mardi 22 octobre 2013

Panorama d'une folle ; Anna la Rouge (4)

Je me réveille avec le rêve d’une autre.
Je ne sais pas si je dois la remercier et ou la brûler de m’avoir livré cela.
Je n’ai pas de livreur en tête.
Je ne sais plus comment c’est arrivé dans ma tête et mon lit.
Je serai plus attentive la prochaine fois.
Balivernes nocturnes qui sortent des livres.
Maman le répète.
Et tonne.
La lecture est mensonge.
Rousseau penses-y ma grande fille.
La tête déjà pleine de bulles folles.
Arrête ça maintenant.
Jean-Jacques te le dit bien.
Et puis il faut voir quoi tu lis.
Tu es folle ma pauvre fille.
C’est pour ça que je suis rousse ?
Tu es contaminée par les livres et leurs maléfices.
Rousse ?
Tordue à l’intérieur
Nœud de plus en plus touffus
Poilus
A chaque page absorbée
Elle se dilue dans mon sang,
Dans ma lymphe
Pas d’immunisation.
Prise au piège
Mon propre sang. Comme dit ma mère.
Mon propre sang qui me fait ça.
C’est du propre !
Ca fait tout sale à l’intérieur, c’est gluant.
Ca pique à l’intérieur
Comme un bracelet à tous les organes
Un pour chaque
Equipé de piques
Qui visent le centre.
Comment voulez-vous que je marche avec ça ?
Alors je claudique bien entendu.
Bref bref.
Il y a des bracelets d’histoires dans mes organes
Qui rebondissent d’aventures
Et démangent
Comme l’eczéma.
Pas d’hématomes a priori,
On ne voit rien à la radiographie.
Pourtant, ils laissent leurs traces
Ca continue de me chatouiller
Dans les rainures de l’écriture
Sur organe.
Ce qui est sûr et bien,
C’est que je ne suis jamais seule
Jamais vide
Jamais blanche.
Toujours Anna la Rouge,
Prise dans un tour
D’un de mes habitants.
La cénesthésie brûlante,
Ca me connaît.
Il y a bien des gens qu’on entend dire qu’ils ne sentent rien
Palpations doctorale
De la rate, du foie et de l’abdomen,
Non non toujours rien.
Je n’ai jamais eu besoin d’être effleurée
Pour frémir
Tricoter du poumon ou triceps
De la maléole et du crâne.
On est tous différents
C’est drôle d’ailleurs.
J’essaye bien de raconter mes belles histoires.
Public peu réceptif.
Je crois qu’ils n’aiment pas ça.
C’est bien dommage.
Je les entendrais volontiers
Les leurs.
Ils parlent de pudeur et choses intimes.
Bof bof
Pas bien clair.
Enfin, peut-être que si précisément.
Ils aiment quand c’est clair.
Je suis rouge,
plutôt foncée.
Je marche pas.

dimanche 20 octobre 2013

Belle du Seigneur, Albert Cohen

    Plonger sans bouée dans une immensité humaine.Impossible d'accrocher le rebord, nécessite d'attendre patiemment qu'Albert Cohen décide de nous laisser reprendre pied. Non que cette plongée soit déplaisante, bien au contraire, mais elle est abyssale. Incontrôlable.
"Lisez cette œuvre, c'est absolument sublime. Cette peinture de l'amour ! Cette histoire entre deux êtres qui s'aiment !"
Ai-je mal compris ? Ai-je mal retenu ?
Peinture ? Certainement pas ! Paysage accidenté, 3D été l'intériorité sous les projecteurs.
Histoire ? Pas de narration, du vécu à l'état pur, directement puisé au cœur et à l'âme.
Deux êtres qui s'aiment ? Amour subtilement mis en pièces, ridiculisé par le marionnettiste  ironique qui attise l'éternel conflit de la logique et du désir, de l'esprit et du cœur. Il le fleurit, le nourrit, hymne à notre stupide condition, désespoir peut être aussi.
Mais il est vrai, quel vocable employer pour résumer ces mille et quelques pages ?

