dimanche 31 janvier 2016

Décharge

Un frisson
comme un poisson qui s'agite dans le dos.
Une décharge
chaude et rouge.
Pas électrique,
ni grésillante
ni bleue.
Une décharge
de soleil.
Ces instants
où le monde
s'ouvre
absolument,
où la porte étroite
disparaît.
Plus de porte,
Plus de clef,
plus de tour,
tout est
à portée.
Les yeux dans les yeux,
juste un quart de
seconde,
toute la douceur du
monde.
La guerre n'existe
plus.
La mort est une
beauté.
Juste un quart de
seconde
pour ouvrir grand
les yeux.
L'on a là
juste sous la et les
mains
un être qui
va.
Un être
comme il faut.
Un être-clef
qui a évanoui
toutes les portes.
Et l'on ne s'arrêtera
plus jamais
de le voir.
Il sera toujours
et toujours
dans les tripes
et toutes les décisions.
Jusqu'à la fin,
pour des siècles et des siècles.
Il n'aura plus de
corps ?
Plus de voix ?
Plus de cœur ?
Qu'à cela ne tienne.
N ne l'aura pas
perdu.
Les yeux dans les yeux,
un quart de
seconde,
et la vie n'aura pas
été
vaine.

jeudi 28 janvier 2016

Ombres

Sombre
Sombre
Le nez collé au pavé.

Coule
Coule
Tout au fond des marées

Fondent
Fondent
Toutes les envies et joliesses

Pèse
Pèse
La pierre de fonte au creux du ventre.

Tord
Tord
La poitrine endolorie.

Tremblent
Tremblent
Les jambes qui devraient ériger fier.

Meurt
Meurt
La dignité ou rage de vivre.

Prie
Prie
Pour que demain se relève.

Dieu
Dieu
Regarde et frappe.

Anges
Elfes
Coloriez-moi et transformez
Ces ombres et vides.

mercredi 27 janvier 2016

Loup en amour


On ne crève pas de

Tristesse.

On crève de sauter

Par-dessus

Bord,

De briser toutes les barrières

A vaches

Qui nous protègent

Des loups

Qui sont en nous.

Et puis,
Il y a aussi les loups
Qui
Sont en face
De nous.
Qui sourient,
Parfois qui nous prennent
Fort dans leurs
Bras.
Les loups malins,
Malins vraiment,
Malins du diable.
Du diable parce qu’ils
Torturent comme le cornu.
Ils appâtent et
Sourient oui,
Vraiment.
Ils sourient
Joliment.
Ils regardaient aussi
 les pupilles profondes
Pour attraper les nôtres.
Ils y croiraient eux-mêmes ?
Toujours est-il que
D’un coup,
Ils s’évanouissent
Et on a l’impression
Qu’ils pourraient
Ricaner de leur
Montagne.
Les loups dont je vous
Parle
Sont des loups solitaires.
Certainement pas les vrais,
Solidaires.
Ce sont des loups
Qui frappent
A mort,
A terre
Et qui rapprochent de la
Tombe.
A-t-on le droit d’être en
Colère ?
A priori,
Chacun dit oui.
En vrai,
Tout le monde dit,
Laisse tomber,
Tu trouveras mieux,
Sait pas ce qu’il rate,
C’est un vrai con,
(quand on est poli
Parce que moi,
Je dirais bien
Enorme connard à
Queue !)
La colère pourrait
Frapper ?
Contre tout
Et tous.
Mais, en humain,
On se contient
Gentiment.
On se venge
Tout en douceur, alors qu’on aimerait
Soi-même être un loup.
Ou un plus gros encore,
Un tigre,
Un lion,
Une hyène,
Sans pitié
Ni beauté.

La douleur des crocs
Encore enfoncés
Dans corps et cœur
Ne s’atténue pas.
La douleur demeure.
Et l’on rêve
De dormir
Sous la douce et
Inoffensive
Couette
De toujours.
Les crocs,
Les putes de canines
Qui ont poignardé
Dans le dos, alors qu’elles se
Montraient
Limées.
Un loup de Chaperon Rouge.



Et les larmes,

Que font-elles ?

