mercredi 30 novembre 2016

Rage qui crève

La rage
Qui donne envie
De
tout fracasser
De
Tout taillader
De
Tout faire faire exploser
A la bombe atomique.
Parce qu’on a

Une bombe atomique
Dans la poitrine.
Été tester ne suffit plus.
Meme haïr est un jeu d’enfant.
Une arme de gosses,
Juste rebelles en mèches.
Il faut briser en 1000 morceaux.
Aussi grand que la bombe qui
Tique taque a l ‘interieur.
Tout déglinguer
Et enrager le monde.
Déranger le monde oui !
Dézinguer a coup
De bombe de rage.
Sans aucune pitié
Pusqu’on nous a foutu
Cette insoutenable bombe
Au ventre.

La rage
Qui donne envie
De
Ne plus rien permettre
De
Ne pus rien valoir.
La rage
Qui rend fou.

Fou à dire toute la vérité,
Rien que la vérité.
Dire tout,
Toute la cruauté
Et voir la bombe exploser.
Feu à meurtrir sans retour,
A mettre tous les feux en écarlate,
Vifs,
La chair à nu.
Fous à se desaper
Jusqu’au moindre cheveu,
Se déguiser en cancéreux,
En sidéen,
En déporté
Et à hurler à la mort
Comme un chien entailles béantes
A terre.
Fou à degueuler la folie
Du monde,
Leur bêtise,
Son mépris et dégoût
D’être de même espèce.
Hurler au creux des tympans,
A les trouer,
Les fragiles vibrants,
Transpercer les yeux.
Tout enfoncer,
Tout faire couler,
Crier,
Crever
Salement.
Dede rage.
De déception.
D’impuissance.

On ne le dira jamais assez :
L'impuissance est la mort.


mardi 29 novembre 2016

Coupe-coupe dans la merde

Coupable de.
Tout en est l'objet tran-
chant.
Tout est susceptible de
tomber sous
sa coupe.
L'enflure de culpabilité
qui transperce,
qui égorge,
qui guillotine.
La respiration a de quoi
se couper.
Tout coupe,
tout cisaille.
Alors,
devant la glace,
droit dans les yeux,
ce n'est pas soi qu'on regarde
quand
on taille les bras,
les jambes,
le ventre,
toutes les chairs
possibles.
Ce n'est pas soi.
C'est elle.
On ne voit qu'elle.
Et elle se fait plus
fantomatique alors.
Mais la présence
toujours
est
acérée.
Elle se tapit.
Rien de mieux.
Parce qu'elle coupe mais aussi ellecolle.
Ellecolleàlapeau
quand elle ne peut plus
castrer.
Elle recule quand on ose
de front
cisailler aussi,
aussi fort qu'elle,
quand on accepte le duel,
qu'on n'hésite pas à en
sanguinoler.
Elle s'étonne
et sourit
narquoise.
Elle s'étonne,
elle admire,
en bonne perverse,
en bonne manipulatrice,
joueuse de marionnettes.
Elle applaudit
les couilles
d'entrer dans l'arène.
Mais c'est la sienne
cette arène.
Seule la mise à mort n'est
jamais
sienne.
Alors quelles armes
contre ce diable en costume de nonne ?
Au beau milieu de l'arène,
j'avance
et je la fixe.
Je plonge mes yeux noirs
dans les siens bleus et pourtant mauvais.
Je plonge dans son monde.
Je plonge sans retenue
et je hurle :
« Lâchez toute la merde ! »
Et un déferlement d'immondices envahit l'arène
aseptisé
de la nonne déconfite.
Elle ouvre les yeux grands
comme des soucoupes.
Elle n'est plus politiquement correcte.
Le costume est ridicule.
Elle ne peut plus s'effacer en fantôme
alors qu'elle en a tant envie,
comme moi si souvent
aussi
face à cette faucheuse prude.
« Lâchez tout ! »
la merde,
toutes les merdes,
les plus obscènes fécalons
et l'arène se décolore.
Arrivent les éboueurs
mes amis
et l'espace est immense
et la mort à des milliards d'années.
Toute la Terre
toutes ses bêtes sont là,
vivantes
et justement cruelles.
Plus d'ennemi surnaturel.

