre 2015

Les yeux et leur esprit me disent

Les yeux s’ouvrent
Plus fort.
On a beau croire
Qu’on est
Un grand ouvert,
Les yeux et leur esprit
Sortent
De nouvelles clefs
De cachettes
Dont on ignorait
Jusqu’à
L’existence.
On se croit toujours lucide.
Toujours pas mal au moins.
Je pense à toutes les portes
Cachées
Qu’à
L’avenir,
Mes yeux et leur esprit
Enclencheront.
Pas d’idiotie telle que « je n’avais rien vu, je n’avais rien compris. Ah voilà pourquoi donc ! »
Pas de découverte faramineuse « j'en suis le cul par terre ! »
Pas de « la lumière s’est faite », surtout, Surtout pas ! Prenez garde !
Ce sont les portes secrètes
De la douleur.
On la déteste.
On l’évite.
On essaye de la dompter.
Mais,
Aussi,
Elle active
Les yeux et leur esprit
Pour ouvrir d’autres portes,
Toujours et encore
D’autres portes
Sur d’autres mondes
Qui font sourire.
Juste,
Juste,
De les voir,
Fait sourire.
Entre les larmes.
Le sourire parce qu’on a
Vu
Une nouvelle nuance.
J’ai toujours adoré
L’arc-en-ciel,
Voulu le toucher.
Les nuages aussi.
J’ai demandé si on pouvait.
Sans se moquer, on a dit « non ma belle, tu passerais à travers. »
Une porte s’est ouverte ce jour-là.
Mais voilà une autre situation.
Chaque porte est une nouvelle nuance
Des couleurs du monde.
Tout à une couleur,
Absolument tout.
Et la douleur
Le rappelle !
Il n’y a pas de même,
Il n’y a pas de gris,
Sérieusement.
Le béton même
N’est jamais gris pareil.

Les yeux et leur esprit
Me disent
Sans ordonner,
Sinon je n’irais pas,
D’aller vers cet objet-là,
Oui oui celui-là,
Tu vas voir.
Et nous commençons une autre vie
Cet objet insipide et moi,
Moi qui l’avait oblitéré de ce qu’on
Regarde.
Ils me disent
De caresser l’animal,
De jouer,
De me rappeler qu’il m’attend
Et que sa confiance
Est absolue,
Si absolue
Qu’il dort
Sur le dos contre mon flanc,
Lui minuscule, moi géante à ses côtés.
Ils me disent
De m’enrouler dans ce qui cajole,
Dans tout ce qui fait l’escargot.
Ils disent que ca régénère les
Organes.
Ils me disent
D’aimer
Tout ce que je veux,
Même bête
Même ne peu fou
Même jamais fait,
Parce que c’est peut-être
Ca
À quoique n’ai jamais
Pensé
Ou que je me suis interdit
Qui ouvrira d’un coup
2000 nuances.
Ils me disent
De ne pas retenir mes mots,
Et je les sens sortir
Avec surprise
Et le nouveau regard
De l’autre.
De me mettre en colère
Contre le silence
Contre ceux qui n’ont pas besoin
De ma protection
Névrosée.
De taper du pied
Et d’élever le ton.
Ils me disent
Que je suis capable,
Puisque des portes
S’enclenchent.
Ils rient
Les yeux toujours restent
Immensément ouverts
Et leur esprit
Ouvre sa grande gorge de
Chanteur.




dimanche 8 novembre 2015

Corps ami

Souvent j’ai maudit
Le corps le traitre.
Souvent j’étais
Dans une rage
Folle
Contre lui.
J’ai été
Folle
Du corps,
Crevant,
Crevard,
Cradingue,
Carpette
Pauvre couard.

Je l’ai maudit
Plus haut
Que tout le reste,
Sur tous les dieux,
Sur toutes les têtes.
Je l’ai haï,
Je le hais
Encore parfois,
De ses besoins,
De sa franchise,
De son langage
Aveuglant.

Aujourd’hui,
Je voudrais pleurer
Jour et nuit,
Je voudrais parler
À tout le monde
Du mal d’amour.
Ou à personne.
Je ne le peux pas.
Je ne le dois pas.
Les convenances
Et la vie continue.
J’aimerais m’épancher
Au gré de la lancinante
Douleur.

Mon corps
Ne s’embarrasse pas des
On ne doit pas.
Et ma poitrine brûle,
Crache,
Ne cesse de râler.
Mon front et mes joues
Chauffent
De fièvre
Encore
Et encore.
Comme dans les vieux poèmes
D’amour
Perdu
Où l’on se moque
De la femme
Clouée au lit
Ou se pâmant
D’amour mort.
Mon ventre
Fait bien ce qu’il
Veut
Et gueule
En pleine assemblée.
Mon corps
Tous les jours
Parle
Pour moi.
Mon allié,
Il expurge la peine.
Il ose.
Il a le droit.
Je me love en lui.




jeudi 5 novembre 2015

L'amour qui crève

Le couteau en main,
Prêt à inciser.
D’un coup,
Pas vraiment d’un seul.
On l’avait vu venir.
Mais le couteau brandi
Prêt à faire sang,
Gicler
Sans aucun doute possible,
Et de tous les côtés.
On a été propulsée
Chirurgienne
En moins de deux.

Après maintes inquiétudes,
La déchirure.
Pas une simple incision.
On ne peut
Décemment pas dire
Ca.
Du sang partout.
Comme tout le monde s’y
Attend
Dans ces cas-là.
Mais combien de litres !
Et comme on en veut au satané
Couteau
Qui collait aux mains.

Et puis,
Le blanc hygiénique
De l’hôpital.
L’hygiène absolu.
Le soulagement
Du drame accompli.
Pas de trou noir.
Je répète :
Le blanc insipide
Intact
Intouchable.
On a cru que c’était
Encore plus
Perdu.
Mais le blanc arrête les pensées.

Le blanc a duré.
On est habitué aux champs de bataille,
Pas à l’hôpital.

Et les larmes ont ramé.

Rares.

Mesquines.

Pourtant,
La douleur fusait
Au moindre rai de couleur.
Une furie,
Pas qu’on avait oubliée,
Mais dont on avait interdit le retour.
Vaillamment.
Avec un certain succès.

Et le blanc s’est estompé
Pour laisser place à tout l’arc en ciel.
Tout l’arc en ciel,
Sans la moindre compassion.
La douleur est redevenue
Malheur.
Comme aux sales temps
Merdiques
Des jeunes années
Ténébreuses et orageuses,
d’aucuns disent.
Le malheur qui fait
Détester.
Celui qu’on déteste soi-même.
Qui fait trop parler de
Lui.

Dans les jeunes années,
Il semblait tout manquer
Ou presque.
Aujourd’hui,
Un grand amour
Doit
Cesser.

Et c’est bien dans le  ventre
Que le coeur bat.
Je ne crois plus les Docteurs.
Car
Un grand trou
Noir
Bée
Tout rond
En lieu et place des tripes.
Les flancs réduits
À une lamelle.