    Revenons sur cette ironie acide qui me traverse a chaque page de l'œuvre. D'aucuns y sentiraient l'amour irrépressible et volcanique de deux êtres envahis l'un de l'autre. Bien entendu.
J'y sens davantage cette plaisanterie sans fin sur le dos des amants, éperdus, perdus. N'entendent rien, n'écoutent rien, ne relèvent rien que leur amour cannibale. Qui dévore qui au final ? Je l'ignore. Mais c'est en ces termes que j m'interroge.
Où ont disparu Ariane et Solal ? Ils me semblent de simples pantins. Le narrateur, masqué, discret, serpente entre les lignes et après réflexion, c'est par lui que je suis prise. Les personnages me font rire, je les toise, je ne peux pas les pendre au sérieux. C'est ce narrateur faussement en retrait qui m'habite. Fascine. Il transmet pointilleux s'innombrables nuances, précis exigeant. Il retrouve toutes les voix, toutes les intonations, change toutes les parties, avec son timbre, absolument propre. Respect inouï de l'expression de chacun, mêlé à une énorme caricature. Sans concessions.
Et cette pièce montée, avec ardeur probablement, est mitraillée par un invisible pessimisme. Planant. Insidieux.
Et à chaque page, je ris de cette femme, cet homme, de moi à travers lui, de nous tous.

     Parfois, ce narrateur que j'imagine quelque peu diabolique, retrouve sa veste et se laisse glisser a des épanchements presque lyriques. Poésie en prose, lâcher prise total, un moment de douce tristesse, hors bataille. Comme une respiration avant de repartir au clairvoyant combat.
      Pas de cruauté gratuite.
      Une implacable justesse et sans doute une grande tendresse d'homme trop lucide.

mercredi 16 octobre 2013

Révolté du dimanche

Ouvrir bras et jambes
Aisselles et sexe à l’air.
Casser toutes les vitres
De cette case spacieuse
Et agréable
qui m’oblige
derrière
sa douce
transparence.
M’oblige.
Me pique au cul.
Pour me faire tenir droit.
Me met au pas.
Au trot.
Comme il faut.
Y a qu’à Faut qu’on.
Embusqués.
En tartuffe.
La chasse aux sorcières
derrière
des sourires charmeurs.
On voudrait.
Je voudrais.
Me dresser aux côtés de tous.
Mais non, je ne voudrais pas.
Laissez-moi tranquille.
On t’a pas touchée.
C’est déjà trop.

Je veux
faire voler en éclats
ne pas en voir le bout
hausser la voix jusqu’à hurler
sculpter la nature
redessiner la carte
redictribuer les jeux
dévérouiller le crâne du haut
et laisser tricoter
dans le ciel
jusqu’à la lune
mettre la main à la pâte en suivant la loi
des viscères.

mardi 15 octobre 2013

Réanimation

En quadruple
sextuple
exemplaires
superposés
tout plats
sur l’insouciant partenaire.

On croit
s’accoupler
avec un
individu.
On se fourvoie Mon Dieu !
My God !
Si on y plante ses yeux
vertigineuse
la profondeur
vide
d’astronome.
Dis donc, où sont-y passer tes pupilles ? T’as perdu les billes en route ?
autiste cosy baby dans son hamac
de multiples.
On met de côté et on en rit
parce
que
jouir,
c’est plus important.

A l’autre bout du monde,
le noyau palpitant
se réfugie.

On est tout seul et on l’ignore.

Et c’est alors que le vent tourne
c’est trop loin l’antipode
le voyage fatigue désormais.
et ce n’est pas l’effet de vieillesse.
C’est plus aussi dangereux ;
ce serait-y pas sympa,
même ?
C’est que j’y mettrais du mien !
Je me recolle
Retour aux pénates
les yeux dans les yeux (les miens)
on aperçoit quelqu’un en face.

