vendredi 30 août 2019

30 aout

Fabrique fumante multicolore de magie quotidienne.

Le toit de sa voiture s'est ouvert en grand. Elle a glissé hors de son siège, coulé dans l'air. Elle s'élève au-dessus de la foule ronflante de l'autoroute. Du pareil au même jusqu'au fond de l'horizon. L'homme moutonne. Elle rêve d'une danse multicolore. D'un coup de magie.




mercredi 28 août 2019

lundi 26 août 2019

26 aout

Tout jeune matin
Lève douce voile à vie
Et le réveil brute.
‪Le livre fusée au noyau vif.‬

Le Dr Kunk inspecte le document. Il est tombé sur Mme Janus un matin. Ni queue ni tête. Elle geint dans son fauteuil de folle. Elle pleure. Elle est maudite. Le Dr K voudrait qu'elle se taise.
Et puis vide un grand blanc le surprend. Elle a ses yeux noirs et ricane :"Imbécile !"



Roule-moi et ronde ma peau.

Fabrice Colin, La bonne aventure- Edition Talents hauts


Où te mènera La bonne aventure.





Roman d'aventure ? Pas vraiment non. L'aventure c'est l'apprentissage et ce dernier conduit à la croisée des mondes et des voix. Fabrice Colin conte le deuil de l'enfance et l'éclosion de l'âge adulte. Et le rêve est toujours permis.



C'est autour d'Ombline que se construit La bonne aventure. Une jeune femme attachante certes mais pas seulement. Un peu personnage aussi un peu fade d'emblée et timorée. Loin de l'héroïne flamboyante, bien davantage l'anti. Ombline comme une page vierge entre dans son histoire et les personnages qui l'entourent et apparaissent peu à peu la colorent pour finalement l'asseoir dans le vivant.

Mais ces autres qui lui tournent autour en satellites ne sont pas moins que ses forces vives à elle, ses forces secrètes que le lecteur lui-même ne soupçonne pas. Elle encore moins bien sûr. Cette naïveté touche et agace. Elle permet de s'émerveiller en fin de compte.

C'est donc bien le monde intérieur de la jeune femme qui prend forme dans la réalité. Devant elle, Ombline voit danser ses anges et ses démons, les vrais. Non pas des rêves illusoires, comme ceux auxquels s'accroche l'héroïne. Des anges et des démons on ne peut plus réels qui vivent en elle et à l'occasion de ce parcours initiatique se font voir au grand jour. Acculée aux confins de son monde étriqué, Ombline est amenée à en repousser les limites. Laisser l'enfance derrière elle.



La bonne aventure est une forme de conte. L'ambiance n'est pas franchement celle des contes que nous connaissons bien. C'est un monde juste à côté du réel. Pas réel. Le mélange des genres rend la narration difficile à classifier. Cela n'est pas absolument nécessaire me direz-vous. Certes mais cela engendre une impression de richesse du récit et le sentiment de plonger d'univers en univers. Entre réalité et magie. Entre fantastique et merveilleux. Ni clairement l'un ni clairement l'autre. Pour sûr conte revisité.

Pas de morale à l'ancienne. Mais cette idée que la parole des uns et des autres est à entendre avec des ouïes aussi diverses qu'il y a de voix, et qu'une même voix en contient également plusieurs. Il y est aussi question du deuil : celui de l'enfance oui, celui des être qui l'ont peuplée. Et les autres sont là pour nous ouvrir un chemin vers l'avenir, qu'ils soient bien ou mal intentionnés.



La bonne aventure est un roman visuel. Les personnages sont colorés comme nous le disions plus haut. Leur forme surgit unique et marque l'esprit.

L'écriture elle-même est imagée. Les nombreuses comparaisons sont toujours pleines de vie et de poésie. Précisément, on croise aux détours de nombreuses pages des éléments de style véritablement esthétiques. L'on sent que l'auteur a prêté attention à cet aspect de sa narration. Cela porte le mélange des genres et l'entremêlement des façons. Une beauté des intersections. Et souvent, une expression dans cette veine nous fait penser qu'on aurait aimé y avoir pensé avant.

La fin de la narration, que nous ne dévoilerons pas bien entendu, s'inscrit et illustre même à elle seule tout ce dont nous venons de parler. Elle donne cette impression d'une boucle bien bouclée.



