mardi 25 décembre 2018

L'homme-pieuvre

Les bras lui poussent
En pieuvre,
Les deux minus
Sans horizon
Juste à petite portée de
Main
Petit demain
Jour après jour.
Voilà les tentacules jusque dans
Tous les mondes
Les temps espaces
Lointains
Les plus étranges
Étrangers
Dérangés
Étranglés.
Les bras aussi
En ailes au dos
Ailes à mains en aveugle
Tout sentir
Tout tâter
Tout tendre
Prétendre
Oser.

Les bras lui poussent
En pieuvre,
Possibles en puissance,
Attraper
Traquer les traces
Laper
Flairer
Poursuivre
Tous les
A-vivre
Ouverts.

samedi 22 décembre 2018

La bombe, en reponse de Frederic Pesquet

Kikou Cookie - La venir

Je la vois
Bien là
Autant qu’un cul
En gymnastique improbable
En mode border collie quoi
En bord de lit pardon
Contorsion
Déraillage
Dans l’aiguillage
Portes ouvertes
A toutes les fenêtres
Bow-windows quoi
Persiennes fermées
Siouplait affreusement

Je la vois
Bien là
Même si
Noeils fermés
Oreilles toutes
Folles
Mais assis
Posé
Sur le sien
Hein !!

Je la vois
Bien là
Toute proche
Même de
Loin
Autant que
Sans brouillard
Floutant aveuglant
Transparence
Rappel
Naissante
Clairvoyante

Je la vois
Bien là
En mode
Bienvenido ensoleillé
Il attend
Ce moment
Longtemps
Fuck off hier
Bien profond
Quoi
Et demain
Tout de suite c’est
Du poulet !

Je la vois
Bien là
Tourne
Et re-tourne
L’âne rené
Dans botte de foin
Perdue et laine
Chauffeuse assurante
Sans crêche noelleuse
L’année bientôt

Tic-tac
En troc
Sans tac-tic
Salé
Plein de toc
Sucrés
Et de « tuc »
Appétissants

Sans artifice des
Triques, traques
Trucs
Boum boum
Tic-tac
Cacolac et bam !
Bim boum ! Coucou coucou

Je la vois
Bien là
Renaissante en rond
Pendulante
Cartésienne contradictoire
Et son tout-venant
La venir

Ce moment
La bombe brasse
Les aiguilles
Du temps 😀

La bombe

La bombe
Tique et taque
Toque et traque
Toutes les
Portes,
La bombe
S’approche
À grands pas
Bruyante
Horloge tapante,
Tambours pan-pan
Le tic-tac
Se mue
En badaboum.
Personne à terre.
La bombe
Trépigne
D’impatience
Et tous les coups
Sont permis.
Les coups de main,
Les casse-,
Les passe-passe,
Les coups
De trafalgar
De maître
De théâtre.
Mais pas en douce.
Cette bombe-là ne se cache pas.
Elle reste une
Kamikaze.
Elle crie à tue-tête,
Aucune tête ne tombera,
Annonce
Augure
En grande déesse,
Elle joue son grand soir,
Elle qui s’est tant tue
Toujours.
Elle ne tient pas en
Place et poursuit
L’ameutage.
Non les portes ne
S’ouvrent pas
Encore,
Elle ne perd
Rien d’espoir,
Elle sautille
Vrille et
Retombe sur ses fils,
Elle tintamarre
Sans fin,
Elle sait qu’elle est toute
Prête
D’exposer.
Les verrous cèderont,
Les gonds gicleront
En bouchons
Champagnards,
Les poignées tourneront
Déclencheront
Elle engouffrera
Chaque trouée,
Aussi époustouflante
Qu’elle a
Rêvé.
Elle sait qu’elle
Tremblera les sols
En riant comme
Bossue.
Les amertumes dissolueront
Et elle crèvera l’écran
D’une pluie de
Plumes.

vendredi 21 décembre 2018

La main-araignée

Le cou se serre
La glotte s’agite,
Occiput plaqué
Écrasé
Craque le crâne,
Le menton pointu
Tiré
Sur une gorge à tous vents
A la recherche du moindre
Souffle,
La gueule bée.

