vendredi 30 novembre 2018

Réiterreur

Par la petite porte,
Etroit chambranle,
La tête basse
Sous peine d’emplafon-
nage,
Rituel étrécis-
sage,
Bobsleigh en
Verticale.
La position
Prise et reprise
Apprise
Comme une image.
En automate,
Passe et repasse
Sous entre dans
L’huis
Petiriquiqui.

Par la petite porte,
Va-et-vient
Incessants
Toile de fond,
Entrer sortir
Ne veulent rien dire :
Traversées
Redondées
Écervelées.
Milliards de
Fois
Et
Finit par
Se dédoubler
Et applaudir
Au manège.
Une poule sur un mur.
Ou un vague lion en cage.
Le marathon invisible.

Accélère,
Court,
La tête ailleurs,
Le ventre à terre,
Pattes en compote.
Et l’on voudrait
Faire
Exploser
Cette trouée
Étriquée,
Rapetisseuse d’esprit
Et d’espoir.
Et pourtant
Poursuit
Les allers-retours
Infructueux.

De jour en jour,
En année,
Décennie,
A s’amenuir
Sous le même porche,
Sûr de
Finalement
Sa valeur.
Légitime
Et parfaitement non
Idoine.
Absurdité facétieuse
De la réitété-
ration,
Butée bêtasse,
Compulsation tic-tac,
Contre-nature.

La petite porte
Timide et
Tyrannique,
Colle à la
Peau,
Englue les horizons.
Une puissance
Obscure
Fondue du haut
Des vieilles
Générations.
Terreur acquise,
Serf loyal
Rabougri.
Chose marionnette
Croupie.
Où se cache donc le
Vrai
Révoltireur ?

Le miroir ou l'étrange


En passant,
Un coup d’oeil ;
Plus fort que soi.
L’attraction aveugle.
Épidermique.
Du miroir.
La Reine fausse mère tous !
Bien plus que
Blanche-Neige.
Miroir mon beau miroir
En silence
Et pourtant.
Les yeux dans le dos
S’animent,
Se prennent pour
Mouche
Et tirent les ficelles et visses
Vertébrées ;
Rotation
Pivotage,
Le dos crisse dans ses
Gonds,
Prêt à en
Sortir,
Effaré,
Outré ;
De ce changement de cap
Inopiné.
Le miroir aspire
La volonté
De tout un corps.
La mécanique
Obéit au plus
Offrant.

L’on finit par
Se
Retrouver ;
Face au reflet
Hypnotique.
Happé,
L’on cherche,
S’approche,
Zoome
Puis dé-.
Cherche encore
Chien avide ;
Affamé
De réponses.
Se retient de
Couler,
Coller au verre,
Perdu entre
Dedans et hors.
Dernier cliché
À bout portant :
Regard hagard,
Qui es-tu ?
Frisson du
Néant
Ironique
Qui traverse
La scène.

L’étranger range
Son rire
En coulisses.
Il ronronne
Nuit et jour.
Et l’on l’oublie.
Lalalalala
Les doigts dans les oreilles.
Jusqu’au prochain
Rencard.
Où l’on
Dérivera
Un instant,
Entourloupé
Dans les impérieuses
Arab-
Esques.
Du miroir.

jeudi 29 novembre 2018

Homme politique et sa pyramide sans pieds

Les mains en pyramide,
Chaque doigt et son jumeau,
L’un contre l’autre
En pulpe,
Fort de leur symétrie
Carrée,
S’élevant au-dessus de
La table,
Survolant,
Planantes,
Sans toucher,
Sans pilier,
Seulement des bras lointains
Incertainement
Déposés sur le bord,
Désappuyés,
Léger point de contact
Glissant
Prêts à
S’enfuir
Au fond des poches.
La pyramide de doigts,
Rassurante,
Ferme et nette,
Mais
L’iceberg s’étend
En-deçà sans limites.
Fondations
Mortes-nées.
Pyramide hypnotique
Et
L’angle aveugle
Le dessous des
Cartes.

