jeudi 31 mai 2018

Tatiana de Rosnay, Sentinelle de la pluie, Editions Heloise d'Ormesson

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https://www.actualitte.com/article/livres/sentinelle-de-la-pluie-comme-un-air-de-fin-du-monde/89134

Dangereuse normopathie : les fous sont nos sauveurs

      Vous êtes dans le bus. Vous ne prenez pas le bus, qu'à cela ne tienne, vous marchez dans la rue. Vous marchez bien dans la rue quand même ? Bon, de toute façon, dans n'importe quel lieu public, vous avez vécu cette situation. J'avoue, je la trouve davantage choquante dans un bus, dans le métro. Dans un transport en commun où précisément tout le monde ou presque, à Paris notamment, se mélange. C'est une utopie ! me tancerez-vous, la mixité sociale n'existe pas. Je ne peux pas honnêtement affirmer le contraire mais il me semble que le bus et le métro sont parmi les plus gros terrains de mixité. 
Mixité sociale ? Pas vraiment. Je parle plutôt de mixité psychique. C'est une invention absurde et blablabla puisque nous sommes tous différents et que la mixité est nécessairement de mise. Oui merci bien. Mais sans mettre des gens dans des cases, restent des différences plus ou moins importantes et parfois le pas est grand. J'en viens au fait : la mixité psychique, c'est celle qui n'existe pas, absolument pas dans ce pays, je n'ai pas peur de dire non non et non à la française. Il me semble que la cause en vaut la peine. 
Qui n'a pas vu la foule s'écarter au passage d'une femme ou d'un homme parlant tout seul ? Personne. Tout le monde a assisté à ce spectacle de l'intolérance humaine où un pair, inoffensif, calme, sans aucun signe d'agressivité, parle à son monde, le sien propre impartageable, et se voit entouré d'une immense cercle de vide et de silence. Les regards deviennent méfiants, hautains souvent. Pas seulement incompréhensifs, ce qui s'entend tout à fait. Voilà quelque chose que pour la plupart d'entre nous, nous ne connaissons pas. Ne pas connaître ne voulant bien entendu pas dire ne pas comprendre n'est-ce pas ? Encore faut-il en avoir envie. Cette femme, cet homme, est étrange, elle parle seule, il fait même des gestes, ils sont en grande conversation avec l'invisible. Parfois, leur colère ou leur émotion qui nous semblent solitaires mais qui ne l'est pas dans leur réalité, effraie. Mais au fond, je crois que ce n'est qu'un moyen d'éviter d'avouer le vrai problème. Ce n'est pas l'émotion ou l'agressivité qui fait peur. C'est ce qu'on nomme communément la folie. 
Croyez-vous vraiment, en toute conscience, qu'elle ou il ne se rend pas compte de ce vide qui s'installe autour de lui, partout où il passe ? Croyez-vous vraiment qu'il soit si fou qu'il ne s'en rende pas compte ? Non, vous savez tout comme moi qu'elle et il le savent et le ressentent même encore plus fort que chacun d'entre nous, soi-disant normaux. Mais ils vivent avec ce putain de vide autour d'eux, cette solitude, cette exclusion psychique, n'ayons pas peur du mot ! Ils en ont l'habitude et peut-être qu'ils trouvent cela préférable à la violence qu'ils pourraient craindre à leur égard. Car la bienveillance, ils en ont fait leur deuil.
N'est-il pas révoltant de constater que certains d'entre nous, du fait de leur différence psychique, souffrante, terriblement douloureuse, se voient en outre mis au ban de la société ? N'est-il pas révoltant de voir que de nombreux individus de cette société qui parlent tant de protéger les vulnérables, dans une intention on ne peut plus louable, décuplent le calvaire des fous ? 
Fous oui, j'ai bien dit fous. Car fou n'est pas une insulte. Fou est hors norme. Fou ouvre tous les horizons interdits. Fou est drôle. Fou est un implacable miroir. Fou casse les codes. Fou invente et crée. Et qui peut assurer qu'il n'est en rien fou ? Qui ? Qui osera cela ? Les plus malhonnêtes sans aucun doute.
Et donc, nous voilà à torturer les malades ? N'est-ce pas immoral ? Nous si prudes, si incapables d'avouer les choses comme elles le sont : le gros est gros, le fou est fou. Et après Mesdames Messieurs ? Et après ? Ce ne sont que des faits. Le jugement est dans notre tête. Pas dans les mots. N'accusons pas les mots à tort. Ils ne sont que des outils de l'esprit dont chacun fait son miel. Nous sommes responsables de nos mots. Eux ne sont responsables de rien. Nous les colorons de ce que nous voulons. c'est humain. Mais n'allons pas les accuser de décrire ce qui est. Je disais donc, le fou est fou. Bien. Il a droit à tout notre respect. Tout autant que n'importe qui. Une banalité ? Une énorme évidence ? J'enfonce des portes ouvertes ? Non je ne crois pas. Souvenez-vous maintenant de ces moments où le vide s'est fait autour de cette femme ou cet homme qui parle tout seul. Et vous revoyez l'image, vous fermez les yeux. Et vous vous apercevez avec horreur que c'est elle, c'est lui qui sont rongés d'angoisse. Bien plus que vous. Ce n'est pas notre peur. C'est la sienne. Alors ne la condamnons pas alors qu'elle le harcèle comme jamais nous ne pourrons l'imaginer.
Je parle ici plus précisément des femmes et hommes dits psychotiques. Ceux qui doivent vivre avec un univers parallèle en eux. Pas ceux qui se nourrissent de la douleur de l'autre. Voilà un autre problème que nous aborderons plus tard. Il s'agit là des Envahis. Vous me direz que chacun peut être un Envahi. Et je vous répondrai que tout à fait ! Chacun peut être un Envahi. Chacun est un fou en puissance. Un fou qui s'ignore. Et tant mieux. Cependant, nous avons la chance folle que nous ne goûtons pas assez de ne pas être des Grands Envahis. Nous sommes des Moyens ou Petits voire Minus Envahis. Nous devrions remercier nos dieux, la vie, le sort, la nature, qui nous voulons, ce qui  nous plaît de n'être pas des Grands. Au lieu de cela, souvent l'on entend dire "les schizophrènes sont dangereux". Ce sont eux qui payent le plus cher le tribut du fou. Seraient-ils coupables de schizophrénie ? A en croire certaines paroles, peut-être... Que l'on cesse enfin d'affirmer cette énormité. Ou que l'on finisse la phrase : les schizophrènes sont très dangereux en effet, mais pour eux-mêmes bien plus que pour n'importe qui d'autre. Bien sûr, ceux qu'on case ainsi dans le clan des fous dangereux, au même titre que les psychopathes, peuvent agir avec violence. C'est indéniable. Et nous donc ? Impossible ? Nous sommes des agneaux de douceur ? La logique n'est pas la même. Mais la violence n'est-elle pas comparable ? Pas toujours, il est vrai. Mais parfois tout à fait. C'est surtout que nous ne cherchons pas à la comprendre et qu'en cela, elle nous fait peur. Alors mieux vaut exclure qu'admettre que l'on a peur parce que l'on ne comprend pas. Un nombre considérable de femmes et d'hommes au diagnostic de schizophrénie se suicident. Voilà la réalité de cette violence. Voilà la plus grande dangerosité qu'il encourt. 
Une question se pose : cette exclusion psychique qui anime notre corps social ne concourt-elle pas à augmenter le taux de suicide ? N'avons-nous pas notre responsabilité dans le passage à l'acte ? Peut-être, peut-être pas. Mais il est certain qu'il vaudrait la peine d'essayer d'accueillir ces pairs et d'en prendre soin pour tenter d'apaiser leur douleur. Et non de les en accuser, implicitement. Qui sait si cela n'aurait pas un effet bénéfique pour chacun d'entre nous. Tous autant que nous sommes et pas de Eux et Nous. Pas de mur d'enceinte, de cercle de vide et de solitude pour quiconque. 
Combien plus riches et plus sereins serions-nous de cette tolérance !