Vous découvrirez donc là un roman jeunesse extrêmement soigné et poétique.



Fabrice Colin, La bonne aventure- Edition Talents hauts – 9782362663437 -

samedi 24 août 2019

24 aout

L'émotion grand huite nauséeuse tourbillante.

Victoria Mas, Le bal des folles – Editions Albin Michel


Le bal des folles ou le monde à l'envers




A travers un univers asilaire régi par les exigences de bienséance des hommes, Le bal des folles nous propose un palais de femmes héroïnes, survivantes et conquérantes. Et la folie esthète.



Qui sont les rois de cette histoire ? Ce sont des reines, toutes des reines. Mais qui choisir ? Geneviève ? Eugénie ? Le gynécée tout entier ? La Salpêtrière ? Pas de facilité en tout cas dans l'écriture des habitantes du Bal des folles. Elles se détournent du commun des mortels sans ambages. Elles donnent à voir de l'incongru, de l'hermétique, du bizarre, du pitoyable. Et puis peu à peu l'on est pris d'affection pour cette cour des miracles et ses bigarrures. D'autant plus bien sûr quand la cruauté du dehors surgit. Mais les folles ne sont pas de simples victimes à défendre comme la veuve et l'orphelin. Le lecteur découvre les arcanes d'autres lois au-delà du palpable.

Quelques autres qui gravitent autour de ce peuple d'amazones tête à l'envers, sont conquis par leur fausse démence, s'ouvrent à l'irrationnel et de fait à une bienveillance qui leur faisait clairement défaut. La rigueur cède devant la vulnérabilité et son pouvoir.



Le bal des folles s'annonce sans ambiguïté : la folie des femmes. Sans complexe aussi l'on y parle de cette folie. Et « les folles » ne sont pas de faux êtres ou demi-humaines. Elles sont plus denses et réelles que leurs pairs. Un hommage à la folie ou l'énigme désignée telle, car en effet le concept laisse dubitatif dans ce contexte du XIXe siècle. L'on y constate la relativité de la définition de la folie et l'on prend tout en douceur mais en pleine face cette interrogation latente normal-anormal. L'on se complaît tous, soyons un peu honnêtes, dans notre confiance en notre normalité. Pour ce faire, désigner l'autre reste la solution la plus aisée. Mais ici, les repères se meuvent et l'on s'insurge. Avant de se retourner sur sa réalité contemporaine et la folie d'aujourd'hui. L'arbitraire s'y rapproche de sa pureté. Alors on opte pour la folie douce car on ne sit lus qui est quoi.

La folie est une poésie. Un art. « Une manière d'être et de se placer dans le monde » (p.229). Un don pour ceux qui la portent. Les limites se brouillent. Le regard des hommes en fait une tare. De l'intérieur, dans le secret des dortoirs de l'hôpital, la folie s'épanouit en esthète. L'asile est un univers de beauté avec ses personnages, sa danse, ses drames, ses couleurs, ses chants.



Pas de doute, Victoria Mas écrit un livre-femme. Le parti pris est clair. Tenons-le pour acquis. Les femmes tiennent le haut du pavé, les hommes demeurent de l'arrière-plan. Il ne s'agit pas de féminisme à proprement parler. L'écriture est plus tendre que militante. Pour autant la narratrice (prenons nous aussi ce parti-là) ne se pose-t-elle pas en témoin à rebours de ce gynécée asilaire ? La question reste ouverte. A chacun sa lecture.

Les grands hommes essaimés au long du récit sont davantage des poupées de décor que de réels personnages. Ils incarnent paternalisme et étroitesse d'esprit, assez impitoyable il faut bien l'avouer. Une exception confirme la règle et évite un manichéisme contestable. C'est comme si les puissants de ce monde, ironie littéraire, n'était que des pantins de la narration, des images figées. En tout cas certainement pas les héros. L'ordre du monde fait la culbute.



Victoria Mas, Le bal des folles – Editions Albin Michel – 9782226442109 – 18,90

vendredi 23 août 2019

‪Il a attendu tant d'années de pénétrer l'autre monde. Il y a eu tous ces gens raisonnables qui l'ont retenu dans la grisaille ronronnante. Mais voilà : il n'est pas de cette engeance. Il est fou. Fou furieux sans un mot, il passe la porte du pays imaginaire. Le ciel veille.‬

23 août

‪Creuse l'incertitude en imaginaires artificiers.‬
Hyène joue au bâton va chercher
Avec son ami plein d'ailes
Se voler le trésor de fourrure en plumes.



