jeudi 29 décembre 2016

Traversée du desert

Des mois avec plaisir et fluidité.
Sans froideur,
Sans dureté.
Et puis peu à peu
Cette glace qui s’installe et qui fait
Peur.
Toute la journée à demander « peur de quoi ? »
Mais moi-même peur de quoi ?
Incapable de l’expliquer.
Peur du silence.
Peur du vide.
Peur de leur vide,
Ces visages qui me regardent,
Elles,
Qui me scrutent,
M’inspectent parfois.
Peur d’en être la cause,
De ce vide,
Peur de me le voir renvoyer en
Miroir
Boomerang
Pleine gueule
Sans pitié,
D’en être accusée
Et de ne pas résister
A cette flagellation,
Même si privée,
Sans spectateur.
Mais dis-moi donc,
Ou est passé l’adulte ?
Ou est passée celle qui doit comprendre que
Je ne fais que
Miroiter
Refléter
Renvoyer
Et que je ne dois pas
Décevoir
Dans cet art de la confrontation.
Le moins possible.
Traverser le vide ensemble
Et dire avec les yeux que j’en ai peur
comme tout le monde
Et qu’on doit faire avec.
Mais dire non,
Ne pas tomber,
Tomber en
Miettes quand le vide accuse.
L’accueillir et ne pas le haïr.
Le faire nôtre et pas mien.
Le déposer entre nous deux
Et reconstruire le monde en ruines
Qu’il hurle comme un damné.
Oser,
Garder les yeux ouverts,
Droits,
Fermes,
Et tant pis pour la douleur
De ce reflet
Pour elles
Qui ne peuvent le porter.
Mais qu’elles ne s’en délestent pas à d’autres,
Sans la responsabilité humaine qui est celle de
Tout un chacun.
Qu’elles ne choisissent pas la facilité
Sous prétexte que.
Qu’elles soient dignes
De leur humanité
Et qu’elles assument leur vanité.
Lee sert se traverse à deux,
A trois,
A dix.
Vous ne serez pas seules !
Mais ne faites pas semblant
D’être si fortes
Si même le petit doigt de pied
N’y est pas posé.




mercredi 28 décembre 2016

La grand-mère et la sorciere

J’ai une sorcière au fond du ventre.
Une tord boyaux qui
Déjà
Harcelait ma douce grand-mère.
La grand-mère folle qui voyait des tabliers violets
Voler
Et qui m’avait prévenue.
Elle m’avait vue plier en deux
De douleur.
Petite,
Enfant.
Elle, l’aveugle ou presque,
Avait souri dans le vide
Mais pour moi.
Elle n’avait pas parlé de sorcière.
Elle savait que personne ne l’entendrait,
Pas même moi,
Petite fille rationnelle.
Elle avait dit qu’elle connaissait
Trop bien
Les moments  « tord-boyaux ».
L’expression dont personne ne se souvient
Mais qui a flashé pour moi.
La grand-mère débile
Handicapée
Qui avait mis le doigt sur mon mal.
Je crains d’être son héritière.
Je crains de descendre en droite ligne d’elle.
Elle m’aurait donc livré
Aussi
La sorcière harceleuse.
Il faut tu dois encore !
Je passe sur les insultes.
Ma douce grand-mère à épongé
Pour moi
L’aspect de vérité de cette folle-là.
Elle a dû la vivre.
Elle m’a épargné ces épreuves.
La douleur se dilue
Parfois
Avec les générations.
Je la sais fantomique
La sorcière.
Je la sais n’être que moi.
Je pense à la pauvre grand-mère qui la sentait
Véritable.
Immonde vie.
Pourtant,
Il faut je dois encore
Continuent de s’abattre sur moi.
Je les laisse faire.
Je ne sais
Toujours pas
me battre contre eux.
Elle n’a pas à changer de stratégie
Madame la Sorcière.
Elle sait que je marcherai,
Que je courrai
Comme un faon de 3 mois.
À pleurer...
Chacun de ce qu’il veut.

À qui obéit-elle ?
Ma douce grand-mère
Aux yeux blancs avait-elle trouver
Le grand maître
Qui guide ses démons ?
Sûrement pas.
Quand j’en aurais fini avec eux,
Avec cette répugnante sorcière
Qui torture les entrailles
Et laisse en souffrance
Les possibles
Intérieurs,
Je rendrai hommage à la grand-mère
Qui n’a plus voulu ni voir ni entendre.
À voix haute.
À voix très haute.
Elle regardera peut être ma liberté.
Et jouira avec moi.

lundi 26 décembre 2016

La petite porte de la grande liberté

      Le premier jour, Bonjour à tous, Asseyez-vous là Mademoiselle. Monsieur, il vous reste une place ici. Bien, maintenant que tout le monde est bien installé, je me présente.
      L’homme qui parle est grand, mince et beau. D’une élégance indéniable et au charisme aspirant. Il ne fait rien de spécial. Il n’a rien de spécial. Il n’a pas ces yeux bleus électrisants de certaines personnes dont on ne peut se décrocher tant ils fascinent. Ceux dans lesquels d’aucuns plongent sans filet et finissent par se perdre. Ces yeux du diable sous des airs de dieu. Il n’a pas de style excentrique, artiste déçu ou à venir, ni d’anormalité un peu déconnante qu’il aurait transformée en puissance immoquable. Il n’a rien de tout cela. Il est presque banal. Je ne sais pas si on le remarque dans la rue, si on se retourne sur lui, si on a envie de lui parler. Je ne sais pas. Je crois que je n’y prêterais pas tant attention. Je crois que je passerais à côté sans savoir. Heureusement, c’est un conditionnel que je ne vivrais jamais ; heureusement. Rater cette occasion, cette rencontre dans ma vie, même si ce n’est qu’un parmi de nombreux autres, un savant parmi d’autres, un homme comme les autres, aurait sans aucun doute laisser fermer encore très longtemps la porte de la bienveillance intellectuelle dont j’ignorais l’existence.

Désormais, si je le rencontrais dans la rue, je lui dirais
Vous avez ouvert une petite porte. Une petite porte parce qu’elle ne paye pas de mine, elle ne fait pas de bruit. C’est une silencieuse, son essence est silencieuse. Une petite porte plutôt devant, pas vraiment cachée mais qu’on ne remarque pas quand on ne le veut pas. Quand on n’y est pas prêt. Quand on veut briller, être fort et costaud. Une petite porte, pas décatie, pas minable, pas celle dont on n’userait qu’en dernier ressort quand même. Pas celle des Rémi sans amis et des mourants-la-rue. Mais une petite porte. Suffisamment petite pour déjouer les lions, les glorieux, les flattés et leurs complices flagorneurs, avides de paillettes, à leurs trousses, ramasse-miettes. Une petite porte, toute menue mais jolie comme un coeur. Encore faut-il regarder les cœurs. Ça fait culcul pas intello ? C’est ce que je croyais avant vous. Je croyais à l’intelligence froide et dure, qui dit la vérité, qui soutient envers et contre tout. Qui lisse. Qui encadre. Qui apaise car elle règle. Elle cherche et trouve. J’y croyais dur comme fer et j’avais, à vrai dire, été sauvée par cette croyance. Cette foi, disons-le. Bien sûr que l’on  croit au rationnel, bien sûr que c’est une foi comme une autre. J’avais une foi dure et amère. La foi des catholiques les plus masochistes, des plus orthodoxes de tous les religieux. La petite porte m’était parfaitement inconnue. Je ne l’avais pas vue. Tourné autour bien sûr. Maintes fois. Sans la voir. Pour l’intelligence de glace, qui brille comme un cristal.

Vous avez dit :
« Étonnez-vous ! »
...
J’ai dû rester comme une imbécile à vous regarder. J’ai dû d’abord ne pas tout comprendre. J’avais travaillé des années durant à cesser de m’étonner, de me laisser surprendre pour ne plus être le dindon de la farce, pour aiguiser le cerveau et ses splendides connexions fulgurantes. J’avais dû aussi me faire violence, tout ce temps. Parce que question de survie. Pour cesser de m’étonner, d’écarquiller quelque œil que ce soit. Pour cesser d’être une enfant, une débile dont on rit avec condescendance. Je ne m’étonnais donc que sur commande, quand mon cerveau avait procédé à une première analyse de la situation et qu’il pouvait certifier que l’étonnement avait sa place dans ce moment et ce lieu, face à ces gens-là surtout. J’étais d’une prudence paranoïaque dans mes étonnements. Celui dans lequel je me pris en vous entendant fut sans doute le plus heureux de ma vie. Je n’avais jamais aimé les surprises, j’avais toujours eu honte de mes naïvetés ou ce que je croyais tel. De mes ignorances. De mes failles de retardataire lourdingue, celle qui court derrière le train sans jamais le rattraper et à qui on tend mollement la main. Parce que soyons honnête, chacun sa merde, chacun se débrouille et avance. C’est ainsi pour tous.

« Étonnez-vous et vous serez enfin intelligent ! »
J’avais l’esprit à vif, presque saignant alors. Je ne pus que comprendre ce qui m’était permis là brusquement par ce coup de théâtre. J’entendais à la vitesse de la lumière. Beaucoup plus vite que mon corps. Je compris que je n’étais plus obligée de tout compromettre pour la vitesse de la lumière. Je sentis l’autorisation que j’attendais sans le savoir depuis des années. Lâchez les rênes et s’étonner oui et par-delà l’étonnement l’émerveillement. Sauter de joie, sautiller de plaisir, jouir de découvrir. Ne plus faire semblant d’avoir déjà tout compris à la vitesse de la lumière avant tout le monde pour être sûre de ne pas se voir voler son seul pouvoir. J’avais le droit et surtout la possibilité de ne rien trahir de ce que j’avais construit à la force du poignet et de rouvrir grand les yeux, tout de même. Je me rendais compte du carcan tyrannique que je m’étais imposée. Camp de concentration interne.
Je compris avant tout cette immense autorisation dans cette petite porte.
Elle me sauta aux yeux et un poids se leva.
Ce fut un de ces jours qu’on marque d’une pierre blanche, qu’on se dit qu’on se rappellera toujours. Et ce n’est pas une fausse histoire racontée dans les livres de choses qui marquent à jamais parce qu’il faut bien semer des petits cailloux pour que l’histoire se construise. C’est un jour qui ne s’effacera pas. Je lui dois trop pour en omettre une once.

Vous avez dit :
« Étonnez-vous et regardez donc ! Laissez-vous surprendre et ouvrez les yeux ! »
Vous pensiez sans doute Bordel ! Dégainez vos mirettes les jeunes ! Mais vous étiez bien trop courtois pour en dire quoi que ce soit. C’était votre combat. Ca l’est peut être toujours.
J’avais donc le droit d faire sans les mains , de ne pas brider toute cette matière grise et elle ne s’en porterait pas plus mal. Au contraire. J’avais le droit. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai eu absolument confiance en ce conseil, moi si frileuse. Mais il était le bon au bon moment sans doute. J’ai tout de suite senti qu’il était celui qu’il me fallait. Moi si injuste avec moi même, incapable d’entendre les appels à l’aide de mon être, un autre que moi qui ne me connaissait ni d’Eve ni d’Adam avait trouvé quoi me dire. Lui nous connaissait à notre âge, il savait ce que nous ne nous autorisions pas à faire, ce que nous croyions être le plus digne et le plus malin.