La main serre
Crispée
Dans le creux
Fragile qui s’offre à elle,
L’interstice pharyngale
Asphyxie symphonique
Annoncée,
Adam et sa pomme impuissants,
Leur ressort pompe en-dessous.
Tous s’affolent
Et les pieds s’y mettent
En battant l’air en
Arythmie.

Le cou se serre
Et la main grimpe
Et s’étend en
Araignée bancale
Jusqu’au mur qu’elle
Englué de sa toile.
Le piège est refermé
Adam tourneboule sa pomme
Dans tous les sens
En glougloutant.
Le crâne craque,
Le menton pointu,
Les yeux ont la roulotte.

Mais la main-araignée
Ne s’entend pas en
Glissades et
Pentes savonneuses.

La tête grossit,
Le corps sous elle disparaît
Peu à peu
File entre les
Pattes,
Huilé patinoire
Anarachnidée.
Le crâne craque et recraque
Non plus de s’enfoncer mais
De gonfler,
Il globe
S’hypertrophe
Et se fait grosse planète
Anarchiste
Balle rebondissante
Aux quatre coins
Fuyarde cavale joyeuse
Ricaneuse.

Parfois,
Le cou serre encore,
La main-araignée est
Pugnace.
Alors aussi,
La pomme et son Adam
Rameute
La cavalerie en chef
Et beurre habilement
Sa route.
L’armée de tête
Redescend en goulot,
Étrécie condensée
Glisse vers son arrière et bas
Le long des parois immobiles
Du piège palmé.
On retombe tous sur
Ses pattes
Amortie maîtrisée,
Tout le monde encor-
dé,
Intègre intense.
On se relèvera
Plus loin,
La cavalerie repartira à l’assaut
Bille en têtes parce qu’elle ne
Cessera que
Dans sa boîte enterrée.

La main seule sur son mur
Imbécile
Carapate sa trappe
Évidée.
Elle va gronder sa rage
Dans son encoin
D’enfer.


jeudi 20 décembre 2018

L'organe vide

Le trou noir
L’organe vide
Surgit
Se loge au ventre
Reprend sa place
Chaude
Gironde
Chez lui
Comme chat pacha.

Sans complexe,
Cette pièce morte
Ras-bord
Ou
Table rase,
L’opaque serre
Les fesses
Et aucun regard n’y
Entre,
Pousse ses pairs
Vrais
Laborieux
Et
S’assied.

L’organe vide
Prend trône

Imbu
Il a son droit,
En abusé
En tyran pervers
Juste retour des
Choses.
Il inverse les aiguilles de toute la
Machine et ses lourds rouages,
Il les tourne et
Secoue
A son aise.

La pièce morte
Ne craint aucun
Échec et mat,
En intouchable
Fantôme.
Elle découpe
L’être
En ogre avide
Ou esprit pur.
Elle asphyxie
Affame
Et ensauvage.

On rêve
D’une boucherie à ciel ouvert,
Hara-kiri
Et écraser de
Pieds joints
L’assassin bout de vie,
Crève !


L'organe vide

Le trou noir
L’organe vide
Surgit
Se loge au ventre
Reprend sa place
Chaude
Gironde
Chez lui
Comme chat pacha.

Sans complexe,
Cette pièce morte
Ras-bord
Ou
Table rase,
L’opaque serre
Les fesses
Et aucun regard n’y
Entre,
Pousse ses pairs
Vrais
Laborieux
Et
S’assied.

L’organe vide
Prend trône

Imbu
Il a son droit,
En abusé
En tyran pervers
Juste retour des
Choses.
Il inverse les aiguilles de toute la
Machine et ses lourds rouages,
Il les tourne et
Secoue
A son aise.

La pièce morte
Ne craint aucun
Échec et mat,
En intouchable
Fantôme.
Elle découpe
L’être
En ogre avide
Ou esprit pur.
Elle asphyxie
Affame
Et ensauvage.