Elle me sourit.
Elle me tient là.
Par cœur
et corps.

Comme toute première,
la bouche pend
les muscles flairent
l’atmosphère
Neurones en réunion extraordinaire
même les poumons prennent un moment pour s’étonner
Oh ben ça alors !
Main au menton, moue d’admiration, pas le temps d’applaudir, c’est l’usine ici mais
waouh quand même !

C’était pas fastoche avant ça.
(Comment on traite les ouvriers entre nous !)
La distance
les conflits,
d’intérêt probablement,
personne n’a jamais bien compris.
Les déplacements chez les Papous
aussi souvent,
c’est pas humain.

Alors la jolie jeune femme
qui a mis un terme
à cette danse infernale
Tout le monde la bénit.
Elle nous l’a changée notre petite hein !? Elle a les pieds sur terre maintenant !
N’importe quoi ! Elle a toujours eu les pieds sur terre. T’as rien pigé ! C’est au fond qu’elle s’enfonçait
Pas qu’elle s’envolait !
L’est pas bien malin ce cul-là !
(Ce n’est pas l’organe le plus subtil en effet. Mais on ne va pas lui demander la lune. Son boulot d’est de faire de la merde
et à mains nues. Forcément, ça tape sur le système.)
Bref, longues
discussions ma foi
amusantes.

Elle m’a ramenée chez les vivants,
elle m’a plantée face à moi
j’ai plus besoin de déraciner.

Corps à coprs dont
les belligérants se sont mués en
fleurs bleues.

Corps à corps
écoeuré
ranimé.

dimanche 13 octobre 2013

Combat de poulpe

Déboule brutalement
sur le réveil.
Plaque au lit, au fond
du ring.
Les cordes accueillent la
reculade effrayée.
Tirer sur toutes
les pompes et allumages
à disposition.
Pour s'extirper.
Du coin.
Rien à dire
desséché par la victoire fulgurante
du poulpe
en retour.
L'observer être si
puissant après tous ces mois d'absence
du circuit.
Il s'arme
étale
son ventre laiteux moelleux planplan
devant la face de son adversaire
infranchissable.
Un mur implacable
strict
comme une vieille institutrice
barbue
asexuée.
Comme ces chefs et maîtres souriants chaleureux qui empoignent à l'envi leurs subordonnés
à la baguette.
Chercher la serrure.
La surface est immaculée.
Pas de nombril.
Pas d'ancrage, accroche, agrippe.
Perfection lissée au fer chaud.
Brute incompréhensible
qui tourne fou.
Cet abdomen en parade,
c'est finalement le pire. On se dit que les bras, le câlin langoureux des ventouses, c'est ça le danger. Mais non et non !
Ventre méduse,
fixer les tentacules,
ne plus s'en détacher,
funambule du contour,
toujours en mouvement dans
l'autour
maintenir le mur du vide au centre et rien d'autre.
Louvoyer.
Serpenter en déviant
détrônant
le face à face.
Écarter bras et jambes
en homme étoile de Vinci,
affermir les articulations
et s'introduire dans le cercle de point en point
fondu enchaîné de la chair à la figure qui protège
de part en part.
Le bout des doigts pieds mains
s'ouvre pour intégrer l'ultime
rondeur fédératrice
celle qui aura raison de l'animal.
Et puis la tangente se présente
s'arranger
tricoter en roues roulades avant arrière
pas de côté
guillotiner la défense adverse
la tête en bas
les yeux pelotonnés
alors qu'il chasse notre regard.
Comme un homme de cirque dans son îlot de feu,
en devenir virtuose
étonnamment agile dans cette banale réparation
remède,
rafistolage,
rebouchage,
trifouillage,
cafouillage
à la va comme je te pousse
promu don
et reconnu
bravo bravo.
Louant la force la réussite
quand c'est la monstrueuse fragilité qui tapisse le malicieux sous-sol de l'estrade.