Ce jour-là, j’ai regardé cet homme avec un regard que je ne m’étais la non plus pas autorisé jusqu’alors, que je répugne encore aujourd’hui à adopter, par lâcheté, par peur de d’être dépassée, par crainte d’être dévoilée dans mes ignorances et mes faiblesses que je hais profondément.. Ce jour-là, j’étais dépassée, j’étais l’élève en tout sens et je l’acceptais avec une fierté inconnue de moi. J’avais toujours combattue pour ne pas être une moins que rien comme je croyais que les enseignants, comme je voyais que la plupart des enseignants et adultes qui ont tout chié, tout vu, nous considéraient, nous enfants. Les enfants qui ne pigent rien. J’exagérais, j’étais à fleur de peau, parano comme il faut. Mais pourquoi aucun ne s’étonnait-il ? Pourquoi jusque là aucun d’entre eux ne s’était-il étonné ? Ne nous l’avait fait voir du moins ? Par facilité, parce qu’être adulte ici c’est ça. Et être prof n’en parlons pas !

« Étonnez-vous donc ! Lisez cela ! Qu’y voyez-vous ? allez ! »
Et il donnait envie d participer, de chercher et de s’exprimer au plus réservé d’entre nous. Non ça n’était pas que moi. Il faisait l’unanimité. Sans secret. Sans mystère.
Il s’étonnait autant qu’il le suggérait. Et il s’émerveillait sans impudeur devant toute notre classe. Il s’enflammait sans ridicule devant un texte qui l’émouvait et nous le disait sans peur. Il était absolument authentique. On dit droit dans ses bottes. Expression qui lui va aussi mal que possible. Il n’aurait jamais été assez provincial pour porter une paire de bottes. Un vrai Parisien, intello repéré à cent mètres, sans froufrous, sans manières, mais toujours correct. Ta pourtant absolument authentique. Pas besoin d’être un sagouin pour s’émerveiller. Voila ce que nous apprenions avec lui. Pas besoin d’en gerber partout ni de rires gras pour s’étonner de plaisir.

Vous savez ces gens-là qui ont flashé dans votre vie, qui vous ont oublié et vous vous dites que bien sûr vous aimeriez qu’il sache et qu’il se rappelle un peu. Parce que vous avez un ego, pas si petit que ça parfois d’ailleurs. Parce que c’est humain de ne pas être inaperçu et de pouvoir s’exprimer, dire sa reconnaissance. Mais pour une fois, ce n’est pas si grave. Pour une fois, je comprends qu’il a transmis ce qu’il fallait et que je l’en remercie par l’esprit. J’y pense très souvent. Il est de ceux que je porte en moi et qui forme mon kaléidoscope intestin. Personne ne pourra jamais me le retirer.
Si je le rencognais, je l’arrêterais bien évidemment. Et je le remercierais. Et puis nous en resterions là. Et la boucle sera bouclée.
Quelques minuscules mots suffisent parfois à bifurquer une route :
« Étonnez-vous ! »

lundi 19 décembre 2016

Tu sers à rien !


« Tu sers à rien ! »

Bien sûr que je ne sers à rien.

Bien sûr qu’elle non plus.

Bien sûr que je ferme ma gueule.

Qui sert à quoi ?

Je ne suis pas là pour servir.

Je suis là pour exister.

Tu crois,

On te fait croire que l’on sert.

Que l’on te sert.

En vérité, l’on se sert

Et

L’on fait au mieux,

Au moins pire.



Personne ne sert à rien ma grande !

Sinon à être là,

A faire joli,

A avoir foi.

Quant à une existence qui sert,

Rhabille-toi

Ou pleure !

Tu ne sers à rien !

On ne sert à rien !

C’est un fait !

Rentre-le toi dans le crâne et avance !

Je dois me taire.

Je ne dois pas lui dire

Que je ne peux qu’être d’accord.



Ou alors,

Dans le vide,

Toutes les deux,

Courage,

Et oui, rien ne sert à rien.

Partant de ce postulat,

Que faire ?

Rester là à attendre ?

Possible mais sert encore moins et moins.



En tout cas,

Qu’on serve ou pas,

Servir ou ne pas servir,

Le faire ensemble.

Etre à deux.

Ne pas s’éloigner,

Rire et faire rire

Pour oublier l’inutilité.

Pour oublier la vanité de tout cela.

Ensemble,

Quelle que soit l’envie d’attaquer

D’être contre.

Etre avec et tout contre.




vendredi 16 décembre 2016

Sans les yeux


J’appelle

J’ouvre les mains

Et le regard se détourne.

Le regard ne veut plus rien dire.

Il veut se taire.

Il ne veut plus exister.

La langue et ses mots sont moins frileux.

Ils montrent toujours

Et se montrent.

Ils ont l’habitude.

Ce sont des joueurs

Des jouets.

Joués et rejoués

Lancés et pipés

Autant qu’on le veut.

Le regard est un pudique

Et il se plante rarement en pleine pupille

Menteur.

Il ne joue pas.



J’appelle

J’ouvre les yeux,

Moi,

Les cils grand ouverts

Mais seuls.

Ils n’aiment pas ça.

Ils sont pudiques

Et susceptibles.

Ils n’aiment pas qu’on les laisse

Tomber

Tout seuls.

Ils ne veulent rien dire.

La langue et les mots se débrouillent d’une solitude.

Les yeux et leur regard ne s’en remettent pas.



Surgit la honte,

L’humiliation,

La colère,

La répression de la rage

Que personne ne comprendra,

L’envie de tout faire valser

Ou de tenir le menton des autres yeux,

En face,

D’obliger à être avec

Et à suivre,

Le désir presque irrépressible de

Tyranniser

Pour ne pas essuyer cette honte.



J’appelle

Et les yeux se retournent

Vers des horizons meilleurs.

Je ne suis pas assez.

Je suis trop.

Tout ça n’est est à côté.

Les yeux me piétinent ouvertement.

Ouvertement sans un bruit.

Je ne dois pas

Claquer

Ma langue.

Je ne dois pas faire un son.

Je dois garder le cap.

Je dois garder les cils doux et fermes

Jusqu’à ce que les autres reviennent à moi.

Coûte que coûte.

Quelque temps que ça prenne.

Et ravaler les larmes et la fierté.












mercredi 14 décembre 2016

Chienchien

Elle se sent être un ourson de dessin animé
Ou un gentil chienchien de la réalité,
Qui tire la langue
Et bave à l’occasion.
Un gentil chienchien qui s’oublie parfois,
Un nounours plutôt niais qu’on tapote sur la tête,
Sûr de son fait.
On
Qui est sûr.
Le chienchien se dit qu'il doit bien en être un.
A force.
Elle est convaincue et elle fait ouaf ouaf quand il faut.
Quand on l’y attend.
Elle est gentille tout plein.
On rit quand elle roule des yeux.
On rit.
Elle est humiliée.
Même minus trucs.
Les yeux noirs ?
Bien essayé mais ça n’y fait rien.
On ne voit que le doudou ronron.
On ne voit que ses silences et ses rougeurs.
Elle le croit.
Elle croit qu’elle est une bête inoffensive
Avec laquelle on joue comme on veut.
Elle finira par frapper sec.
Elle finira par être une brute.
Par se venger
Ou mourir.
Pas qu’elle veuille être une victime de tragédie grecque.
Mais qu’on la regarde oui,
Que les projecteurs soient une fois dans sa vie
Braqués sur elle.
Pour qu’elle puisse
Se sentir valoir.
Elle ne serait plus
La dernière de la meute,
L’inutile,
L’insipide,
Trop faible pour même se défendre à soi.
Celle qu’on peut ignorer à sa guise,
Tapoter,
Caresser,
Embrasser
Comme on le décide
Parce qu’on se croit autorisé.
Parce qu’elle le dirait si.
Parce qu’elle ne dit rien tu vois bien !
Parce qu’on s’en fout
Au fond de ce qui se passe
Dans sa tête
De chienchien nounours.
Qui ne dit mot consent.
Tout enfant le vit
À ses dépens.
Pas de personnalité...
Une faible...
Une lâche...
Une hypocrite...
Qui n’assume rien...
Qui se terre facilement dans son silence...
Trop sage...
Trop douce...
Trop molle...
Trop simple...
Simplette peut être même.
Une gogole
Presque.
Oui une gogole.
Le temps révélera les réalités aujourd’hui
Opaques aux adultes
Mais que les pairs perçoivent.
Une gogole finie.
Infirme.
Et dans cette gogole,
Chienchien à sa mémère,
Se niche un cerveau.
Qui fonctionne.
Un mystère quand même non ?!
Un vrai cerveau.
Qu’on balaye d’un revers de main.
Qu’elle balaye plus qu’aucun autre.
Qui ne sert à rien.
Qui l’enfonce.
Qui la rend plus amère encore.
Plus triste.
Plus coupable.
Elle se sent haïe.
Elle les hait aussi.
Elle fait comme si.
C’est vrai,
Elle n’est qu’une hypocrite,
Qu’une sale lâché.
Parce qu’en réalité,
Elle veut qu’on l’aime,
Qu’on l’admire,
Elle a honte d’ailleurs,
Mais elle n’aime pas de son côté.
Elle survit parmi ses ennemis.
Elle ne peut pas les aimer.
Elle ne fait que survivre.
Il n’y a aucun amour,
Aucune affection
Dans ce monde là.
Seulement des alliances
Et des luttes de pouvoir.
Elle est au plus bas de la chaîne alimentaire.
Elle ne se permettre pas plus
Qu’un souriceau d’aimer.
Pas le loisir.
Danger.
Pas le temps.
Danger.
Ne te regarde pas dans ce
Miroir
Que tu saliras.






samedi 3 décembre 2016

Puanteur

Elle ne se voit pas.
Elle se sent.
Elle voudrait un serpent à sang froid.
La glace,
Elle n’y lève pas les yeux.
Elle ne le sait pas
D’ailleurs.
Elle se sent
Et son haut-le-cœur lui
Suffit.
Elle doit ne pas vomir,
Surtout ne pas vomir,
Ne pas cracher
Ne pas se répandre
Ne rien laisser sortir
Contrôler tous ses orifices
Elle est grande
Beaucoup rap grande
Pour se faire dessus
Pourtant elle le craint
De tout faire,
Que tout sorte
Même si elle se raisonne
Puisque tous les mammifères savent
Maîtriser leurs sphincters
Mais cette peur
Elle la sent
Elle la pue même
Elle finit par ne plus savoir ce que veut dire sentir
Où qui quand
Flairer
Éprouver
Écœurer
Attirer
Anticiper
Elle ne sait plus.
Elle sait seulement qu’elle aimerait ne plus
Rien
Sentir.
Un animal
À sang froid
Dont elle a l’illusion qu’il ne blaire plus,
Plus rien ni personne,
Ni lui-même.
Aussi se glisser dans les coins
Se cacher à l’envi.
Non pas meme se cacher.
Disparaître
Parce que se sentir est maintenant
Insoutenable.

mercredi 30 novembre 2016

Rage qui crève

La rage
Qui donne envie
De
tout fracasser
De
Tout taillader
De
Tout faire faire exploser
A la bombe atomique.
Parce qu’on a

Une bombe atomique
Dans la poitrine.
Été tester ne suffit plus.
Meme haïr est un jeu d’enfant.
Une arme de gosses,
Juste rebelles en mèches.
Il faut briser en 1000 morceaux.
Aussi grand que la bombe qui
Tique taque a l ‘interieur.
Tout déglinguer
Et enrager le monde.
Déranger le monde oui !
Dézinguer a coup
De bombe de rage.
Sans aucune pitié
Pusqu’on nous a foutu
Cette insoutenable bombe
Au ventre.