L’homme digne politique
Ne se départit
Pas
De sa pyramide
Anti-sorts.
La range quand
Joue au gentil gendre.
La brandit quand
La question fâche.
Il n’est qu’un
Magicien en toc,
Au geste
Éculé,
Aux formules
Décaties,
Circonvolutionneur
Contorsionniste
Ridicule.
Derrière les mains et doigts
Sérieux,
La mine sans vie,
Le corps s’emmêle,
Les pieds jusques aux jambes
Tressés
Pour peu que !
Passés sur la nuque,
Souplesse intrigante
Terreau de toutes
Les folies
Du spectacle.
Imperturbable
Demeure la pyramide de doigts
Au bout des bras
Sans bouger,
Sans toucher
Toujours.
Bientôt,
L’usurpateur sorcier
Se mue
En fakir exotique.
Décolle de toute
Attache
Et
Homme-tronc,
Plié
Comme un papier
Frivole
Crie au miracle
Et
Jesus-Christ.
Mais voilà un nom
Qu’on ne prononce pas
Même si.
Rédempteur
Sauveur
Miséricordieux,
L’homme digne politique
Sorti de son cirque
Éthéré.
Souffle dessus !
Et s’évanouit.
Juste sur ta rétine,
La jolie pyramide.






mardi 27 novembre 2018

Grande cheffe

Elle claque des talons,
Roule sa langue
Poings serrés
L'oeil en flamme.
Elle
Crie
Scie
Visse
et
Martèle
Maçonne.
Toujours bruyante.
Toujours tonnante.
Elle
S'avance
Se prononce
Invective
Montre du doigt.
Elle
ne se démonte
ni ne dévie
ne se défend.
Elle
Assène
Insiste
Gave
Jusqu'au foie
Gras
Nausée.
Toujours braillante.
Toujours taillante.
Elle
Fait trembler
Les timides.
Elle
Horripile
Les francos.
Elle
Eloigne
Les pacifiques.
Ne reste que les
Guerriers,
Amoureux du
Combat en
Armes,
Attaquants désinhibés.

Le soir venu,
Célibataire proclamée,
Elle s'enferme
Seule
et
S'affale en
Lamentin spongieux,
S'imbibe,
Dilate,
Dilue.
Elle
Brouillonne
Titube.
Enfin tranquille
Enfin fragile.
Elle
Joue
Rit
Ronfle
Comme un sonneur
Inconscient.

Demain matin,
Elle sera
Regonflée,
Haute et
Altière
Sur ses échasses
Fatales.
Sans repentir.
Gagner plus vite encore.
Plus gros.
Plus grand.
Sans jamais retourner.

lundi 26 novembre 2018

Confiance, d'entre les morts

Croix sur
L’insolitude.
Barrée.
Deuillée.
Enterrée.
Je et je seule.
Pas vraiment moi.
Mais pas eux
Jamais nous.
Vous tu elles.
Chacun.
Pré carré.
C’est comme ça.
On avait dit que jamais
On ne la dirait
Cette phrase honnie
De connerie sidérale.
Mais elle est tombée en
Couperet
Salvateur.
Arrête les frais.
N’attends pas tant.
Seul et seul.
C’est comme ça.

Tranquille nageant
Dans cette belle
Certitude,
Oui mais voilà
Qu’un jour,
Seul se fait
Insoutenable.
Hurlements intérieurs
Et
Chairs à vif.
L’ultime non-retour
Bravé.
Et sans les mains tu crois ?
Seule et sans appel ?
Parce que tu dis
C’est comme ça ?

Juste à côté,
De moi,
Attend celui qui voudrait
La belle confiance
Morte et
Oubliée.
Il dit que
Si l’on aime,
On ne compte pas.
Sauf que ma tête
Rétorque
Du tac au tac
Que le monde compte tout
Toujours et encore.
Elle tourne
Boucle le
C’est comme ça
Qui jamais ne
Déçoit.
Sauf que ce jour
Où Seule est
Une inhumaine croisade,
Je me mets à
Entendre que si l’on aime
On compte moins.
Alors à mon tour,
Je cesse de compter.
Les nombres
De toute façon
S’emmêlent
Et me trompent.

