jeudi 24 décembre 2015

Cri

Se retenir de hurler
En pleine rue
Résonante
Qu’il faut un embrasseur
Tout de suite,
Un corps qui se dévoue
Pour serrer
Fort
Aussi fort qu’il le
Peut.
Peut être trop,
On s’en fout.
Quelqu’un s’il vous plaît !
Quelqu’un qui sache entourer
Mes limites.
Que je ne devienne pas
Une flaque
Qu’on ne se découse pas
Pour redevenir
Pierre.
Pas un barjot
Ou un queutard.
Un bienveillant
Plus grand que soi.
Ce ne serait pas si grave,
Alors,
De tomber.
Ou même trouver
Celui ou celle
Qui acceptera le
Peau à peau
Qui me taraude.
Ca crame,
Une peau
Toute seule,
Ca démange
À hurler.
On en revient toujours au
Cri,
Qu’il est interdit
De vomir.

On crie en silence
Comme le tableau.




mardi 22 décembre 2015

En solitude

Des heures
Après le réveil
Sans parler,
Sans s’adresser
À
Sauf au micro-ondes.
Des heures
Sans le regard d’un autre
Posé sur soi
Dans l’attente,
L’attente que je sois
Quelqu’un.
La solitude qui rend
Fou.
La solitude qui
Aspire
Vide
De substance,
Arrête l’être.
La solitude qui
Se referme
Comme un piège,
Une bulle
A la fois
Protégeante
Et
Angoissante.
On ne peut plus en
Sortir,
On se regarde
Avec ses propres yeux
Et ça rend
Fou.
Personne ne demande,
Personne ne raconte,
Personne même ne se moque
Ou plaisante.
On rit de soi-même,
Forcément jaune.
On n’a plus qu’à etre
Intelligent
Parce que
Dans la solitude,
C’est le cerveau
Et toutes ses formidables synapses
Qui
Sauvent.
Pour ne pas perdre la boule.
C’est la boule qui prend
Précisément
Les rênes.
Elle seule,
Parce que dans la solitude,
Les émotions
Font crever.


mercredi 16 décembre 2015

Amours enfin

Les vannes sont ouvertes
cela coule et gicle de partout
elle transpire à grosses gouttes
d'amour.
Elle a contenu
étriqué
repoussé dans les coins
reculés
Et surtout,
Méprisé
ses velléités d'amour
doux
un peu bête
juste heureux.
Pas forcément intelligent.
Elle n'a
jamais
voulu etre de ces
cucus stupides
qui s'émerveillent.
Et elle a amoncelé
tout cet amour qui explose
aujourd'hui
dans l'espace
Noir.
Elle n'est pas grande bricoleuse
Mais
elle a cherché
les meilleurs verrouilleurs.
Et ce qui arrive

s'est discrètement annoncé,
par petits cliquetis,
tours de clefs
Peu à peu,
Oui,
mais elle sent la poitrine qui s'enflamme
seule.
Elle éteint le feu,
même d'amour,
maintenant,
elle dit que c'est
dommage.
Et elle se retrouve à nouveau
engoncée.
Elle se retient
pour rester convenable
mais quel pouvoir elle se sent !
pouvoir et dépouvoir.
Il ne faudra pas enlacer fort fort
sa respectable chef garde à vous
 "BonjourMadame."

vendredi 4 décembre 2015

Les invisibles tueurs

Il y a les conquérants,
Ceux qui dévalent
Le monde
Sans hésiter.
Sans assurance.
On les voit,
Les entend.
Ils ne sont pas toujours
Ambitieux.
Mais ils n’ont pas peur.

Je suis sur mon canapé
Et je crains d’avancer d’un seul
Pas.
Des choses invisibles,
Des câbles peut-être,
Des toiles gluantes,
Des trous aspirants,
Se cachent dans tous les coins de mon
Univers.
Chaque peureux
A droit aux siens.
Chacun de nous marche
Sur la pointe des
Pieds,
Sur les talons,
Sur les tranches
Des pieds.
Chacun de nous
Replie
Ses doigts au fond
Des paumes,
Ses yeux derrière sa tête,
Son dos autour du ventre,
Son sexe dans son cul.
Le peureux damné
Qui tourne dans tous les
Cercles de l’Enfer.

On en meurt fou ou fort.
Les fous sont tous des forts.
Les plus courageux
D’entre tous les humains.
Ils n’ont pas seulement
Peur
Des câbles et fils
Mesquins.
Ils sont attaqués de plein
Fouet.
Jour et nuit.
Et personne n’y voit rien.
Ils n’ont que les
Mots
Ou la
Mort
Pour s’expliquer.