Miroir mon beau miroir

Rêvasse, traîne un peu la savate, tranquillement dans l'escalier.
Le corps est indolore, inodore, insouciant, innocent.
Avec l'esprit, ils s'embrument s'envolent imbriqués enchâssés pénétrés encastrés, union intégrale,
évaporante.

Echappée de ses songes.

Elle ferme la porte derrière elle et tout redevient tangible et sec.
Les rouages sont rouillés, rigides, râpeux. Elle rétrograde en mode manuel. Plus
rien
d'auto
mat
ique.
Accoups
coups de bourre
coups de frein
gerbouille
zigzag.
Faut se remettre en place.
Ca, ci, là, ici.
Et en selle. Le cheval avec un cavalier et plus rien ne va de soi.
Le naturel disparaît au galop.
C'est un grand lunatique celui-là.

Elle se reprend dans la vitre adjacente
puis la suivante et, ...où sont les autres ? Les murs opaques,
quelle poisse ! 
Elle ne peut plus vérifier discrètement . Ça devient vite grotesque. Et 
le ridicule tue, 
comme chacun sait.
Elle se rengorge, sans alliée reflétante et force le trait.
Pour qui elle se prend celle-là ?
Pour pas grand-chose précisément
et il faut bien faire croire que ce n'est pas complètement vide
derrière tout ça.
Effets spéciaux en force
bling blanc tadam ! Brillons, rayonnons à défaut d'avoir le droit.
Enfin un autre miroir de fortune se présente. Oh ! Ces cheveux
     indisciplinés.

Elle n'aurait pas dû rêvasser comme ça tout a l'heure. Ça dérange à chaque fois. Elle a beau le savoir, ça se fait tout seul.
Et puis, on voit sous ses vêtements ajustés qu'elle a épaissi des fesses et pas en
joli joli.
Mais c'est rien ! Qu'est-ce que tu racontes ?!
Elles ne sont pas du même univers.
Peuvent pas comprendre.
Elle maintient, ça bourrelotte, Ping pong autour des hanches.
Pourtant bien dessinées. Ce que c'est dommage ! 
Elle se sent honteusement perfectible. 
Remontera se changer ? Remontera pas ? Elle l'a déjà fait deux fois cette semaine, elle essaye d'aller de l'avant.
Encore un regard furtif. 
Même si ça ne convient pas, au moins sourire, elle sait que la gueule à l'envers, on la fuira.
Il faut être gaie et une fois que c'est fait, on l'admirera et elle oubliera les failles du système. Ça roulera un peu mieux, pas tout seul, mais avant le prochain tour aux toilettes, elle se délestera de tous ces méchants poids.
Le dernier coup d'œil lui a donné une vue d'ensemble et elle a été fixée par l'asymétrie des oreilles, une plus haute que l'autre.
Ça l'obsède.
Tout le monde s'en fout des oreilles non ?
Non ! C'est laid ! Mais laid !!
Elle n'y peut rien pour le moment. Elle se promet d'y remédier des qu'elle sera libre. 
Et elle omettra une énième fois car quand elle sera libre, cela lui sera égal.
Comment cela pourrait lui être égal ?
Élucubrations infinies qu'il faut endiguer
de suite.

On la regarde, il se retourne sur son passage elle s'unit de nouveau à son corps, prête à lui procurer l'attention et jouissance dont elle le sait avide. Et puis cette attention se perdra dans la jouissance et l'autre qui la voit et le lui signifie.

jeudi 10 octobre 2013

Cerveau oignon

Les synapses s’activent
fourmillent
s’organisent
en prévision de la mobilisation
imminente.
L’excitation se joint
à elles.
Les pattes et les menottes ne sont pas les dernières
à bouillonner.
Tremblotte et impatience.