La rage
Qui donne envie
De
Ne plus rien permettre
De
Ne pus rien valoir.
La rage
Qui rend fou.

Fou à dire toute la vérité,
Rien que la vérité.
Dire tout,
Toute la cruauté
Et voir la bombe exploser.
Feu à meurtrir sans retour,
A mettre tous les feux en écarlate,
Vifs,
La chair à nu.
Fous à se desaper
Jusqu’au moindre cheveu,
Se déguiser en cancéreux,
En sidéen,
En déporté
Et à hurler à la mort
Comme un chien entailles béantes
A terre.
Fou à degueuler la folie
Du monde,
Leur bêtise,
Son mépris et dégoût
D’être de même espèce.
Hurler au creux des tympans,
A les trouer,
Les fragiles vibrants,
Transpercer les yeux.
Tout enfoncer,
Tout faire couler,
Crier,
Crever
Salement.
Dede rage.
De déception.
D’impuissance.

On ne le dira jamais assez :
L'impuissance est la mort.


mardi 29 novembre 2016

Coupe-coupe dans la merde

Coupable de.
Tout en est l'objet tran-
chant.
Tout est susceptible de
tomber sous
sa coupe.
L'enflure de culpabilité
qui transperce,
qui égorge,
qui guillotine.
La respiration a de quoi
se couper.
Tout coupe,
tout cisaille.
Alors,
devant la glace,
droit dans les yeux,
ce n'est pas soi qu'on regarde
quand
on taille les bras,
les jambes,
le ventre,
toutes les chairs
possibles.
Ce n'est pas soi.
C'est elle.
On ne voit qu'elle.
Et elle se fait plus
fantomatique alors.
Mais la présence
toujours
est
acérée.
Elle se tapit.
Rien de mieux.
Parce qu'elle coupe mais aussi ellecolle.
Ellecolleàlapeau
quand elle ne peut plus
castrer.
Elle recule quand on ose
de front
cisailler aussi,
aussi fort qu'elle,
quand on accepte le duel,
qu'on n'hésite pas à en
sanguinoler.
Elle s'étonne
et sourit
narquoise.
Elle s'étonne,
elle admire,
en bonne perverse,
en bonne manipulatrice,
joueuse de marionnettes.
Elle applaudit
les couilles
d'entrer dans l'arène.
Mais c'est la sienne
cette arène.
Seule la mise à mort n'est
jamais
sienne.
Alors quelles armes
contre ce diable en costume de nonne ?
Au beau milieu de l'arène,
j'avance
et je la fixe.
Je plonge mes yeux noirs
dans les siens bleus et pourtant mauvais.
Je plonge dans son monde.
Je plonge sans retenue
et je hurle :
« Lâchez toute la merde ! »
Et un déferlement d'immondices envahit l'arène
aseptisé
de la nonne déconfite.
Elle ouvre les yeux grands
comme des soucoupes.
Elle n'est plus politiquement correcte.
Le costume est ridicule.
Elle ne peut plus s'effacer en fantôme
alors qu'elle en a tant envie,
comme moi si souvent
aussi
face à cette faucheuse prude.
« Lâchez tout ! »
la merde,
toutes les merdes,
les plus obscènes fécalons
et l'arène se décolore.
Arrivent les éboueurs
mes amis
et l'espace est immense
et la mort à des milliards d'années.
Toute la Terre
toutes ses bêtes sont là,
vivantes
et justement cruelles.
Plus d'ennemi surnaturel.

samedi 19 novembre 2016

La pute et son boomerang

Le monstre est revenu,
Plus enragé que jamais.
Je le hais de toute mon âme,
Et il me fait haïr le reste
Du monde.
Géant Bleu et Feu Follet se taisent.
Même,
Ils ne bougent plus.
Ils sont médusés.
Ils se regardent.
Ils retrouvent la pute de vie d’avant,
Celle où ils n’avaient forme de rien.
Ils étaient des moins que rien.
Le monstre était tout.
Ils croyaient,
On leur avait dit qu’une fois la forme gagnée,
On ne revient pas en arrière,
On ne se dénoue pas comme ça.
Eh ben non les cocos !
Vous l’avez bien profonde là !
Dans le cul et sans préliminaires.
Ils étaient rassurés.
Mais non !
La vie est une vraie pute,
La vraie qui n’a aucune parole
Et te déchire jusqu’en lambeaux.
Pas la pute, la prostipute que tu croises
Dans la rue,
Pleine de nibards
Et rigolote le plus souvent.
La pute qui te connaît
Comme si elle t’avait fait
Et qui te renvoie le boomerang
Alors que le jeu était fini.
T’avais pas le choix d’y jouer à ce
Connard de boomerang
Même si c’est le jeu le plus effrayant
De la terre.
Elle,
Elle hésite pas à te l’envoyer en pleine tronche.
En plein dans les yeux,
Au cas où tu pourrais devenir aveugle.
Ça mettrait du piment.
Là, elle te le fait bouffer
A peines dents le piment,
Pour que tu savoures bien
Ta douleur.
La pute de vie est plus forte que tout.
Dieu n’y peut rien.
Il est là sans doute mais non,
Il n’est pas tout-puissant.
Elle,
Elle est bien plus forte que lui.
Elle joue bien mieux au boomerang.
Il fait tout ce qu’il peut,
Mais il est dépassé à ce jeu-là.
On ne lutte pas avec un monstre furieux.
C’est elle le Diable.
Pourquoi aller chercher plus loin que cela ?
Elle est la pute en diable,
Cannibale.
Et on attend la fin du jeu.
Compris pourquoi j’aime pas jouer
Les mecs ?



dimanche 13 novembre 2016

Géant Bleu se réveille

Géant Bleu s’est trompé.
Sur Feu Follet
Et sur plein de choses
En fait.
Il s’est beaucoup fort trompé.
Dans l’histoire.
Soyons honnête,
Il a cru qu’il était,
Si ce n’est irréprochable,
Du moins bien innocent.
Il a cru
Géant Bleu
Qu’il n’avait rien fait
Puisque précisément
Il n’avait rien fait.
Et là,
Maintenant que Feu Follet
A calmé ses ardeurs,
Il s’aperçoit.
On n’a pas besoin de s’aperçoit de qqch.
Parfois on s’aperçoit tout court,
C’est déjà énorme.
Géant Bleu à l’habitude de l’énorme
Mais celui-là fait basculer l’univers,
Revenir au commencement.
Et Géant Bleu et Feu Follet ont cela en commun
Qu’ils haïssent
Et surtout craignent comme la peste
Ce commencement.
Ils ont leurs très bonnes raisons.
Cela ne nous intéresse pas ici.
Trop long
Trop geignard.
Mais quand Géant Bleu s’aperçoit,
Ça fait bien plus mal que Feu Follet.
Feu Follet sait comment il est,
Il a toujours été hors cadre.
Géant Bleu croyait coller bien mieux.
Il était aussi sûr
D’être quelqu’un de bien.
Ça veut dire pour lui,
Quelqu’un qui se remet en cause
Et respecte.
Mais il s’est trompé
Fort trompé.
A ne pas bouger,
Il n’a pas écouté Feu Follet.
Lui le premier.
Et puis certainement
Les autres.
Il a cru qu’en sage doudou
Plus comme il faut
Il etait dans l’axe
Dans le bon.
Le vrai,
Ca ne l’intéresse pas tant,
Sauf le vrai du Juste.
Voila !
Il a cru etre un Juste.
Eh non ! Patatras !
Maintenant que Feu Follet
S’est mis au travail
Comme un acharné,
Qu’il tente tout,
Qu’il se laisse souffrir pour
Réussir,
Géant Bleu ému,
Pleure.
Il pleure de la beauté du geste.
Feu Follet à toujours été son ennemi,
Juré et facile surtout.
Il le voit se démener pour se rapprocher de lui
Et faire la moitié de la route.
Mais Feu Follet,
Avec toute la bonne volonté du monde,
Ne peut pas aller plus loin.
Il essaye même ça !
D’aller jusqu’a Géant Bleu campé dans sa douceur
Convenable.
Mais il ne peut pas.
C’est la règle.
A chacun sa moitié de route à faire.
Lui, Feu Follet, il est peut être
Exaspérant et impossible
À vivre.
Mais il est intègre.
Il ira jusqu’au bout pour dire qu’il n'a pas pu.
Géant Bleu le reconnaît,
Seulement aujourd’hui.
Et ça lui fait chaud au coeur
Ce
Après toutes ces années de cohabitation
Souvent douloureuse
Voire
Insupportable.
Il a sa grande part de responsabilité.
Il accuse le coup.
Et c’est aussi ça qui le fait chialer.
Il est en colère contre lui-même
D’voir cru être le gentil.
Il doit à partir de maintenant
Bouger
Sa grande carcasse
Bien tranquille dans les règles.
Et ça fait atrocement mal
Partout.
Pourtant,
Il ne renoncera pas.
Il doit le faire
Et lui aussi rejoindre Feu Follet
Au point de ralliement,
Quoi qu’il en coûte.
Où ils mourront tous les deux
A l’HP.
Il crève de douleur.
Ils ont vu pire tous les deux,
Tout de même.
Mais quand on a vraiment mal,
On croit toujours qu’on crève.
Où on en a envie,
On ne sait pas trop clairement.
Géant Bleu bouge
Ses gros doigts
Ses grands pieds.
Il devra finir par danser.
Feu Follet est bien, lui, assis à sa table,
Les larmes lui aussi qui lui coulent
Sur les joues
Tant il doit contenir la révolte.
Il conserve l’extravagance.
Il y pense fort, de tout son oeur,
Pour tenir le coup de ranger doucement sa révolte
Et sa violence.
Géant Bleu
Peut-être
Demandera même à Feu Follet
De lui apprendre à danser.
Peut-être qu’ils trouveront le feu sacré
Qui les unira.
Ils se battent pour ça.
Géant Bleu se mettre bientôt
Debout.
Pour se donner du courage,
Il regardera Feu Follet et ses larmes,
Et derrière son sourire
De fierté et d’encouragement.
Il se lèvera.
Ils finiront en claquettes.