Mes rêves soulèvent les sous-sols engloutis.

jeudi 22 août 2019

Rire texte tisse toile tous ensemble.

Au paradis

Sur l'extrême bord de l'hélicoptère, son corps est tendu dans le vide. Je le retiens par le froc. Il ne tiendra plus que quelques secondes. Il craque dangereusement.
Il crie comme un putois "Dévorer le paradis !" Puis, propulsé en arrière je lâche et hurle.
Il vole au paradis.



J'acharne derrière son écorce rèche.
Le réel comme un roc rechigne.

samedi 17 août 2019

Liée en pieds et poings
Les doigts noués indémêlés
L'angoisse fait corps.

Groenland aux mains des conquistadors

Précieux glaçon
Surplombe le monde
Croisée des rives.
Les trois molosses
Grognent et bavent
Rouge blanc bleu jaune
A étoiles
Brandies en dollars origamis.
La banquise tirée en couverture
A soi,
S'effrite.
Les ogres sans yeux tête baissée
Marquent la terre de riche chaude-pisse.
Café noir bulle un visage insondable.
Les yeux noix roulent leurs veines de bois
Globés sur impassible peau de pierre
Lèvres avalées sous langue aux aguets.


Les yeux bridés déchiffrent la lumière.

vendredi 16 août 2019

De la tête aux pieds
Coucous en fenêtres s'ouvrent
Crient for intérieur.
Saisir tout contre brave la montagne.
La fin vite cogne le coeur.
Aligator gros solitaire pataude sur terre
Les écailles en cavale devant bande de coincoins furieux 
Caquetis fuient le prédateur penaud.


mercredi 14 août 2019

Cheveux plaqués et le front
Surgit tournant rond comme une planète
Rempli de feu et terres mystérieuses.

Vent plaque les herbes
Les hommes et vide troue
Monde en horizon.
De brume poussent les montagnes
Et quatre humbles marcheurs trottent un à un d'homme en bête 
Compagnie filée brodée sur l'immense nature.


Photo de Jordan Hammond
Cheveux d'ange et d'or bouche écho rebondit
Sexy girl ourle les cils l'oeil globe prêt à jaillir
Moitié nue mi-masquée à tout évidente
 mystérieuse.



14 août

Le croc craque la peur impitoyables.

Femme en plein foot

La bouche pleine de sifflet sans les mains Elle court la loi Au beau milieu de l'homme Agité et crieur de L'injustice. Elle règne et brandit ses ors écarlates Ils piaffent Peut-être Les barbus couillus Ici, Elle a conquis son droit Et dernier mot.

mardi 13 août 2019

lundi 12 août 2019

Bas monde rampé
De long en large traqueur
Ventre à terre campé.

12 août

Lassitude mollissante les yeux mi-rêve mi-lune.
La pêche et s'en frotte les pattes
Ours griffu crochu attaqué en bleu
Ecailles à l'oeil aveuglé la proie rebelle. 


samedi 10 août 2019

Ancrés aux abysses 
Journaux des terres et mers
Monde indélébile.
Impérial pose profil à l'objectif
Menton conquête barbichette même fière
Crinière couronne coiffé décoiffé de défilé.


Bouche en coeur lèvres poulpeuses
Pas une ride pépé séculaire
Tranquille bulleux d'avant-guerre sans fusée.


Typhon interstellaire engouffre la gorge goulot.

vendredi 9 août 2019

9 août

La chasse aux papilles pétillantes trillolantes.
Le paon et sa clique
Arborent le chiqué chic
Fou miroir magique.
Au microscope
Lames d'invisible trésor
Bible multivers à trois branches.
Et éclôt le voyage fou auprès des
Découvreurs des premiers temps
A cheval sur leurs barques
Plongeurs du Sud mystérieux.
Pied au sable
Par-dessus le tribord
Ils rondent 
La vie se reprend
Au pays lointain.
L'oiseau se fait montagne
Le bout des plumes au creux de ses vallées,
De tous les éléments.


Peau au soleil fond de plaisir.

mercredi 7 août 2019

Et courir la chance
A toutes jambes tire d'ailes
Balancer au ciel.

