jeudi 29 décembre 2016

Traversée du desert

Des mois avec plaisir et fluidité.
Sans froideur,
Sans dureté.
Et puis peu à peu
Cette glace qui s’installe et qui fait
Peur.
Toute la journée à demander « peur de quoi ? »
Mais moi-même peur de quoi ?
Incapable de l’expliquer.
Peur du silence.
Peur du vide.
Peur de leur vide,
Ces visages qui me regardent,
Elles,
Qui me scrutent,
M’inspectent parfois.
Peur d’en être la cause,
De ce vide,
Peur de me le voir renvoyer en
Miroir
Boomerang
Pleine gueule
Sans pitié,
D’en être accusée
Et de ne pas résister
A cette flagellation,
Même si privée,
Sans spectateur.
Mais dis-moi donc,
Ou est passé l’adulte ?
Ou est passée celle qui doit comprendre que
Je ne fais que
Miroiter
Refléter
Renvoyer
Et que je ne dois pas
Décevoir
Dans cet art de la confrontation.
Le moins possible.
Traverser le vide ensemble
Et dire avec les yeux que j’en ai peur
comme tout le monde
Et qu’on doit faire avec.
Mais dire non,
Ne pas tomber,
Tomber en
Miettes quand le vide accuse.
L’accueillir et ne pas le haïr.
Le faire nôtre et pas mien.
Le déposer entre nous deux
Et reconstruire le monde en ruines
Qu’il hurle comme un damné.
Oser,
Garder les yeux ouverts,
Droits,
Fermes,
Et tant pis pour la douleur
De ce reflet
Pour elles
Qui ne peuvent le porter.
Mais qu’elles ne s’en délestent pas à d’autres,
Sans la responsabilité humaine qui est celle de
Tout un chacun.
Qu’elles ne choisissent pas la facilité
Sous prétexte que.
Qu’elles soient dignes
De leur humanité
Et qu’elles assument leur vanité.
Lee sert se traverse à deux,
A trois,
A dix.
Vous ne serez pas seules !
Mais ne faites pas semblant
D’être si fortes
Si même le petit doigt de pied
N’y est pas posé.




mercredi 28 décembre 2016

La grand-mère et la sorciere

J’ai une sorcière au fond du ventre.
Une tord boyaux qui
Déjà
Harcelait ma douce grand-mère.
La grand-mère folle qui voyait des tabliers violets
Voler
Et qui m’avait prévenue.
Elle m’avait vue plier en deux
De douleur.
Petite,
Enfant.
Elle, l’aveugle ou presque,
Avait souri dans le vide
Mais pour moi.
Elle n’avait pas parlé de sorcière.
Elle savait que personne ne l’entendrait,
Pas même moi,
Petite fille rationnelle.
Elle avait dit qu’elle connaissait
Trop bien
Les moments  « tord-boyaux ».
L’expression dont personne ne se souvient
Mais qui a flashé pour moi.
La grand-mère débile
Handicapée
Qui avait mis le doigt sur mon mal.
Je crains d’être son héritière.
Je crains de descendre en droite ligne d’elle.
Elle m’aurait donc livré
Aussi
La sorcière harceleuse.
Il faut tu dois encore !
Je passe sur les insultes.
Ma douce grand-mère à épongé
Pour moi
L’aspect de vérité de cette folle-là.
Elle a dû la vivre.
Elle m’a épargné ces épreuves.
La douleur se dilue
Parfois
Avec les générations.
Je la sais fantomique
La sorcière.
Je la sais n’être que moi.
Je pense à la pauvre grand-mère qui la sentait
Véritable.
Immonde vie.
Pourtant,
Il faut je dois encore
Continuent de s’abattre sur moi.
Je les laisse faire.
Je ne sais
Toujours pas
me battre contre eux.
Elle n’a pas à changer de stratégie
Madame la Sorcière.
Elle sait que je marcherai,
Que je courrai
Comme un faon de 3 mois.
À pleurer...
Chacun de ce qu’il veut.