samedi 19 novembre 2016

La pute et son boomerang

Le monstre est revenu,
Plus enragé que jamais.
Je le hais de toute mon âme,
Et il me fait haïr le reste
Du monde.
Géant Bleu et Feu Follet se taisent.
Même,
Ils ne bougent plus.
Ils sont médusés.
Ils se regardent.
Ils retrouvent la pute de vie d’avant,
Celle où ils n’avaient forme de rien.
Ils étaient des moins que rien.
Le monstre était tout.
Ils croyaient,
On leur avait dit qu’une fois la forme gagnée,
On ne revient pas en arrière,
On ne se dénoue pas comme ça.
Eh ben non les cocos !
Vous l’avez bien profonde là !
Dans le cul et sans préliminaires.
Ils étaient rassurés.
Mais non !
La vie est une vraie pute,
La vraie qui n’a aucune parole
Et te déchire jusqu’en lambeaux.
Pas la pute, la prostipute que tu croises
Dans la rue,
Pleine de nibards
Et rigolote le plus souvent.
La pute qui te connaît
Comme si elle t’avait fait
Et qui te renvoie le boomerang
Alors que le jeu était fini.
T’avais pas le choix d’y jouer à ce
Connard de boomerang
Même si c’est le jeu le plus effrayant
De la terre.
Elle,
Elle hésite pas à te l’envoyer en pleine tronche.
En plein dans les yeux,
Au cas où tu pourrais devenir aveugle.
Ça mettrait du piment.
Là, elle te le fait bouffer
A peines dents le piment,
Pour que tu savoures bien
Ta douleur.
La pute de vie est plus forte que tout.
Dieu n’y peut rien.
Il est là sans doute mais non,
Il n’est pas tout-puissant.
Elle,
Elle est bien plus forte que lui.
Elle joue bien mieux au boomerang.
Il fait tout ce qu’il peut,
Mais il est dépassé à ce jeu-là.
On ne lutte pas avec un monstre furieux.
C’est elle le Diable.
Pourquoi aller chercher plus loin que cela ?
Elle est la pute en diable,
Cannibale.
Et on attend la fin du jeu.
Compris pourquoi j’aime pas jouer
Les mecs ?