Le loup les a aspirées,

Elles aussi.

Pourtant, on les supplie

De couler

A flots,

De vomir la douleur

Des crocs.

En vain.

Les poches sont vides.

Là commence l’inquiétude.

Quand les larmes désertent,

La vie est en péril.

On ne le souhaite pas.

C’est fini ces conneries d’amour de

Mort.

Mais on croyait que les loups

A sourires dépeceurs

Etaient sortis du

Monde.

Eh non !

Pauvre petite débile !

Ils attaqueront toujours !

Ils joueront toujours

Du violon

Puis grincements fatals

Pour achever.

Le vieux passé

Dégueulasse

Revient.

Et Toi,

Loup Saccageur,

Tu l’as fait resurgir.

Je ne le dis pas

Mais

Souffre !

Je l’écris et

On dira

C’est pas bien,

Pas beau

Pas gentil !

Je le répète

Souffre !

Que Tes crocs pourrissent

Tout lentement,

A petits feux,

Qu’ils t’empêchent d’ouvrir la gueule

Tant Tu pueras.

Qu’ils étendent leur

Epidémie

Et Te défigure !

Qu’ils finissent par

Tomber et toutes les autres

Avec.

Que tu sois

Sans défenses,

Assis par terre,

La tête dans tes mains

Inutiles.

Ne caresse plus !

Ne fais plus semblant d’aimer !

Tu es loup à crocs

De diable.

Souviens t’en bien.








mardi 26 janvier 2016

Interdite d'aimer

Interdite d’aimer.
Impasse d’un coeur
Qui craque
Et d’un passé
Qui fronce les sourcils
Et pointe l’index.

Interdite
Par moi,
Par eux,
Par la Loi.
Interdite
D’etre folle,
De me perdre,
De blesser encore
Et encore
Ceux qui me
Croient
Sauvée.

Interdite
De le dire
Pour ne pas
Peser,
Ne pas tourmenter
Les sommeils
Et les rêves.
Les lèvres scellées.

Interdite d’aimer
Parce qu’on n’aime pas
Trop fort Mon Petit,
On laisse tranquille les gens.
Parce qu’on n’aime pas
Comme le fou amoureux
Qui n’aurait pas
Dû l’être
Et qui a tant empêché.

Interdite d’aimer
Entre le feu
Prise,
D’être la plaie,
L’ombre trop là,
Qui épuise,
Ennuie,
Oblige
Et donc faire comme si
Pas de coeur
Tout va bien,
Froidasse
Et lointaine ;
Et d’être aimante,
Tellement,
Que les limites
Voleraient en éclats,
Tout comme
Elles ne m’ont pas
Protégée,
Etre l’enfant qui
Répète
Et acte la folie
Incestueuse,
Se jette sur le
Tout-venant,
L’aime et l’embrasse
Sans raison.

Interdite d’aimer
Pour n’être ni le robot
Métallique
Qui congèle,
Ni nymphomane
Dans tous les sens,
Lucide
À se crever les yeux.

Mais où met-on tout cet amour ?


dimanche 24 janvier 2016

La règle d'or

On m’a élevée avec du coeur.
Beaucoup de folie et beaucoup de coeur.
On m’a appris sans faire exprès,
Ils m’ont appris sans le vouloir,
À voir et vouloir tous les cœurs.

On m’a dit qu’avoir du coeur était la règle d’or.
On ne m’a pas caché que ça ne garantirait
Jamais
La chance ni la reconnaissance.
Personne ne m’a promis la lune.
Mais on m’a juré que j’aurais
Toujours

Ma richesse,
Celle que personne ne sait voler.

J’ai dit oui oui et j’ai encaissé des sacrées
Volées ;
De ceux qui avaient d’autres lois.
Et puis, une fois à terre pour la millionième
Fois,
J’ai dit que je ne voulais plus de ce chiffon de règle,
Que l’or, y en n’avait pas,
Que c’était du chiqué tout pourri.


L’air sibérique a soufflé dur. Il faisait noir.
Grotte.



Et puis en fait oui,
la règle d’or, je l’ai reprise.
Tout petit à petit.
On avait bien raison,
Même avec beaucoup de folie mais beaucoup d’amour.
Et j’ai senti combien le cœur
Était aimant et fou.