À qui obéit-elle ?
Ma douce grand-mère
Aux yeux blancs avait-elle trouver
Le grand maître
Qui guide ses démons ?
Sûrement pas.
Quand j’en aurais fini avec eux,
Avec cette répugnante sorcière
Qui torture les entrailles
Et laisse en souffrance
Les possibles
Intérieurs,
Je rendrai hommage à la grand-mère
Qui n’a plus voulu ni voir ni entendre.
À voix haute.
À voix très haute.
Elle regardera peut être ma liberté.
Et jouira avec moi.

lundi 26 décembre 2016

La petite porte de la grande liberté

      Le premier jour, Bonjour à tous, Asseyez-vous là Mademoiselle. Monsieur, il vous reste une place ici. Bien, maintenant que tout le monde est bien installé, je me présente.
      L’homme qui parle est grand, mince et beau. D’une élégance indéniable et au charisme aspirant. Il ne fait rien de spécial. Il n’a rien de spécial. Il n’a pas ces yeux bleus électrisants de certaines personnes dont on ne peut se décrocher tant ils fascinent. Ceux dans lesquels d’aucuns plongent sans filet et finissent par se perdre. Ces yeux du diable sous des airs de dieu. Il n’a pas de style excentrique, artiste déçu ou à venir, ni d’anormalité un peu déconnante qu’il aurait transformée en puissance immoquable. Il n’a rien de tout cela. Il est presque banal. Je ne sais pas si on le remarque dans la rue, si on se retourne sur lui, si on a envie de lui parler. Je ne sais pas. Je crois que je n’y prêterais pas tant attention. Je crois que je passerais à côté sans savoir. Heureusement, c’est un conditionnel que je ne vivrais jamais ; heureusement. Rater cette occasion, cette rencontre dans ma vie, même si ce n’est qu’un parmi de nombreux autres, un savant parmi d’autres, un homme comme les autres, aurait sans aucun doute laisser fermer encore très longtemps la porte de la bienveillance intellectuelle dont j’ignorais l’existence.

Désormais, si je le rencontrais dans la rue, je lui dirais
Vous avez ouvert une petite porte. Une petite porte parce qu’elle ne paye pas de mine, elle ne fait pas de bruit. C’est une silencieuse, son essence est silencieuse. Une petite porte plutôt devant, pas vraiment cachée mais qu’on ne remarque pas quand on ne le veut pas. Quand on n’y est pas prêt. Quand on veut briller, être fort et costaud. Une petite porte, pas décatie, pas minable, pas celle dont on n’userait qu’en dernier ressort quand même. Pas celle des Rémi sans amis et des mourants-la-rue. Mais une petite porte. Suffisamment petite pour déjouer les lions, les glorieux, les flattés et leurs complices flagorneurs, avides de paillettes, à leurs trousses, ramasse-miettes. Une petite porte, toute menue mais jolie comme un coeur. Encore faut-il regarder les cœurs. Ça fait culcul pas intello ? C’est ce que je croyais avant vous. Je croyais à l’intelligence froide et dure, qui dit la vérité, qui soutient envers et contre tout. Qui lisse. Qui encadre. Qui apaise car elle règle. Elle cherche et trouve. J’y croyais dur comme fer et j’avais, à vrai dire, été sauvée par cette croyance. Cette foi, disons-le. Bien sûr que l’on  croit au rationnel, bien sûr que c’est une foi comme une autre. J’avais une foi dure et amère. La foi des catholiques les plus masochistes, des plus orthodoxes de tous les religieux. La petite porte m’était parfaitement inconnue. Je ne l’avais pas vue. Tourné autour bien sûr. Maintes fois. Sans la voir. Pour l’intelligence de glace, qui brille comme un cristal.

Vous avez dit :
« Étonnez-vous ! »
...
J’ai dû rester comme une imbécile à vous regarder. J’ai dû d’abord ne pas tout comprendre. J’avais travaillé des années durant à cesser de m’étonner, de me laisser surprendre pour ne plus être le dindon de la farce, pour aiguiser le cerveau et ses splendides connexions fulgurantes. J’avais dû aussi me faire violence, tout ce temps. Parce que question de survie. Pour cesser de m’étonner, d’écarquiller quelque œil que ce soit. Pour cesser d’être une enfant, une débile dont on rit avec condescendance. Je ne m’étonnais donc que sur commande, quand mon cerveau avait procédé à une première analyse de la situation et qu’il pouvait certifier que l’étonnement avait sa place dans ce moment et ce lieu, face à ces gens-là surtout. J’étais d’une prudence paranoïaque dans mes étonnements. Celui dans lequel je me pris en vous entendant fut sans doute le plus heureux de ma vie. Je n’avais jamais aimé les surprises, j’avais toujours eu honte de mes naïvetés ou ce que je croyais tel. De mes ignorances. De mes failles de retardataire lourdingue, celle qui court derrière le train sans jamais le rattraper et à qui on tend mollement la main. Parce que soyons honnête, chacun sa merde, chacun se débrouille et avance. C’est ainsi pour tous.