mercredi 9 novembre 2016

Tigresse

Elle est embullée
Emballée dans des couches
Et de couches
Superposées.
Des couches douces comme un bébé
Dures comme des murailles
Piquantes comme un oignon.
Elle est loin,
Très loin
Derrière
Et affiche un sourire
Narquois.
Elle observe,
Elle attend,
Comme une lionne
En chasse.
Toujours en chasse.
Elle impressionne comme un animal
A l’affût,
Un animal à crocs et à griffes.
Elle sera sans pitié,
Elle annonce la couleur.
Elle affiche sa guerre.
Elle ne tend pas la main.
Elle n’a que des griffes,
Pour l’instant.
Pas d’alliance à griffes.
Cela n’existe pas.
Elle ne sourit pas non plus.
Les sourires crochus
Perdent de leur sens
Sauf s’ils sont
Vampiriques.
Elle donne envie
de reculer.
Elle joue avec la peur.
L’autre est un adversaire.
L’autre est une proie.
Tout autre reste autre
Ou le redevient
En un éclair.
Tout autre est avant tout un
Étranger.
Tout autre est avant tout un
Danger.
Elle est compacte et vide.
Une boule de fantaisies cruelles,
Les miennes ?
Vide d’empathie et de confiance.
Elle est traqueuse.
Elle est prédatrice sans merci.
Elle est au-dessus des lois même de la nature
Peut être.

Ou alors
Ou alors !
Ne serait-ce pas une petite fille
Traquée ?
Déchirée ?
Seule et rageuse d’inutilité ?
Une prédatrice sans pitié
Qui prend la place du roi.
Le roi est mort, vive le roi
Plutôt que d’être à nouveau le sujet
De qui que ce soit.
Le sujet serf
L’objet servile.
Le moins que rien
Dont on a
Peu à peu
Détruit le coeur,
Qui finira par ne plus ressentir.
En lambeaux.
Alors,
Qui a le choix ?
Qui ne se sert pas de cette seule arme qui reste,
L’anesthésie.
Ce pouvoir sur l’autre
De ne suivre que sa colère
Parce qu’elle est la seule valable.
La seule qui ne trahit pas.

dimanche 6 novembre 2016

Nikè Christisopoulos

     Elle n’a pas pu faire autrement. Elle a suivi son cours. Elle qui l’avait toujours ralenti ou brisé. Elle a été des années durant, un as de l’écluse, art subtil du plein et dû vie. Pour rompre le cours. Parce que ce cours n’arrangeait personne. Il dérangeait tout le monde, même. On ne peut décemment pas accepter de déranger tout le monde. On se émanée souvent pourquoi les victimes se taisent. On dit qu’elles souffrent trop et qu’elles sont habitées de l’indicible. Elle les disent elles-mêmes. N’en doutons pas. Mais quelle est la part de soumission à la loi des autres ? La loi du plus nombreux dérangé par les mots. Qui peut vivre contre le plus nombreux ? Qui peut réellement vivre à contre-courant ?
Le fou.
Le psychopathe ? Non non ! Il prend l’air du plus nombreux.
Et le fou ne peut s’y prendre autrement que ce qu’il fait. Nos revenons donc à nos moutons.
Est-ce qu’elle est folle ? Le plus nombreux dira oui sans aucune hésitation. Nous, ici, sommes plus malins que cela. Elle n’est pas vraiment folle. Elle est folle de rage. Vous me direz que sans doute tous les fous sont d’abord fous de rage. Et. Douleur. Mais plus rage et douleur que fous. Et d’ailleurs, fous quoi ? Fous dingues ? Fous furieux ? Fous du roi ? Fous louches ? Fous à lier ? Il y a tellement d fous que peut être il n’y en a pas vraiment en réalité. Mais quand on dit cela, on se fait traiter avec mépris et lâché relativiste. Je pense au contraire que c’est un grand courage, puisque, suivez-moi bien !, si personne n’est vraiment fou, tout le monde l’est aussi un peu.
Où sont donc les lâches ?

       Elle n’a pas pu faire autrement.
Elle est partie très loin, il y a très longtemps. Elle a voulu bâtir un autre cours. Un tout nouveau ru. Elle s’est frottée les mains, elle a senti que tout était possible. Elle était enfin adulte et la liberté s’offrait à elle. Elle allait tout refaire, de zéro. Elle y a cru dur comme fer. Elle était prête. Depuis ses 7 ans, elle se disait : «  je serai grande quand j’aurai 16 ans. Je recommencerai tout quand j’aurai 18 ans, quand je claquerai la porte de cette maison hantée. Putains d fantômes ! » Elle a fait tout ça. Elle s’est sentie vieillir et se libérer à 16 ans. Elle a claqué la porte à 18. Et elle n’a plus jamais donné signe de vie. Elle a adoré ça. Juste avant. Elle en trépignait d’impatience et de peur. Soyons juste ! Sur le moment pile, au tout petit matin, parfaitement seule et tranquille. Elle a même pris son temps. Elle a tout bien regardé une dernière fois.. Sans nostalgie. Pour le plaisir, c’est tout. Pour être la vraiment pour la dernière fois, sciemment et elle en est presque venue à l’orgasme. Elle souriait. Elle faisait très attention à tous ses gestes, lents et doux. Elle marchait à tout petits pas petons ou essayait aussi plus pesamment. De toute façon, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait, elle était à la lisière de sa nouvelle vie. Et elle demeurait quelques minutes les yeux fermés juste avant d’atteindre le panorama sublime de son avenir. Elle avait fini par s’apprêter a sortir. Elle avait enfilé son sac avec volupté. Et elle avait passé le satané seuil. Elle était restée quelques secondes, la patte gauche en l’air dans cet entre-deux superstitieux, comme invoquant Dieux et Diables, les provoquant même et leur montrant sa témérité. Elle leva les yeux, gardant toujours l’équilibre. Là, son sourire avait été sardonique, a elle la douce blonde aux yeux lavande. Son sourire avait été sans failles et sans peurs.
Elle avait enfin pris la route. Les rues étaient encore très sombres. Il faisait très froid. Elle est une fille de Décembre, de Noël et ses mystères nordiques.
Elle avait d’abord marché pour le loisir, tout en veillant à bien s’éloigner du foyer du malheur. Elle avait eu 18 ans la veille.
Ce soir, on fêtait Noël.
Où qu’elle soit, avec quiconque, elle serait la plus heureuse.
Elle avait déjà décidé en réalité. Elle passerait la soirée du 24 à l’aéroport ou déjà dans l’avion. Elle partait pour l’Australie, le vrai bout du monde. Elle avait économisé avec ses petits boulots s’était servie dans les multiples cachettes parentales et paranoïaques pour arrondir la somme ; le vol, les premiers mois de subsistance ou semaines ou jours. Elle savait qu’elle trouverait un travail tout de suite. Elle avait tout préparé. Elle s’était renseignée et fait aider, par des inconnus bien sûr pour les papiers et tout le reste. Sans hésitation, elle avait fraudé.
Dans le train d’abord.
A Roissy ensuite.
Elle vadrouilla, vide, enfin pleine, dans les différents halls.
Elle rêva en s’arrêtant au beau milieu des voyageurs stressés, prise par une image, un symbole, un quelque chose d’important, seulement pour elle. Par les nerfs du train, elle avait imaginé, dormi, rêvé, craint quand le contrôleur l’avait touchée pour la réveiller. Elle lui en aurait bien coller une.
Souvent d’ailleurs elle avait bien envie de baffer mais quand elle voyait l’effet qu’elle faisait à son prochain, toujours attendri et souvent admirateur (elle ne comprenait pas ça. C’était terrible de faire cet effet de poupée fragile.), elle ravalait sa rage. Elle était incapable de frapper sans résistance face à elle. C’était au-dessus de ses forces.
Ces heures dans l’aéroport furent sans doute, à cet instant-là de son existence les meilleures. Les plus belles heures de sa vie. Elle se sentait enfin en sécurité. Enfin, elle n’avait plus à fuir et faisait face, aussi contradictoire que cela paraisse. Elle avait laissé son téléphone dans la maison, pas sa maison, cela n’avait jamais été sa maison. Avec cette famille-là, elle n’avait pas de foyer. Avec cette famille-là, pour mieux dire, on n’avait pas de foyer. Son foyer, ça avait été l’ecole surtout. Et puis chez l’une chez l’autre. Elle se faisait aimer très fort, Nikè Christisopoulos. Elle se faisait accueillir, choyer, admirer. On l’aimait vite et beaucoup, souvent. Elle ne savait pas pourquoi. Elle n’avait rien d’extraordinaire. On lui disait que la Grèce, quel beau pays !  Quel Histoire ! Elle en avait de la chance ! Ca, elle ne pouvait pas dire le contraire. Elle adorait son pays. Là, elle aurait peut-être eu un foyer. Mais c’était beaucoup trop près de la maison. Beaucoup beaucoup trop près. Elle aurait encore eu peur, encore fui aux coins des rues comme une voleuse. Elle avait toujours cette impression. Une pauvresse recherchée, en cavale. Pourtant on aimait sa fierté, sa dignité, si jeune. Elle n’y comprenait rien. Elle souriait parce qu’elle voit le coeur chaud à entendre ces belles paroles. Elle souriait et remerciait en même temps. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose à dire. Elle se trouvait encore plus fuyard quand elle parlait pour ne rien dire. Alors souvent, elle se taisait. Un beau silence sans méchanceté. Un silence serein, disaient-ils régulièrement. C’est qu’ils n’aimaient pas la bonne personne. Elle pouvait s’agacer à ce moment-là et répliquer qu’à son âge, on pouvait difficilement être serein, que c’était un peu prématuré de dire ça. Mais, allez convaincre les gens quand ils sont satisfaits... C’est peine perdue. Toujours est-il qu’elle avait du monde, un monde fou si elle le voulait, autour d’elle. Elle avait tous les foyers qu’elle désirait. Mais aucun n’était le sien. Elle avait tous les parents qui finissaient par l’aimer comme si elle était de la famille. Mais pas la sienne. Pas qu’elle courût après la famille idéale. Elle était loin de cela. Elle attendait seulement une place. A force de voler, survoler, suspendue, elle avait acquis une force d’équilibre instable, pas donnée à tout le monde. A ceux qui n’ont pas de place précisément. Une planeuse, voila ce qu’elle avait réussi à être, malgré elle et qui faisait cet effet si intense aux gens. Ils la croyaient libre. Ils la croyaient sublime. Ils devaient lever un peu les yeux pour la voir. Elle planait un peu au-dessus. Ils se trompaient mais elle y gagnait. Elle les remerciait de cette erreur salvatrice. Elle comprit grâce à eux qu’un pis-aller, une solution de fortune, peut être une beauté et une arme. Elle comprit que rien n’était figé. A l’aéroport, elle pensa à tous ces gens qui l’avaient aimée et qui ne pourraient plus et finiraient par s’essouffler. Elle leur était reconnaissante de ce qu’ils lui avaient appris. Ils avaient fait d’elle une combattante. Pas simplement une fracassée. Ils l’avaient convertie.
La chose qu’elle ne s’expliquait pas, c’est qu’elle ne parvenait pas à les aimer. Elle avait le coeur sec, comme d’aucuns disent. Elle avait pour la première fois entendu cette expression dans un film quand elle avait 8 ans. Elle ne l’avait jamais oubliée. Parce qu’elle se savait concernée. Elle avait le coeur sec. Elle ne faisait pas de mal. Elle n’aimait personne. Elle n’avait pas envie d’aimer quiconque. Elle s’en tenait là et s’en était bien. Elle planait et c’était ça sa vie. Elle n’était jamais virulente contre les gens. Elle s’en fichait. Non ! Pas « elle s’en fichait ». Trop dur. Elle n’en avait pas besoin. Elle avait essayé de les aimer fort comme ils le faisaient mais elle échouait toujours. Elle ne tirait pas assez de bénéfices de cet attachement. C’est ce qu’elle avait conclu vers 16 ans quand elle s’était plus profondément penchée sur la question. Elle se disait qu’elle devait bien être anormale et elle se souvenait de ses amours de petite fille. Mais elle n’en changeait pas pour autant. Elle admirait les autres de savoir faire.
La vie est ainsi faite se disait-elle dans l’aéroport, que l’on suppose toujours enviable et louable ce que l’autre sait et qui nous échappe. Elle n’en faisait pas pour autant une jaunisse. Mais peut-être que le jour où elle y arriverait, elle trouverait cela bien pitoyable finalement. Tout comme ils se seraient aperçus de la nullité de l’état de planage. Nullité non mais désintérêt absolu pour un humain de bonne constitution.

