mardi 27 mars 2018

Invisible infirme

Dans l'arène,
les deux bêtes se
font face,
farouches
formidables,
fracassantes.
Les forces vont
s'affronter
mais
tout d'abord
se jaugent.

Les deux mêmes
animaux
de formes
et d'espèce.
Aucune infirmité
flagrante.
Le combat sera
juste.
Tel est le spectacle
que chacun
se figure.

Rien à craindre d'un
duel à
armes égales.
Rien à redire.
Rien à relire.
Tout le monde connaît
ses droits.
Tout est normal.
Tout est bien
comme il faut,
faudrait,
faudra,
sans frein,
sans faute,
fausse note,
fautif,
fauteur
de troubles,
fraudeur,
que nenni !
Rien de rien !
Tout le monde
dans les gradins
du monde
frappent
dans les mains
frissonnent
d'impatience,
ferveur intense.
L'on peut se réjouir
en frivole.
Voltige et frite !

Mais,
bien sûr il y a le
Mais
que vous attendez
tous.
Mais mais donc,
l'infirmité
en fourbe
se faufile
entre les mailles
du filet.
L'infirmité
invisible
franchit
tous les obstacles
à la force
du poignet
et surtout de la
fermeté d'âme.
Mais elle est là,
dans les yeux de
la bête
au pelage sombre.
Parfaitement noire,
elle ne perce
nulle part,
elle prend les pupilles
et s'y terre.
Perdue
pour la vue
du quidam,
l'infirmité
roule et frémit
pourtant
en pleins phares.
La bête est magnifique.
Un peu frêle
par endroits
mais
brillante
dans sa robe bleu noir.
Elle miroite,
réfléchit tous les
flashs.
Alors,
le monde
les yeux fixés sur
l'arène,
scrutent
les bêtes
idems,
indemnes.

L'autre grogne ,
flaire,
gratte 
flirte
le beau pelage,
provocatrice.
L'autre se fige,
froide ,
de glace.
Fulgurante,
La première bête
bondit
et
n'a qu'un
cri de feu
à lancer
pour fléchir
l'adversaire.
La belle bête
d'ébène,
se réfugie
au creux d'elle-même.
L'autre furieuse
croque et craque
les pattes.
Puis les yeux dans les yeux,
déchiffre
trop tard
l'infirmité
sans nom.
Elle se recule.
Elle se détourne.
L'adversaire
est un faussaire
d'extrême talent.
Ecoeurée.

Et l'autre,
à nu,
absolument
fragile,
le public
interdit.
Le spectacle est fini.

L'infirme
pansera ses plaies
et fermera les yeux,
pour plus tard,
peut-être,
fomenter une
vengeance.
Jusque là,
elle continuera
de feindre,
parce qu'il faut vivre ;
dans sa belle robe
bleu noir.