dimanche 13 novembre 2016

Géant Bleu se réveille

Géant Bleu s’est trompé.
Sur Feu Follet
Et sur plein de choses
En fait.
Il s’est beaucoup fort trompé.
Dans l’histoire.
Soyons honnête,
Il a cru qu’il était,
Si ce n’est irréprochable,
Du moins bien innocent.
Il a cru
Géant Bleu
Qu’il n’avait rien fait
Puisque précisément
Il n’avait rien fait.
Et là,
Maintenant que Feu Follet
A calmé ses ardeurs,
Il s’aperçoit.
On n’a pas besoin de s’aperçoit de qqch.
Parfois on s’aperçoit tout court,
C’est déjà énorme.
Géant Bleu à l’habitude de l’énorme
Mais celui-là fait basculer l’univers,
Revenir au commencement.
Et Géant Bleu et Feu Follet ont cela en commun
Qu’ils haïssent
Et surtout craignent comme la peste
Ce commencement.
Ils ont leurs très bonnes raisons.
Cela ne nous intéresse pas ici.
Trop long
Trop geignard.
Mais quand Géant Bleu s’aperçoit,
Ça fait bien plus mal que Feu Follet.
Feu Follet sait comment il est,
Il a toujours été hors cadre.
Géant Bleu croyait coller bien mieux.
Il était aussi sûr
D’être quelqu’un de bien.
Ça veut dire pour lui,
Quelqu’un qui se remet en cause
Et respecte.
Mais il s’est trompé
Fort trompé.
A ne pas bouger,
Il n’a pas écouté Feu Follet.
Lui le premier.
Et puis certainement
Les autres.
Il a cru qu’en sage doudou
Plus comme il faut
Il etait dans l’axe
Dans le bon.
Le vrai,
Ca ne l’intéresse pas tant,
Sauf le vrai du Juste.
Voila !
Il a cru etre un Juste.
Eh non ! Patatras !
Maintenant que Feu Follet
S’est mis au travail
Comme un acharné,
Qu’il tente tout,
Qu’il se laisse souffrir pour
Réussir,
Géant Bleu ému,
Pleure.
Il pleure de la beauté du geste.
Feu Follet à toujours été son ennemi,
Juré et facile surtout.
Il le voit se démener pour se rapprocher de lui
Et faire la moitié de la route.
Mais Feu Follet,
Avec toute la bonne volonté du monde,
Ne peut pas aller plus loin.
Il essaye même ça !
D’aller jusqu’a Géant Bleu campé dans sa douceur
Convenable.
Mais il ne peut pas.
C’est la règle.
A chacun sa moitié de route à faire.
Lui, Feu Follet, il est peut être
Exaspérant et impossible
À vivre.
Mais il est intègre.
Il ira jusqu’au bout pour dire qu’il n'a pas pu.
Géant Bleu le reconnaît,
Seulement aujourd’hui.
Et ça lui fait chaud au coeur
Ce
Après toutes ces années de cohabitation
Souvent douloureuse
Voire
Insupportable.
Il a sa grande part de responsabilité.
Il accuse le coup.
Et c’est aussi ça qui le fait chialer.
Il est en colère contre lui-même
D’voir cru être le gentil.
Il doit à partir de maintenant
Bouger
Sa grande carcasse
Bien tranquille dans les règles.
Et ça fait atrocement mal
Partout.
Pourtant,
Il ne renoncera pas.
Il doit le faire
Et lui aussi rejoindre Feu Follet
Au point de ralliement,
Quoi qu’il en coûte.
Où ils mourront tous les deux
A l’HP.
Il crève de douleur.
Ils ont vu pire tous les deux,
Tout de même.
Mais quand on a vraiment mal,
On croit toujours qu’on crève.
Où on en a envie,
On ne sait pas trop clairement.
Géant Bleu bouge
Ses gros doigts
Ses grands pieds.
Il devra finir par danser.
Feu Follet est bien, lui, assis à sa table,
Les larmes lui aussi qui lui coulent
Sur les joues
Tant il doit contenir la révolte.
Il conserve l’extravagance.
Il y pense fort, de tout son oeur,
Pour tenir le coup de ranger doucement sa révolte
Et sa violence.
Géant Bleu
Peut-être
Demandera même à Feu Follet
De lui apprendre à danser.
Peut-être qu’ils trouveront le feu sacré
Qui les unira.
Ils se battent pour ça.
Géant Bleu se mettre bientôt
Debout.
Pour se donner du courage,
Il regardera Feu Follet et ses larmes,
Et derrière son sourire
De fierté et d’encouragement.
Il se lèvera.
Ils finiront en claquettes.

mercredi 9 novembre 2016

Tigresse

Elle est embullée
Emballée dans des couches
Et de couches
Superposées.
Des couches douces comme un bébé
Dures comme des murailles
Piquantes comme un oignon.
Elle est loin,
Très loin
Derrière
Et affiche un sourire
Narquois.
Elle observe,
Elle attend,
Comme une lionne
En chasse.
Toujours en chasse.
Elle impressionne comme un animal
A l’affût,
Un animal à crocs et à griffes.
Elle sera sans pitié,
Elle annonce la couleur.
Elle affiche sa guerre.
Elle ne tend pas la main.
Elle n’a que des griffes,
Pour l’instant.
Pas d’alliance à griffes.
Cela n’existe pas.
Elle ne sourit pas non plus.
Les sourires crochus
Perdent de leur sens
Sauf s’ils sont
Vampiriques.
Elle donne envie
de reculer.
Elle joue avec la peur.
L’autre est un adversaire.
L’autre est une proie.
Tout autre reste autre
Ou le redevient
En un éclair.
Tout autre est avant tout un
Étranger.
Tout autre est avant tout un
Danger.
Elle est compacte et vide.
Une boule de fantaisies cruelles,
Les miennes ?
Vide d’empathie et de confiance.
Elle est traqueuse.
Elle est prédatrice sans merci.
Elle est au-dessus des lois même de la nature
Peut être.