Le travail se met en route
coup de feu pétarade le départ
et toutes
en pagaille
mêli mêlo
pour flairer la bonne route.
De vraies chasseuses
esprit de compétition aiguisé
au couteau
galvanisées par le nombre et l’implacable concurrence.

Le spectacle me fait
irrésistiblement
penser
à la course des spermatozozo.
on me dira que là,
c’est pas la vie ou la mort
tout de même,
mais je m’insurge !
Au placard la synapse stérile
et crever !

Et puis, je ne sais ni comment ni pourquoi
je me décolle
je me dépiaute,
pelure à pelure,
cerveau-oignon
miroir infini
de la ruche
de reflet en reflet.
Je pense donc je suis.
mais si je suis, je pense
donc je suis
donc je pense.
Je suis quoi ?
Je panse qui ?
J’y suis j’y pense.
Un point c’est tout.
Mais non pas de point, pas tout !
Coupé découpé décuplé,
sans arrêt,
pensé repensé
pesé soupesé
Argos Panoptès
qui rêve et craint
l’opacité aveugle.

Je reste en mosaïque
cercles Enfer
sans lesquels nulle jouissance
abrutie.

Mosaïque synaptique.
En musique s’il vous plaît !

mercredi 9 octobre 2013

Lourde du temps qui traîne

Lourde du temps qui traîne
les pieds qui frottent,
grand triste.

Enuclée de froid,
l’angoisse me traque
en vain, je suis frigide
à tout tracas
l’ennui m’enveloppe en frère
protecteur m’éloigne de ma tribu
m’isole et me réchauffe frictionne
mon cœur violet de coups trinqués
coups de cœur frigorifiés
violents vivants figés cœur troué
je le maudissais de sa faiblesse, frustrée
le voilà évidé, émondé, jusqu’aux tripes
trop frêle
ridicule ; s’essaye au troc
avec l’ennui qui ne marchande pas avec ce fruste coeur
encore épris des émotions, triviales,
qu’il a lui-même bannies fièrement frappé
de grande sagesse ; en plein tressage
concentré de ses idées absconses, friant
de conceptuel en transe
et à genoux devant les froufrous
d’une nouvelle logique, en réalité tricheuse.
Il endure les frimats.
L’ennui engrène mon cœur qui trace
ma route je m’élance sans frein
dans les absurdes frasques, de l’esprit trapéziste,
sans corps, sans cœur, frimeur
invétéré. Pédant
déconcerné, ignorant la trouille.
Il s’adresse tout franchement
à mon quotidien trituré
douloureux, étouffé, fripé
comme un vieux bonhomme à force de malmenages, tranché
au vif. Il offre l’espoir, je frôle
le calme, je transpire
de bonheur frémi.
Plongée sans sommation dans l’immense traversée
grand triste.
d’amours et de trésors.

Lourde du temps qui traîne
les pieds, qui frottent,
du désert, sublime, fringale,
d’amours et de trésors.

mardi 8 octobre 2013

Tapis volant

Les lignes s’enroulent et s’effacent sous mon corps volontaire
et mes jambes têtues.
Regarde devant toi, avance !
Piégée par la régularité délirante
mes neurones se ferment en boucles ils enroulent les traits rectilignes parfaits règle d’or sur mes rétines gluées,
originaux
inventifs
parfois déplacés inacceptables
neurones manipulés par la propagande simpliste du tapis roulant
volant
berceur
placide
impassible
intarissable
imperturbable
force tranquille contre laquelle on cesse de s’égosiller
devient dealeuse
aspire toutes les aspirations
le but de chaque nouvelle journée.
Laisser les neurone affairés se délasser
et enfin reconnaître leur maître
lâcher dus et devoirs
ordre
nécessité
le corps flotte à la suite
du cerveau béat
et désormais
complètement con.
On le croyait plus costaud qu’un vulgaire tapis
mécanique
il s’est fait roulé
psychédélisé
comme un bleu.
Je suis une boule,
un androgyne platonique
ni homme ni femme
ni rien d’autre
l’être de plaisir
pris dans la nasse
de l’arachnée
de fil en aiguille
infernal et délicieux ressassement.
Je ne sais pas si je vois mon bonheur ou ma perte
je m’y vautre
tous les jours
un peu plus
arrachée au réel par ma caboche
en orgasme.
Je suis un liquide bienheureux.