samedi 24 mars 2018

Traverser les portes et les airs

Quand l’oreille d’en face,
Voisine chaleureuse et chérie,
Se ferme,
La porte se claque
Irritée
Ou juste
Nonchalante,
Inintéressée
Ou juste
Lourde.
Oh non non non !
Pas de jmenfoutisme
Ni d’agression
A mains armées,
La porte se referme
Un peu sans que l’oreille voisine,
Maîtresse des lieux,
S’en aperçoive,
Un peu à la légère.
Légère...
Fille facile...
L’oreille voisine est une
Rêveuse,
Dans les nuages,
Regarde comme elle est belle,
À voler dans ses airs...
La mienne
D’oreille
attend,
Aux aguets,
Menton levé,
L’oeil grand ouvert,
Fixant la poignée
Et le moindre de
Ses
Frémissements.
Mon oreille
Et tous les autres la
Suivent,
Elle emmène son
Monde de sens et
D’attentions,
Toutes les portes sont
Ouvertes.
Bien trop ouvertes,
Aux quatre vents
Et l’univers s’engouffre
Et tourbillonne.
L’oreille est seule
A entendre et
Lire les chants
Qui l’enveloppent.
Elle en fait son affaire,
Souvent,
Il en va ainsi,
Pas de drame galactique.
Mais toujours non,
C’est impossible ;
Et toujours
Est comme jamais,
A ne jamais
Claquer assurément.
Pourtant,
Bizarre bizarre...
L’oreille d’en face est
Toute voisine,
Toute là,
Toute proche,
Toute douce
Parfois,
Mais elle est sourde
Aux chants qui me
Dansent et que
Je danse
pour elle.
Belle à rêver dans ses airs ?
Drôle oui
Quand on peut rire,
Quand on a foi
En soi.
Belle ?
N’en demandez pas
Trop
A mon oreille
Déjà suturée
Et mille fois mangée
Comme les poings,
Pour ne pas crier
Au scandale.
Belle d’être sourde
A mon tourbillon
Intérieur ?
Certainement
Pas.
Le scandale n’est
Que le mien
Et la vie,
C’est tout.
Chacun ses chants et danses
Et la salle de bal
Est un fake.
L’adolescent sait,
Lui,
Seul dans sa chambre
Face à son miroir.
Ta danse ne se dansera
Que seul.
Pas de pleurnicheries,
Ni de pessimisme
Amer
Complaisant.
Réalité franche,
La franchise que tout le monde
Loue,
La voilà donc !
Pas celle-là que tu voulais
Entendre ?
Trop tard,
Franchise est franche de tous
Les sens.
L’oreille d’en face
Rêve
Et la porte claquée au
Nez
Reste
Sagement
Inerte.
L’oreille d’en face,
Chaleureuse et chérie,
Il faut l’aimer comme ça,
Et danser
Avec les mots
Qui eux,
Traversent les
Airs,
Même les plus
Sourds nébuleux,
Loin de la terre
Et des vivants.
Les mots et l’encre,
Les portes peuvent se
Fermer,
Ils se faufilent
Dans trous de serrures et
Interstices.
La danse et les chants
S’écrieront
Alors.




jeudi 22 mars 2018

Les branchies-cœur et tête-pastèque

Elle a
A la place du coeur,
Pas celui qui pompe
Et bat,
Celui-là est
Pièce maîtresse,
Mais pas que !
N’oublie-y-on pas
Trop
Tous les autres
Sans qui
Badaboum ?
Donc,
Pas ce coeur-là,
L’autre coeur
Qui va et vient,
Flotte et s’ancre,
Tonne et mielle,
Virevolte et s’enterre,
Crie de joie et de honte,
Et de tout le reste.
Le gueulard
Qui
Soit dit en
Passant
Jamais ne
Perturbe
Le pompiste.
Celui-là
Est un vrai
Métronome.
Le poli sage de
La paire.
Elle a donc,
Cette fille-là,
A la place du
Jumeau coeur
Troubleur,
Des bizarroïdes
Branchies.
Pas une
Formidable
Découverte,
Comme les intersexes
Ou
Sept sosies de par
Le monde,
Mais caste peu
Étudiée
Ni
Représentée.
Les branchies-cœur
Comme elle,
Ont une grosse
Grosse tête,
Comme nourrisson
A tête de
Pastèque.
Pas la !
Grosse tête,
Attention aux
Amalgameurs !
Elle a la tête qui
Tirent et poussent
Les branchies-coeur,
Ne le laisse
Crier
Qu’en temps voulu,
Dit-elle...
Quel est le temps voulu
Pour !
Laisser gueuler
Le coeur...
Elle a l’air
Sûre et sait.
Ok.
Les branchies
Préférentiellement,
Ne crient pas.
Mais s’ouvrent et se ferment.
L’avantage est
Indéniable :
La respiration est
Assurée par
D’autres.
Les branchies-cœur
Jouent
A la guise de
L’énorme tête de
Bébé,
Handicapée ?
Sans doute,
Elle
L’est.
Quand sa tête à
Dit
Suffit maintenant !
Les branchies-cœur se
Referment
Et se murent
Loin.
Durs
Sûrs
Noirs
Ou blancs,
Les branchies-cœur
Décident
Sans un mot
Ni de larme
De
Disparaitre,
Cloitré,
Moine aussi régulier
Que leur jumeau,
Cette fois,
Train-train en
Circuit fermé
Loin
De
L’amour
Des
Cris,
Des
Fous.
Ses branchies-cœur
Sont hérétiquement,
Hermétiquement
Aussi,
On-off
Selon la tête-pastèque
Et ses diktats.
Les branchies-cœur
Sont
Un peu fous,
Pas mus
Normal.
Ils sont soldats
Mais elle
Vous dira
Qu’elle serait
Folle si ce cœur-là
Ne l’était pas.