Passons sur le voyage et ses étapes. Il ne se passa rien que de logistique.

Nikè atterrit à Sydney. Elle était arrivée a bon port. A son port.
Dès lors, elle cessa de planer. Et commencèrent les vraies choses.

Aujourd’hui, dans sa cellule, elle sait qu’elle n’a rien pu faire autrement. Jusqu’à aujourd’hui. Qu’elle n’aurait rien pu faire autrement. Il est aisé de s’excuser ainsi. Oui. Pourtant, elle sait que nécessite fait loi. Fait loi des dizaines d’années. Et la nécessité s’évanouit et alors, la liberté de choix apparaît. Pour elle, on ne peut pas parler de s’évanouir... Elle a plutôt brutalement fait cesser la nécessité.
Elle a rêvé là-bas à l’autre bout du monde de la famille folle. Elle l’avait effacée. Elle l’avait anéantie. Et puis, elle était revenue la hanter. Elle avait cru devenir folle. Elle s’était remise à planer mais on s’était inquiété autour d’elle. On n’avait pas trouver ça beau ni admirable comme quand elle avait 17, 18 ans. Peut-être que ça ne plaît pas aux Australiens. Elle ne dormait plus, mangeait peu et travaillait encore davantage que d’habitude. Ceux qui l’aimaient avaient peur.
Une nuit blanche de plus, elle avait décidé ou la nécessité avait décidé pour elle de rentrer en France et de faire taire ces démons. Les faire taire pour toujours, sans aucune issue. Elle-même était étranglée dans son être le plus entier. Elle avait pris l’avion le lendemain. Elle avait prévenu. Ceux qui l’aimaient et qu’elle n’aimait toujours pas. Elle n’avait pas expliqué. Ils n’avaient pas demandé.
Elle avait atterri à Roissy. L’aéroport avait énormément changé. Il était bien plus beau mais elle le trouvait bien plus laid. Exaspérant même. Elle y aurait foutu une bombe. Elle fit un petit tour, histoire de voir si elle y retrouvait cette douceur de ses 18 ans. En vain. Elle sortit furax. Elle héla un taxi, lui parla à peine et lui indiqua la maison. Il ne dit rien. Il voyait que la dame était en colère et qu’elle n’avait vraiment pas l’aire commode. Bien lui en prit. A la porte du domicile familiale, elle eut un haut le cœur qu’elle réprima puisqu’elle était encore dans le chicle,et qu’elle ne voulait pas salir la voiture du taxi innocent ma foi. Même si lui aussi devenait exaspérant. Elle paya et claqua la portière. La nausée ne passait pas. Elle sonna.
On lui ouvrit. On ne comprit rien. On ouvrit la bouche bée et on se laissa vomir sur les pieds. On se doubla et les quatre yeux se fixèrent sur Nikè.

« Nikita... »

Ce fut la seule parole prononcée.

Elle rentra dans la maison. Elle fila dans la cuisine. Elle se saisit du fameux couteau. L’arme de son enfance. L’arme des parents fous. Et elle s’approcha du couple qui faisait bien rabougri. Elle faillit le leur faire remarquer mais n’en trouva pas l’utilité. Elle ouvrit elle aussi la bouche comme un poisson rouge stupide et ils sourirent parce qu’ils crurent qu’elle leur parlerait, qu’ils pourraient l’atteindre, la trouver. Les yeux et le cou en attente. Parce qu’ils l’aimaient de tout leur coeur, les furieux. Même les furieux aiment de tout leur coeur. Sans doute trop d’ailleurs. Elle planta la lame juste dans le palpitant. Elle eut même le temps de viser. Ils ne bougeaient pas. Ils étaient déjà morts ?
Le premier.
La deuxième.
Ils s’écroulèrent.
Elle repartit.
Elle repartit a l’aéroport.
Et elle pleura de joie. Pour la première fois de sa vie, elle sentait quelque chose de moelleux presque fondant entre les seins.
Elle n’avait pas prévu de prendre l’avion mais elle se dit qu’elle reviendrait vite. C’était pour, une seule fois, aimer ses proches.
Elle les aima d’un coup, sans crier gare. Elle les aima avant même de les avoir sous la main. Elle les serrai dans ses bras. Elle leur dit qu’elle les aimait. L’Australie trembla. Peut-être la Terre toute entière.
Elle reprit l’avion.
Elle fut arrêtée à l’aéroport et ne contesta rien. Elle ne dit pas un mot. Elle sourit comme elle souriait à ceux qui l’aimaient et l’admiraient toute jeune. La vraie loi s’exprimait. Elle n’avait plus rien à perdre ni à gagner.

Dans sa cellule, elle est une grande criminelle au coeur enfin tendre.

samedi 5 novembre 2016

Toucher et être enfin, Feu Follet-Géant Bleu

Touche pas !
T’approche pas !
Attention tu brûles !
Touche paaaaaaas !

C’est celui de l’intérieur qui gueule comme un putois.
Il est bégueule,
Nargue,
Il ne partage pas,
Il veut Etre
Seul.
Pas être seul.
Etre
Seul.
Il ne veut pas y toucher,
Il veut rester dans son petit pré carré
Tout confort
Jamais d’erreurs
Irréprochable
Et tout beau
Tout gentil,
On ne l’accuse pas,
Il se sentirait coupable pauvre chouchou !
Mais il y a l’autre autour
Qui l’appelle sans cesse,
Qui ne bouge pas de sa place lui.
Oui parce que,
J’ai oublié,
Mais le premier à la bougeotte,
Il se fout en boule ou sort du champ,
Il n’est jamais dedans,
On ne peut pas l’attraper.
C’est le but,
Vous l’aurez compris.
L’autre n’est pas un contorsionniste
Ni un hyperactif.
Il reste en place,
Il fait illusion d’ailleurs,
Parce qu’en plus,
Il doit faire vitrine.
Il tend la main,
Il essaye de la forcer aussi,
Pour qu’ils soient sur la même longueur
D’onde.
Mais Feu Follet ne veut pas
Et lui échappe
Toujours.
L’autre,
Géant Bleu,
attend depuis des lustres.
Il ne sait plus quoi faire.
Il est prêt à baisser les bras.
Feu Follet n’entendra
Jamais
Raison.

Un jour,
Il essaye
Une idée
Qu’on lui suggère.
Géant Bleu,
Lui,
Il croit avoir fait le tour.
Mais non !
Mais nooooon !
Il met les mains en l’air,
Et ouvre toutes les issues.
Et Feu Follet
Devient fou.
Il a peur.
Géant Bleu ne lui court plus après.
Géant Bleu ne le protège plus
De sa grande carcasse
Bienséante
Bienveillante.
Feu Follet ne peut plus
Fuir.
Il doit lui-même
Aller chercher la main de
Géant Bleu.
Il doit le toucher,
Ils doivent s’accoler l’un à l’autre
Et Etre
Tous les deux.
Feu Follet ne peut plus
Etre
Seul.
Où il disparaît
Bel et bien.
Géant Bleu n’a pas besoin de le lui dire.
Feu Follet est très intelligent.
Géant Bleu ne sourit pas,
Ne ricane pas.
Il soupire de soulagement.
Il va enfin pouvoir dormir tranquille.

Je suis
enfin
ensemble ;
A touche-touche.

un mien vaut mieux que tous les tiens-rats !

Tu n’es pas des miens,
Tu ne seras jamais de ma trempe
Pas de ma troupe
Pas mon trip.
Oublie-moi
Et retourne chez les
Tiens.
Tous les tiens.
Vous êtes nombreux.
Vous êtes un tas
Tous les mêmes,
Nous ne sommes pas des mêmes.
-Qui sont donc les tiens ?
-Les miens ? Les miens ?
Pourquoi ? Pourquoi ?
Ils ne sont pas assez bien pour toi ?
Les miens sont deux.
Je n’en veux pas plus.
Lâche-moi chez les miens,
Ceux qui ne lâchent pas,
Eux,
Pas comme les tiens.
-Connaîtrais tu les miens ?
-...
-Hein ? Connaîtrais-tu donc les miens, déjà ?
-Je les connais depuis toujours
Et ce ne sont pas les nôtres.
N’approche pas plus.

Et elle part des larmes plein les yeux,
Les sourcils en colère.