mardi 29 mai 2018

Un esprit noir dans un corps blanc

Blanche comme un linge,
un peu sale,
pas tout à fait
immaculée,
mais blanche
comme le Caucase,
paraît-il,
pourquoi lui et pas
les Alpes
ou autres,
l'administration dit blanc = Caucase,
bien Chef !
oui Chef !

Blanche,
pleine de taches,
c'est salissant n'est-ce pas ?
et pourtant
l'impression chevillée
au corps d'être
d'Afrique.
L'impression
d'être d'un de ces milliers de
peuples
noirs.
Je me reconnais
en lui,
en elle,
en eux,
je me résonne,
je sonne quand
je les vois
comme si des frères.
Depuis toujours,
sans en comprendre
un traître sens,
je me sens africaine,
à peau d'ébène.
Je ne suis rien de
là-bas,
ni la tête ni le corps,
on me rirait au nez,
je me garde d'en dire
quoi que ce,
mais
un esprit noir
m'habite
et 
m'apaise.
Il est plus calme
que tout ce que je suis.
Plus clair.
Plus franc.
Plus sûr.
J'ai une totale confiance
en lui.
Je le crois
mon origine
reine,
pleine,
seine.
Comme Paris me berce et
renoue mon nid
quand
les étoiles filent
trop.
L'esprit noir
Africain d'ancre
immigré parisien
aussi,
vit en moi
et protège
la blanche
nerveuse et
ombrageuse.
L'esprit noir brille.
Nounou,
ma Nounou,
Est-ce toi ?