J’ai eu peur.
J’ai eu raison.
J’ai peur.
Je sais pourquoi.
Mon corps est plein de cœur,
D’embrassades,
De douceur,
De caresses,
Les caresses les plus douces
Aux joues les yeux fermés,
Dans les cheveux et sur le front qui s’en déplisse.
Mon corps transpire de cœur.
J’étreins les draps, la fidèle peluche.
J’étreins ma propre poitrine,
Les bras en croix
Pour aimer fort
Un corps,
Un cœur,
Un dos,
Comme je ne peux personne.
Mes mains sont vides
D’autres que moi.
Mon cœur, mon corps, trépignent
D’aimer
Même une seule nuit.







vendredi 22 janvier 2016

Mon coeur, tendre boxeur

Mon coeur,
Tu es gros
Gonflé
Bourré de coups
La barre au ventre
Et à la tête
En ce jour.

Mon coeur,
Tu es monté
Sur le ring,
Tu y est remonté,
Parce que c’est
Comme ca la vie,
As tu dit.

Mon coeur,
Tu t’es tout cassé
Et fracassé
Tu es un sacré
Boxeur,
Un véritable
Combattant.

Mon coeur,
Tu es resté des jours
Des années
Inconscient
Sur un lit d’hôpital
Mais tu t’es
Réveillé,
Toujours aussi
Tendre et fort.

Mon coeur,
Tu as été le plus
courageux
De nous tous,
À te battre
Sans mourir
Jamais.

Mon coeur,
Oui tu as été en colère,
Tu as appelé
L’arbitre
Pour trancher
L’injustice.
Oui, ta colère aurait pu
Finir
En boucherie,
Parce que tu es
Le plus solide,
Le plus sincère,
Tendre boxeur.

Mon coeur,
Il est temps
De te retirer,
De regarder
les autres
Sur le ring
En sang.
Suis mon conseil,
Pour une fois,
Mon coeur,
Cesse de lutter,
Ou tu y laissera
Ta peau.

Mon coeur,
Je te choierai
Dans ton refuge.
Maman !
Dis-lui qu’il ne peut
Plus.
Et nous te bercerons,
Elle et moi
Jusqu’à la fin.


jeudi 21 janvier 2016

Désaccordée


Son désir et elle étaient en parfaite
adéquation.
Il n'y eut jamais de
litiges.
Ils suivaient le même
rythme ;
ils étaient à
l'unisson.
Au point qu'elle l'entendait
à peine.
Il était fait pour elle.
Une chance.
Une rareté.
Dont elle comprit,
un beau jour,
sale jour,
la préciosité.
Elle avait connu cette
détonante
douleur,
à la mort
de.
Elle avait juré
ses grands dieux,
avec rage et fracas,
qu'on ne l'y
reprendrait
plus.
Chose dite,
chose faite.
Jusqu'au sale jour,
dégueulasse,
disons-le,
où elle retrouva cette
bile.
Elle s'approcha,
la main tendue,
déjà presque
refermée sur,
et en face,
l'on recula,
l'on s'échappa,
droit dans les yeux.
On lui dit
non,
on lui dit
attends,
on lui dit,
pas tout de suite,
on lui dit,
laisse-moi faire,
on lui dit,
et plus tard,
on lui dit
je ne peux pas,
on lui dit,
pas tout de suite.
Elle sentit
la rage de son
adolescence
et la répugnante douleur
refaire
surface.
Elle ne parla
pas.
Elle regarda
celui qui
rappelait
le mort
ici
maintenant.
Elle se remplit de
haine.
Elle voulut que
d'un coup de baguette,
il se roule
par terre,
de douleur.
Elle voulut hurler
comme elle avait
voulu
il y a si longtemps.
Elle eut envie de vomir
alors. Elle ne cessa
pas
de le planter
de son regard
noir
devenu cruel
et sans aucune pitié.
Elle avait cru.
Il la brisait
à nouveau.
Le frère mort
planait,
par sa faute,
à lui.
Il blablata des choses
qu'elle n'entendit
même pas.
Elle cracha sur ses belles
chaussures
de jeune cadre
dynamique.
Il lui dit qu'elle
était
folle.
Elle rit aux éclats.
Elle sortit ses plus
longues
canines.
Elle se félicita d'être une ancienne
carnivore.
Elle partit
en claquant la porte.
Elle se retrouva
avec sa colère
à tuer,
dans tous les sens.
Elle aurait pu courir un
marathon.
Elle aurait pu veiller
jusqu'à toujours.
Elle aurait pu
ne plus jamais
dormir,
ne plus jamais
manger,
ne plus jamais
parler.
Elle aurait pu redevenir
une bête
et chasser
ses proies,
sans cette
écœurante
béance
en son sein.
Elle regardait de loin
ce désir
qu'elle croyait
elle.
Moulé à ses plis,
à sa peau,
à ses veines.
Il avait été
extirpé
d'elle-même,
et ils dissonaient
dorénavant.
L'un et l'autre
tentèrent
de se remettre au
tempo.
Même le métronome n'eut raison
de rien.
Elle eut envie
de l'assassiner,
lui
et le monde entier.