Ou alors
Ou alors !
Ne serait-ce pas une petite fille
Traquée ?
Déchirée ?
Seule et rageuse d’inutilité ?
Une prédatrice sans pitié
Qui prend la place du roi.
Le roi est mort, vive le roi
Plutôt que d’être à nouveau le sujet
De qui que ce soit.
Le sujet serf
L’objet servile.
Le moins que rien
Dont on a
Peu à peu
Détruit le coeur,
Qui finira par ne plus ressentir.
En lambeaux.
Alors,
Qui a le choix ?
Qui ne se sert pas de cette seule arme qui reste,
L’anesthésie.
Ce pouvoir sur l’autre
De ne suivre que sa colère
Parce qu’elle est la seule valable.
La seule qui ne trahit pas.

dimanche 6 novembre 2016

Nikè Christisopoulos

     Elle n’a pas pu faire autrement. Elle a suivi son cours. Elle qui l’avait toujours ralenti ou brisé. Elle a été des années durant, un as de l’écluse, art subtil du plein et dû vie. Pour rompre le cours. Parce que ce cours n’arrangeait personne. Il dérangeait tout le monde, même. On ne peut décemment pas accepter de déranger tout le monde. On se émanée souvent pourquoi les victimes se taisent. On dit qu’elles souffrent trop et qu’elles sont habitées de l’indicible. Elle les disent elles-mêmes. N’en doutons pas. Mais quelle est la part de soumission à la loi des autres ? La loi du plus nombreux dérangé par les mots. Qui peut vivre contre le plus nombreux ? Qui peut réellement vivre à contre-courant ?
Le fou.
Le psychopathe ? Non non ! Il prend l’air du plus nombreux.
Et le fou ne peut s’y prendre autrement que ce qu’il fait. Nos revenons donc à nos moutons.
Est-ce qu’elle est folle ? Le plus nombreux dira oui sans aucune hésitation. Nous, ici, sommes plus malins que cela. Elle n’est pas vraiment folle. Elle est folle de rage. Vous me direz que sans doute tous les fous sont d’abord fous de rage. Et. Douleur. Mais plus rage et douleur que fous. Et d’ailleurs, fous quoi ? Fous dingues ? Fous furieux ? Fous du roi ? Fous louches ? Fous à lier ? Il y a tellement d fous que peut être il n’y en a pas vraiment en réalité. Mais quand on dit cela, on se fait traiter avec mépris et lâché relativiste. Je pense au contraire que c’est un grand courage, puisque, suivez-moi bien !, si personne n’est vraiment fou, tout le monde l’est aussi un peu.
Où sont donc les lâches ?