lundi 19 mars 2018

Les mots-génies

Sous les doigts,
Les mots obéissent,
Sages soldats
Et plume glisse
Ou clavier clique
Fluides,
Faciles,
Pas filles faciles,
Mot doit s’apprivoiser
Mais l’alliance scellée,
Il ferait tout pour
L’amoureux
Transi
Qui lui a livré
Toutes
Les nobles marques de
Respect.
Les mots sont
A cheval,
Surtout français,
Sur courtoisie et savoir faire,
Puis l’entente
Devient
Enivrante.

On se dit qu’ils sont
Monture et que
Le bel esprit,
Cavalier,
Aguerri.
Mais le cheval
Non ne s’emballe
Mais danse
Parfois
Et les rênes mènent
Les mains qui
Les tiennent.
Les mots conduisent
L’esprit là où
Ils savent.
De mèche avec l’inconnu,
Les doigts
Obéissent
A leur tour
Et,
Sans sa-
voir,
Sans pré-
voir,
Aux mots
Qui devancent
L’idée,
Angoissée de son vide
Sur le divan.
Et ils  traînent les stylos
Claviers
Outils-mains,
Il suffit
De confiance.
Parfois,
La danse des mots
Prévient
L’esprit
Et ses idées.
Savoir baisser son froc
Mesdames,
Face aux sages soldats
Qui cachent des génies
De lettres.
Génies sans vœu.
Ils savent déjà qui
Donc les
Entendra.



Libérons la parole du monde !

Qui dit monde libre,
qui dit même
monde
trop libre.
Trop libre ?
Trop bon ?
Impossibles réalités.
Quel est ce monde si libre ?
Où est-il ?
On ne le sait pas.
Parce que ?
Parce que sa parole est
nouée.
Libre des mains,
Libre des actes,
Libre de choix.
Où les mots sont-ils libres ?
sûrement pas dans
les bouches.
Les lèvres se serrent,
les langues tournent sur
elles-mêmes,
les dents claquent.
Les mots s'entrechoquent
et surtout ne
pas sortir.
Dire ce qu'il faut.
Dire ce qui convient.
Ce qui plaît.
Ce qui paye.
Taire l'émotion du
réel invisible
et
s'emparer de l'en-kit
clonée,
la famille est bonheur,
faisons tous des enfants !
et autres
inepties
décolorées.
Agis et ne pense
pas trop.
Ne torture pas
les tripes,
et fais ce que tu veux
car !
quand on veut on peut.
et où sont les mots
purs ?
Les mots qui risquent
tout,
le précipice de
l'incompréhension.
Les mots s'écrivent.
les mots se libèrent
sans le son.
Mais les vrais mots s'engluent
dans
le paquet de paroles
que le monde
cache en son
sein,
l'énorme monceau
de mots
tus
prisonniers dans
ce monde si libre.