mardi 19 janvier 2016

Je t'attends mon amour !


En fait, elle se rendit compte que le moins pire était encore de l'attendre. En toute conscience que c'était une énorme lubie. Elle attendait son retour. Pas le retour du fils prodigue. Le retour du frère crevé. Et
elle crut peut-être,
oui,
devenir folle,
alors.
Le temps ralentit
abominablement.
Le temps rit comme un damné
de la voir jouer
enfin
avec lui.
Il était l'inévitable
vainqueur.
Elle s'asseyait sur son lit,
dix fois par jour
et elle l'attendait.
Elle se levait à 4h du matin,
l'aube est propice
aux miracles,
et elle l'attendait.
Elle le priait lui et
Dieu
de redescendre,
et elle attendait.
Elle lui écrivait des lettres
qu'il pouvait lire de là-haut
et elle attendait.
Elle ne faisait rien,
pendant des minutes entières,
debout quelque part,
elle espérait,
elle tendait l'oreille,
elle l'attendait.
Elle se mit à courir
presque chaque jour,
dans la forêt,
sur le bitume,
dans les flaques,
sous tous les cieux,
pour le trouver sur son chemin.
Elle dut encore l'attendre.
Parfois,
elle s'arrêtait,
elle le sentait près d'elle,
juste à côté,
mais non.
Elle attendait encore,
la prochaine fois.
Parfois,
elle était tellement
enragée,
qu'elle se pelotonnait
sur elle-même,
et hurlait
plus fort qu'une diva
en plein opéra.
Elle hurlait
d'attendre,
d'être le jouet,
la poupée,
la marionnette
de ce salopard de
temps.
Elle attendait le coup de fil.
Elle attendait la porte qui grince,
la sonnette qui appelle,
la télé qui annonce,
l'ombre qui prévient,
la voix qui enveloppe.
Tout,
elle attendait tout
et
n'importe quoi.
Elle laissa aux ordures toutes
les barrières,
tous les grillages,
toutes les clôtures.
Elle fit fi
de toutes ses croyances,
prête à lever ses mains vides,
pourvu que l'attente
s'arrête.
Mais rien ne vint,
rien ne changea.
Elle attendait pour
rien,
pour du vide
et de la peine.
Un matin
de nuit blanche
à attendre,
elle alla trouver
sa mère,
au petit déjeuner.
Elle ne pouvait plus
attendre
seule.
Elle lui dit :
« je l'attends et j'en meurs ».
Et elle se lova dans les bras
rassurants
d'une vraie maman,
qui se tut
pour dire :
« Cesse cette torture.
Personne n'en revient
mon aimée. 

dimanche 17 janvier 2016

Ne me dis pas qui être !