       Elle n’a pas pu faire autrement.
Elle est partie très loin, il y a très longtemps. Elle a voulu bâtir un autre cours. Un tout nouveau ru. Elle s’est frottée les mains, elle a senti que tout était possible. Elle était enfin adulte et la liberté s’offrait à elle. Elle allait tout refaire, de zéro. Elle y a cru dur comme fer. Elle était prête. Depuis ses 7 ans, elle se disait : «  je serai grande quand j’aurai 16 ans. Je recommencerai tout quand j’aurai 18 ans, quand je claquerai la porte de cette maison hantée. Putains d fantômes ! » Elle a fait tout ça. Elle s’est sentie vieillir et se libérer à 16 ans. Elle a claqué la porte à 18. Et elle n’a plus jamais donné signe de vie. Elle a adoré ça. Juste avant. Elle en trépignait d’impatience et de peur. Soyons juste ! Sur le moment pile, au tout petit matin, parfaitement seule et tranquille. Elle a même pris son temps. Elle a tout bien regardé une dernière fois.. Sans nostalgie. Pour le plaisir, c’est tout. Pour être la vraiment pour la dernière fois, sciemment et elle en est presque venue à l’orgasme. Elle souriait. Elle faisait très attention à tous ses gestes, lents et doux. Elle marchait à tout petits pas petons ou essayait aussi plus pesamment. De toute façon, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait, elle était à la lisière de sa nouvelle vie. Et elle demeurait quelques minutes les yeux fermés juste avant d’atteindre le panorama sublime de son avenir. Elle avait fini par s’apprêter a sortir. Elle avait enfilé son sac avec volupté. Et elle avait passé le satané seuil. Elle était restée quelques secondes, la patte gauche en l’air dans cet entre-deux superstitieux, comme invoquant Dieux et Diables, les provoquant même et leur montrant sa témérité. Elle leva les yeux, gardant toujours l’équilibre. Là, son sourire avait été sardonique, a elle la douce blonde aux yeux lavande. Son sourire avait été sans failles et sans peurs.
Elle avait enfin pris la route. Les rues étaient encore très sombres. Il faisait très froid. Elle est une fille de Décembre, de Noël et ses mystères nordiques.
Elle avait d’abord marché pour le loisir, tout en veillant à bien s’éloigner du foyer du malheur. Elle avait eu 18 ans la veille.
Ce soir, on fêtait Noël.
Où qu’elle soit, avec quiconque, elle serait la plus heureuse.
Elle avait déjà décidé en réalité. Elle passerait la soirée du 24 à l’aéroport ou déjà dans l’avion. Elle partait pour l’Australie, le vrai bout du monde. Elle avait économisé avec ses petits boulots s’était servie dans les multiples cachettes parentales et paranoïaques pour arrondir la somme ; le vol, les premiers mois de subsistance ou semaines ou jours. Elle savait qu’elle trouverait un travail tout de suite. Elle avait tout préparé. Elle s’était renseignée et fait aider, par des inconnus bien sûr pour les papiers et tout le reste. Sans hésitation, elle avait fraudé.
Dans le train d’abord.
A Roissy ensuite.
Elle vadrouilla, vide, enfin pleine, dans les différents halls.
Elle rêva en s’arrêtant au beau milieu des voyageurs stressés, prise par une image, un symbole, un quelque chose d’important, seulement pour elle. Par les nerfs du train, elle avait imaginé, dormi, rêvé, craint quand le contrôleur l’avait touchée pour la réveiller. Elle lui en aurait bien coller une.
Souvent d’ailleurs elle avait bien envie de baffer mais quand elle voyait l’effet qu’elle faisait à son prochain, toujours attendri et souvent admirateur (elle ne comprenait pas ça. C’était terrible de faire cet effet de poupée fragile.), elle ravalait sa rage. Elle était incapable de frapper sans résistance face à elle. C’était au-dessus de ses forces.
Ces heures dans l’aéroport furent sans doute, à cet instant-là de son existence les meilleures. Les plus belles heures de sa vie. Elle se sentait enfin en sécurité. Enfin, elle n’avait plus à fuir et faisait face, aussi contradictoire que cela paraisse. Elle avait laissé son téléphone dans la maison, pas sa maison, cela n’avait jamais été sa maison. Avec cette famille-là, elle n’avait pas de foyer. Avec cette famille-là, pour mieux dire, on n’avait pas de foyer. Son foyer, ça avait été l’ecole surtout. Et puis chez l’une chez l’autre. Elle se faisait aimer très fort, Nikè Christisopoulos. Elle se faisait accueillir, choyer, admirer. On l’aimait vite et beaucoup, souvent. Elle ne savait pas pourquoi. Elle n’avait rien d’extraordinaire. On lui disait que la Grèce, quel beau pays !  Quel Histoire ! Elle en avait de la chance ! Ca, elle ne pouvait pas dire le contraire. Elle adorait son pays. Là, elle aurait peut-être eu un foyer. Mais c’était beaucoup trop près de la maison. Beaucoup beaucoup trop près. Elle aurait encore eu peur, encore fui aux coins des rues comme une voleuse. Elle avait toujours cette impression. Une pauvresse recherchée, en cavale. Pourtant on aimait sa fierté, sa dignité, si jeune. Elle n’y comprenait rien. Elle souriait parce qu’elle voit le coeur chaud à entendre ces belles paroles. Elle souriait et remerciait en même temps. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose à dire. Elle se trouvait encore plus fuyard quand elle parlait pour ne rien dire. Alors souvent, elle se taisait. Un beau silence sans méchanceté. Un silence serein, disaient-ils régulièrement. C’est qu’ils n’aimaient pas la bonne personne. Elle pouvait s’agacer à ce moment-là et répliquer qu’à son âge, on pouvait difficilement être serein, que c’était un peu prématuré de dire ça. Mais, allez convaincre les gens quand ils sont satisfaits... C’est peine perdue. Toujours est-il qu’elle avait du monde, un monde fou si elle le voulait, autour d’elle. Elle avait tous les foyers qu’elle désirait. Mais aucun n’était le sien. Elle avait tous les parents qui finissaient par l’aimer comme si elle était de la famille. Mais pas la sienne. Pas qu’elle courût après la famille idéale. Elle était loin de cela. Elle attendait seulement une place. A force de voler, survoler, suspendue, elle avait acquis une force d’équilibre instable, pas donnée à tout le monde. A ceux qui n’ont pas de place précisément. Une planeuse, voila ce qu’elle avait réussi à être, malgré elle et qui faisait cet effet si intense aux gens. Ils la croyaient libre. Ils la croyaient sublime. Ils devaient lever un peu les yeux pour la voir. Elle planait un peu au-dessus. Ils se trompaient mais elle y gagnait. Elle les remerciait de cette erreur salvatrice. Elle comprit grâce à eux qu’un pis-aller, une solution de fortune, peut être une beauté et une arme. Elle comprit que rien n’était figé. A l’aéroport, elle pensa à tous ces gens qui l’avaient aimée et qui ne pourraient plus et finiraient par s’essouffler. Elle leur était reconnaissante de ce qu’ils lui avaient appris. Ils avaient fait d’elle une combattante. Pas simplement une fracassée. Ils l’avaient convertie.
La chose qu’elle ne s’expliquait pas, c’est qu’elle ne parvenait pas à les aimer. Elle avait le coeur sec, comme d’aucuns disent. Elle avait pour la première fois entendu cette expression dans un film quand elle avait 8 ans. Elle ne l’avait jamais oubliée. Parce qu’elle se savait concernée. Elle avait le coeur sec. Elle ne faisait pas de mal. Elle n’aimait personne. Elle n’avait pas envie d’aimer quiconque. Elle s’en tenait là et s’en était bien. Elle planait et c’était ça sa vie. Elle n’était jamais virulente contre les gens. Elle s’en fichait. Non ! Pas « elle s’en fichait ». Trop dur. Elle n’en avait pas besoin. Elle avait essayé de les aimer fort comme ils le faisaient mais elle échouait toujours. Elle ne tirait pas assez de bénéfices de cet attachement. C’est ce qu’elle avait conclu vers 16 ans quand elle s’était plus profondément penchée sur la question. Elle se disait qu’elle devait bien être anormale et elle se souvenait de ses amours de petite fille. Mais elle n’en changeait pas pour autant. Elle admirait les autres de savoir faire.
La vie est ainsi faite se disait-elle dans l’aéroport, que l’on suppose toujours enviable et louable ce que l’autre sait et qui nous échappe. Elle n’en faisait pas pour autant une jaunisse. Mais peut-être que le jour où elle y arriverait, elle trouverait cela bien pitoyable finalement. Tout comme ils se seraient aperçus de la nullité de l’état de planage. Nullité non mais désintérêt absolu pour un humain de bonne constitution.