vendredi 16 mars 2018

Re re re et étrangère à moi-même

Cette
ruade
reculade
dérobade
devant la tâche
de re-machin
re-truc,
de
vérification.
Tout re-re-re.
Relisez-vous !
Réécoutez !
Recomptez bien !
Regardez derrière vous !
Re-re-re
comme un refrain.
Tout est à re- !
Pas tout bien
heureu-
sement.
Et je suis alors
un grand dada
qui courbe l'échine
ou plutôt
replie son museau dans
son encolure,
tentant de rester
fier
mais les sabots
centimètre par centimètre,
malgré le sens des aiguilles
du monde,
qui
rétrogradent.
La piétinade,
pas impatiente,
exaspérée,
de devoir
se retourner sur
l'agi,
l'écrit,
le dit.
Trop tard putain !
Pourquoi re re re ?
Parce qu'il n'y a de trop tard
que
pour les sabots
en crinière.
Parce que tu avanceras plus vite
en reculant
d'abord !
De quelques pas.
Ce ne sera pas le même
chemin.
Tu verras.
Non ! Non ! Non !
Je n'y retournerai
pas.
Pas de re re re.
Pas de temps à perdre.
Tu veux dire...
pas les couilles ?
Plus le temps de peur !
Les miroirs me débectent !
Ils réveillent les insectes,
insidieux,
intestins.
Je fais re re re
et je ne me
connais plus,
ce n'est pas moi
l'agi,
l'écrit,
le dit.
Etrangère à
moi-même.
Je ne reconnais
rien mien.
Je ne sais plus d'où
vient
viens
rien.
L'asphyxie de
l'inconnaissance de
Je
Mon
Ma.
La peur de
la bêtise
mienne
chienne
en pleine tête.
T'as la Police dans ta tête toi,
non ?
Et re re re la
rappelle
oui !
Allô oui Police Nationale j'écoute ?
Une récidive en cours !
J'accours
j'accours.
Tu ne t'échapperas pas.



mercredi 14 mars 2018

Laisse-la rêver sa vie

Dans son regard d’enfant,
Tu te vois miroiter,
Briller,
Géante et belle
Sidérale.
Tu souris de son
Erreur,
De son
Rêve
Hologrammé
Sur toi.
Tu reçois ce cadeau,
Cette candeur qui grandit
Ce cadeau qui ose
Te rêver,
Te prêter sa
Galaxie
Et qui te fait
Briller
Ainsi.
Tu dis que tu es strass,
Elle écarquille
Des Zwarowskis.
Tu ne démens pas.
Mais tu ne veux pas lui
Mentir.
Qu’elle croie...
Mais tais-toi folle d’adulte !
Tu ne mens pas !
L’enfant sait.
Elle a besoin
De toi.
Elle voudra être toi,
Puis être comme,
Puis elle,
Puis se souviendra avoir
Rêvé.

Te souviens-tu,
Celle que tu regardais
Les yeux
Babas,
Bouche bée,
Ebaubie,
Pas princesse,
Pas déesse,
Celle que tu voulais être ?
Te souviens-tu ?
Elle t’a forgée,
Elle n’a pas été seule,
Mais elle conduit la file
Des
Elle n’a jamais ri ton rêve d’elle,
Ni moqué ton amour marmot.
Elle a vu.
Elle a compris.
Elle a recueilli le présent
Comme un don
Et elle t’a chérie
Aussi fort
Que sa fille.

Alors laisse-la
T’illuminer
S’illusionner
Et nourrir
Le désir
Toujours plus loin.
Son mirage est
Le mensonge qui guérit
Les coups de l’enfance,
Le charme
Dont elle ensorcelle son
Réel.
Laisse-la croire
Aux étoiles.





lundi 12 mars 2018

Terre pas ronde

La Terre n’est pas ronde.
Bien sûr qu’elle n’est pas ronde !
Même folle d’être aussi près
De la
Parfaite sphère.
Folle de croire que la nuance
Suffira.
Folle de s’approcher
Du rêve.
Ils y ont cru.
La Terre est ronde !
La Terre est ronde !
Ronde comme une orange.
Qui démentira sera
Brûlé
En sorcier.
La Terre n’a pourtant
Jamais
Dit ça.
On déforme les
Propos,
C’est indécent.