On rêve
D’une boucherie à ciel ouvert,
Hara-kiri
Et écraser de
Pieds joints
L’assassin morceau,
Crève !


mercredi 19 décembre 2018

Je prends ma route (1)

Le grand virage
En arrivage
Atterrissage
Très imminent.
Mes yeux rivés
A la formidable
Sortie de route,
Je m’approche
Plus près que jamais
De l’épingle à cheveux
Détressée :
Elles sont trois
Au carrefour
Que dis-je elles sont
Mille mais ne brillent pas
Toutes
Pavées à la mesure de
Ma voûte
Pédestre.
Elles sont trois brins
Trois branches
Trois tranches
Choix
Voies
Couleurs
Odeurs ;
Trois grands tunnels
A chant de sirènes sans tragique,
La fée sans Grimm
Et fins grinçantes,
Tubes
Gainés de noir
Aux effluves
Caoutchouc,
Pneumatiques
Faux dur
Faux mou,
Protecteurs
Des innombrables
Filaments
Fluorescents
S’entrefilant.
Se laisser
Entourbillonner
Dans leur texte
Toujours
Singulier.
Je chausse mes espoirs,
Déroule mes
Pas
Sans perte d’une miette
De touche touche
Au sol et
Chaque infime point
Palpe
Couche
Et peut-être éveille
Un lumineux...
Il rejoindra
Les méandres des lampions dans
La nuit enneigée,
La ronde des lucioles,
Des ors précieuses
Richesses inviolables
En-dedans.
L’empreinte reste plate
Sur l’asphalte
De la route
Mais ondoyante
Dans l’ombre
De mon for-
t.
Au microscope,
Un seul allèle
Fera la différence

mardi 18 décembre 2018

Anarchie d'un jour

Tourner les talons
et le dos
au grand patron
à la cheffe cheffe
à la tête reine
aux règles
toutes belles toutes
sages
saines dit-on
vaines souvent
ou même
invalidantes.
Et l'envie
folle
richement naïve
sans innocence
d'un bain de minuit
midi
nu comme un ver
frais
gai
défaire le nœud d'
énièmes
rituels
de jour en jour.
Sauter en pleine flaque
éclabousser sans gêne
en rire fou lui
aussi
et tomber le
carcan.
Rire,
même seul
et ne laisser
quiconque
trancher soi de soi-même.

lundi 17 décembre 2018

Plongée en grand tapis volant

Plonger
Jusqu’à couler
L’eau
Bain
Le vin
Le lait
Jusqu’à la lie.
Les eaux
Les sangs
Les lymphes
Et tout autour
Tournoyantes
Tourbillons
Sans cyclone
Torsades
Caresses
Tressantes
Tissantes
Grand tapis
Liquide
Volant
Paré à tous les
Longs courriers
Voyages au
Bout
Des univers.
L’ondulant
Liquide
Épais
De toutes les
Humeurs,
Promesse
Enroulante,
Escaladeur
Escapateur
Carapateur
Carapaceur,
Jusqu’aux sommets
Dans son
Fluide
Et puissant
Rondoiement.
Tapis volant coulant
Glissera
Jusqu’au grand
Flamboyant.

dimanche 16 décembre 2018

Baptême de l'air

Il fait le tour
De son repaire.
De coin en coin
Coin-coin
Oui oui
Aussi gracile qu’un gros
Canard
Le cul trop lourd
Pour notre gravité terrestre
Ecrouleuse.
Il se dandine
De mur en mur
Pic et pic du pain dur
Aussi futile qu’une poule
Mouillée
Le cou tendu
Vers un sublime mirage
sans désert.

Le repaire
Tout en rond
S’encroûte.
Il chasse les moisissures
Bleuies.
Son antre est un
Roquefort
Froidi,
Sables mouvants
A l’abordage.
Il sent qu’il pourrait
S’y
Empreindre
Tout collé comme
Un incongru
On verra sa grande joue
Étalée en profil
Plaf
L’oeil encore incrédule,
Instantané
Hiéroglyphe.

Il sort sur le pas de
Porte
Et salue les volants.
Il les regarde avec envie
Fendre l’air,
Le défaire
Et refaire,
Repaires
Repères
Roulants
Les règles
Rouages du
Monde
A la mesure du
Rêve.
Il dit qu’il se
Hisserait tout d’un
Bloc
A bout de pieds
A bout de bras,
Il n’y parviendrait
Rien.
Il croit encore être trop court
Pour le sommet.