Les siens sont pleins d’amour.
Les miens sont pleins de haine.
Voila la théorie,
Voila la douleur.
Elle finira par rire,
Aussi improbable que cela soit,
A force de pirouettes,
Elle finira par ne plus seulement
Grogner comme une enragée,
Pour dire qu’elle a peur
Peur des miens
Comme de la mort,
Sans même un mot
De part ou d’autre.
Peur et mal
Et qu’on ne vit pas comme ça,
N’est-ce pas ?



jeudi 3 novembre 2016

L'ange cardiologue

Elle est de ceux
Qui étreignent le coeur.
Qu’on soit d’humeur ou pas,
Elle fait le coeur vivant.
Qu’on ait décidé
Radical !
Q’aujourd’hui
Pas de sentiments !
Elle de ceux qui...
Comment les appeler ?
Ceux qui parlent derrière les décisions
Et belles pensées
D’être rationnel.
Ceux qui défoncent les forteresses
En une minuscule seconde.

Elle est de ceux
Qu’on se retient
De serrer fort
Dans les bras les plus tendres qu’on a,
Parce qu’elle,
Elle ne sait pas
Et elle ne veut pas,
En tout cas dans sa lucidité.
Elle ne veut pas encore
Et pourtant elle appelle
A cor et à cri
De son corps frêle
Cette tendresse.
Elle est de ceux qui peinent
Mais ne peuvent encore
Que parler aux cœurs,
Sans le savoir,
Tout en battant la vie bruyamment
Pour ne pas s’effondrer.
Du bruit !
Du bruit !
Toutes les percussions surtout Messieurs Dames !
Mais,
Elle aura beau tout faire,
Quand elle lève les yeux,
Qu’elle regarde en face ou d’oblique,
Avec un sourire d’ange
Déchu
Déçu de sa nature salie,
Impardonnée
A ses propres yeux
Et comme, à jamais.
On lui effacerait la mémoire
Et pour tout l’or du monde
Lui rendrait une douceur.

Elle est de ceux qui
Arrachent la chemise et ouvrent la cage
Sans complexe,
Visent l’exacte cible juste à gauche
Entre les poumons
Et piquent.

Plus tard,
elle sera chirurgien cardiaque.

jeudi 27 octobre 2016

Quelqu'un !

Besoin d’un quelqu’un
Sous la main
Pour le tenir
Qu’il tienne
Et je parlerais
Comme une fontaine
De chocolat
Dégoulinante.
Parce que les premières heures
Parfois impitoyables du matin
Se passent seule.
Des heures
Sans un mot.
Il y a ceux
Qui sont putain de tranquilles,
Ce que c’est cool !
Comme ca.
Et il y  a ceux qui attendent
Le premier quelqu’un
Qui va parler
Sourire
Même juste s’adresser.
Besoin d’un quelqu’un
Qui rattrape
Que ça arrête de s’envoler mal
De faire des remous gluants
Et nauséeux.
Oh non... Pas toute la journée comme ça...
Oh non...ça commence mal...
Phrase des plus stupides
Puisque concernant une journée,
Le commencement est souvent le plus dur.
La lune de miel du matin-départ eu travail
Semble quelque peu
Ridicule.
C’est comme la naissance.
Heureusement que le bébé ne se dit pas :
« Eh merde ! Si ça commence comme ça, je suis mal barré ! »
Il sautera du berceau tout de suite
Le petit gars dis.
Mais c’est un peu pareil
Ces jours où
Les heures solitaires du matin
Donnent l’impression
De tout devoir recommencer à zéro.
Toute la vie qui doit être refaite,
Réprouver,
Reprise du départ
Et on a peur à crever.
Je vais jamais pouvoir.
Il faut que je rentre.
Je pars droit dans le mur.
Je suis Paso.
J’y arriverai jamais.
Je vais m’écrouler.
Je vais me disloquée.
Je vais tout gâcher.
C’en sera fini pour moi.
Je serai bannie.
Je vais tout perdre.
Ils vont tout voir et tout comprendre.
Je serai nue comme un ver
Devant tous.
Je n’aurai plus rien.
Je pleurerai.
Comme une minus.
Sans autre arme.
Débile à faire peur.
Je serai à terre.
Sans pouvoir tenir sur les jambes.
Quelqu’un !
S’il vous plaît !
Quelqu’un pour parler
Avant la fin du monde !
Youhouuuu !
« Bonjour Madame, vérification des titres de transport. »
Et premier plouf.
Attendons les suivants.
Salvateurs.

lundi 24 octobre 2016

Jours où

Les jours où
Mains ballantes
Inutiles
Désarmées
Juste connes.

Les jours où
Bossue
Et bien comme ça,
Boudeuse
Sans colère,
Rabougrie
Un peu pourrie
Un peu vieille
Un peu vielle fille
Plutôt sale
Pas joli parfum.

Ou alors,
Noir corbeau
Brillant
Cinglant
Aigu
Sans. Ô cessions
Cruel
Sans un mot
Tiquant
Agacée
Exaspérante
Inatteignable.

Les jours
Sans couleur
Ou plaquées
Fausses.

Les jours
Sombre
Le ciel bas
Les yeux tombent
Rien ne vaut.
Tout énervé
Et rien ne vaut.
Tout est décidément stupide.

Les jours
De gerbe
Du moins nausées
Moue écœurée.

Envie d’un lit
D’une couette
Toute la sainte de pute journée.
Et arrivée la nuit,
3 plombes pour s’y glisser
Se pelotonner,
Comme un connard
d’humain qui ne
Sait ni ne saura
Jamais
Ce qu’il veut.

mercredi 19 octobre 2016

Je suis un monstre

Si je laissais vraiment
Faire la nature...

Arrête de réfléchir !
Te complique pas la vie !
Tu penses trop !
Lâche-toi un peu !
T’en fais toujours des pataquès !

Vous voyez ce que je veux dire ?
Que vous soyez celui qui le dit
Ou celui qui le reçoit ?
Voyez-vous bien ?
Peu importe.
Non ! peu n’importe pas ! peu n’importe pas du tout !

Bref,
Si je laissais donc
Faire la nature,
Notre belle nature,
Sincère et authentique,
Vraie plus vraie que tout autre chose,
Paraît-il,
(Ce que je trouve très insultant pour la culture qui semble opposée à toute cette merveilleuse jungle qui nous habite)
Je dévorerais tout
Sur mon passage.
J’engloutirais
Engouffrerais
Enfournerais
Dévorerais
Dévasterais.
Je serais une ogresse
Une folle déchiqueteuse,
Une égorgeuse de tout ce qui se bouffe
Et se digère,
Une sorcière qui ferait tout bouillir,
Pourvu qu’elle puisse enfourner.
Pas une gentille ogresse verte à couettes
Ou une sorcière qui met trois mômes à la broche.
Je serais une furie de la dévoration.

Meuh enfin non tu ne ferais jamais ça !
On te donne trois graines et t’es contente
Alors dis pas de bêtises !
(Connard va !)

Et si, je sais,
Je sais,
Pas parce que mon cerveau malade
De bouffe
Le dit,
Halluciné.
Je sais
Parce que mon corps le dit.
Je sens que je suis
Entièrement prête
À engloutir
Sans rien choisir,
Sans rien laisser,
Sans rien abandonner.
Tout finir jusqu’a la dernière miette,
Comme sortie d’Auschwitz
Et narguée affamée
Squelettique.
Je sais que mon corps
Peut avaler
Beaucoup de couleuvres
Et beaucoup de tout,
Des heures durant,
Sans s’arrêter,
Manger,
Manger,
Quoi qu’il en coûte.
Quoi que je sache
Exactement ce qu’il m’en coûtera
Très cher,
Dans très peu de temps.

Je sais.
D’autres savent
Ces monstres qu’ils vivent,
Qui se tortillent à l’intérieur,
Qu’on tient en laisse bien serré
La journée
Et qui explose de rire et de liberté
Le soir.
Ce n’est pas de la douleur quotidienne.
Enfin si !
Quotidienne, tous les jours.
C’est la douleur d’être fou
Quelque part.
D’être sans aucune limite
Quelque part.
D’être délirant
Quelque part.
Et de n’être qu’une marionnette
Dépossédée.

Qui a son monstre à lui ?
Qui qui ?
Vous êtes là ?
Qui le connaît ?
Qui le déteste ?
Qui le craint plus que tout ?
Qui voudrait ne plus exister quand il tire les ficelles ?
Qui sait, malgré les apparences ?
Qui sent le monstre tordu et taré pousser les membres bien sages ?
Qui sent la bête, la plus stratégique ?

Ma nature est aussi ce monstre.
Alors, non !
Je ne laisserai pas faire
Sans les mains
Youplaboum.
Parce qu’il faut
Laisser hurler le monstre
Le regarder
Et l’ecouter,
Le respecter,
Y parvenir,
Avant de lâcher le leste.
Et c’est l’affaire d’une vie.
Ou d plusieurs.

jeudi 13 octobre 2016

Routine salie

Sortie de douche,
Propreté
Netteté
Tranquillité.
Pas poétique
Mais physique
Chimique
Atomique.
Tout cela est parfois bien apaisant.
Habillage et finitions.

Sortie au monde.
Première du jour.
Toujours un inattendu
Même si le calme engrenage routinier est en place.
Toujours un choc.
Toujours un vrai choix.

T’es folle ma pauvre !
Bref, je préfère me choquer
Plutôt que
M’ennuyer.
Attention à la routine !
Attention au poids du quotidien !
Jamais vu.
Connais pô.
Pô du tout.
En bonne folle,
Je suis chaque jour surprise.
L’endroit de la médaille.
Il en faut bien
Pour tout le monde.
Partagez donc Messieurs Mesdames les Pô de Souci.

Sortie au monde et première marche.
Elle monte et elle descend
La salope.
La saloooope...
Elle fait faire la tête chouette
A 360°.
Ah voila une journée qui commence !
Ah, je suis déjà moins nette...
Je commence à brouiller.
Je commence à salir.
Couler.
Dégorger.
Détonner.
Boiter.
Bancale.
Craquer.
Crader.
Craqueler.
Mochir.
Suer
Suinter
Gigoter
Décaler
Decranter
Déchanter
Détruire
Casser
Rapetisser
Écroulée dans le caniveau.
En quelques minutes, je suis sale.
Je suis gâchée.
Pas tout de suite complètement.
Doucement mais sûrement.

Les heures passent.
Je bouge.
Je vis.
Je m’émeus.
Je m’agite.
Je suis de plus en plus
Vieillie
Rabougrie
À refaire,
De À à Z.