Et ils ont cru
Avec cette sphère parfaite
Ou presque
Pouvoir tout se permettre.
Où briserait-elle ?
Où criserait-elle ?
Infaillible.
Ils ont creusé,
Troué,
Craqué,
Traqué
Jusqu’à 100000 lieux
Sous les mers
Et centre de la sphère,
Les trésors
De la Terre
Immor-
Telle.
Ils ont omis
Qu’elle n’était
Décidément
Pas ronde
Et qu’elle hurlait aux
Hommes :
Je ne suis pas ronde,
Je le suis presque,
L’habit ne fait pas le moine,
100 fois sur le métier remettez votre ouvrage,
1000,
10000,
Et n’oubliez pas Saint-Thomas.
Elle a donné tous les
Avertissements,
Envoyé ses
Émissaires.

Ils ont cru que
Tout tournerait
Rond,
A l’instar de leur
Terre
Imaginaire.

Bientôt
Ils entendront
Qu’elle
Gronde
Et
Fronde.
Plus de
Ronde.
La Terre rongée,
Vrombira
Et
Ils vomiront
Leur
Vanité.







dimanche 11 mars 2018

Confie-toi à celle que tu es


Tu sais que tu sais le faire.
Tu penses à
tout
tout
tout ce que tu as appris,
ce qui habite ta tête,
anime tes neurones,
se cache peut-être un peu
parfois,
parce que la peur
ou l'imagination
se pavanent
en devant de scène.
Mais tu vas chercher
tes chers savoirs,
tes sciences aimées,
câlinées,
salvatrices.
Tu te bats pour les pousser vers ton front,
sur le champ de bataille,
aux armes citoyennes !
Tu leur fais confiance.
Ils t'ont sauvé la mise
plus d'une fois,
ils t'ont même
parfois
distinguée et
ô Mon Dieu peut-être fait
admirer.
Tu les aimes comme rien ni personne.
Ce sont eux qui te retiennent parmi les tiens
et te propulsent plus loin que toi.
Seulement,
malgré tout,
tu as peur.
Tu as peur qu'ils s'évanouissent,
ils ne sont pas 100% sûrs,
ils sont humains.
Tu as peur que les irrationnels
fantomatiques
gagnent le terrain.
Une idée,
un jour,
que tu as un million
de fois
entendue,
surgit de ta propre
poitrine.
Tu tournes autour de ta
respiration pour ne pas te
perdre dans les méandres
des irrationnels
fantomatiques.
Tu te regroupes.
Tu te resserres
Tu te condenses.
Et surgit l'émotion imprévue de l'idée
rabâchée,
connue et reconnue :
« Fais confiance à celle que tu es. »
Tu parles.
Tu prononces cette phrase tout haut.
« Fais confiance à ce que tu sais.
Fais confiance à celle que tu es. »

Et le monde se transfigure.

mercredi 7 mars 2018

Grandir

On dit que
nez et oreilles
toute la vie
grandissent.
Sont-ce les seuls ?
Il y a le dos qui se
rabougrit,
les pattes aussi,
les doigts qui se
recroquevillent.
La mémoire qui s'
atrophie.
Ceux qui poussent encore,
mis à part les cancers,
ce sont nez et oreilles.
Les oreilles peuvent démarrer
déjà grandes.
Le nez plutôt mini.
Alors on prend des années,
du pif,
de la feuille.
On sent et comprend
davantage.
On dit aussi qu'on finit de
grandir.
J'ai toujours trouvé
désolante
cette phrase :
« j'ai fini de grandir. »
Meuh non cocotte !
On n'a jamais fini de grandir !
Et c'est reparti pour un tour !
Pour tous les tours jusqu'à la
crevaison finale.
On grandit
des nez et oreilles,
on l'a déjà trop dit.
On grandit de
sa liberté,
celle de l'intérieur
qui pourrit ou nourrit la vie ;
on grandit de
son empathie,
qu'on doit toute construire
parfois ;
on grandit de
son expérience,
elle qui fait hausser les épaules
et sourire ;
on grandit de
son respect des autres
et de soi,
finalement bien plus,
la tâche la plus ardue ;
on grandit de
ses luttes,
vaines à laisser passer,
essentielles à jamais lâcher ;
on grandit de
son rire, de
ses nuances, de
ses choix, du
sens et du non-sens
et leur coexistence.
On grandit jusqu'au dernier
souffle,
si
et seulement si,
on le veut bien.
Ne grandit pas qui juge et trône
la vie.