Et voilà qu’un des
Envolants
Stoppe à son porche,
Plane devant lui
Et s’émerveille
De sa sortie en ciel.
Lui ne dit mot
Mais ce n’est qu’au pas de
Porte que je
Plante.
L’autre n’en démord pas.
Il voit l’élan de
hors les murs,
Il n’entend rien voir que
L’extraction
Qui fera pousser des
Ailes.
Il ne parle pas
De canard pataud
Ou poule atrophe.
Il accueille le nouveau venu
Qui s’ignore,
Clap clap
Une deuxième vie
T’enlève.
Porté disparu au
Roquefort
Croûtifiant :
Tu es Volant
Tout neuf.

Le cul trop lourd
A évanoui.
Le cou de poulette
A remplumé.
Il batifole
Et fuck ! loopings !

jeudi 13 décembre 2018

la grande Bêtise humaine

Colère aveugle
qui se prend
fanfaronne, pour
super pouvoir
rayon X.
Occulte
Opaque
Pleine
les mailles serrées
jusques aux yeux,
Colère beugle
Comme un gourmandeur
affamé.

Elle fait de toi
l’imbécile qui
sommeille
et que
de coutume tu
musèles.

Elle fait de toi
L’égoïste dos
au monde
et que
de coutume tu
exècres.

Elle fait de toi
l’insensé sans
poème
et que
de coutume tu
piétines.

Colère sourde
qui se croit
Folle bouffonne, digne
Belle guerrière
Amazone.
Bouchée
Bouclée
Autarce
les nerfs grillés
circuit fermé.
Colère lourde
Comme un boursoufleur
abusif.

Elle te fait
laid.
Et tu n’es plus mon
Prochain
ni mon
pair.
Je te renie
toi
ta colère cancer,
peste révolte,
guerre amère.
Tu n’es qu’un autre
que j’ai fini
d’essayer
d’écouter.
Tu te sens
juste
intègre.
Tu es seulement
triste
et pingre.
Éloigne-toi
Dans ton apocalypse.
Tu ne sais plus
offrir.

Ta colère sourde aveugle
s’orne
sans vergogne
des oripeaux de la
saine foudre
en rage de vie.
Elle pavoit
Pathétique
Pestilente
et
Mesquine.
Elle te retirera
Tout
parce qu’elle connaît
ta béance par coeur.
Ton combat est
un faux,
Usurpateur
mais le vrai
te fait peur.
Tu ne peux dire ce mot,
trop fière et haut
et c’est là
ton immense
Bêtise humaine.
Tu recules
te protèges,
la dure loi de la vie.
Mais tu continues
vociférateur
comme un damné
haineux et
improbable.
Tu te caches
Malhonnête
dans la guerre qui
t’épargne.
Tu fuis
en assurant
sauver les tiens.
Et c’est bien

cette arrogance
qui te laissera
pauvre.
Et tes mains seront
vides.

lundi 10 décembre 2018

Grand matin

Tous les possibles à
Être
S’offrent
En étal
Libre-service.
De grand matin
Nuancier infini
En éventail
Sous les yeux
Gourmands
Un peu dépassés.
Debout
D’un pied sur l’autre,
Indécisive,
Je finis par m’asseoir,
Tailleur,
Prête à écouter leur histoire
Et promesses,
Prête à entendre mon grimoire
Et secrets
De ce jour.
Je me perds
Dans le dédale du désir
A tout faire et tout vivre,
Dans la course effrénée
À tout apprendre et gagner.
La couleur
Que je traque
M’échappe
Joue belle
De grand matin.
Je la vois
Disparais
Ne l’empoigne
Jamais.
Elle attend mon regard
Et mon souffle
En-dedans,
Loyaux enfin
A la grande machine
Humaine
Que je suis
Pour me sauter en
Main.
Et qui sait si
Elle ne fuguera pas
Jusqu’au prochain
De grand matin.




Et tout recommencer enfin !

Il ferme les yeux
Et il
Redescend au
Zéro,
Au tout départ
D’avant,
Parti de rien,
Enfanton en couffin.