lundi 28 mai 2018

Non non et non à la française

      Je ne suis que française, je ne parle que de ce pays que je connais bien, de cette culture du non et du pas content. Il n'y a pas que cela, d'accord, il y a aussi le fromage. C'est indéniable. Le vin mais personnellement, je m'en balance. L'on se félicite de ces Non Non et Non, l'on s'en gargarise parfois. Lutter, se révolter, toujours se battre. De belles valeurs en soi. Cela a sans aucun doute sa valeur et son charme, surtout quand l'on se bat pour et non contre. C
e Non Non Non fait partie intégrante de l'identité de notre culture et tellement ancré que nous omettons souvent de nous en rappeler. C'est en voyageant ou en parlant avec des étrangers que cette lumière nous saute aux yeux.  
Lutter pour un toujours mieux, évidemment. Encore qu'il vaille parfois mieux être seulement patient, semble-t-il. La patience n'est pas la qualité la mieux partagée au sein du genre humain et surtout en ces jours de grande célérité. Seulement patient et ne pas agir. Etre réduit à l'impuissance ? Non, laisser la force du temps agir n'est pas l'impuissance. Mais se savoir petit-potent.

      Toujours est-il que, parfois, ce Non est révoltant d'injustice et de bêtise. A se demander si la crise négative des enfants de 2-3 ans. On se le demande, l'on s'énerve. Mais surtout quel frein ! En voulant, croyant avancer, empêcher les reculades, on les nourrit. On dit non à tout ce qui change. On n'est pourtant pas du tout content, ah ça non ! Il y a de quoi être en colère. La vie est une pute et voilà tout. L'on peut être en colère de tout et de tout le monde. Mais quelles sont les colères utiles ? Battons-nous pour les choses qui sont et non celles qui pourraient être mais qui font trop peur. Nous avons peur. Peur d'essayer et de nous tromper. Tes erreurs sont des taches qui s'accrochent à toi comme des morpions et personne ne pense à te les voir transformer. Sauf si tu arrives à faire accuser un autre. Voilà l'énorme béance de cette culture : se tromper est une petite mort et pas une qui fait jouir, pas du tout. Et au fond, personne ne veut dire qu'il a peur, qu'il est terrifié, par ça, par le reste, personne n'a le courage de dire qu'il a peur. La honte que de parler de sa peur. Avoir peur serait donc une lâcheté ? Mais bien sûr voyons ! Ah... Ne serait-ce pas une simple donnée incontournable de l'humain ? Non non non ,criera haut et fort le Français qui brandit son bon mot. Une fois trouvé, on ne s'en sépare plus.
        Ce pays est craintif, obsessionnel, toujours prudent. (Il a des beautés, évidemment mais ce n'est pas ici qu'il s'agit d'en parler. Je suis français et je dis aussi Non Non Non !) Je ne parle en aucun cas des personnalités politiques qui vont et viennent, valsent et calculent tous leurs pas, puis tombent dans l'oubli jusqu'à ce qu'un procès réveille leur notoriété d'antan. Tout comme du vin, je m'en fous comme d'une guigne. Je parle des gens de ce pays.
On entend que rien ne va, que tout est pire qu'avant, que tout part à vau-l'eau (l'expression désuète est de mise de temps en temps, elle allège toujours l'atmosphère), que les autres font mieux, que les gens sont des cons. Qui n'entend pas cela tous les jours au moins une fois ? Si vous êtes de ceux qui ne l'entendent pas, vous êtes un chanceux. Ou vous avez le cul bordé de nouilles ou vous vivez dans un temple bouddhiste. Le monde à la française est une voie sans issue et le mur se rapproche davantage chaque jour. C'est à se flinguer ! on s'étonne que les gens se suicident. Au-delà du fait que la vie est une pute et qu'1% de la population est schizophrène et torturée à longueur de journée par son propre esprit, toutes ces idées noires ne donnent pas envie de vivre. De se battre oui. Mais de se battre contre. Pourquoi pas pour ?
On a souvent peut-être moins aujourd'hui cette espèce de condescendance pour l'optimisme américain, étatsunien plus précisément. Mais pourquoi donc ? Parce qu'il serait naïf enfin ! bien sûr. Ils croient ces gens-là que les choses s'arrangent, se muent en ce dont on rêve parfois. Ils y croient ces gros naïfs ! Rororo quels lourdauds ! Il est donc plus subtil, et ô combien intellectuel de douter de tout toujours et tout le temps, tellement plus smart, n'est-ce pas ? La résultante en est que même en soi-même on n'a pas confiance. Il y a en France comme deux sortes de personnes. Les catégories sont toujours restrictives et infidèles et surtout s'il n'y en a que deux, manichéennes, mais je plonge dans le piège, tant pis pour moi : il y a ceux qui doutent sans cesse, très souvent ou souvent, d'eux-mêmes en premier lieu. Il y a de l'autre côté, ceux qui se pavanent et ne croient qu'en eux. A choisir, les premiers sont en général moins désagréables quoique ! attention à la fausse assurance, terriblement répandue pour conjurer ce Non Non Non ou le soutenir pour croire à quelque chose.
Revenons à nos moutons qui ne sont pas si loin finalement. Il ne faut pas dans ce pays être optimiste. Etre intelligent et respectable revient à dire que tout va mal et que la méfiance est de mise. Sans paranoïa folle, comme certains autres ouh la la, toujours les mêmes d'ailleurs qu'on accuse d'une chose et son contraire. Attention donc à tout optimisme de masse ! Prenez garde à l'excès de confiance ! Méfiez-vous du philanthrope pour peu qu'il ait de l'argent ! L'argent est signe de pouvoir maléfique, inévitablement ! l'arme du diable ! D'ailleurs, la manipulation est partout ! Marchez à pas de loup. Mais enfin bien sûr que la manipulation est partout. Cela s'appelle le code social. Ou la stratégie et c'est une grande qualité dans la dynamique psychique, d'une grande aide pour survivre. Qui échappe, qui ose croire qu'il échappe à la manipulation ? Mais il n'en est pas pour autant besoin de se méfier de tout. Parce qu'alors oui, tout est source de méfiance et soi-même, son corps, ses rêves, ses désirs les premiers.
Que ce pays cesse de dire Non à ce qui l'apaiserait. Non à toutes les insupportables injustices que la vie implique, c'est ainsi que l'espèce survit sans doute. Mais pas de Non à la confiance réfléchie et bienfaisante. Un peu de bienveillance mesdames et Messieurs les Français ! Pardi !