Qui est le vrai moche ?

« C'est moche... 
Chaque fois qu'ils résonnent,
le radar s'enclenche,
mode automatique,
clic clic,
d'où vient la menace ?
Qui qui ?
Où où ?
Scan exhaustif,
silencieux,
aussi discret que
possible,
analyse sonore
tonale
approfondie,
et quelle flamme dans les yeux.
Stop ;
conclusion de l'examen :
auto-dérision,
auto-rage,
geste d'agacement,
les yeux flambants
OK.
Mais si !
regret,
condescendance,
la tête penchée,
les yeux de
faux chien battu :
pas OK.
Saisir sa batte de baseball
et frapper à l'envi
l'imposteur.
Il est de cette engeance.
Laquelle ?
Cette engeance d'
usurpateurs d'humanité, d'
imbéciles ultra-catégorisateurs, d'
intolérants invétérés, d'
aveugles sans pif et sans ouïe, d'
handicapés propres de leur espèce, d'
arrogants confortables, d'
épanouis étriqués.
Ces mots un jour :
« Votre ami,
il n'entend rien?
Vraiment rien ?
Oh c'est moche ça !
Ne lui dites rien Mon dieu ! »
Je n'ai plus rien à dire,
Madame.

mardi 6 mars 2018

La gosse qui faisait marcher sur la tête ou la société dans la bouche des enfants

C'est une gosse.
Elle a des seins comme des melons
mais elle suce son pouce
pour s'endormir.
Elle parle comme un ministre
puis pleure de ne pas avoir le joujou
qu'elle avait capricé.

C'est une gosse.
Pas voter Mademoiselle !
Pas conduire Mademoiselle !
La société lui dit qu'elle est encore
petite et linotte.
Trop petite,
trop linotte.
Pourtant c'est elle qui dit,
sans manière
sans colère :
« Les mecs me traitent de pute ?
Ils peuvent.
Ca m'est égal.
Je sais moi qui je suis.
Et puis au fond,
qui sont les putes dans l'affaire ?
Moi et mon plaisir ?
ou eux qui font tourner les filles ? »
La conclusion,
implacable
tombe :
« C'est eux les putes.»

La plus paradoxale,
la plus révolutionnaire,
de toutes les phrases que j'ai
retenues de ma vie.
J'ai ri.
Et je l'ai regardée,
la gosse,
la sacrée gosse qui a
osé
penser le monde à l'envers.
Elle a pris le sablier.
Et d'un coup,
l'a retourné
sans crier gare.
Elle a fait marcher
les gens sur la tête.
Sur le pas de la porte,
elle a hésité et puis dit
s'adressant comme à la poignée
qu'elle tenait dans la main :
«c'est quoi en vrai une pute ? »

La société dit d'elle :
« Elle est trop petiote.
Elle ne sait pas penser. »
Et aussi :
«Ces jeunes qui coûtent si cher au contribuable...
Quelle tristesse...»
Ou pire :
« C'est moche... »
Sauf qu'elle,
a pensé plus loin que
tous les horizons qu'on
offre
à ruminer
ou croire
découvrir,
et qui s'autorisent
en maison bonne famille.
Elle a fait sauter
tous les gonds,
elle a payé pour ça
et calmement un jour,
a demandé si
celui qui dans l'affaire
se manquerait le plus de
respect
ne serait pas
plutôt couillu
que mamelue.