Il recommence
Tout tout et tout
Peut-être certaines
Ne changeront.
Peu importe
Il
Redémarre
A genoux.

Il a perdu
Son temps,
Ses précieuses jeunes
Années
A ruminer
Et croire
Son impuissance
Fatale,
Cloué christique
En son microcosme
Prudent.
Il a rêvé,
Ca oui encore avide jusqu’à
L’excitation démesurée
Et la chute
Vertigineuse
Hémorragique
De retour dans sa cage.
Il a grondé en
Solitaire
Comme un vieux
Lion rassis
Pourtant tout frais éclôt.
Chenu
Ventripotent
Chaire molle fripée
Et malade,
Grattée jusques aux sangs
Avant même
Aucune vie.
Il vomit sur cette
Vie
D’endeuillé de soi-même.
Il hurle enfin
Que plus jamais
On ne l’enfermera.
Le grand fauve
Redevient roi-soleil.

Les portes vitrées
S’ouvrent
Comme une onde
Sourde.
Il pénètre dans
L’antre
Grouillante
De la foule globe-trotteuse.
Il cesse de s’en
Tenir aux songes,
La tête trop pleine
Et les choses si vaines.
Il les prend en pleines mains
Et ne reculera pas.
Il passe les examens
De routine
Et le dernier portique
A peine franchi
Est oublié.
Le plafond de verre
Sur cette immense salle
Oblongue
Bruyante
Criarde
Odorante
Bigarrée.
Tous les motifs
Inassortis
Indécents
Impolis
Imprudents
Enivrants,
Tous les possibles
Débordants
S’offrent à lui.
Il lève le nez
Pointé tout au-dessus.
Pas de couvercle,
Rabat
Ou opercule
Obliterreur
De désirs,
Fous !
Tu es fou !
Point trop n’espère.
Point trop ne rêve.
La vie n’est pas une joie
Mon p’tit monsieur !
Il rit de ces mots
Étriqueurs.
Il les valdingue
Violemment
Avec un cri de rage
Puissant et inaudible dans le
Brouhaha des vivants
Là,
Dans cet immense sol
Sans murs.
Il pointe son nez aussi loin
Que ceux-
Là,
Vivants et
Machines volantes
Prêtes à
Toutes les
Aventures.
Il se cesserait plus
Jamais
Et rira à la face
De tous ses détracteurs
Qu’il est le grand
Explorateur
Vagabond
Migrateur
De ses rêves
Et des leurs,
Atrophiés et geignards.
Il barrira
Fera vibrer les terres
De sa vie
Aussi folle qu’elle le
Peut.

Il a refait
Le monde
Au commencement
Du sien.
Il rejoue son histoire
A sa juste
Mesure.
Sus aux censeurs et
Damnât euros.


Poésie

Faire taire
Sans ménagement
La raisonneuse
Perceuse bétonneuse
Arrogante.
Elle se croit invitée
À tous les râteliers,
La sermonneuse
Classeuse sérieuse
Pavanante.

Mais la faire taire
Coûte que coûte
L’assasineuse
Millimétreuse
De poésie.

Et elle,
Poésie folle chérie
Serrée à étouffer !
Elle ne perd jamais
Souffle
Non non non non !
Elle est la
Survivance
Insaisissable.
Elle s’échappe
Se faufile
Souterraine
Rejaillit
Libre comme l’air.
Elle ne se laisse
Ni ne se laissera
Aimer
Qu’à condition
De fuguer,
De coq en âne
Bondir
Loin devant
Minuscule perdue
De vue,
Sans jolie sage logique
Lisse d’homme
Moderne.
Elle poursuivra
Délinquante
Viscérale
D’incendier toutes
Les routes,
Sans danger autre
Que de devoir encore
Tout
Des racines
Recommencer,
Toujours creuser
Bâtir
Ériger
Du fond des
Entrailles.
Accoucher
Chaque jour,
Recréer
Le même monde
En nouveau,
Toujours plus
Galactique.
Encore gagner une
Profondeur
Et sa hauteur.
Les temps et
Chrono
Cartésiens
Au point mort.

