mardi 28 octobre 2014

Soumission

mesquin retour
Des chaînes et
Boulet
Traîneur
Entraîneur
Au
Canyon de l'angoisse.
Je commence
à me débattre
à donner tout leur
poids à de simples
appareils
sans intelligence
sans force
sinon celle que je
leur
accorde
et procure.
Les chaînes et
Boulet
sont de retour,
sifflent à mes
oreilles,
narguent mon
désarroi
et mon impuissance
Subite.
Ce sont des
habitués
de mon âme.
Ils en possèdent
tous les recoins
si mon cœur
le leur chante.

Tu m'écrases.
Le monde me piétine.
Je retourne à ma
soumission
première.
Ma place originelle,
comme un réflexe.
J'en oublie
que toi
et les autres
n'êtes
les maîtres
de quiconque.
J'en omet
de faire miroir,
de renvoyer la
balle.
Je l'avale
alors qu'elle
m'étrangle.
D'emblée,
Je suis un
être
Minime
Et ridicule.
Je me sens
rapetisser
et le fossé
grandir
entre
nos dimensions
respectives.
Respectives
et plus rien n'est
dans les règles,
tout est démesuré,
inmesurable,
Irrespectueux.
La règles d'
Or aux
égouts avec les rats !
Je suis une
naine
difforme
en grosse tête
Bilboquet
à rire.
Tu et vous êtes
les raisonneurs
qui frappez
Votre loi
à coups de chaînes et
Boulet.
Et moi,
plus imbécile que tous les
décérébrés,
j'avale
sans même
Baver
Cracher
Tousser
Ou vomir.
Réflexe
de soumission
qui fut
un jour
mon salut.
Qui aujourd'hui
déchaîne
ma colère.
Une amorce
de seconde
après
la soumission
queue basse,
sur le dos
sans une miette
visible
de dignité,
l'invisible fierté,
le sursaut
qui empêche de
crever
Sous les
autres
et leurs
tyrannies
humaines,
me prend
comme un spasme
incontrôlable.
L'impalpable fierté
n'a d'autres voies
que la haine
pour
Se
relever
et moi avec.
La jouissance
de la survie,
la jouissance
d'exister
à nouveau,
même en boule
de haine.
Éclabousser,
ou seulement
se sentir
le pouvoir de.
Nul besoin
d'agir.
Relever la tête,
Plonger les yeux,
Fixer les hanches,
Ok pour
le corps à corps.
Remonter
l'ascenseur
et
revenir
sur le même pied
que toi
que vous.
La colère
qui rattrape.
Quelque chose qui
bouge
et
boxe.
Ma colère
c'est mon bébé
qui remue
donne des coups.
Elle me sauvera
jusqu'à la fin.
Personne ni rien
pour prendre cette
place,
Sa place
et la mienne.
Sûrement pas un bébé
un vrai.

vendredi 24 octobre 2014

Dernier jour

Le dernier jour
celui où la conscience
s’éclaire.
Pas d’un coup
d’un seul
et puis c’est tout
Bam !
le tour est joué
on a tout tout compris.
Non, sûrement pas
comme ça.
Le dernier jour
qui sursaute
toutes les 15
minutes.
Ou 30 ou plus
d’ailleurs.
Un pantin
à ressorts
pas si
bête qu’il n’en a l’air.
Il est guilleret
le dernier jour. Il est prêt à
décoller !
aussi
décolérer.
Il sourit
et joue,
gambade,
pas forcément
très pro.
Mais il
s’en
tamponne
parfaitement.
Le dernier jour
est un aventurier.
Un authentique,
avec tout ce que ça
dit.
Lucidité
tout feu tout flammes.
N’en fais pas trop oh !