Grenier de trésors
Assis au creux des merveilles
Mille et une nuits.
Peluche museau en sang
Nounours en griffes fatales
Balade sa grande carcasse indomptable.


Pierres en âge de bois
Soleil couchant de roches tranchées
Miroitées en siamoises.


mardi 6 août 2019

Brise ses liens à perdre haleine.

L'homme à barbe

L'homme à barbe se
Pavane
Poilu jusqu'au coeur
Broussaille appliquée
Peau glabre par-dessus la tête
Aux oubliettes.
Cromagnon en beauté moderne
Ou ombre tatouant les
Joues
Habitées habillées.
L'homme voilé dévoile ses armes.

La sieste de l'abeille

La vibrillonnante stoppe et pattes calées posée en chauve souris ballante 
Les antennes ploufent comme lapin bélier
Ou lovées ds le coeur moelleux des fleurs mielleuses,
Dorment.
Gros nez ronron tuyau pshite son
Sable fraîcheur sur rond dos
Tranquille mastodonte trompé.



Balbutier la route monts et vaux.

lundi 5 août 2019

La glace se fend craque
Des crocs trop chauds fondent
Sur sa peau ses plumes éclatantes.
Roulé bouclé
Retrouver le coeur juste
Pieds nus dans le havre interdit.


Ricardo Nuno Sil
Trancher la nuit, devancer le matin.

dimanche 4 août 2019

‪Partir et laisser vivre en aveugle‬.
De jaune en or
La terre se pare du soleil
Sous l'orage planant.


Photo de Matt Madden & Kim Vallis
‪Pomme croquée se grignote‬
‪Sur elle-même tournicote ‬
‪Flaire la chair fraîche creuse sa tête linotte.‬

4 août

‪Trop de coeur dans sa poitrine.‬

samedi 3 août 2019

Guerroyer sur son fier destrier
Lance mordante et déchirante
Contre l'immobile vanité.

Hong-Kong empoulpe

‪En parapluies ou luminions ‬
‪L'impétueux poulpe glisse ses‬
‪Imperturbables tentacules‬
‪Encore encore.‬
‪Avec les princes couronne,‬
‪Ils se jettent la balle et la faute‬
‪Ping pong tourne dans les airs‬
‪Et la fumée qui fait pleurer.‬
‪Mais le poulpe est un dur‬
‪Serre les dents et les bras.‬
Les chiffres rondent clefs jusqu'infini.

Vertigo

‪Montagne à pic du ciel au sol droite comme un i,‬
‪Et ils gambadent à flanc de pierre ‬
‪Équilibristes défi du vide.‬


Hibou et son canard

‪Duvet jaune des mares et plumes élégantes des cimes ‬
‪Collé serré dans leur nichoir‬
‪Provoquent l'ordre des choses.‬


vendredi 2 août 2019

Arbre de sagesse couve les enfants bondis
Et joue cache-cache avec soleil
Découpe ciel en pièces et puzzle.


Photo de Kittiwut Chuamrassamee

‪Les yeux fermés d'espoir convoquer la tendresse,‬
‪L'être tendu à l'autre ‬
‪Qui saisit cette confiance à pleines lèvres et mains.‬


Photo de Tom Flash
Ciel de toutes les humeurs
De chaud en froid fond droit
Sur la chaumière vierge s'éveillera.


Photo de Matt Molloy
Sable se soulève comme mû par rage En crinière drue galopante Vent dément rejoint la terre au ciel.





jeudi 1 août 2019

Flamber la lune d'alcool d'étoiles
Montgolfière de lumière 
Tout au-delà des cîmes. 


Photo de Marco Zagara
‪Dressée pique le ciel‬
‪Volte ses troncs plus haut que Dieu‬
‪Intransigeantes rondeurs.‬



Photo de Lisa Volkova
‪Coco Léo caché trouvé‬
‪La patte magique‬
‪Et rit sous cape le ventre à l'air.‬


L'entre-Corées

‪Alpiniste à plat sol‬
‪Traverse‬
‪Montagnes de barbelés‬
‪Et de frontière de mots‬
‪Décidée aux sceptre et épée.‬
‪Ennemis boudeurs‬
‪Dos à dos,‬
‪L'escaladeur honnit son camp‬
‪Et prend son air.‬
‪Les rapaces criblent les hommes‬
‪Trop pleins d'espoir‬
‪Qui transpercent l'impossible,‬
‪Coûte que coûte.‬