« Étonnez-vous et vous serez enfin intelligent ! »
J’avais l’esprit à vif, presque saignant alors. Je ne pus que comprendre ce qui m’était permis là brusquement par ce coup de théâtre. J’entendais à la vitesse de la lumière. Beaucoup plus vite que mon corps. Je compris que je n’étais plus obligée de tout compromettre pour la vitesse de la lumière. Je sentis l’autorisation que j’attendais sans le savoir depuis des années. Lâchez les rênes et s’étonner oui et par-delà l’étonnement l’émerveillement. Sauter de joie, sautiller de plaisir, jouir de découvrir. Ne plus faire semblant d’avoir déjà tout compris à la vitesse de la lumière avant tout le monde pour être sûre de ne pas se voir voler son seul pouvoir. J’avais le droit et surtout la possibilité de ne rien trahir de ce que j’avais construit à la force du poignet et de rouvrir grand les yeux, tout de même. Je me rendais compte du carcan tyrannique que je m’étais imposée. Camp de concentration interne.
Je compris avant tout cette immense autorisation dans cette petite porte.
Elle me sauta aux yeux et un poids se leva.
Ce fut un de ces jours qu’on marque d’une pierre blanche, qu’on se dit qu’on se rappellera toujours. Et ce n’est pas une fausse histoire racontée dans les livres de choses qui marquent à jamais parce qu’il faut bien semer des petits cailloux pour que l’histoire se construise. C’est un jour qui ne s’effacera pas. Je lui dois trop pour en omettre une once.

Vous avez dit :
« Étonnez-vous et regardez donc ! Laissez-vous surprendre et ouvrez les yeux ! »
Vous pensiez sans doute Bordel ! Dégainez vos mirettes les jeunes ! Mais vous étiez bien trop courtois pour en dire quoi que ce soit. C’était votre combat. Ca l’est peut être toujours.
J’avais donc le droit d faire sans les mains , de ne pas brider toute cette matière grise et elle ne s’en porterait pas plus mal. Au contraire. J’avais le droit. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai eu absolument confiance en ce conseil, moi si frileuse. Mais il était le bon au bon moment sans doute. J’ai tout de suite senti qu’il était celui qu’il me fallait. Moi si injuste avec moi même, incapable d’entendre les appels à l’aide de mon être, un autre que moi qui ne me connaissait ni d’Eve ni d’Adam avait trouvé quoi me dire. Lui nous connaissait à notre âge, il savait ce que nous ne nous autorisions pas à faire, ce que nous croyions être le plus digne et le plus malin.

Ce jour-là, j’ai regardé cet homme avec un regard que je ne m’étais la non plus pas autorisé jusqu’alors, que je répugne encore aujourd’hui à adopter, par lâcheté, par peur de d’être dépassée, par crainte d’être dévoilée dans mes ignorances et mes faiblesses que je hais profondément.. Ce jour-là, j’étais dépassée, j’étais l’élève en tout sens et je l’acceptais avec une fierté inconnue de moi. J’avais toujours combattue pour ne pas être une moins que rien comme je croyais que les enseignants, comme je voyais que la plupart des enseignants et adultes qui ont tout chié, tout vu, nous considéraient, nous enfants. Les enfants qui ne pigent rien. J’exagérais, j’étais à fleur de peau, parano comme il faut. Mais pourquoi aucun ne s’étonnait-il ? Pourquoi jusque là aucun d’entre eux ne s’était-il étonné ? Ne nous l’avait fait voir du moins ? Par facilité, parce qu’être adulte ici c’est ça. Et être prof n’en parlons pas !

« Étonnez-vous donc ! Lisez cela ! Qu’y voyez-vous ? allez ! »
Et il donnait envie d participer, de chercher et de s’exprimer au plus réservé d’entre nous. Non ça n’était pas que moi. Il faisait l’unanimité. Sans secret. Sans mystère.
Il s’étonnait autant qu’il le suggérait. Et il s’émerveillait sans impudeur devant toute notre classe. Il s’enflammait sans ridicule devant un texte qui l’émouvait et nous le disait sans peur. Il était absolument authentique. On dit droit dans ses bottes. Expression qui lui va aussi mal que possible. Il n’aurait jamais été assez provincial pour porter une paire de bottes. Un vrai Parisien, intello repéré à cent mètres, sans froufrous, sans manières, mais toujours correct. Ta pourtant absolument authentique. Pas besoin d’être un sagouin pour s’émerveiller. Voila ce que nous apprenions avec lui. Pas besoin d’en gerber partout ni de rires gras pour s’étonner de plaisir.