Il me dit
combien
je dégambade
au quotidien ;
qu’il faudrait
rire
vraiment ;
que tout n’est donc pas si
sérieux ;
que les règles ne sont pas des
lions ;
qu’on a le droit
pour la santé
de s’en jouer ;
qu’on les respecte drôlement
strict ;
qu’on a raison ou pas ;
qu’une règle n’est qu’un
fil,
pas si barbelé que ça ;
qu’on peut être quelqu’un
qui je
qui j’aime ;
qu’on peut exiger
soi aussi
quelque chose
des voisins ;
qu’on est
peut-être
finalement
beaucoup plus
sage
qu’on le croit ;
beaucoup plus
rangé
casé
respect
qu’on ne le croit ;
beaucoup plus
honnête
également
et
marche droit
qu’on se voyait.
On ne sait plus quoi penser,
le dernier jour.
C’est la journée
des réfléchis.
Les idées
les principes
se muent
en vitraux
kaléïdoscopes.
Tout est lié.
Un moment,
on se noie
et tout se ressemble.
puis non,
il y a quand même des
familles
et des sphères.
le dernier jour où l’on peut
se
permettre
de
tout
compliquer.

jeudi 23 octobre 2014

Les yeux lapins

Les yeux cachés
sprinters
de coin en coin,
jamais plantés.
De vrais lapins
jamais en place.
Une peur
panique,
de leur espèce,
d’être pris au piège
par plus forts qu’eux.
Ces yeux-là
patrouillent,
surveillent,
panoramiques.
pas mode de mouche,
(question d’ana
tomie)
mais le hibou
pivoteur
cervical
n’est pas loin.
Malgré tout,
le gros du travail
se fait
en oculo-oculaire.
Ces yeux-là
ont des muscles du
tonnerre.
Et la réactivité du diable !
Ne jamais s’enfoncer
dans l’authentique.
Diviser,
ne rien partager.
Ces yeux-là
ne sont pas
des cruels,
jamais sans doute
ils ne l’ont été.
Peut-être pas
assez
d’ailleurs.
Ce sont des fuyards,
des lapinous
stressés.
On aimerait attraper
leur frayeur
et ensemble
lui tordre le
cou.
Mais on attrape
pas même un
regard.
Ces yeux-là
scotchent le
mur.
Ils analysent en profondeur
l’état des crépis
et autres revêtements.
D’autres pupilles
les brûlent
sur place.
Ils s’asphyxient
et meurent
sur le coup.
On comprend qu’ils
évitent
ce drame.
Je détourne moi-même les yeux,
mes yeux
qui paraissent
alors bien
dangereux,
face à ces pairs.
Je les fais
promener
de tache en tache
de coin en porte.
Je reviens à leur place
de temps en temps,
Très régulièrement
pour ne pas
abandonner
le fort,
qu’on ne croie pas
à une désertion.
Je dois
être là
et là là
et relà.
Pour l’instant
foudroyant
où les yeux
en lapin
s’apaiseront
et
chercheront
un havre.
Je suis le havre
disponible
quand
les yeux
tourneront
vers d’autres
à affronter.
Je garde le cap
malgré les
circonvolutions
de mon interlo
cutrice
pour le jour où.
Ces yeux-là plongent
comme je n’ai
jamais vu
avant.
Des virtuoses de la chute
sous paupière.
Ils disparaissent
comme dans une
piscine.
D’un coup,
par magie.
Et resurgissent sur un bord
pour sortir du
bassin.
Les lunettes fixées devant eux.
Ils sont tout bien cachés,
ils peuvent
brouillonner
tant qu’ils veulent,
personne ne les suit.
On attend ou
on laisse
tomber.
Jusqu’à ce que
naisse
la confiance.