Il allait mourir et il dit quand même quelque chose ce jour-là , quelque chose qui la mit dans une rage de folle : « Vis ta vie ma toute belle et profite, vite. Avance sans moi. Je serai ton ange gardien. Aime les autres et apaise-toi. Ma fin n'est pas la tienne. »
 
Elle eut presque la bave qui lui coulait des lèvres,
la pisse qui réchauffait ses jambes
et tous les sphincters qui lâchaient
de surprise
et colère.
Elle entendit bourdonner
ses oreilles,
et sentit vaciller
ses pupilles.
Les fourmis auraient prendre possession
de tout son corps
et la faire
poupée de chiffon.
Mais la colère,
la haine,
précisément à ce moment-là l'emporta.
La haine de ces mots écœurants.
Elle eut un haut le cœur.
Elle eut une mine de dégoût.
Elle eut envie de hurler entre ses larmes
« Espèce de connard de mourant ! »
Elle ouvrit la bouche pour lui répondre,
lui cracher au visage qu'on
n'oublie pas son premier amour,
n'oublie jamais les coups de hache dans le cœur
et la sanguinolence,
ne s'apaise jamais cette pute
de tragédie.
Elle ne dit pas tout ça.
Elle dit,
les yeux dangereusement noirs :
« Reste à ta place de mourant,
mon p'tit pote !
Ce n'est pas
toi
le survivant.
Je ne m'apaiserai
jamais
de cette merde-là.
Je ferai
avec et contre.
Et j'avancerai
avec et contre.
Tu seras ce que je veux
que tu sois.
Tu ne seras plus là
pour me connaître.
Alors, ne t'avance pas,
toi,
et laisse-moi
prendre le mort
que tu seras
sous le bras,
et trouver mon chemin.
Et si,
jamais,
je ne peux
ni ne veux
m'apaiser,
parce que tu seras devenu
mon vent et mes marées,
tu ne te retourneras
pas
dans ta tombe,
vieux squelette.
Tu n'auras plus
aucun mot
à dire.
Juste peut-être
à regarder
d'en-haut,
si j'y crois encore
après toi,
et à
Peut-être que plus tu seras
et mieux
je serai
moi.
Laisse les vivants survivre
et pleurer leur frère d'or. »
Il ne dit rien pendant
quelques minutes
et puis :
« ton vent et tes marées ».
Et elle se leva
le cœur moins lourd
de son énorme
colère.
Il lui sourit et l'aima
en un éclair
plus fort que jamais :
« Ma sœur adorée ».




















samedi 16 janvier 2016

Il

Il vole.
Il vole tout.
Tout l’être.
Il suce le sang.
Il vide les veines.
Il aspire la vie.
Il ne n’est ni vampire
Ni vipère.
Même si,
Comme elle,
Il viole
Il viole tout
Tous les trous.
Il injecte sur toutes les peaux.
Il projette par tous les pores.
Il pioche.
Il veut que les deux êtres se
Confondent.
Il veut qu’ils ne fassent
Qu’un.
Il veut qu’il n’y ait
Plus qu’une bulle parfaite,
Au sang unique,
A deux cœurs
A l’exact même
Tempo.
Il veut trouver
L’unicité du rêve.
Il rêve.
Il rêve.
Alors,
Il vole,
Il viole.
Il prend,
Il donne,
De force.
Il décide.
Il impose.
Sans coups
Ni injures.
Son désir
Est un monstre
Qui ouvre grand
Sa gueule,
Qui dévoile
Ses énormes
Crocs
Si l’on lève le doigt
Même timide.
Tais-toi !
Dit le désir,
Sale petite pute.
Donne
Et prend
Comme on te le dit.
Bientôt,
Tu n’auras plus de
 lèvres.
Il sourit
Gentiment.
Presque,
Il ne connaît pas
Ce monstre-la.
Il lui tourne
Le dos
Et tape du pied.
« Arrête de dire que tu
Es de moi ! Je suis un
Tendre amour. »
Le monstre en ferme
La gueule.
Il continuera
Son chemin
Et son travail
De frayeur.
Il vole
Il viole
Impunément.
Personne n’y entend,
N’y voit,
Goutte.
Et les larmes en for coulent
Pourtant.

mercredi 13 janvier 2016

Fou amoureux

Le fou qui baise
Sa femme.
Le fou
Pas furieux
Pas faramineux.
Fameux oui
Dans son pré carré.
Fameux qui
Veut la Lune.
La Lune,
La vraie,
La tenir,
La brandir
Et qu’on s’agenouille
A ses pieds.