J’appelle.
J’attrape.
J’agrippe.
Et ses mots
Et ses bras trop forts
Réveillent
D’entre les morts
Ma confiance
Déconfite.
Éberluée,
Elle s’érige
A nouveau
Et éclate de rire
Tonitruante
Et
Conquérante.
Elle s’incline
Pourtant
Devant son
Révéleur.





Immersion

Le sable en pente
Souple
Me porte
Jusqu’à l’eau.
Éthérée,
Limpide,
Et vite,
Gloutonne
Et sombre.
Mes pieds hésitent,
Ruent,
Se retournent
Sous moi,
Je deviens cubiste
En chair et en os.
Les yeux vers l’horizon
Les panards remontent
La grève,
Moulinent dans le vide,
Et la machine se met à
Fumer.
C’est les bras qui
Rament dur
Et rescoussent
La tête droit devant.
Le corps
S’allonge,
Tiré de part et
D’autre.
Élastique fantastique.
Tordue,
Difforme,
Chaque pas est
Un géant
Improbable.
Il peine.
Il plainte.
Il grince.
Il couine.
Il fume encore.
Et encore.
Hoquète.
Mais imperturbable,
Pas après pas.
J’avance.
Je ne sais ni
N’entends
Comment.
L’eau à mi-corps,
Nombril névralgique,
Je stoppe net,
Continuant à
Tourner sur place.
Tout le monde
S’arrête,
Au pied du mur.
Jusque là oui,
Cahin caha.
Mais jusqu’au cou,
Il faudra s’accorder
Et nager de
Conserve ou !
le sable et les eaux se feront
Mouvants.
D’un seul trait,
D’une seule trempe,
Sans guingois
Ni boiterie.
La valse harmonie
De rigueur.
Juste suivre le temps,
Suivre le ton,
Le timbre
Et s’y couler,
Chacun et tous
Pour revenir à
Ne former plus qu’un.
Les pieds renoncent
Et sautent le pas.
Jettent les dés
Et lâchent
Terre ferme et sa
Naïve sécurité.
L’autre,
La vraie
Entière et
Vagabonde
Se fait
Jour,
Téméraire,
Non !
Juste désirante.
L’immersion arrive
Comme un chat.
Pas vu le coup venir
Et zouip je suis
Au coeur du
Rapide
Vire-
voltant.
La tête sur les épaules
Et les pieds
Frétillants.



De tortue en lion : Les Familiers Fantastiques (5)

La grande muraille
De
L’impossible
Se dresse.
Non sans avoir
Fort claironné
Sa venue.
Pas de surgissement
Volcanique.
Elle a poussé
Tout doucement,
Eclôt
Minute après minute
En douce fleur
Empoisonnée.

Elle
Se dresse,
N’étouffe pas,
N’enferme pas,
Armes grossières
Qu’elle dédaigne.
Elle se troue
Même
En filet
Mou
Ajouré,
Dentelle au vent
Tranchante
Castra-
Trice
Perforeuse
Robe flottante
Chantonnante
Aux quatre
Vents.

Tu lui fais
Face,
Malgré toi
Ton désir tirailleur.
Tu sors ta
Carapace
Chauffante
Ronde et
Gironde.
Plus que ta tête et
Tes pattes
À l’air,
L’organique à
Couvert.
En tortue
Digne du nom,
Tu as perdu ta grasse
Vivacité
Charnue.
Sec,
Craquelé,
Sans lèvres
Et sans ourlures,
Imberbe,
Le filet a imprimé
Ses carreaux
Reptiliformes.
Peu à peu,
Même les cinq
Derniers
Bouts
Décarapaçonnés
Se retirent en
Coquille.
Tu refroidis.
Tu désertes le
Monde.
Et tu revis
Sous ton dôme
Bercelant.
Tu souris de
Douceur.
Tu respires
Ralentis
Et
Le calme.