Vaincre et mourir vivant

Le désir de
Vaincre
Sans abattre,
Vaincre
Sans à-bas !
Sans ébats
Sinon de joie,
De jouir,
Vaincre
Avec fougue
Et fracas,
Franchise
Et folie,
Froufrous
Et frissons.
Bien sûr avec
Violence,
Violence de la survie,
Bien sûr
Évidemment,
Vivre est violent,
Et tout y est-il à jeter ?
Colère
Rage
Désespoir
Sont  aussi
Une puissance,
Donnons-leur le nom que l’on
Préfère
Pour ne pas les
Frémir
Et Les empoigner
Au contraire
Pour vaincre
Les peurs et
Les sourdes
Hontes.
La victoire est une
Immense
Lutte pour la vie,
Pour le sens,
Pour ne pas
Se
Soi
Perdre,
Inutile.
L’inutile
Pend au nez,
L’inutile qu’au fond
Nous sommes
Tous,
Passagers
Furtifs.
Mais au moins
Vaincre
Le temps d’une vie
Pour le plaisir,
Pour se croire
Fort
Et
Mourir
Repus.

samedi 26 mai 2018

Et la fête suspendue

ces soirs,
en grappe,
en fête,

une puissante main vous
pousse hors du
cercle,
la paume en plein
sternum,
le corps s'enroulant
autour de l'impact
thoracique ;
écarté,
forcé de
regarder
et
d'écouter
les grappes et
leur drôle de
sève.
elle n'est drôle que
de prime
abord,
mais la distance
se creuse
et le main repousseuse
devient poing rencoigneur,
le corps s'éloigne
de plus en
plus,
il se replie
encore autour
de
la droite
ferme en pleine
panse.
L'esprit prend
l'ironie
et
la cène
tant attendue
devient
spectacle
risible,
codée de bout en bout
insensée,
débilitée.
les grappes d'humains
suivent des
courbes
et
flux
avinés
attendus,
joués,
mais le plaisir est
indéniable.
sauf l'exfiltré
espion malgré lui
de ses
pairs
chéris
aimés
qu'il ne faudrait
ni regarder
ni penser.
juste vivre
à côté.
mais quand les grappes
rappliquent,
l'éjection
s'ensuit
inéluctablement
toujours cruelle
invisible.
et puis,
il faut laisser tomber
le coup,
se relever et
replonger
tout contre
les grappes,
plus sûr d'en élire
une
et s'y fondre
car le poing encoigneur
n'aura pas
brèche
et l'on pourra
juste
fermer le sens
unique
enfant gâté
moi tout seul,
braqueur
violeur
des plaisirs
en grappe.
resserrez les rangs
et flottez les sens.
le bain
reprendra
sans amer.





vendredi 25 mai 2018

jeudi 24 mai 2018

Parfum d'orgasme

Sans cri de guerre,
Sans flash ni couleur
Non plus,
Sans les yeux et les oreilles
Tours infaillibles de
Contrôle,
Maîtrise de
L’environnement
Check !,
L’odeur
Jaillit.
Le nez s’emplit
D’un parfum
Qui n’a pas de nom,
Dont personne ne
Le cherche
D’ailleurs,
Il reste
Libre,
Volage,
Absolument sensuel.
Il réveille le corps,
Il donne envie
Encore et encore,
Il fait clore les
Paupières
Pour ne pas s’envoler,
Et jouir
Jouir
Jouir.
Personne ne doit
Parler,
Personne ne doit
Toucher.
Allez-vous-en
Tous autant que vous
Êtes !
Je ne veux qu’aspirer ce parfum
Qui existe
Ou pas.
Peu m’importe.
Désir et plaisir
Lui
M’enveloppent
Jusqu’à l’orgasme.
Une simple effluve,
Traversante,
Vibrante,
Les narines sur le vif.
Les bruits
Et les images
Deviennent
De simples
Valets
De pied
De ces ineffables
Particules
Enivrantes.
Alcool,
Corps en chaleur,
Chocolat,
Murmures charnels,
Rien n’est besoin.
Le parfum
Sans plus ni moins,
Tel quel,
Sans relatif
Ferait gémir
La plus frigide
Et impuissante
Des créatures
Humaines.
Elle règne
Quelques instants,
Réconcilie
Tête et jambes,
Je ne suis qu’un,
Je ne suis qu’une.
Je suis entière
Et je jouis
Seule
Sans un mot,
Sans film,
Sans musique,
Sans un geste.
L’orgasme
Proustien,
Toute la vie
En une
Seconde.
Les entrailles s’ouvrent
Vers l’histoire
Et l’avenir.
Descartes se
Tait,
S’efface évidemment,
Et
La transe
Tournoie
Jusqu’à l acmé.