Il y a bien une chute
bétonnée
sèche
sans amortie.
Elle casse la gueule
mais elle ouvre les yeux
tout le circuit se redresse
et milite pour rectitude et hygiène.
A bas les hippies !
(voix inconnue dans mon crâne) Sale hypocrite ! t’as aimé ça.
Tais-toi donc toi ! je te connais même pas.
On va voir si tu me connais pas !
Et force hallu arc-en-ciel et compagnie
contre ma mauvaise foi.

Je prendrai toujours les escaliers,
dorénavant.

lundi 7 octobre 2013

Rencontre de palier

Un escalier un peu étroit
parisien
pas la place pour deux files
montante descendante.
Un grand papi bien amoché déjà
pas assez pour se taire
parisien.
C'est encore la sourdingue !

En un flash !

Je tourne mon regard vers lui
je suis ébahie
mot oublié
traqué
écrasé
au fond des esprits bulots
qui pensent en 0,1,2
et leurs subtiles combinaisons.
Je suis au haut des marches
position idéale
recul et dignité
tu parles !
J'ai envie
de lui croquer la jambe
de le flanquer par terre
de lui parler alors qu'il peine
inutilement
à se relever
T'es trop vieux Robert !
Laisse-toi glisser en bas,
tu voles déjà pas fort.
J'aimerais le voir
rougir
blêmir
bleuir
quand j'insulterai sa famille
quand je piétinerai ses étoiles
tout ce à quoi il croit
quand je déchirerai son âme
en mille miettes
inconscientes
inhumaines
quand je le traiterai d'infirme
et de primate
et qu'il s'étouffera
dans le monceau
de crachats
à mon intention,
Miroir !
qui lui reviennent.
Il aura envie
de me nettoyer le cerveau
de m'aspirer la matière grise
de faire des frites avec ma langue.
J'aurais été plus lourde
que sa fausse assurance de parisien précieux
je l'aurais pas permis
je l'aurais défendue
j'aurais été vidée
Enfin
de l'interminable colère.

En un flash.

Mais je suis restée coite
sur mon palier trop court
je l'ai regardé passer
il continue de grommeler
j'ai eu peur
de briser
de blesser
m'embraser
jusqu'aux cendres.
J'ai serré les poings lâches.
Il n'a rien su.
Dans mon esprit,
assassiné.

dimanche 6 octobre 2013

Bébé torture

Un bébé dans le ventre qui gonfle et dégonfle impunément
un bébé invisible
impalpable
intouchable
un fantôme
un tyran
bébé majesté
mutique
qui me chevauche
dirige ma vie
d'un signe de tête
et d'un mouvement d'orteil.
Il se camoufle
distille le doute
la raison de la folie
je me laisse enfoncer
par un embryon d'être
un moins que rien
empereur
en ma
demeure
minus usurpateur
ordonnant son armée :
me tenir à sa
botte.
M'insulte si je dévie
de ses caprices
m'étrangle
remonte le bras dans l'œsophage
jusqu'à ma gorge
perfide
je cède à la nausée
qui râle
j'obéis finalement
en rage
en nage.
Bébé sauvage
prédateur
monstre
des générations
fruit de l'inceste informe
Pas moi !
fées psychotiques
penchées sur le berceau
rois mages bourrés
offrande de leur cancer
phase terminale
césarienne
en cachette
on y fourre le bébé
Allez ! Dépêche !
Calme-toi mon vieux, le monde est au courant !
Ça y est.
Elle est un peu grassouillette cette petiote-là non ?
Oh ah bon ! C'est un bébé vous savez
Et puis on oublie.