Tout bien
Plié
Au creux,
Ta retraite
Soudain
Touche
Le fond.
Recroquevillé
Au sol des
Mers,
T'es yeux s’ouvrent
Presque
Brutaux.
Et ta tête surgit
De son antre.
Le silence
Abyssal
T’enveloppe
Et dans un aboi
Inaugural
Et grave
Remplit l’espace
Aveugle
Qui t’avait
Recueilli.

La carapace
Tombe.
La mue
D’un claquement de
Doigt,
Féerique
Improbable.
Le sourire élargi,
Le réel se retourne
Comme un gant.
Rapide et sûr,
Entier,
Tout contre toi,
Tu remontes en surface
Et planches au ras
De l’air.
Te voilà de retour
Au jour
Et roi de la
Jungle.

Tout ton corps
T’appartient,
René d’entre les
Mers.
Maître ;
Puissant,
Tu te tapis
Grondes
Sourdement
Et les yeux brillent
Quand les babines
S’enroulent
Et
Tapis rouge
Au défilé de
Crocs
Rapaces.
Les mâchoires se
Tendent
Et avancent
Les
Premières,
Au bout de ton cou
Ambitieux.
Silencieux
Majestueux,
Tu glisses
En muscles ronronnants
Sur
Ta
Proie
Désignée.
La grande muraille
De
L’impossible,
Filet chasseur
Infranchi a
Dispa-
Ru.
Tu l’as même
Oubliée,
Oublié
Et tu brilles
Sans éclat
Impitoyablement
Pourtant.
Recule. Recule !
Assénés-tu à
Cet autre
Qui écarquille
Les mirettes.
Les bras ballants,
Il cherche la tortue
Enfouisseuse
Qu’il combattait
Confiant.
Tu rugis maintenant
Et achèves
Le combat.
Tu as tracé
Ton
Nouveau-né
Territoire.
Tu flambes
De fierté
Et
D’espoir.









vendredi 23 novembre 2018

Tendre hérisson : Les Familiers Fantastiques (4)

Les yeux s’ouvrent
Rond
Ni grand
Ni haut,
Tout rond,
Roule bille,
Les sourcils ^
Ouverts au ciel.
Le nez rondit
Aussi,
Presque s’allonge
Sans Pinocchio,
En pinceau doux
Et petite bulle
Juste tout au bout.
Les lèvres s’ourlent
En-dedans
Et le mince fil se
Tait
Timide.

Sur ce visage
Connu et reconnu
A surgi
Hérisson,
Sans le corps,
Sans les piques
Oh si !
Enroulé sur soi-même,
Comme le petit
Rondouillard
Cochonnet juché
Sur la truffe,
Immobile
Indécis
Le regard questionneur.
À moitié
Enfantin.
À moitié
Faux naïf.
Les angles tous
Gommés.
Tes bras s’ouvrent
En même temps que ses
Yeux
Et enveloppent
A leur tour
La bobine
Rebondie.
On ne résiste pas
A l’art du tendre de
Hérisson.




jeudi 22 novembre 2018

Hyène : Les Familiers Fantastiques (3)

Il est tard,
Chien ou loup,
Ni jour ni nuit,
Dans un coin de couloir.
Elle a fui
Vite
Loin des lumières
Absente au jour.
Elle sort
Quand l’ombre
S’épand.
Imprenable,
Masquée,
Dos rond,
Sans fanfares
Sans rugir,
Elle s’approche
En crabe.
Stratégique,
Brouille les pistes,
Crépuscule,
En douceur
Et puissante.
Air de piétonne
Dans un coin de couloir,
Règne
Dans la tombée des noirs.
Enfin son univers,
Un monde à
Sa mesure,
Déconvenu.
Elle ne règne
Ni ne brille.
Même en nuit
Reste sombre,
De guingois,
Sans fierté.
N’attendez pas qu’elle crie,
Hurle,
Se montre.
Elle est bien assez là
Comme ça.
Mine de rien,
Elle ne joue pas.
Elle ne tourbillonne
Pas.
Elle n’entre dans aucune
Danse.
Elle reste
Etrange,
Interdite,
Pas assez belle,
Pas assez bien
Pour les autres
Effrayés peureux
De sa drôlerie
Dos rond
Inharmonique.
Dans le coin de couloir,
Un clair,
Laisse cingler
Ses crocs
Et claquer
Sa mâchoire.
Fatale.
Éclair de canine,
En cape draculique.
Morsure
Bavure
Impeccables.
Elle rit.
Sans spectacle.
Elle rit.
Elle règne.
En invisible.