mardi 22 mai 2018

Colère

La peur
et puis
la rage
et puis
la haine
et puis
les mots
pour toujours
plus jamais.

Se taire
et puis
ronger
et puis
hurler
et puis 
promettre
pour toujours
plus jamais.

L'immense colère
qui
n'a pas
de fin,
inextinguible
faim,
vorace,
pugnace
comme aucun
autre.
Les poings
doivent
apprendre à
se délier,
la langue
et
le coeur
et puis,
peur
haine
rage
cris
se feront
les plus sûrs
pour ne
jamais
et pour
toujours
plus beau
plus tendre.


Lloris Murail, L'horloge de l'Apocalypse, Editions Pocket Jeunesse


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https://www.actualitte.com/article/livres/l-humanite-est-a-elle-meme-son-pire-ennemi/88962

lundi 21 mai 2018

Grandir jusqu'advenir enfant

Jeune trop vieille,
Vieille trop jeune,
A peine poussée
Adultomorphe ;
Trois décennies,
Enfin enfant.

Non pas enfante
Ou alors
Enfante
De moi-même.
Petite fille grave,
Inquiète trop sage,
Écartée d’une baffe,
N’importe qui,
Tout s’avalait
Puisqu’il fallait
Bien
Beau
Bon
Et encore !
Jamais assez.

Adulte,
Toujours plus
Libre
Il ne faut que
Rien
Faux
Con
Et en rire !
Jamais assez non
D’en rire,
De se tromper,
Humaine,
Etrange,
Unique,
Obscure,
Même louche.
Et
Enfin enfant
Faire cesser
Le sérieux
Le silence
Le sacré.
Crier trop fort,
Rire de tout,
De tout quitte à
Choquer
Les bien-pensants
Soi-disant tolérants.
La vraie tolérance
Est d’en rire,
Passer pour folle
Et fuck vos bouches en
Cul-de-poule.

Elle ne grandira donc jamais !
Mais si bien sûr !
Elle grandit à l’envers.
A contre-temps ma chère,
Ce ne sont point des manières.
Précisément !
Point de manières
Madame,
Mais ma manière,
Celle qui ne tient que
Dans ma
Main.


mardi 15 mai 2018

Claire Messud, Une fille qui brûle, Editions Gallimard


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https://www.actualitte.com/article/livres/une-fille-qui-brule-quand-une-amitie-part-en-cendres/88843

Et simplicité fut

Et puis un jour,
une simplicité
suffit.
D'un coup d'un seul,
les épaules s'allègent.
Le sens
se suffit à
une seule
simplicité.
L'on croyait
sûr de sûr
plus que certain
que
poly multi myriade
pour que sémie se
fasse.
Vaine peine,
poids fou,
une chose à la fois
et sens se fait.
L'on s'était fait
âne de bât
sans chantage,
juste à la force
de l'esprit
saint
sein
mais sauf
vif
mais féroce,
l'esprit à la cadence
infernale,
implacable,
siphonné
à coups d'
encore
sans cesse
jusqu'à la mort
à la laisse.
L'esprit furieux
qui tonne
en silence
son diktat
de
toujours plus,
seuls poly multi myriade
font sens.
Simplicité
est stupide
imbécile
tout sourire.
Simplicité est un piège.
Simplicité sonne faux.
Simplisme est
l'ennemi d'
Esprit.
Mais...
Non non non
je sais ce que je dis,
cherchez encore encore encore,
ne vous arrêtez pas,
jamais,
même en dormant,
le sens est
énorme.
Jamais
il ne folâtre
léger.
Sentez sa
lourdeur
bienfaisante.
En réalité,
le piège est là,
bel esprit
arrogant
inhumain.
Simplicité
fait sens
si tu daignes
ne pas te
cacher
derrière mille signes.

lundi 14 mai 2018

C 'est pas juste !

L’enfant pleure :
C’est pas juste !
Puis,
Il n’osera plus ces mots
Mais bien plutôt :
C’est dégueulasse !
La colère s’apaisera
Pour certains,
Pas pour tous.
L’adulte qui se croit digne
Répétera a l’envi :
C’est moche mais c’est comme ça.
Quelques rares poursuivront :
Révoltant !
Parce que sinon,
Ils ne supporteraient
Pas.

