mardi 5 mai 2020

Grand-mère Crystal


Crystal marche sur l’eau.
Elle glisse, les bras en fleur, la bouche en cœur.
Joue la Geisha
Les lèvres rouges
Les cils velours.
Les joues hautes
Le menton fier
Bouge et pose
Dans le même temps
Nage et trône,
Finalement danse le nénuphar tendre.
Elle parade
Perchée sur le char royal
A dos d’éléphant.
Elle règne,
Elle brille,
Elle tinte de mille perles,
Ne ploie pas sous cette ferraille
De tête en pied
Contraire ! en rajeunit
En grandit en exulte.
Comme portée par ses joujoux.
Elle est reine en toute
Demeure,
Elle glisse sur toutes les eaux.
Vrai ! elle laisse les bouches
Bées bêtes
Elle exorbite
Elle brille les prunelles.
Elle sourit à toutes dents
A son public,
Elle se l’invente
Elle trouve toujours
Des yeux pour la faire vivre.
Même juste deux.
Elle ne compte pas
Mais bien quand même
Une bonne foule
La remplit d’aise et la remplume.
Eh oui parfois elle ressemblerait à
Une danseuse habillée de cabaret.
Habillée déguisée.
On ne sait qui est
Crystal,
Traversée de regards croisés,
Opaque comme charbon.
Elle clowne
Elle clinque
Elle se cache,
Sur scène
Fracassante.
Fracassée,
Inexistée,
Celle qui marche sur l’eau, reste
Un Christ de pacotille
Cahotant crachotant,
Trébuchant,
A peine quelqu’un
Sous les froufrous
Et les rubis.
A peine un là.