Passons sur le voyage et ses étapes. Il ne se passa rien que de logistique.

Nikè atterrit à Sydney. Elle était arrivée a bon port. A son port.
Dès lors, elle cessa de planer. Et commencèrent les vraies choses.

Aujourd’hui, dans sa cellule, elle sait qu’elle n’a rien pu faire autrement. Jusqu’à aujourd’hui. Qu’elle n’aurait rien pu faire autrement. Il est aisé de s’excuser ainsi. Oui. Pourtant, elle sait que nécessite fait loi. Fait loi des dizaines d’années. Et la nécessité s’évanouit et alors, la liberté de choix apparaît. Pour elle, on ne peut pas parler de s’évanouir... Elle a plutôt brutalement fait cesser la nécessité.
Elle a rêvé là-bas à l’autre bout du monde de la famille folle. Elle l’avait effacée. Elle l’avait anéantie. Et puis, elle était revenue la hanter. Elle avait cru devenir folle. Elle s’était remise à planer mais on s’était inquiété autour d’elle. On n’avait pas trouver ça beau ni admirable comme quand elle avait 17, 18 ans. Peut-être que ça ne plaît pas aux Australiens. Elle ne dormait plus, mangeait peu et travaillait encore davantage que d’habitude. Ceux qui l’aimaient avaient peur.
Une nuit blanche de plus, elle avait décidé ou la nécessité avait décidé pour elle de rentrer en France et de faire taire ces démons. Les faire taire pour toujours, sans aucune issue. Elle-même était étranglée dans son être le plus entier. Elle avait pris l’avion le lendemain. Elle avait prévenu. Ceux qui l’aimaient et qu’elle n’aimait toujours pas. Elle n’avait pas expliqué. Ils n’avaient pas demandé.
Elle avait atterri à Roissy. L’aéroport avait énormément changé. Il était bien plus beau mais elle le trouvait bien plus laid. Exaspérant même. Elle y aurait foutu une bombe. Elle fit un petit tour, histoire de voir si elle y retrouvait cette douceur de ses 18 ans. En vain. Elle sortit furax. Elle héla un taxi, lui parla à peine et lui indiqua la maison. Il ne dit rien. Il voyait que la dame était en colère et qu’elle n’avait vraiment pas l’aire commode. Bien lui en prit. A la porte du domicile familiale, elle eut un haut le cœur qu’elle réprima puisqu’elle était encore dans le chicle,et qu’elle ne voulait pas salir la voiture du taxi innocent ma foi. Même si lui aussi devenait exaspérant. Elle paya et claqua la portière. La nausée ne passait pas. Elle sonna.
On lui ouvrit. On ne comprit rien. On ouvrit la bouche bée et on se laissa vomir sur les pieds. On se doubla et les quatre yeux se fixèrent sur Nikè.