Remplie de tous les autres qui m'ont précédée
de tous les viols d'aïeux
commis subis
tous mélangés
enceinte du père et de sa maladie
de ses caresses
et son coulant amour
baveux
insatiable.
Comme son enfant
au père
son bébé ignoré
adoré,
je dois le lui cacher
il me le nourrirait
lui donnerait la becquée
ce fils de fille
fils d'Ariane
jusqu'à la bête tout au fond du géniteur.

Il faut bouger
courir
attraper
relancer
toujours se ressaisir
le bébé grossit
à la seconde où l'on n'y pense plus.
Le corps traître s'adapte
l'accueille
bonne pâte
l'esprit doit seul le réduire
centimètre à centimètre
d'heure en heure
sans discontinuer
d'affilée
Du vent les 35h !
Je n'ai peur que de moi
de ma face bleuie
hagarde
à la peau étirée arrondie,
me consacrer au rabotage
rattraper les minutes
d'insouciance.
Le bagne retrouvé
je suis récidiviste indécrottable
j'en sors j'y rentre
comme dans un moulin
j'abats la tâche
plus vite
plus fort
que tous.
En habituée, on m'y suggère
le menu du chef
en bonnet rayé.
Mon non les gars !
j'ai un bébé à éradiquer
un bébé mangeur
bébé crocodile
bébé qui suce
j'en perds ma moelle,
alors bouillie
et au lit,
vous savez bien, depuis le temps !

Le séjour s'achèvera
sur un vide sublime
bébé atrophié
foie
estomac
rate
pancréas
reprennent leurs aises.
La pousse est toujours là
résiste en moi
à toutes les stratégies.

Jusqu'à la mort ?

jeudi 3 octobre 2013

Coming out

Dramatique
Tonitruant
Terrassant
Tyrannique s’il le faut
Trivial si nécessaire
mais adoré
Admiré
Reconnu
Déposé
après l’apnée trentenaire.

Leur faire gicler les yeux
aux noyeurs de talents.


Faire sauter les plombs
Déchirer la peau terne
Laisser briller l’en deça
Libérer les possibles
et ses trophées
Ouvrir d’un coup le manteau
élève du fond de la classe
qui doit pas trop gagner
pour pas blesser les vieux
et tous les autres
qui le veulent à sa place
sans dépasser
convenable et conciliant,
Déballer son sac
bodet du clan
voué à porter tout
l’attirail
la patate chaude de père en fils,
à y trouver son compte
parce qu’il y a bien pire.

Leur faire gicler les yeux
aux noyeurs de talents.

Il a été leur chien
leur boniche
leur mouton
bêêê bêle alors qu’il crève de cette
vie-là
vie de rat.
Ne faire qu’un petit geste
et le monde s’élever
sous ses pieds
sous son souffle
et lui offrir son territoire
avec les intérêts d'usuriers de toutes ces années
d’apatride
empêtré
d’interdits.
A sa juste mesure
pouvoir se déplier.

Leur faire gicler les yeux
aux noyeurs de talents.


Abracadabra !
Le voilà !
Bon,
pour la première,
il se prend les pieds dans la traîne et
le tapis rouge.

Et aujourd’hui
enfin
il s’en poile la rate.

mercredi 2 octobre 2013

Accidents (3) : 3 garçons pleins d'avenir

Lancés au milieu des étoiles
à toute berzingue
discothèque en boîte
boîte à sardines
ils sont tassés
ils sont que trois
mais faut se plier pour y rentrer
bien se ranger
et plus trop s’agiter
surtout trois zigotos comme ça
mais bon, cette nuit
ils remuent comme des asticots
ils sont tout excités
et tout heureux
faut bien le dire.
Ri comme des bossus
bu comme des trous
tiré le joint et le reste
ils sont repus
le désir n’a pourtant pas de milites
ils voudraient chevaucher la lune
ils s’en bidonnent
le conducteur s’en tamponne le crâne sur le volant
en rythme
hilare
ils sont seuls dans cette campagne de science-fiction
leurs rêves explosent
plus qu’à ouvrir les mains
et cueillir.