Vous savez ces gens-là qui ont flashé dans votre vie, qui vous ont oublié et vous vous dites que bien sûr vous aimeriez qu’il sache et qu’il se rappelle un peu. Parce que vous avez un ego, pas si petit que ça parfois d’ailleurs. Parce que c’est humain de ne pas être inaperçu et de pouvoir s’exprimer, dire sa reconnaissance. Mais pour une fois, ce n’est pas si grave. Pour une fois, je comprends qu’il a transmis ce qu’il fallait et que je l’en remercie par l’esprit. J’y pense très souvent. Il est de ceux que je porte en moi et qui forme mon kaléidoscope intestin. Personne ne pourra jamais me le retirer.
Si je le rencognais, je l’arrêterais bien évidemment. Et je le remercierais. Et puis nous en resterions là. Et la boucle sera bouclée.
Quelques minuscules mots suffisent parfois à bifurquer une route :
« Étonnez-vous ! »

lundi 19 décembre 2016

Tu sers à rien !


« Tu sers à rien ! »

Bien sûr que je ne sers à rien.

Bien sûr qu’elle non plus.

Bien sûr que je ferme ma gueule.

Qui sert à quoi ?

Je ne suis pas là pour servir.

Je suis là pour exister.

Tu crois,

On te fait croire que l’on sert.

Que l’on te sert.

En vérité, l’on se sert

Et

L’on fait au mieux,

Au moins pire.



Personne ne sert à rien ma grande !

Sinon à être là,

A faire joli,

A avoir foi.

Quant à une existence qui sert,

Rhabille-toi

Ou pleure !

Tu ne sers à rien !

On ne sert à rien !

C’est un fait !

Rentre-le toi dans le crâne et avance !

Je dois me taire.

Je ne dois pas lui dire

Que je ne peux qu’être d’accord.



Ou alors,

Dans le vide,

Toutes les deux,

Courage,

Et oui, rien ne sert à rien.

Partant de ce postulat,

Que faire ?

Rester là à attendre ?

Possible mais sert encore moins et moins.



En tout cas,

Qu’on serve ou pas,

Servir ou ne pas servir,

Le faire ensemble.

Etre à deux.

Ne pas s’éloigner,

Rire et faire rire

Pour oublier l’inutilité.

Pour oublier la vanité de tout cela.

Ensemble,

Quelle que soit l’envie d’attaquer

D’être contre.

Etre avec et tout contre.




vendredi 16 décembre 2016

Sans les yeux


J’appelle

J’ouvre les mains

Et le regard se détourne.

Le regard ne veut plus rien dire.

Il veut se taire.

Il ne veut plus exister.

La langue et ses mots sont moins frileux.

Ils montrent toujours

Et se montrent.

Ils ont l’habitude.

Ce sont des joueurs

Des jouets.

Joués et rejoués

Lancés et pipés

Autant qu’on le veut.

Le regard est un pudique

Et il se plante rarement en pleine pupille

Menteur.

Il ne joue pas.



J’appelle

J’ouvre les yeux,

Moi,

Les cils grand ouverts

Mais seuls.

Ils n’aiment pas ça.

Ils sont pudiques

Et susceptibles.

Ils n’aiment pas qu’on les laisse

Tomber

Tout seuls.

Ils ne veulent rien dire.

La langue et les mots se débrouillent d’une solitude.

Les yeux et leur regard ne s’en remettent pas.



Surgit la honte,

L’humiliation,

La colère,

La répression de la rage

Que personne ne comprendra,

L’envie de tout faire valser

Ou de tenir le menton des autres yeux,

En face,

D’obliger à être avec

Et à suivre,

Le désir presque irrépressible de

Tyranniser

Pour ne pas essuyer cette honte.



J’appelle

Et les yeux se retournent

Vers des horizons meilleurs.

Je ne suis pas assez.

Je suis trop.

Tout ça n’est est à côté.

Les yeux me piétinent ouvertement.

Ouvertement sans un bruit.

Je ne dois pas

Claquer

Ma langue.

Je ne dois pas faire un son.

Je dois garder le cap.

Je dois garder les cils doux et fermes

Jusqu’à ce que les autres reviennent à moi.

Coûte que coûte.

Quelque temps que ça prenne.