lundi 19 novembre 2018

Matin d'étoiles

Matin de nuit,
Noir enveloppé
Etoiles du jour
Endormies
Encore,
Brillent déjà
Dans leur sommeil
D’hiver.
Je trépigne
A ce spectacle
De promesses
De tous ces éclats
En puissance.
Calendrier de l’Avent
Impatiente ;
Tout ouvrir
Sur un coup de tête
Tant attendu
Chéri
Et libérer
Réveiller
Les allumeuses
En dodo.
Le jour éclaboussera
Multicolore lumineuses.


samedi 17 novembre 2018

Trapézistes du monde

Soupape
Soupire
Soupèse.
Les yeux en-dedans.

Eclaire
Éclate
Éclipse.
Les yeux tout dehors.

Fouille
Fouine
Flaire.
Les yeux tout au fond.

Crie
Créé
Croit.
Les yeux de mille feux.

Pense
Panse
Pense.
Les yeux enroulés.

Chante
Chasse
Chance.
Les yeux dévoilés.

A la lisière des mondes.
Plongés, s'envolent.
Les yeux roulent
Toutes les bosses.
Invisibles profondeurs.
Spectaculaires voltiges.
Trapézistes innés.



Les familiers fantastiques (2)

Loin de toutes les terres fermes,
Les globules à fleur d’eau,
Je surnage
Juste en-dessous
Juste sous le zéro
Du bord.
Sous le zéro
Du sable,
Du sol le plus bas.
Juste les yeux
Dépassent
Mais le reste
Se cache.
Je prends mille
Précautions pour ne
Pas toucher terre.
Pas rêveuse non.
Je m’enfonce
Dans l’eau tranquille
Jusqu’aux pupilles
Alertes.
Je sens par moments
Les écailles
Et le long corps
Rocailleux
Me prendre.
Ma mâchoire se fait
Puissante.
Mes yeux brillent.
A l’abri de mon eau,
Je suis invulnérable.
Je suis mon propre
Gardien
Armée aux dents,
Le sang froid.

Loin des terres fermes,
Je n’ai plus peur.


mercredi 7 novembre 2018

Les familiers fantastiques (1)

Comme un chat
Il féline
Habilement,
Trace son pas
À sa patte,
Sans queue ni
Tête,
Rien d’humaine.
Il faufile
Le monde
Son propre texte
Et ses
Noeuds.
Je le chasse.
Tu le suis.
Toujours à cours.
Il a l’échec et mat
Et quatre coups
D’avance.

La danse
Du chat-faufile.

Tu l’aperçois au coin
De rue,
Une patte velue
Mais sans
Moustache.
Un bout de crâne
Chauve comme un œuf.
Tu tressailles
Et te tais,
Bouche bée.
Tu te lances
Trop tard
Entre les murs.

La danse
Du chat-chauveux.

Je le vois
Couler
Dans les yeux
De l’ami bleu
D’horizon.
Les fentes
Couleuvrent
Ses iris.
Je le secoue
Brutal,
Trop tard,
Jeu de la porte
Et son plafond,
Glisse le
Siffleur
Oreilles pointues.

La danse
Du chat-serpente.