A l’enfant,
L’on explique,
Il ne prend que câlin,
Les mots sont creux
Quand c’est pas juste.
L’ado se fera
Taire,
Pour cause de
Malpoli.
La vraie raison est
Qu’on ne sait pas
Quoi.
L’adulte n’attend
Plus de
Réponse.
Il sait
Désormais
Que celle qu’on
Aurait dû
Dès le début
N’est autre que :
La vie est injuste et bats-toi si tu le veux contre le vent.
A l’enfant déjà,
On pourrait mais
Non non non
Il doit croire.
L’enfant croit-il vraiment ?
Il sait déjà,
L’adulte croit pour lui,
Il pleure
Il sait déjà
Que si
L’on disait tout,
Il entendrait :
Bien sûr que c’est pas juste !
Rien n’est.
Cesse d’y croire.
Tout de suite.
Tu t’éviteras bien des
Malheurs.
C’est pas juste !
Non c’est pas juste !
Cherche autre chose
Ou
Saute maintenant.
Le vide est là.
On ne le dit pas,
Mon Dieu quelle cruauté !
C’est ignoble !
Mais l’enfant sait
Déjà.
Que croyez-vous
Adultes naïfs ?
Que l’enfant,
Même pas ne parlons de
L’ado,
Est un idiot pareil ?

C’est une fois grands et sages
Que nous commençons
D’avoir foi.
Mais une sale image
Et la plaie s’ouvre.
Détournons les yeux.
Il vaut bien mieux.
Maman c’est pas juste !
Ne dis pas ça,
J’y cesserai moi-même de
Croire.
Ça va passer chéri.
L’énorme et louable
Mensonge.

samedi 12 mai 2018

Héroïne en naissance : tu seras mon trésor

Elle est floue loin
A l’horizon,
Elle va et vient
Sur une plage
Exotique,
Une plage qui me fait
Rêver,
Qui me fait
Plaisir
Rien qu’à l’imaginer,
Pas le paradis pur,
Mais une forme de mon
Paradis.
Toute ma liberté
S'y niche.
Elle se rapproche,
Elle se dessine.
Elle ne prend pas encore
Vraie vie.
Mais elles rend
Forme.
Un esprit
D’abord
Puis
Un corps qui vient
L’envelopper.
Le corps
Est encore
En travail,
Portrait robot
Modifiable
Jamais fini
Même.
Elle sera
Ce que  j’écrirai.
Elle ne sera que
Mes mots
Mes lubies,
Apparemment.

Mais elle s’envolera
Chuchoter
À des mille et des cent
Mon univers de rêve.
Car elle est un
Être de
Papier
Crayon
Issus de toutes
Et tous,
Juste retour des
Rencontres et
Des amours
Et haine.
Personnage de mots
En voyage
Tout autour de la
Terre.

François Chevet, Prendre soin, Editions Don Quichotte

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https://www.actualitte.com/article/livres/au-c-ur-des-corps-brises-redecouvrir-l-humanite-a-vif/88809

vendredi 11 mai 2018

Voler ! Et mais le monde des choses

Jouer et danser
L’invisible,
Jongler et dompter
Le pensé,
Pesé
Soupesé,
Modelé,
Pâte à tout faire,
Souple,
Agile,
Argile à tout dire,
Simple,
Abile,
Grand A,
Fier
Provocant,
Grand jeu des mots
Sans les choses,
Pensé
Aiglé
Roi des airs,
Voleur
Virevolteur,
Talent aiguisé,
Regard aigu,
Ultrasons
Inaudibles,
Imperçus,
Danse-silence
Avec l’impalpable.

En plein plane,
La claque
Et sans vergogne
Les choses
S’imposent,
Robustes,
Sûres d’elle,
Un peu moqueuses.
Le grand jeu
Est fini.
Ranger ses ailes,
Ranger sa tête,
Ranger l’apesanteur,
Un peu de bon-sens
S’il vous plaît !
Mais les mains et
Tout le corps
Recroquevillent,
Ne plus toucher à
Rien,
Rangé si fort
Que moignons
Etrécis
A la place.
Tronc démembré,
Mi-membré,
L’aigle royal
En grand handicapé.
Les choses s’imposent,
Et la peur mange
Les mains
Les pieds,
Ne plus toucher,
Les choses sont
Les plus fortes !
Rien ne les arrêterait.
Elles crient à
L’imposture,
Et rameutent
Gravité,
Poids mesures
Et toutes les lois.
Pétrifiantes,
Raides
Comme la justice,
Et pourtant,
D’autres certains
Avec elles dansent
Tout aussi fort.