« Nikita... »

Ce fut la seule parole prononcée.

Elle rentra dans la maison. Elle fila dans la cuisine. Elle se saisit du fameux couteau. L’arme de son enfance. L’arme des parents fous. Et elle s’approcha du couple qui faisait bien rabougri. Elle faillit le leur faire remarquer mais n’en trouva pas l’utilité. Elle ouvrit elle aussi la bouche comme un poisson rouge stupide et ils sourirent parce qu’ils crurent qu’elle leur parlerait, qu’ils pourraient l’atteindre, la trouver. Les yeux et le cou en attente. Parce qu’ils l’aimaient de tout leur coeur, les furieux. Même les furieux aiment de tout leur coeur. Sans doute trop d’ailleurs. Elle planta la lame juste dans le palpitant. Elle eut même le temps de viser. Ils ne bougeaient pas. Ils étaient déjà morts ?
Le premier.
La deuxième.
Ils s’écroulèrent.
Elle repartit.
Elle repartit a l’aéroport.
Et elle pleura de joie. Pour la première fois de sa vie, elle sentait quelque chose de moelleux presque fondant entre les seins.
Elle n’avait pas prévu de prendre l’avion mais elle se dit qu’elle reviendrait vite. C’était pour, une seule fois, aimer ses proches.
Elle les aima d’un coup, sans crier gare. Elle les aima avant même de les avoir sous la main. Elle les serrai dans ses bras. Elle leur dit qu’elle les aimait. L’Australie trembla. Peut-être la Terre toute entière.
Elle reprit l’avion.
Elle fut arrêtée à l’aéroport et ne contesta rien. Elle ne dit pas un mot. Elle sourit comme elle souriait à ceux qui l’aimaient et l’admiraient toute jeune. La vraie loi s’exprimait. Elle n’avait plus rien à perdre ni à gagner.

Dans sa cellule, elle est une grande criminelle au coeur enfin tendre.

samedi 5 novembre 2016

Toucher et être enfin, Feu Follet-Géant Bleu

Touche pas !
T’approche pas !
Attention tu brûles !
Touche paaaaaaas !

C’est celui de l’intérieur qui gueule comme un putois.
Il est bégueule,
Nargue,
Il ne partage pas,
Il veut Etre
Seul.
Pas être seul.
Etre
Seul.
Il ne veut pas y toucher,
Il veut rester dans son petit pré carré
Tout confort
Jamais d’erreurs
Irréprochable
Et tout beau
Tout gentil,
On ne l’accuse pas,
Il se sentirait coupable pauvre chouchou !
Mais il y a l’autre autour
Qui l’appelle sans cesse,
Qui ne bouge pas de sa place lui.
Oui parce que,
J’ai oublié,
Mais le premier à la bougeotte,
Il se fout en boule ou sort du champ,
Il n’est jamais dedans,
On ne peut pas l’attraper.
C’est le but,
Vous l’aurez compris.
L’autre n’est pas un contorsionniste
Ni un hyperactif.
Il reste en place,
Il fait illusion d’ailleurs,
Parce qu’en plus,
Il doit faire vitrine.
Il tend la main,
Il essaye de la forcer aussi,
Pour qu’ils soient sur la même longueur
D’onde.
Mais Feu Follet ne veut pas
Et lui échappe
Toujours.
L’autre,
Géant Bleu,
attend depuis des lustres.
Il ne sait plus quoi faire.
Il est prêt à baisser les bras.
Feu Follet n’entendra
Jamais
Raison.