J’aime les araignées,
Les vraies,
Pas poilues s’il vous plaît,
Les petites araignées
Et leur toile
Parfois pleine de rosée.
Parce qu’elles ne se
Cachent pas
Pour tendre leur piège.



jeudi 3 décembre 2015

Amour et trou noir

      Alors, il faut, ce « il faut » judéo-chrétien qui menace de l’Enfer et des cornes, mais ici « il faut » salvateur, je dois bien l’avouer même si cela m’écorche les lèvres. Il faut déplacer tout cet amour. C’est fini, lâche l’affaire mon pote, tu n’as plus ta place vers celui ou celle-là, tu es indésirable. Trouve-toi un autre port !
- Mais je ne veux pas chercher un autre port, comme tu dis, j’aime celui-ci, j’aime même ses défauts. J’aime ses vieilleries et conneries. Je m’y suis amarré, dit l’amour, l’ancre est bien trop lourde pour moi à déplacer.
- Tu t’y feras. Tu y laisseras ton ancre, peut-être ta jambe avec. Où tu seras plus malin et tu demanderas qu’on t’aide. Certes sont prêts à longer pour aider. Encore faut-il demander, n’est-ce pas ? Ça ne sert à rien de faire le malin. Tout le monde change de port un jour ou l’autre.
- Je ne pourrai pas.
Il chiale.
On chiale tous.
Adèle chiale aussi.
En privé.
La douleur lui coupe le
Souffle
Même les
Tifs,
Comme si elle était
Devenue
Brutalement
Une guerrière
Désespérée
Sans cheveux
Et sans âme.
Elle sent le
Désespoir.
Le poison.
Celui qui vide
Toutes les veines,
Jusqu’à celles
Qui se cachent
Le mieux.
Le désespoir
D’amour,
Manque intégral.
Trou noir
Dans un espace
Humain.
Elle sent qu’elle a
Souffle, tifs,
Bras et jambes
Rasés .
Elle est
Tronc
Juste ratiboisé.
Arbre d’hiver
Qui ferait chialer
Le plus gai des
Fanfarons.
Au creux du corps,
L’éventration se
Poursuit.
Sans pitié.
Elle approfondit
Son travail de
Sape.
Qu’arrivera-t-il
Quand le coeur,
Le vrai,
Sera mangé à son tour ?
Le cerveau continuera-t-il
Comme si de rien
N’était ?
Adèle,
La belle Adèle,
Sent qu’elle mourra
Bientôt.
Mais, mourir
D’amour ne se fait
Plus,
Dit-on.
Peut-être pas chez les
Autres.
Alors,
Elle a envie de faire
N’importe quoi.
Tout ce qui est
Interdit.
Tout ce qui est
Dangereux.
Parce que le désespoir
Efface
Pour une fois
Les peurs.
Elle trouve plus raisonnable :
Elle se recroqueville la grande et fière rousse aux longues boucles. Elle se love dans son lit, sous sa plus grosse couette. Elle serre si fort dans ses bras la peluche la plus douce. Pourvu qu’il y a du pelage, que cela ait l’air vivant, qu’elle fasse semblant d’y croire, qu’elle retrouve un doudou. Elle sait très bien ce qu’elle fait. Ça fait tellement chaud dans le dos et les pieds, là d’où son corps tient. Même les mains toujours bleuies se réchauffent. Il y aura la sortie mais n’y pensons pas pour le moment. Parfois même, elle se balance, elle se berce, ne lésinons pas sur le mot ! Elle se berce comme un tout petit. Seule ou pas tout à fait, parce qu’elle pense à des choses et des gens et elle est moins seule. Le téléphone reste loin sur le canapé. C’est un moment d’intimité avec elle-même. Elle ne crie jamais. Elle a entendu des amies lui raconter qu’elles criaient dans leur oreiller, de rage et de douleur sans doute. Elle, ça ne lui vient pas comme ça. Quand c’est vraiment trop dur, elle appelle sa mère, doucement, entre les larmes. Ce que ça soulage ! Sa mère n’en saura jamais rien. Mais elle sait qu’elle pourrait et ça suffit. Ça ne suffit pas à sortir guillerette du lit et hop la boum on part en boîte. Mais ça lui suffit à ne pas croire qu’elle est une victime du méchant monde. Elle ne veut pas de cette pensée absurde et destructrice. Elle veut vivre et rester grande et rousse, fière avec ses boucles rousses.
On ne pleure pas dans ces cas-là. Je dis bien qu’on chiale. On chiale, on chie, on conspue la vie et ceux qui nous ont fait naître. On trouve qu’aucun port, aucune ville ne vaut ce qu’on a connu ou alors qu’on n’ira jamais plus dans ces emmerdes-là.