Le fou donc baise
Sa femme.
Et il veut un enfant.
Il en veut encore
Et encore.
Il veut rester vivant
Jusqu’a la fin des temps.
Jamais, jamaiS,
Il ne mourra.
Il survivre
Avec sa Lune
Et les fruits
De sa baise.
Heureusement pour elle,
La Lune
N’est pas née de la dernière
Pluie.
Elle ne se laissera
Pas
Embringuer
Comme ca.
Elle en a connu
Bien des fous,
Plus furieux même.
Elle les attire.
Et elle,
Ça fait partie
Du job.

Elle est toute ronde,
Parfaite
Entière.

Elle est creuse,
Berceau,
Embrasse.

Elle est enceinte,
Grossit,
Grossit.

Alors les fous la
Regardent
Et l’adorent.
Lui, ce fou-là
Ne fait pas exception.
La Lune fait ce qu'elle
Peut pour lui.
Ça ne suffit pas.
Même s’il
N’est pas furieux.
Alors il engendre
Par lui-même.
Ainsi que ses congénères.
Et croit qu’il y trouvera
Sa lune.
Il croit comme à un dieu
A l’enfant
Qui va
Naître.
Il a foi en cet
Embryon.
Même s’il ne sait pas
Baiser
Avec amour.
Peut-être que l’enfant
Le lui
Enseignera.
La baise d’amour.
Il n’attend que
Ca.
Il n’en dit rien.
Il ne le sait pas lui-même.
C’est la Lune qui
Témoigne.
Elle lit les âmes.
Les fous pas si fous
Qui savent à qui
Ils ont à faire.

Alors,
La femme du fou
S’arrondit.
Elle finit par tanguer.
Elle finit par expulser
L’enfant,
En douceur,
Autant que possible.
Le fou touche
Du bout des doigts
Sa chair faite
Femme.
Pour l’instant,
Davantage une
Guenon hurleuse
Qu’une beauté lunaire.
En plus, elle
N’est pas blanche
Pour un sou.
C’est une jaunie,
Une lune chinoise.
Elle est toute jaune,
Un petit poussin
Sans bec.

L’enfant grandit
Et se fout bien
Éperdument de
La Lune.
Le fou l’oublie
Aussi
Un peu.
Bah, c’est l’enfant
Qui fait cet effet-là.

Elle est immense.
Elle prend toute la place.
Elle occupe tout son vide.
Il lève moins les yeux
Vers les cieux.
Il la chouchoute.
Il la presse aussi.
Il faut qu’elle soit
Bien comme il l’a
Rêvee.
Il faut qu’elle lui apprenne,
Surtout,
La baise avec amour.
Il faut qu'elle
Brise
Les entraves.
Elle est faite pour
Ca.
Elle est si belle.
La belle enfant
Qui sauve.
Il ne sait pas encore qu’elle
Se sauvera,
Les jambes au cou.
La belle enfant
Guérisseuse.

Elle sourit
Elle sautille
Elle réussit.
Elle est parfaite.
Mais chuuuut !
C’est moi qui parle !
Dit le fou.
Elle continue de sourire,
Croit-il.
Elle pleure,
Le nez dans ses légumes,
Verts à pleurer.
Un jour,
Elle se dit,
Plus jamais !
Elle est trop minuscule pour
Frapper qui que ce
Soit.
Elle n’a aucun
Pouvoir.
C’est le lot des minus.
Mais elle se promet
Dur comme fer
Qu’un jour,
Plus jamais !
Elle avance,
Toujours sourire aux lèvres,
Toujours Oui Oui
Toujours d’accord.
Et on lui dit
Qu’elle n’est qu’une
Faible.
Elle le Christ
Déchu.
Elle se fait sacrifier
En place publique.
Elle s’est toujours vue
Fausse
Paumée
Placebo
Illégitime.
De A à Z
Illégitime
Et risible.