Chacun
Croise sa route,
Chaque jour
En éclair,
Chat-monstre
Chimère
Chimie d’alambique,
Faune,
Fileur
Filant.
L’insaisissable
Fabuleux
Animal
Omnivère
Vivipore
Mammifare,
Fantasque
Stratège.





mardi 6 novembre 2018

La déferlante

Les lèvres serrées pour
Ne rien vomir.
Ne rien trahir.
Tous les mots butent
Bien en amont
Du fond des
Gorges.
La poitrine
Brûle,
Prévisible,
Les mots encore une fois
Hébétés
Restent
Indésirables.
Ils sont priés,
Appelés de tous vœux,
Ils se jettent
Émerveillés
A nouveau
Dans la mêlée,
Ils sont des millions,
Toujours plus
Au rendez-vous.
Ils butent contre
La gorge
Infrangible.
La déferlante
Stoppe net,
Cognée de plein fouet.
Ils s’entregardent,
Encore n’entendent pas,
Les clairons ont
Sonné ;
Ils n’ont pas droit de
Cité.
Ni les uns plus que d’autres.
Tous les mots sont
Saqués.
Appelés fanfaronnés
Puis
Enthousiastes ne font qu’un
Fichés sec.

Ils grondent
Depuis quelque
Temps.

En gorge
Face à ?
Miroités ?
Étourdis ?
Le cul par terre.
Ils ne sont face à
Rien.
Rien,
Un rien,
Deux riens,
Trois riens,
Dansons la capucine !
Juste
Interdits,
Appelés aussitôt
Réformés.

Mais les années
Énervent
La masse des mots.
La révolte
Roule
Et
Affrontera
La gorge
Sans fond
Ni tours.
Ils jetteront
Leurs forces
Tout en avant
Et
Se répandront
Sans pudeur.
Criards s’il le faut,
Aux airs de fous,
Qu’à cela ne tienne !
Sales,
Asociaux,
Ou
Simples,
Peut-être,
Témoins d’un
Silence
Stupéfiant de
Bêtise.
Un rien
Automatique
Qui décennies durant
A cru
Son pouvoir
Implacable.

La déferlante
Aujourd’hui même
Te hurlera
Ses sens.
Les mots
Révolutionnent.

Prêts depuis dix mille
Lunes...
Partez !










samedi 3 novembre 2018

Olivier Liron, Einstein, le sexe et moi - Alma Editeur

Un Question Pour Un Champion sautillant, comique, déluré même. L'arbre qui cache la forêt du passé. Olivier Liron dans son roman Einstein, le sexe et moi nous entraîne dans un cerveau et tout un être pas comme les autres. Voyage au coeur d'un intrépide "anormal".
 
        Olivier est un concurrent dangereux pour ses adversaires dans ce fameux Question Pour Un Champion qu'il dispute ce dimanche après déjà plusieurs victoires. Le jour J, l'attente, les diverses prises, les différentes épreuves se succèdent. Et Olivier nous les décrit par le menu. Toujours optant pour un second degré comique, il met en scène véritablement le jeu qui se déroule, les larmes de l'une, les encouragements de l'autre à son égard, la frustration changée en sadisme du perdant qui opère sa remontada. Nous sommes immergés dans ce microcosme qui peu à peu nous semble moins comique et plutôt très humain. Grand classique des mouvements du groupe humain. Une danse, des clans, des oui et des non, un leader extatique ou tranchant. Le personnage de Julien Lepers est particulièrement affiné et ne peut nous laisser de marbre.
La malveillance n'est pas de mise ici. Il s'agit de dévoiler le comique de tout un chacun et c'est un succès. Cela donnerait envie de participerait à un QPUC une fois dans sa vie. Oups pardon ! il faut tout de même être une encyclopédie ambulante. L'incongruité des questions et de leurs réponses, auxquelles rarement nous pouvons répondre ajoute encore à l'humour qui traverse ce roman.
     Nous avons donc là un axe de récit du genre bouffon, dans tous les sens du terme. Et cela n'est pas sans nous rappeler (cela n'est peut-être qu'une subjectivité isolée qui entrevoit ce parallèle, cela n'empêche en rien d'avoir envie de la partager n'est-ce pas ?), le dernier roman de Jérôme Ferrari, A son image ( Editions Actes Sud). Vous me direz que Mais précisément cela semble être tout le contraire ! Quel rapprochement peut bien valor d'etre écrit ici ? Eh bien, c'est cette trame narrative qui sous-tend en permanence le récit,  laquelle on revient quand il le faut, dont on s'éloigne quand on le peut. Mais en effet, il y a d'un côté la trame d'un requiem, de l'autre celle d'un jeu télévisé. Les trésors d'incongruité de l'esprit n'ont pas de limite. Toujours est-il que l'on peut voir dans ce roman un cousin comique et farfelu à celui de Jérôme Ferrari. Espérant ne choquer personne car bien au contraire, il semble important de pouvoir faire se cogner ceux qui se distinguent tant. Une petite iu une grande magie en ressort souvent.