Et ravaler les larmes et la fierté.












mercredi 14 décembre 2016

Chienchien

Elle se sent être un ourson de dessin animé
Ou un gentil chienchien de la réalité,
Qui tire la langue
Et bave à l’occasion.
Un gentil chienchien qui s’oublie parfois,
Un nounours plutôt niais qu’on tapote sur la tête,
Sûr de son fait.
On
Qui est sûr.
Le chienchien se dit qu'il doit bien en être un.
A force.
Elle est convaincue et elle fait ouaf ouaf quand il faut.
Quand on l’y attend.
Elle est gentille tout plein.
On rit quand elle roule des yeux.
On rit.
Elle est humiliée.
Même minus trucs.
Les yeux noirs ?
Bien essayé mais ça n’y fait rien.
On ne voit que le doudou ronron.
On ne voit que ses silences et ses rougeurs.
Elle le croit.
Elle croit qu’elle est une bête inoffensive
Avec laquelle on joue comme on veut.
Elle finira par frapper sec.
Elle finira par être une brute.
Par se venger
Ou mourir.
Pas qu’elle veuille être une victime de tragédie grecque.
Mais qu’on la regarde oui,
Que les projecteurs soient une fois dans sa vie
Braqués sur elle.
Pour qu’elle puisse
Se sentir valoir.
Elle ne serait plus
La dernière de la meute,
L’inutile,
L’insipide,
Trop faible pour même se défendre à soi.
Celle qu’on peut ignorer à sa guise,
Tapoter,
Caresser,
Embrasser
Comme on le décide
Parce qu’on se croit autorisé.
Parce qu’elle le dirait si.
Parce qu’elle ne dit rien tu vois bien !
Parce qu’on s’en fout
Au fond de ce qui se passe
Dans sa tête
De chienchien nounours.
Qui ne dit mot consent.
Tout enfant le vit
À ses dépens.
Pas de personnalité...
Une faible...
Une lâche...
Une hypocrite...
Qui n’assume rien...
Qui se terre facilement dans son silence...
Trop sage...
Trop douce...
Trop molle...
Trop simple...
Simplette peut être même.
Une gogole
Presque.
Oui une gogole.
Le temps révélera les réalités aujourd’hui
Opaques aux adultes
Mais que les pairs perçoivent.
Une gogole finie.
Infirme.
Et dans cette gogole,
Chienchien à sa mémère,
Se niche un cerveau.
Qui fonctionne.
Un mystère quand même non ?!
Un vrai cerveau.
Qu’on balaye d’un revers de main.
Qu’elle balaye plus qu’aucun autre.
Qui ne sert à rien.
Qui l’enfonce.
Qui la rend plus amère encore.
Plus triste.
Plus coupable.
Elle se sent haïe.
Elle les hait aussi.
Elle fait comme si.
C’est vrai,
Elle n’est qu’une hypocrite,
Qu’une sale lâché.
Parce qu’en réalité,
Elle veut qu’on l’aime,
Qu’on l’admire,
Elle a honte d’ailleurs,
Mais elle n’aime pas de son côté.
Elle survit parmi ses ennemis.
Elle ne peut pas les aimer.
Elle ne fait que survivre.
Il n’y a aucun amour,
Aucune affection
Dans ce monde là.
Seulement des alliances
Et des luttes de pouvoir.
Elle est au plus bas de la chaîne alimentaire.
Elle ne se permettre pas plus
Qu’un souriceau d’aimer.
Pas le loisir.
Danger.
Pas le temps.
Danger.
Ne te regarde pas dans ce
Miroir
Que tu saliras.






samedi 3 décembre 2016

Puanteur

Elle ne se voit pas.
Elle se sent.
Elle voudrait un serpent à sang froid.
La glace,
Elle n’y lève pas les yeux.
Elle ne le sait pas
D’ailleurs.
Elle se sent
Et son haut-le-cœur lui
Suffit.
Elle doit ne pas vomir,
Surtout ne pas vomir,
Ne pas cracher
Ne pas se répandre
Ne rien laisser sortir
Contrôler tous ses orifices
Elle est grande
Beaucoup rap grande
Pour se faire dessus
Pourtant elle le craint
De tout faire,
Que tout sorte
Même si elle se raisonne
Puisque tous les mammifères savent
Maîtriser leurs sphincters
Mais cette peur
Elle la sent
Elle la pue même
Elle finit par ne plus savoir ce que veut dire sentir
Où qui quand
Flairer
Éprouver
Écœurer
Attirer
Anticiper
Elle ne sait plus.
Elle sait seulement qu’elle aimerait ne plus
Rien
Sentir.
Un animal
À sang froid
Dont elle a l’illusion qu’il ne blaire plus,
Plus rien ni personne,
Ni lui-même.
Aussi se glisser dans les coins
Se cacher à l’envi.
Non pas meme se cacher.
Disparaître
Parce que se sentir est maintenant
Insoutenable.