mercredi 22 octobre 2014

Estomac et révolution

L’estomac est un fou
un absolu toqué
un gonflé
dégonfleur.
Jamais
dans
son assiette.
Toujours
au-delà
en deça.
En trop ou pas assez.
L’estomac n’aime rien
ou aime tout,
on ne sait pas
où en être
avec lui.
c’est le gueulard de
service.
celui qu’on entend
quand tout le monde
prend sur lui.
L’emmerdeur.
L’invétéré
qu’
parfois
on aimerait étriper.
On en a tous un
au travail
et en famille.
Partout où l’on passe
et passera,
il y aura l’emmerdeur
de service.
C’est son job de
vivant.
On l’accable,
on l’accuse. Ce que c’est agréable !
N’est-ce pas ?
Quelqu’un à accabler.
Quel délicieux hobby !
Sans remords.
Sans culpabilité.
Il l’a bien cherché.
L’estomac est le même
type
à l’intérieur
de moi.
C’est un vrai trou du cul
quand il s’y met.
Et il ouvre toujours
sa gueule.
Sa gueule,
parlons-en !
Ta gueule d’ailleurs !
Gueule de glouton.
Gueule d’attardé.
Gueule de clochard.
Gueule de gueulard.
Le révolutionnaire
de toutes les batailles.
Jamais coiffé.
Le type en vrac.
Il n’est pas sale.
Je vous vois venir
avec
vos
idées reçues !
Il n’a pas non plus fait 68,
je ne l’aurais pas permis.
Je n’ai pas tout
pouvoir
mais de même !
droit de veto.
Mais qu’est-ce que tu crois ?
Que tu as pu tout surveiller ?
Il a fait 68,
comme tous les potes,
ma vieille réveille-
toi !
Bref, je déteste cette
conversation.
Mon estomac est un chieur.
J’ai commencé
en disant
c’est un fou !
Il n’est pas fou,
c’était une drôle
de façon
de dire
que c’est un sac à merde.
Il fait chier,
du matin au soir
même la nuit,
il m’emmerde encore.
Je n’ai jamais aimé
ceux qui
trouvent toujours
à redire.
Qui râlent à tout bout de
chant,
et qui passent sur les joies.
C’est d’une malhonnêteté
crasse.
Eh bien oui
je l’admets,
mon estomac est un menteur,
un malhonnête qui
se plaint
sans cesser,
expert en jérémiades.
Un cochon de
parisien
arrosé.
Quand je lui ferme
son caquet
d’exaspération,
il trouvera
un moyen
de se rappeler
à moi.
Bouderie stupide,
du genre nauséeuse
ou acide.
Le chieur
dans toute sa splendeur.
Je me dis
que je ne serai
décidément jamais
tranquille
puisque
bien entendu
cet imbécile
est
indispensable.
Je suis bien
en colère
contre mon estomac !
Et je dois encore faire avec,
des décennies à vivre !
Je supporte bien l’emmerdeur
de service
au travail
en famille.
Mais celui-là
agit
de l’intérieur.
Il est minant.
Mineur.
Frondeur.
Creuseur.
Marteau-piqueur.
Tailladeur.
Insupportable
pourfendeur
de nuages
insensibles
au restant
des organes.

Et s’il n’était pas là ?
Je lutterai contre le vent.
C’est un bien pire ennemi.

mardi 21 octobre 2014

Elle ne rime pas

Elle s’oublie
elle se perd
chaque semaine
chaque jour
chaque minute.
Les autres sont
sa mémoire
son carnet de bord
et elle ne les croit pas,
elle ne s’y fie pas.
Les autres sont
soupçonnables
ou
insoupçonnables.
Impossible
à définir.
Les autres
comme le fait.
Rien ne se range
dans la bonne case,
rien n’obéit
à son bon vouloir.
En a-t-elle un d’ailleurs ?
Possède-t-elle quelque
chose ?
Rien n’est moins sûr.
Parfois même
elle disparaît
à ses yeux,
elle s’évapore
dans tout le reste,
ce qui l’entoure,
ceux qui l’entourent.
Elle tangue,
le vent du monde
fait ce qu’il veut
de son être,
elle n’a plus prise
à rien,
elle est tête à l’envers,
elle est pieds dans l’oreille.
Et c’est là
que les autres
se mettent
à jouer
avec
elle,
elle devient leur
balle,
légère comme une plume,
pourtant la douleur est une
enclume.
Elle cogne
de l’un à l’autre.
Elle ne sent rien de ce qu’elle
pourrait être
mais les autres
lui hurlent
qu’elle pèse.
pour eux,
elle est une monstrueuse
épine,
une énorme écharde
mal placée.
Ils n’arrêtent pas
de la décaler
pousser
redéposer
lancer
renvoyer
et elle ne trouve jamais l’endroit.
C’est elle qui devrait
peut-être
leur dire où est
son endroit.
C’est ce que font les autres ?
Elle ne sait pas
où elle doit être.
Elle ne sait pas
où est son lieu
où se cacher
où sa tanière
son repaire.
Elle est un animal sans meute,
un bébé sans berceau
un membre surnuméraire.
Elle n’est ni bien
ni mal
ni là
ni ici.
Toujours là-bas
et jamais assez
loin.
Toujours trop près
et jamais ensemble.
Elle est une solitude
à elle toute seule.
Elle tournicote,
pas de virevoletage
qui sonne joli et élégant.
Elle échappe à tous
les codes
à toutes les règles
et ce n’est pas
sa liberté.
C’est son immense douleur.
Elle ne rime pas
avec rien
ni personne.
Et encore moins avec elle-
même.

lundi 20 octobre 2014

Le petit animal

Dégripper
l’animal
l’ours
griffu
accroché aux
entrailles.
S’accroche
tant
et
tant
qu’il
arrache
des
tranches
et
côtes.
Attaché
comme
un petit
effarouché
effaré
du monde
ébloui
bouche bée
sans les mains
sauf pour attraper
la fourrure
de la maman
qui
protège.