       Au cours du récit, on ne peut nier que l'exagération comique est à tous les rendez-vous. Certes mais au bout d'une centaine de pages, ne se demande-t-on pas s'il est véritablement question d'exagération ?  Derrière cette dernière, nous revenons au bouffon cité ci-dessus, une réalité émotionnelle se dessine. Sinon, l'on ne rirait pas. Une espèce de tragi-comique digne d'une pièce de théâtre voilà ! Nous sommes par moments tout simplement au théâtre. Ave toutes ses ficelles et ses finesses.
       Cependant, il y a les apartés. Il y a ces arrêts sur image. Le temps s'étire alors et le jeu est sur pause. Il y a donc des allers-retours, des changements de rythme sans pitié pour le lecteur qui doit redémarrer en trombe quand le jeu recommence et ne pas contineur de courir quand le souvenir s'invite. En effet, Olivier nous raconte ses souvenirs de famille, d'école etc., dans l'ensemble exactement non-comiques. De fait, ils tranchent dans le vif et le lecteur ouvert et confiant assiste à de vieilles douleurs surgissant comme des sorcières de leur placard. Et nul besoin pour le narrateur de le préciser pour savoir que l'empreinte est indélébile. Ces incartades dramatiques sont racontées en faits. Elles ne sont pas l'occasion d'écrire une émotion réelle. Mais bien davantage celle d'en ressentir une. Olivier Liron parvient à susciter une émotion qu'il ne dit pas. Sans doute parce que tout cela est brûlant d'authenticité.
       Le narrateur qui mène cette danse hachée Parle de la norme, du diktat maltraitant de la norme, du "pouvoir hideux et haineux de la norme"(p. 63). La norme de laquelle il ne fait partie en rien. La norme qui lui vaut violences et négligences. La colère se change en rage de vaincre le fameux Super Champion de QPUC. Elle est bien là, tapie et le doigt sur la bouche pour ne pas être reconnue. Mais dans le souvenir, elle voudrait déchiqueter, mordre, briser jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Il y a l'adolescence, l'apprivoisement de soi-même, la légitimité à être. Cette justesse terrifiante avec laquelle il l'écrit : "Je couchais toutes les nuits avec la tristesse d'exister.
Je n'avais pas le droit d'exister."(p.168)
Et la poésie qui sauve. Classique ? Oui. Non moins émouvante dans ce récit tout sauf mélodramatique rose layette à pompons. Et l'écriture dont on entend peu de choses mais quelques phrases qui se glissent loin en soi  "le déclenchement de l'écriture est lié à la sensation intime de l'horreur." (p.59)

         Olivier nous fait entrer dans le fonctionement de sa machine à penser, dans ses secrets, ses rythmes, se savoirs, ses ignorances, ses doutes sans aucune limite, ses questions, ses douleurs, et sa rage de mordre (au sens propre) celui qui blesse. Ce regard d'adulte encore meurtri qui ose l'assumer, les blessures d'enfant jamais guéries. C'est du passé ? Très peu pour lui. Et pourtant, le roman est drôle, rafraîchissant et le héros tout sauf aigri. Il cherche sa revanche là où il peut la trouver. 
Nous sommes sur le fil entre réel et irréel. Mais au final l'on n'a pas, je crois, réellement envie de savoir ce qu'il en est. Ce roman nous parle de nos rouages, de nos secrets et de notre rage à vivre malgré tout, en commençant par rire sans cruauté des autres et de nous-mêmes. Rire, penser, et y gagner.


Olivier Liron, Einstein, le sexe et moi - Alma Editeur - 9782362792878 - 18 Euros