D’un coup,
Rom à l’arrière
déjà sonné
par l’euphorie
sent que c’est pas si fou d’espérer la lune le ciel l’attire il pourrait l’avaler
plus aucune aspérité
plus d’obstacle
l’avenir intégralement offert
béant
son souffle est clair et entier
pour la première fois
il sent combien il est
une vraie personne.

Lui parviennent alors vaguement
des beuglements
qui l’arrachent
une milliseconde d’illusion d’une énième plaisanterie
puis il aperçoit dans les airs
barbottent à ses côtés Tom et Dom
comme s’ils se noyaient
Y a pas d’eau ici les gars ! Coo…
Rom et Toms’attrapent la main
et se sourient
ils s’aiment du cœur
Tom réveille Rom
de ses yeux amoureux
déclaration sans conséquence
ils vont mourir
Rom sait que c’est le signe.
Dom les surprend
fronce les sourcils
soulève la lèvre
il veut les tuer !
mais pas la peine
une seconde et ce sera fait.

Le trio amour et jalousie
s’achève
dans un gros boum
beaucoup de crac et croc
en miettes
Rom
Dom
Tom
en harmonie
le dernier désaccord n’a pas gâché
le final.
Spectaculaire
sans spectateur.

Sur le bas-côté
Rom et Tom font les dormeurs du val
allongés
bras dessus bras dessous
couple en goguette
Dom sur une branche
regard figé
sur les deux traîtres

mardi 1 octobre 2013

Chasseur de tresses

Tresses à la trace
il s'engouffre dans
l'antre des nœuds
mystérieux
amoureux
enlacés
embrassant
qui l'appellent à leur grande partouze.
Il imagine qu'au soir
ils se défont
se séparent
retrouvent l'air et l'espace
ils s'étalent
et soupirent.
Ils partagent la même couche
habitués à la communauté
ils en crèveraient tout seuls.

Il n'a jamais vu le lâcher
il ferme les yeux et rêve.
Il les connaît agglutinés
en rang d'oignons
lissés et obéissants
matés par le shampooing.
Ils se rebelleront
au fur et à mesure
des émotions du jour
l'un voguera autour de l'oreille
l'autre se dressera du fond
claironnant ridicule,
mais courageux soit dit en passant.
Seul contre tous, rien n'est plus vrai.
Il y voit des artistes
capricieux
une douce calligraphie
un code antique
que tous ignorent.

Il le sait bien que c'est aux femmes
que reviendra
éternellement
cet enchantement.
Il a prié cette longue
entremêlée
impunément
devant tout le monde
sans pudeur.
Comme s'il portait une beauté
pendue à son cou
implantée dans son être
aux racines de l'esprit.

Métro, bus ou trottoirs,
elles ont raisonnée lui
il est happé
tourbillonné par le tournicotis
minutieux
accordé
valsant
nattes en tresses,
les poursuit
à la trace
jusqu'à ce qu'elles s'évaporent
sous une capuche
derrière un parapluie
autour d'un cou paternaliste
dans un chignon synthétique
pragmatique.
Bien plus brute
bien moins souple
bien plus drôle
quand il dégringole à
360°
en plein discours.
Et patatra !
Rien ne vaut le plancher des vaches.

Cette chute-là
le fait rire
comme le grand directeur
qui proute.
Vraie déception du 1/2 tour
de tresse
le visage la remplace
la bulle se crève.
Il croyait la femme parfaite
Et badaboum !

Il se parle à lui-même :
sale fétichiste va ! Au boulot maintenant !