Ca ne se voit pas.
Ca se transpire
En solitaire.
Et on finit la journée
En déchet,
Au fond,
Pas effondrée,
C’est la routine,
C’est pas si grave,
Mais on,
N’y pense pas,
Parce qu’on ne pourrait
Vomir
Et ne plus revenir
Demain.
Que dit mon palpitant alors ?
Silence béant.
Ou surdité sévère.
Il passe son tour.
Gros Colon
Et son copain
Gros Testin
Prennent le relais.
Des voix
Des voix
Partout.
Allez,
Pavillons dressés !
Jusqu’a toutes les entendre et
Les aimer.

mercredi 12 octobre 2016

Mon coeur tu as mon nom

Je suis allongée,
J’écoute mon palpitant.
J’écoute les coups et trous.
Pas le flux et reflux.
Il n’a pas le pied marin,aujourd’hui.
Plutôt martial.
Je suis prête à dormir.
Il est feu follet.
Pas batifolant.
Pas affriolant.
Plutôt flamboyant.
Plutôt formidable.
Formidable et flamboyant
Comme on veut les entendre.
Formidable-admirable (contemporain et banal) ;
Formidable-effrayant (antique au pied de la lettre) ;
Flamboyant-merveilleux (optimiste et pyrotechnique) ;
Flamboyant-venimeux (pyromane nyctalope).
Etc. Etc.
(Pas trois p’tits points après Etc., n’empêche que le répète, alors, ma foi, cela ne revient-il pas au même ?)
Mon palpitant bat comme un forcené.
Je l’ecoute à ce moment-là,
Pour la première fois,
Après une soirée bien remplie.
Je l’avais toujours ignoré,
Sans aucune determination quelconque d’ailleurs.
Ou celle, parfaitement incontrôlée, de
Ne pas
Entendre sa voix.
Je hurle au scandale parce que,
Démocratie ou pas,
Quoi qu’on en dise,
On écoute toujours le plus fort,
Le criard,
Le verbe haut
Mais pas forcément juste.
Et pourtant, je m’insurge,
Je resignerai chaque jour s’il le faut,
Cette révolution,
Mais je succombe comme tous
A ces sirènes-là.
J’ai laissé mon palpitant
S’emballer comme un damné,
Chaque fois,
Chaque jour qui a fini trop rempli,
Nombreux,
Et n’ai jamais compris.
J’ai cédé à la prétention de l’idée.
Elle me disait :
« Tout va bien,
Tu vas enfin te reposer.
Tu es au calme.
Tout est calme.
Tout cela est loin
De ce lit,
De ces draps.
Tu as déjà oublié.
Demain est déjà là. »
Et le palpitant cognait comme un dingue !
Mais comme un dingue je vous dis !
Il tapait creusait tapait creusait tapait creusait
Poussait trouait poussait trouait poussait trouait
Toute la poitrine
Et personne ne me disait rien.
Je veux dire,
Personne ne me résonnait.
Je ne reconnaissais
Personne.
Je laissais le corps s’essouffler
S’époumoner
Et moi comme si de rien.
Ca n’était pas encore assez bruyant,
Pas assez grande gueule pour que je.
La honte d’être moi aussi de ceux qui.
Facilité.
Paresse inée
Et salvatrice,
Aussi,
Il faut l’avouer.

Hier pour la première grande fois,
J’ai entendu
Le palpitant
Crier.
J’ai entendu,
Ouï,
Oui !
Le tambour dans ma cage respirante.
Les côtes branlaient et l’estomac faisait le grand huit.
Mon palpitant faisait comme dans les films.
Et je me dis
Qu’il faisait pourtant bien
Son cowboy là quand même
Et que je n’y avais vu que du feu
Ou pas de feu
Justement.
C’est idiot cette expression qui dit le contraire de ce que je veux dire.
Petite conne tiens !

Mon coeur
M’a prévenue,
Souvent,
Efficace.
En grand danger,
Je l’ai suivi aveuglément.
Il avait forcément raison.
Plus que n’importe qui
Dans et hors de moi-même.
Bien m’en a pris,
Je m’en rappelle.
La vie était en jeu.
Largement.
Je l’ai amené
Jusque là,
Cette extrémité-là.
Et je n’entends pas ses tonitruants boums boums
Du quotidien.
C’est pas moi la p’tite conne ?!

J’écris et mon palpitant,
Tu recommences.
Je t’entends.
Je t’écoute.
Tu as mon nom
Et mon sourire.

lundi 10 octobre 2016

Jour de caprice

Quand le caprice,
La rage,
Tient par les couilles.
Meme celles que je n’ai pas.
Quand tout doit être là
Maintenant
Parce qu’apres la patience,
Vient la violence.
Pas d’entre deux.
Pas d’impatience
Puérile mais convenable.
Là,
Envie

De casser la gueule.
Parce que le café a coulé.
Parce qu'elle réveil à sonné.
Parçe qu’il fait froid.
Parçe qu’il fait chaud.
Parçe qu’on est en retard.
Parçe qu’on finit par tout détester
Et tout le monde.
On est merdique,
Tout est merdique,
Et on engorgerait les géniteurs.
Et un petit privilège pour les enculeurs de l’enfance.
Pas juste de l’impatience.
Parçe que toutes les fureurs remontent.
Parçe qu’on voudrait hurler
Aux gens qu’ils doivent avoir honte d’eux.
Parçe qu’on voudrait dire qu’aujourd’hui,
Ton désir toi mon salaud,
Je n’en tiens plus compte.
Tu n’as écouté que ton petit etre de victime du monde,
Oh ce qu’on est méchant avec toi !
Pauvre chou !
Tu n’as écouté que ca,
Ils n’ecoutent que ca,
Le monde se regarde le nombril,
Et on doit faire avec ?
Toujours les mêmes,
Les machines à concessions.
C’est dans votre gueule
Que je vais vous péter,
En pleine face,
En plein bide,
Là où le  respect de moi ne vous a pas effleuré.
Vous n’allez plus omettre de m’écouter,
Je ne sourirai plus.
Je fermerai les lèvres pour ne pas cracher en pleine
Rue.
En public.
Pour ne pas être celle qui passe pour folle
Alors que la vie fait tellement enrager.

Et se sentir aussi rageuse de soi
Et de ses enflammades,
De cette inutilité,
De cette vanité.
Prête à tout salir
Parce que seule la rage à sa place
Ce jour-là.

dimanche 9 octobre 2016

Bébé Alex

Le bébé n’a que ses yeux et ses entrailles pour armes. Il vit survit par eux.