Apprendre
Encore encore
Comme un enfant
La danse des choses.
Laisser repousser
Pieds mains
Et le désir.
Apprendre
À toucher,
Puis saisir,
Empoigner
Provoquer
Corps à corps
Le monde des choses,
Le vrai
Dit-on.
Oser l’entrer
Et
Le danser
Voler
Aussi
Souple et
Abile
Que l’invisible pensé.
Et vivre
Tous les mondes.
Handicapé
Ressuscité.



mercredi 9 mai 2018

Rêve atomique

Le réveil sonne
Le plein vol explose
Et le cul par terre.
Le réel stridule.
Les yeux floutés.
Les oreilles bourdonnantes.
Le corps grinçant.
Mais le rêve garde sa moitié
Bien vivante.
Ne s’évapore
Pas
Pour cette fois.
Il concurrence
Le réveil du réel.
Il ne cède pas.
Il serre les dents
Et ne bouge pas d’un
Pouce.
Le réel
Se croyant intouchable
Vacille devant
Cet affront
Fait à sa toute-puissance.
Il doit regarder
Le rêve.
Il doit admettre
La face cachée.
Il chancèle.
Ses personnages
Se découvrent.
Les êtres
Coincés dans leurs
Codes,
Étouffeurs de
Pulsions
Professionnels,
Rires contraints,
Mains dans les poches,
Enlèvent le masque.
Les êtres
Froids,
Timides,
Lointains,
Ficelés,
Se dénudent
Et le vrai
Visage
S’offre enfin.
Le sourire franc,
Le regard droit,
Campés sur leurs deux solides
Jambes.
Sans faux savoir,
Sans fausse variante.
Les êtres
Enveloppés dans leur
Myriade
De couches oignonnes
Sont là en vrai.
Le réveil aura beau sonner
Encore et encore,
Une autre forme
A imprimé sa
Marque.
L’image désaveuglée,
La tendresse,
L’affection entière,
Les êtres sans peur
Du corps à corps,
Sans cir-
Convo-
Lution,
Sans
Retenue.
Drogués de vérité
Et
D’honnêteté.
Réel ne peut
Refermer cette porte-
Là.
Il est ému par Monsieur
Rêve
Et n’y résiste pas.
Grand bien lui fasse !

Le rêve est le plus pur
Antisocial.
Chambre noire
Révélante.
Touché coulé
Assuré.
Cage thoracique
Brisée.
Le coeur
À vif,
Brûlé à la lumière
Du jour.

Drago Jančar, Et l'amour aussi a besoin de repos, Editions Phébus

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https://www.actualitte.com/article/livres/entre-violence-et-melancolie-contempler-la-guerre/88755

mardi 8 mai 2018

Au bord du fou

Elle tient les rênes.
La discussion
Virevolte,
Un peu trop rapide,
Un peu trop pentue,
Piste noire,
Bossue,
La tête
Bringuebale
Mais on maintient le cap.
On suit ses yeux,
On l'a poursuit dans sa course
Galopée.
Petit peloton
Empathique
Derrière la chef de file
Déboussolé.
Personne ne juge.
On se tait poliment,
Avec coeur aussi,
Sans doute.
Un peu sidéré
Sûrement.
L’humain est un skieur
Tout terrain,
Il peut
Toutes les couleurs
De toutes les pistes,
Tous les chants du monde,
Pour peu qu’on lui laisse
Le temps
De trouver
Rythme.
Skieur chanteur acrobatique multicolore.

Mais voilà
Qu’un blanc s’installe.

Comme chacun sait,
Le blanc n’est pas
Couleur
Ou toucouleur.
Entre tout et rien,
Pareil au même,
Là est la limite de notre
Espèce,
Perdue alors
Pour la raison.
Le blanc silence
S’installe.
Une ou deux petites secondes.
Presque rien.
Mais,
Ces quelques instants
Aériens
Figent
L’atmosphère.
Le plus expérimenté,
Le plus téméraire,
Le plus toqué,
Prend la main et rebondit sur la prochaine
Bosse,
Petit looping
Superflu a l’appui,
Un peu ridicule,
Mais que faire quand
L’autre
En face,
À toutes berzingues
débloque ?
L’écart se creuse entre elle et
Nous.
Imperceptiblement,
Nous nous écartons
Habilement,
Pas de côté
Plus discret que la
Franche reculade.
Rebond saisi
Par les acolytes
Et l’on sent monter
La douleur,
Celle qui se cachait
Tant bien que mal
Derrière la descente
Échevelée.
Pas la nôtre,
La sienne,
Elle finit sans les mains,
Et l’on voit déjà la
Culbute
L’accident
Carabiné.
Sa douleur
L’affole
Et nous assistons
Impuissants à
Ses dérapages
Et
Glissades
Sinistres.
Elle rit aux éclats,
De ce rire sombre
Qui crispe encore nos lèvres.
Ce rire fou,
Rire de survie
Qui remplit
Les blancs
De rouge et noir.

On se séparera,
Elle presque en bas,
Nous au beau milieu,
Après un bout de piste
Ensemble,
Prêts à déchausser,
La regardant voler
Sans queue ni tête,
Dans ce jour
Tout aussi blanc pour elle ;
Terre et ciel ne font plus qu’un.
Elle est
Éliminée
Déjà,
Depuis longtemps,
Mais elle ne le sait pas.
Elle y croit encore.