Un jour,
Il essaye
Une idée
Qu’on lui suggère.
Géant Bleu,
Lui,
Il croit avoir fait le tour.
Mais non !
Mais nooooon !
Il met les mains en l’air,
Et ouvre toutes les issues.
Et Feu Follet
Devient fou.
Il a peur.
Géant Bleu ne lui court plus après.
Géant Bleu ne le protège plus
De sa grande carcasse
Bienséante
Bienveillante.
Feu Follet ne peut plus
Fuir.
Il doit lui-même
Aller chercher la main de
Géant Bleu.
Il doit le toucher,
Ils doivent s’accoler l’un à l’autre
Et Etre
Tous les deux.
Feu Follet ne peut plus
Etre
Seul.
Où il disparaît
Bel et bien.
Géant Bleu n’a pas besoin de le lui dire.
Feu Follet est très intelligent.
Géant Bleu ne sourit pas,
Ne ricane pas.
Il soupire de soulagement.
Il va enfin pouvoir dormir tranquille.

Je suis
enfin
ensemble ;
A touche-touche.

un mien vaut mieux que tous les tiens-rats !

Tu n’es pas des miens,
Tu ne seras jamais de ma trempe
Pas de ma troupe
Pas mon trip.
Oublie-moi
Et retourne chez les
Tiens.
Tous les tiens.
Vous êtes nombreux.
Vous êtes un tas
Tous les mêmes,
Nous ne sommes pas des mêmes.
-Qui sont donc les tiens ?
-Les miens ? Les miens ?
Pourquoi ? Pourquoi ?
Ils ne sont pas assez bien pour toi ?
Les miens sont deux.
Je n’en veux pas plus.
Lâche-moi chez les miens,
Ceux qui ne lâchent pas,
Eux,
Pas comme les tiens.
-Connaîtrais tu les miens ?
-...
-Hein ? Connaîtrais-tu donc les miens, déjà ?
-Je les connais depuis toujours
Et ce ne sont pas les nôtres.
N’approche pas plus.

Et elle part des larmes plein les yeux,
Les sourcils en colère.

Les siens sont pleins d’amour.
Les miens sont pleins de haine.
Voila la théorie,
Voila la douleur.
Elle finira par rire,
Aussi improbable que cela soit,
A force de pirouettes,
Elle finira par ne plus seulement
Grogner comme une enragée,
Pour dire qu’elle a peur
Peur des miens
Comme de la mort,
Sans même un mot
De part ou d’autre.
Peur et mal
Et qu’on ne vit pas comme ça,
N’est-ce pas ?



jeudi 3 novembre 2016

L'ange cardiologue

Elle est de ceux
Qui étreignent le coeur.
Qu’on soit d’humeur ou pas,
Elle fait le coeur vivant.
Qu’on ait décidé
Radical !
Q’aujourd’hui
Pas de sentiments !
Elle de ceux qui...
Comment les appeler ?
Ceux qui parlent derrière les décisions
Et belles pensées
D’être rationnel.
Ceux qui défoncent les forteresses
En une minuscule seconde.

Elle est de ceux
Qu’on se retient
De serrer fort
Dans les bras les plus tendres qu’on a,
Parce qu’elle,
Elle ne sait pas
Et elle ne veut pas,
En tout cas dans sa lucidité.
Elle ne veut pas encore
Et pourtant elle appelle
A cor et à cri
De son corps frêle
Cette tendresse.
Elle est de ceux qui peinent
Mais ne peuvent encore
Que parler aux cœurs,
Sans le savoir,
Tout en battant la vie bruyamment
Pour ne pas s’effondrer.
Du bruit !
Du bruit !
Toutes les percussions surtout Messieurs Dames !
Mais,
Elle aura beau tout faire,
Quand elle lève les yeux,
Qu’elle regarde en face ou d’oblique,
Avec un sourire d’ange
Déchu
Déçu de sa nature salie,
Impardonnée
A ses propres yeux
Et comme, à jamais.
On lui effacerait la mémoire
Et pour tout l’or du monde
Lui rendrait une douceur.

Elle est de ceux qui
Arrachent la chemise et ouvrent la cage
Sans complexe,
Visent l’exacte cible juste à gauche
Entre les poumons
Et piquent.

Plus tard,
elle sera chirurgien cardiaque.