Les gens viennent salue son arrivée en ce bad-monde. Ils ont un mouvement de recul. Parfois, un petit claquement de langue pour dire leur désapprobation. Si jeune et si gênant. L’enfant pourtant, de loin, n’a rien que d’ordinaire. Tous les bras et jambes sont en place. La tête est la même que celle de n’importe quel enfant . Elle a peu de cheveux. Plutôt foncés mais sans vraie couleur encore. De toute façon, tout cela changera encore et encore. Autant ne s’habituer à rien. Pour lInstant elle est à peine. Non sans peine mais à peine. Ils sont dupes.
Les parents ne s’aperçoivent de rien.
Les parents ne s’aperçoivent jamais de rien.
Le bébé fait cet effet-là. Il tue les consciences et les intelligences. Il réveille le plus enfoui. Le plus tripal. Il suscite l’irrépressible, le plus dingue et le plus puissant. Ce qu’on ne maîtrisera jamais. On peut toujours le nier après coup. On en toujours l’objet sur le coup. Le bébé est une divinité de l’intuition, un éclaireur du chemin le plus court vers le point G sans aucun plaisir de notre être. Le point zéro, alpha, princeps. Certainement pas lambda ni x ou y. Le vrai point de départ qu’on ignore presque toujours. Sauf peut-être le dalaï lama.
La vie comme elle va. Oublieuse. Salope oblitéreuse.
Ce bébé-là va défouir la douleur primordiale. Il fascine et attire. Il obnubilé ou répugne. On veut absolument le revoir ou plus jamais de la vie.
Ce bébé-là est né avec l’intuition de la douleur D, alpha, princeps. Chacun son don. Le minuscule humain qui va décrocher les sourires, les mettre au placard et qui regarde dans l’absurde profondeur de l’être. On en a des nausées. Qu’on soit pour ou qu’on soit contre. On est au bord des dents, la glotte aux aguets. On est ouvert, sur la table chirurgicale. Ce bébé a déjà une destinée. Il opère, ouvre, écarte les pans de la couverture sociale, qui cache, habille, construit le joli poli molli. Ce bébé-là est encore plus fou que les autres, encore plus détonnant. On dit d’elle : « Quels yeux ! quel regard ! » Parce qu’on ne sait pas comment dire autrement et qu’on ne veut pas passer pour le loufoque de service, parano à ses heures. Rien de is normal pour l’adulte de base, malhonnête et aveugle. Mais on sent l’intestin protester. Lui sait et dit qu’il se passe un truc grave. Bien plus haut et fort que les autres, il le dit. Pas sûr qu’il ait le choix d’être une grande gueule. Pas sûr qu’il ait son propre mot à dire. Quoi qu’il en soit, l’humain adulte auquel il appartient n’entendra pas les gargouillis.
Elle n’est pas devin. Elle n’est pas magique. Elle est depuis le début dans sa bulle missionnée. Elle est attendue oui comme un Messie. Pas de quoi s’enorgueillir. Elle est déjà doublement impuissante dans la vie. Elle ne l’a pas choisie sa mission. (Mission de merde, disons les choses comme elles sont.)  Elle n’a pas encore les moyens de la détester. L’enfant pourra le commencer. L’ado la haïra très vite.. Et l’adulte reniera sans remords. Chacun son potentiel.
Qui dit que l’enfance est un paradis ?
Elle se mettra quand même très tôt, tout de suite presque, dans des colères noires. Bébé parfait qui mange, qui rote et qui dort quand il faut tout bien jusqu’au moment où? La cuve est vide ou la coupe pleine.
Le puits à sec.
Les poumons essoufflés.
La gorge sans cris.
Elle ne pleure plus.
Elle se recroqueville sans qu’on le sache.
Bien sûr sans qu’on le sache !
Qui sait les drames du bébé sage ?
Qui les soupçonne ?
Elle finit par lâcher du leste et ne plus être belle. Elle est au bord. Non ! Elle est au fond ! Dans le noir le plus complet. Elle s’électrise. Elle laisse la foudre la foudroyer. Elle est en sécurité autre part, recroquevillée dans l’oeuf, tout petit œuf au fond du ventre. Elle sent les vibrations de la foudre. Toutes les catastrophes naturelles en même temps. Elle y est, tourneboule, mais aussi non. Aussi, elle regarde, elle filme le désastre. Toujours, elle filmera et enregistrera consciencieusement ces foudroyances. Elle y trouvera toujours une issue à l’entière asphyxie. Bien sûr, elle perdre rythme, elle perd de l’air. Elle se rétrécit. Elle siffle et râle. Ben oui ! La mort n’est pas loin quand elle est en colère, qu’elle ne peut plus être belle et parfaite. La mort déjà pointé son nez. Elle est dans l’armée des bébés-douleur. Les bébés du point D, alpha, zéro et la douleur.
Les bébés-douleurs.
Les bébés-soigneurs.
Les bébés-soldats.
On ne les voit pas. On parle de la santé et du pipi caca. Et après ? Et après rien. On s’inquiète pour cela alors que le bébé voudrait se retirer, voudrait rendre les armes, du moins le titre. Parce que les armes, personne n’a trouvé de bon ton de les lui fournir avec la mission. Le statut invisible qui écrase. Comme un éléphant au dos s’un nourrisson. Ridicule, risible, stupide. Dessin animé. Histoire de conte de fées. Ou pas.
Bébé Alex, soldat historique protecteur. Le magnifique. Le splendide. Fille ou garçon, finalement, peu importe. On l’aimera quoi qu’il en soit.
Oui et ?
Et ?
Et rien ?
Et, fille ou garçon, il se battra pour vous protéger sans même que vous imaginiez le lui avoir suggéré.
Suggère-t-on a un bébé ?
Réflexion faite, je dirais... Non.
Qu’en dis-tu Bébé Alex ?
Qu’en dis-tu ?
Ah oui, pardon. Au temps pour moi, tu ne parles toujours pas. C’en est agaçant d’ailleurs ce mutisme. Alors que bon... De mauvaise volonté ? Mmmm... À voir.
Les fous furieux.
Quel bonheur cette enfant ! Elle est a-do-raaable ! Elle ne bouge pas. Elle est idyllique. Et rigolote en plus ! ( ils ne disent tout de même pas qu’elle ne parle pas assez parce que ça paraîtrait fou furieux précisément, mais, soyons francs, très francs, ils le pensent. Ca complique tout. Mais on y trouve quand même un avantage. Verrez après !)
Quand elle est dans le trou, elle finit par se laisser choir. Elle laisse faire. Elle abandonne et c’est doux. Elle meurt la conscience tranquille et le corps évidé sur le champ de bataille. Elle s’endort. Ses  yeux se retournent vers le petit œuf et basta ! Elle n’en peut plus. Au bout du rouleau. Elle n’a pas même un bouclier voyons ! Pas même la moindre armure. Alors, elle leur Fuck Bye et Faites ce que vous voulez de moi, vous et tout le monde. Forcément, ça fait peur aux adultes responsables et sérieux. Qui forcément l’entourent de mille attentions. Ils se pressent. Du coup, elle revient à elle et elle cède. À chaque fois. Elle n’y résiste pas. Elle ne pense pas d’ailleurs. N’oublions pas, ni vous ni moi qu’elle est bébé, Bébé Alex. Un ch’tiot comme ca, ca n’abandonne qu’un temps, qu’un instant. Et puis ça repart comme en 40. Comme en 40, même si ça ne veut proprement rien dire. Mais enfin, quand on est in bébé-soldat, on a bien le droit à cette formule-là.
Ce bébé-la, moi, il me fout les boules. J’ai envie de tout recommencer à zéro pour lui, pour elle. De tout refaire du commencement, au point zéro, son point zéro à elle. Parce qu’on s’est bien foutu de sa gueule quand même. Bien bien foutu. Pour une bouffonne on l’a prise, une vraie bouffonne. Elle n’était même pas née qu’elle était déjà manipulée. Déjà un tournevis tout beau tout neuf, joujou impeccable qui tourne les vis pour les autres et perd la tête de vertige. Et tout le monde se réjouit du cadeau. Il y en a même un qui en jouit sur elle, l’immonde. C’est écœurant, Bébé Alex ! Et toi, tu continues de te battre pour vivre. Parce qu’un bébé, ça fait comme ça. Ça fait rien d’autre. Un bébé, ça lutte pour la vie toujours.
Ca fout les sacrées boules de voir qu’on la traite comme ça et qu’elle se bat comme ça. Moi, j’aurais bien envie d lui dire : « Bébé Alex, lâche l’affaire tout de suite. Ça ne s’arrangera pas. Un bébé, souvent, on essaye quand même de pas faire n’importe quoi. Même si ça dégringole ensuite. Sauf qu’il y en a des furieux, qui déglinguent même le bébé. Il faudrait les éliminer ceux-là, les enfermer, les stériliser. Putain, c’est Bébé Alex et ses grands yeux noirs et forts qui me font dire des conneries pareilles. Mais j’y résiste pas.
Non mais concrètement, que lui fait-on à ce bébé Alex ? Concrètement ?
On le réveille en pleine nuit parce qu’on n’arrive pas à dormir, soi, pauvre adulte en détresse. On va chercher son doudou dans son berceau.
On le caresse partout pendant des heures, le temps de s’apaiser soi-même, parents « ressources »... Parents sources de tous ses problèmes au Bébé Alex oui ! On la caresse pour se bercer soi-même. Parce qu’elle, elle est toute calme ; même parfois endormie alors forcément calme, quand on l'a chopée et qu’on lui vole son calme, comme je l’ai dit tout à l’heure.
On pleure avec elle en silence quand personne ne nous voit dans le noir, quand on peut se lâcher. Parce qu’un bébé, c’est tout doux et tout rond et ça cafte pas. Il peut tout arrondir et tout adoucir le bébé Alex. Ou un autre. Elle ou un autre, finalement là n’est pas la question. C’est le bébé poupon qui compte.
Et puis le meilleur pour la fin, il y a toutes les histoires qu’on lui raconte. Ça ne peut pas lui faire d mal. Il ne comprend rien de toute façon. Alors on lui dit tout, tout de tout.
On se soulage de tout.
On lui chie dessus.
On lui vomit toutes ses ordures de la journée.
En vrai, c’est tellement bien qu’on va faire son gros caca après ça. Et on la remercie parce que c’est grâce à elle le gros caca. Ce bébé est formidable ! Il fait tout passer !
Après, on le laisse et celui du gros caca va bien dormir, à poings fermés lui.
Bébé Ales, elle, ne dort jamais vraiment bien. Je ne vous apprends rien. Elle finit parfois par pleurer à force d’attendre. On vient, on vient. Un peu et pas mal mais quand même pas le temps qu’elle s’endorme. On est fatigué. Y en a qui bossent ici ! Rooooo mais ! Qui se lève demain pour partir au turbin et pouvoir acheter les couches ? C’est Bibi L pas toi, p’tite coucouille va !
Et sur ce, on s’appuie sur ses genoux pour se relever en lui soufflant au visage. Fait mal aux jambes cette position dis ! On va souffler dans son lit et se reposer de l’enfant. Lus loin et pas trop près. Pas maintenant du moins. Pas que ça soit aussi gênant que ca, en pleine nuit et tout le tintouin.
On a bien bercé, c’est bien.
On est fier de soi.

On chiale depuis des lignes, là, sans l’avouer, sur le sort de Bébé Alex. Mais elle, qu’est-ce qu’elle chiale, dit ou fait ? Ben, pas grand chose, pas grand chose. Toujours cette pute d’impuissance qui mène à la mort.

Il y a un moment où, à raconter ça, j’ai envie de prendre ce bébé et de le jeter contre le mur. Parce qu’elle ne sert à rien, parce qu’elle ne se défend pas, parce qu’elle laisse faire le pire et presque avec le sourire. Elle continue pour le moment d’être un bébé joyeux et gentil. Elle a des vrais bras, des bons bras, parfois. Elle s’en gave jusqu’a plus soif. On a envie d’en finir avec sa vie déjà merdique. Parce que d’ici, on sait qu’elle n’en est qu’au début du calvaire. On a envie d’être en rage pour elle, avec et contre elle, je ne sais même plus de quel côté. Envie de défoncer tout ce qui passe et qu’elle ne soit pas cette victime débile. Qu’elle se réveille, qu’elle hurle en atteignant le mur et en sentant le coup. Que ses neurones en construction prennent un coup de fouet et s’insurgent comme des emmurés.
Et puis, cette colère, cette rancoeur qu’on a contre elle s’estompe brutalement quand cogne l’image de sa vulnérabilité. Tout frappe, tout heurte pour elle. Tout le monde. Sens dessus dessous. Le bordel intégral.
Bébé Alex.
Bébé guerrier.
Pourquoi ?
Tout fait penser, pourquoi ?
Et ca, on ne peut pas y répondre.
Cette fragilité insoutenable,
Telle,
Qu’on en devient violent.
Pourquoi ?
Parçe qu’elle ne peut rien y faire, voyons !
Mais ! Pas ce pourquoi-là enfin ! Je ne suis pas une imbecile. Pourquoi cela arrive-t-il ? Pourquoi y a-t-il le droit ?
Cette lutte infinie et méprisable.
Pourquoi ?
Cet air. Rien.
Pourquoi ?
Et toute cette connerie ambiante.
Pourquoi ?

Un jour, Bébé Alex Pete les plombs. Ce n’est pas que la première fois. Elle blé de tout son corps. Elle est en transe. Elle n’est plus là. Elle ne peut plus être là. C’est impossible. Elle s’evade dans lOeuf mais en fanfare, cavalcade urgente, elle n’a pas le temps de se recroqueviller doucement. Au bord du fond,  on n’oublie pas.
Elle crève l’abces.
Elle crève un peu.
Bébé Alex est une guerrière.
Rien nEst fait à moitié.
Elle est carrément flippante parfois.

De plus en plus, elle est dans son lit et elle attend. Elle est immobile. Complètement. Quand elle sent le danger surtout. Comme pour disparaître. Elle n’est plus dans son corps. On ne doit plus la voir. L’oeuf ne fonctionne plus. Se recroqueviller n’est plus assez. Désormais, on ne doit plus la voir. Plus tard, quand elle aura l’âge, elle rêvera dUne cape d’invisibilité. Ou de se réveiller le lendemain refaite à neuf. Nouvelle carrosserie, nouveau garage, nouveaux proprios.  Mais on n’en est pas là. Au max, elle se sort d’elle-meme. Et voila tout.
A l’arrache.
Elle s’arrache.
Arrachée aussi.

J’ai envie d’arreter de parler de parler de Bébé Alex. A quoi cela sert-il ? Sinon à déprimer définitivement.
Sinon à se mettre en furie.
Sinon à en vouloir à tout l’univers.
Bébé Alex désespère.
Elle est une sale victime faible et informe.
Bébé Alex ne sert à rien.
Elle est déjà pourrie à peine sortie du bide.
Autant l’exterminer maintenant.
Exterminons oui tous ces bébés trop malheureux.
Achevons-les avait qu’ils ne souffrent encore davantage.
Mais,
On ne sait pas, en vrai, ce qui peut advenir. La vie est pleine de surprises, paraît-il.  Pleine de surprises sans aucun doute, Messieurs Mesdames. Sûrement que Bébé Alex ne s’attendait pas à ca. Surprises pleines de saletés pour les bébés-soldats.
Ce sont eux après qu’on traite de faibles.
Face auxquels on change de trottoir.
Ceux qui sont bizarres.
Ceux qui font peur.
Ceux auxquels on se frotte pas.
Ce sont pourtant eux les remparts de l’humanité.
Qui se souvient que ce sont eux qui ont un jour protégé notre espèce ?
Sue ment pas l’ecole ni la rue.
La famille ?
Jamais.
L’hôpital psychiatrique ?
Mmmmm...
La prison ?
Non non non !
Les autres fracassés ?
Oui oui et puis c’est tout.
Bébés guerriers voués à l’oubli.