Le fou est aveugle.
C’est le propre du fou.
Le fou pèse,
C’est un cancéreux
Impotent.
Tout le jour,
Elle le cache sous son manteau
Ou sous son pull.
Sous un vêtement
De trop.
Elle doit porter
Sans être vue,
Sans être sue.
Elle sue
Justement.
Mais c’est toujours mieux
Que de découvrir
Le pot aux roses.
Elle a mal partout,
Partout,
Les joints s’articulent
Mal.
Trop vieille
Trop jeune.
Pas de lace
Trop de place
Elle saute par-dessus bord.
Les airs,sont impalpables.
Elle est un ange
Sans ailes.
Et la Lune n’est pas là.

mardi 12 janvier 2016

Fauve en amour

Adèle n'est pas toujours une tendre...
ben oui ! Faudrait pas se foutre du monde !
Ne détester personne,
tendre la main à tout ce qui passe,
comme une débile béate ?
Vous avez de la merde à l'oeil
non ?
Elle reste dans son terrier.
Elle attend.
Elle observe.
Parfois, on la croit prête à la chasse.
Peut-être.
Elle plisse les yeux,
elle se met en mode trans-tout,
transparence du monde,
de ses pairs,
qui se brûleront
si trop près,
les yeux exorbités
car personne à l'horizon.
Elle peut cracher aussi
Adèle,
comme un lama
en transe.
Après juste et subtile analyse
de l'environnement,
elle sortira
à pas de loup.
Pas pour surprendre.
Pour ne
jamais
être
surprise,
le plus près possible des murs
et portes.

Et puis,
plus tard,
on ne le sait pas encore,
là,
mais elle se laissera prendre.
D'un coup de filet,
comme une
bleue.
Le cœur en chamade,
la honte à l'âme
d'être la proie.
La honte d'avoir mordu aussi
facile.
La honte de sa
faiblesse.
La honte
et le devoir de se taire.
La honte
et l'angoisse
de tout perdre,
d'en oublier tout,
de s'y noyer,
en toute
conscience.
Comme une satanée bleue,
elle qui a enduré la vie
des années.
La honte.
L'angoisse.
Etre celle qui attend.
Etre celle Haut les mains,
les pieds sont maladroits,
elle ne s'en sortira pas
grâce à eux.
Avoir enfin lâché son approche de
fauve,
oui.
Bien mademoiselle,
parole de psy.
Mais elle est le poitrail
a découvert.
Le cœur bat deux fois plus
chamade.
« Coeur,
Ame,
vous ne serez pas laissés
pour compte.
Je serai toujours là. »
leur dit-elle.
Même si les prédateurs
eux...

dimanche 10 janvier 2016

Ceuxcelles et le masque

Il y a ceuxcelles
Aux yeux tendres
Et coeur gelé.

Il y a ceuxcelles
Aux paroles aimantes
Et je te tabasse.

Il y a ceuxcelles
A l’échine courbée
Et la plume acerbe.

Il y a ceuxcelles
Au pas franc
Et flasque en flan.

Il y a ceuxcelles
Aux sourcils levés humbles
Et moi le meilleur.

Il y a ceuxcelles
Au respect impeccable
Et étriqueurs de rêves.

Il y a ceuxcelles
Aux bras rassurants
Et prends ta claque !

Il y a ceuxcelles
La queue entre les jambes
Et Fils, tu n’es qu’une merde !

Aussi, il y a :

 Ceuxcelles
Aux mains au fond cachées
Et sculpteurs de vie

Ceuxcelles
Dans le silence et l’ombre
Et mot parfait dans le chaos

Ceuxcelles
Méfiants très loin
Et le sublime sourire
D’un coup partagé.

Ceuxcelles
Qu’on n’aimera jamais
Et ils s’approchent
Tout doucement

Ceuxcelles
Boulonnés à leur masque
Et le vrai visage
Le jour de la confiance.

Quand le masque tombe,
La bouche fait bée,
Les bras ballent,
Les jambes flageolent,
Les pieds s’enfoncent,
Les mains s’ouvrent au ciel,
Les yeux deviennent
Noirs
Électriques bleus
Verts stabilo
Ou disparaissent.

Quand le masque tombe,
On a gagné
Quelqu’un,
Son noyau le plus précieux,
Et on pourra l’aimer
Peut-être.
Qu’on aime

En tout cas,
Tout nu.