Ses yeux noirs
Injectés de sang
Sur les neiges et nuages
Immaculés.

Chacun retourne chez soi
Retourné,
Retomber sur ses pieds.







lundi 7 mai 2018

Sûr et certain ? Et si...

Sûr et certain
D’être
Fort et malin,
Doux et câlin,
Drôle et taquin
Ou bien
Ou en même temps,
Ou/et,alors,
Voire et,
C’est tout,
Raide et radin,
Vil et vilain,
Lourd et larbin.
On est sûr et
Certain.
Je suis ceci cela
Depuis toujours
Et blablabla
Et ça ne changera pas,
Ceci avec
Fierté
Ou amertume,
Douleur parfois,
Angoisse toujours.
Habitué à
Sa laideur,
Sa froideur,
Sa lenteur
Vaut mieux que de
N’être plus
Sûr et
Certain.
L’honneur habite
Au bout de plusieurs
Décennies
Les défauts,
Et les failles,
Les plus handicapantes,
Les plus haïs des pairs.
Et l’on tient
Tout au chaud
Les belles
Tendresse,
Finesse,
Sagesse.

Un jour,
Échappent
Les mains,
La bouche,
La langue,
Le coeur,
L’esprit,
Les jambes cavalent
Toutes seules,
Les neurones s’activent
En boîte automatique,
Les lèvres forment les mots
Ou le silence
Qu’elles veulent.
Cela dure,
Peut-être,
Pas seulement un instant,
Mais des jours
Ou tout l’an.
Et l’on n’a pas le choix que de
Se laisser faire
Par soi-même,
Impuissant
Incertain absolu.
Impuissance d’être
De raison,
Môsieur
Et non d’instinct animal
Et sauvage !
Oh que non !
Impuissance d’être
Qui s’oublie
Animal.
Impuissance préfabriquée,
Irrespect du fin fond
Du Vif tripal.

Et la métamorphose
A fait jaillir
Un autre possible,
Le sûr et certain
Est penaud,
Débile,
Et se repent.
Il s’adjoint
Le Et si ?
De rigueur.
Et si ?
Et si ?
Le seul vraiment
sûr et certain.

samedi 5 mai 2018

Un monde d'ailes

Qui ne rêve pas
Ses ailes ?

Il y aurait un monde

Il y aurait toutes les tailles.
Ni de frocs
Ni de fric
Ni de bite
A qui pisse le plus loin.
Bien sûr,
Le monde sans cela
Est le plus improbable des
Rêves.
Chacun veut la plus
Grosse,
La plus
Grande,
La plus
Grave.
Mais la plus
Libre ?
Légère ?
Folle ?

Si toutes les tailles
Et toutes les sortes
Etaient celles
De
Nos ailes.
Celles qui
Parleraient
Pour nous.
Celles pour
Lesquelles
On se battrait,
On attraperait
Le monde.
On lutterait pour
Elles.
Et l’on n’aurait pas les plus,
Aaaaah ooooooh wouhhhhhh !
On aurait celles qui nous
Décollent
Le mieux,
Qui nous
Libèrent
En vrai.
Des ailes,
Libre pour de vrai.

Mais les ailes
Pour de vrai,
Avec aussi
Les elfes
Et les licornes
Sont celles de
L’intérieur.
Et l’on ne pourra jamais que
Brandir
Sa queue
Et
Son pouvoir.
Les ailes restent invisibles
Sinon elles ne
Servent
De rien.
On les chérit
Entre ses bras.

Je rêve
Quand même
À tire d’ailes
D’un pays
Magique

Voler
Voler
Voler.







Pierre Linhart, Une mère modèle, Editions Anne Carrière

Actualitté
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https://www.actualitte.com/article/livres/quand-la-famille-modele-est-une-vaste-imposture/88725

jeudi 3 mai 2018

Petit rien ouvre un monde

Un rien,
Hasardeux,
Inopiné ;
Une image
En passant,
Une pub nulle
Qui par là,
Une parole
Sans adresse,
Une histoire
Mieux que rien.
Des riens
De rien
Sauf si tu écoutes
Et tu sens :
Viens viens
Je suis ton bien.
Ne passe pas
Ton chemin,
Surtout !
Ouvre grand tous
Tes attrape-tiens,
Oeil
Feuille
Sein
Main.
Toutes tes pinces et
Pavillons.
Et tu verras,
Chaque jour,
Ces
Passerelles inattendues,
Étroites,
Goulets
De haute montagne,
Au-dessus du vide
Plein d’échos.
L’image,
Le mot,
Le conte
Viennent
S’attacher,
S’entremêler
À ton désir,
Ton rêve,
Plaisir,
Ta sève.
Mais n’oublie pas
D’ouvrir
Sans aguets
Mais sans filets,
À tous les vents,
Qu’il tempête
Ou doucette,
Oeil
Feuille
Sein
Main.
Tête pied
Feront
Le reste.
Les petits riens
Qui ouvrent des mondes.