Ils reviendront
Tiqueter
Aussitôt que
Jolie sage logique
Reprendra
Ses faux droits,
La
Braconnière
Du grand Imaginaire.


dimanche 9 décembre 2018

L'arbre interieur

Je tranche
L’arbre
En plein coeur.
Une branche
Scieuse
Du haut de
Son vertige.
A l’aventure,
Je fouine
Le tronc-corps.
L’écorce neutralisée
L’armure à bas
La pulpe claire.
Les cernes
Psychédéliques
Sillonnent
Leur lit
Ondulent
Géant
Vivant
Roulé cannelle.
Chacune dessine
Sa marche,
Son degré,
Sa couleur.
Chacune destine
Son trésor
A son idoine place
Du grand
Puzzle.

Je plonge
Ma main
Dans le cours d’une
Puis l’autre,
Chaque cercle
Cerne
Attrape
Un morceau de
Vie,
Une lame
Aussi fine
Et subtile
Qu’au microscope.

Je reprends
Perspective.
Et encore
Il faudra apprendre
L’emboitement
Des mondes,
Puiser au sein
de plus en plus
Profond
Des courbes des
Innombrables
Rivières
Épicées.




La loutre et la poule : Les Familiers Fantastiques (6)

Elle glisse
Plonge
Roule
Passeuse
Messagère
Acrobate
Caméléon.
De l’un à l’autre,
Elle pirouette
Joue
Jongle
Pourtant sérieuse
Émissaire.
Elle n’est pas
Femme à barbe
Mais c’est bien
Soyeuse
Loutre à moustaches
Guillerettes
Qui
Primesaute
Derrière la conscience
Et les droites lunettes
Appliquées
Qu’elle arrondit
Arabesque.
On dirait
Qu’elle sourit
Toujours,
Même quand
Non,
Les lèvres tranquilles.
Les billes noires veloutées
Le museau rigolard,
Elle adoucit les mœurs
Sans musique ni
Sirène.

Puis,
Brusquement,
Un mot de trop,
Le mot honni.
Tout le monde
Insouciant
Quant à elle
Pas tout à fait comme eux
Imperméable entière
À la guerre sous ses yeux,
Qu’elle ignore
Comme une bêtise de
Gamin
Puérile.
Mais le mot de trop
Et s’évanouit
La soyeuse
Loutre à moustaches,
Incongrue
Apaiseuse.
Les yeux se fendent
Et morts,
Sans éclat,
Juste sombres.
Le bec pousse
Et elle se dresse sur ses
Deux pattes griffues
Le cou tendu
Prête à piquer
Mille et mille
Coups
Sans autre forme de
Procès.
Elle n’entend plus.
Fonce.
Tend son clapet
Claqueur.
Entêtée,
Ne recule miettes,
Hoquète vers le
Profanateur.
Poule
Imbécile,
Insoumise,
Marche arrêt sans
Nuances.
Inoffensive ?
Mon oeil !
Criblera
Sans vergogne
La chair à vif
Jusqu’à
Ce que l’ennemi
Supplie,
Geignard,
De toute sa moelle.

samedi 8 décembre 2018

Rage de vivre

La pellicule bactérienne
Au fond du ciel
S’approche.
Assombrit
Grise
Lumière fantomatique.
Les couleurs se faussent
Se délavent
Pâteuses.

L’atmosphère alourdie
Colle la peau aux tissus
Trempés.
Sales.
Poisseux.
Les fourmis montent
Dans les membres
Et l’on voudrait
S’arracher à
Ce corps.

On se démène
Contre la camisole qui
Menace.
On s’énerve
Les pieds frappent le sol
De plus en plus
Électriques.
Et la tête dans les épaules
Happée
Par le spectacle
Écœurant du corps souillé.

Mais la rage
Reprend les
Rênes
Et relève
Le chef en
Dignité.
La rage grogne
Et avance droit
Sur le voile noir.
L’affront brutal
Surprend
Émiette en mille
Poussières
La pellicule sourde.
Elle rentre dans sa lampe de
Génie.
Terrassée.