J’ai un
petit animal
griffu
accroché aux
entrailles.
Parfois,
il se hisse
jusqu’au cœur
et la gorge
et beurk !
ça fait des poils
dans !
la bouche.

J’ai un
petit
animal
griffu
terrifié
attaché
à
mes tripes.
Il
s’y
pendra
jusqu’à la
mort
pour ne
pas
finir
seul.

J’ai
un
petit animal
vivant
griffu
fourré
dans
ma
vie
à moi !
et que je n’ai
pas
enfanté.

J’ai un petit animal griffu
au fond du ventre
et jamais jamais
je n’ai accouché de ce bébé
bête.
Jamais jamais
je ne l’ai laissé sortir
avec tous ses poils
et ses pattes velues,
il est toujours toujours
resté accroché,
il sertit mes entrailles
et prunelles.
Parce que oui !
il est aussi derrière mes yeux,
il a tous les membres de Shiva
ou il saute instantanément des uns aux autres
en un éclair de foudre.
Il sertit mes tripailles
et mes prunelles.

Les jours
les bras
ne se lèvent plus,
où les manches
retombent
aux genoux
mollassonnes,
j’ai un
petit
animal
tout contre
mon dos,
son dos
dans le mien,
protégé par ma carapace
de corps.
Il est juste
logé
entre ma cage
et mes peaux,
au milieu des muscles
qui lui font
une place.
On se protège,
tous les deux.

J’ai un
petit animal
griffu
et assoiffé
au creux
de mon être,
que j’ai voulu
tuer,
que j’ai cru
démon.
J’ai voulu
peut-être
même
mourir
avec lui
pour ne pas
le voir.
Pour lui et
contre lui.

Un jour,
quelqu’un
qui me voulait du
bien,
quelqu’un
qui m’a
relevé la tête
ouvert la bouche
m’a dit :
console l’enfant que tu as été,
ne la déteste pas ;
personne ne pourra plus faire cela à ta place ;
c’est à ton tour désormais.
C’est devenu mon petit animal
griffu.
Je ne l’ai pas aimé,
je l’ai encore haï
de longues longues années.
Mais je ne l’ai plus trouvé
aussi tordu
aussi poilu
aussi foutu
qu’avant.

J’ai
au centre
de l’univers
un petit animal
qui jamais
ne cèdera
sa place
à côté de mon
air.
Il ressemble à
un koala
marron
et moins beau.
Il ressemble à un singe
aux long bras
aux grands pieds
qui monterait
au plus haut des arbres
de sa forêt.
Il est agile comme pas deux.
Il est parfaitement
flex.
Il a de grands yeux noirs
toujours ouverts
toujours humides.
Il attend quelque chose
ou quelqu’un.
Il aime les embrassades,
les regards qui le mettent debout,
même si ses bras
traînent la poussière.
Un jour,
il dit
qu’il sera même
capable
de se tenir
droit
seul ;
comme une plante
bien poussée.

Maintenant,
les jours où
mes larmes
sont au bord,
des heures durant,
mon petit animal
s’agrippe à moi
et me serre
fort ;
il me dit :
n’oublie pas d’où tu viens,
et il ne pleure pas.

Et c’est lui qui s’accroche
mais c’est lui mon totem.

Et c’est lui qui s’attache
mais c’est lui mon sherpa.

C’est lui le tout fragile,
et c’est lui qui résiste
aux plus
méchantes
noyades.

Les jours
où l’eau
s’engouffre
comme une folle
dans mes poumons,
le petit animal
se fait
exaspéré
King Kong
et rugit
de colère.
Paraît qu’il m’appartient.
Paraîtrait
même
que je suis lui.
Mais je me sens trop seule
s’il ne m’agrippe
pas.
Je préfère caresser
mon
petit
animal.