La rage de vivre
La dévorera
Jusqu’au
Dernier.

vendredi 7 décembre 2018

Violeur d'âme

Non tu n’as l’air de rien.
Tu es Monsieur
Tout le Monde.
Ni brillant
Ni brisé.
Un peu comme
Tous les tiens.
Tu t’es évertué
Toute une vie
À ressembler à l’autre,
Ne pas être toi
Devenir lui.
Tu es de ceux qu’on croit
Discrets.
Pas un casseur.
Pas un cogneur.
Un intello
Inoffensif.
L’air un peu à côté,
Jamais vraiment dedans,
Alors
Pas bien méchant.

Et puis,
En bon pair de tes
Frères,
Tu cultives ardemment
Quelques grandes
Valeurs,
Loyal au bout du monde,
Tu donnerais ton
Froc
Sans te soucier
Du reste.
Attachement sans failles
Des pauvres
Destinataires.
Et
Aussi
Parfois
Admiré.
Car tu sais
Ton air très sérieux,
Bonhomme digne
De leur confiance.
Et puis,
Tu n’en dis rien,
A eux,
Ceux du dehors.
Tu te tais.
Tu te bouffes les poings
Jusques aux phalanges.
Et tu recommences
La même danse
Insatiable,
Avec chaque nouveau venu.
Non que tu n’y
Comprennes
Rien.
Tu es mû par plus fort que
Toi
Et sans te départir de ta grande
Illusion,
Affirme
Tenir ton cap.
A ceux du dedans,
Tu
Craches ta rage,
Tu
Honnis les méconnaissants,
Tu
Voues à tous les diables
Le monde entier
Et
Toi
Sauveur incompris
Et victime de la noirceur
Humaine.
Tu vomis défiltré
Ta haine et tes rancœurs.
Tu
Retournes
Chaque matin
Au front
Espérant l’ovation
Et tous les mercis
Que tu
Mérites
Si fort.
Tu reviendras
Le soir,
Amer et poisonneur.
Tu déverseras ton fiel,
Celui que tu
Réserves
Tendrement
Aux grands chanceux
De ton intimité.
Et après avoir
Rendu tripes
Et boyaux répugnants,
Fait taire toute
Objection,
Abolir la liberté de
Penser,
Tu chercheras le réconfort.
Tu iras
Petit homme sombre
Insignifiant
Sucer ce qui reste
De moelle à
Tes intimes
Assommés.
Tu dicteras leur place
Et leur voix
Et leur non
Ne te parviendront
Plus.
Parce que pour
Encore un jour
Survivre
Tu dois agencer
L’univers
À ton
Délire.
Tu poses celui-là
Loin de toi,
Tu sais qu’il te résistera.
Tu assis celle-là,
Elle doit te regarder
Car ses yeux te font
Étinceler.
Tu t’empares des deux autres,
Sages comme des images,
Doux et tendres moutons,
Et les ouvrent
En grand
Nus
Et
Leur manges
La vie
Qui animait
Encore.
Toi tu ne
Remercies pas.
Ce n’est que ton
Droit dû.
Et tu les félicites
De t’avoir
Auprès d’eux.
Voilà qu'elle est leur heur !
Se faire
Sucer
Prendre
Jusqu’à plus soif
Effracté
Pour leur bien.
Tu n’es pas un brutal
Qu’on ne tombe dans ces
Idioties
A la mode.
Taisez-vous
Et
Laissez-moi
Vous honorer
De ma présence
En tout votre être.
Nous nous appartenons
Vous êtes ma chair
Je suis la vôtre,
Dis-tu en gourou
Messianique.

Tu n’es qu’un
Vulgaire
Violeur d’âme
Qui cessera
Son labeur
Nihiliste
Quand il
Crèvera
Regrettant de
N’avoir pas assez
Répandu
Ta beauté.

Ils pourront enfin
Dire
Qu’ils t’auraient
Tué
Si seulement si.
Semeur de terreur
Grand maître écarteleur
En col blanc.





jeudi 6 décembre 2018

L'arpenteur des coulisses

Le devant de
La scène
L’appelle,
Les lumières
Et regards
Sur lui,
Le touchent,
Caressent,
Et lui
Offert et
Grand ouvert.

L’emmitouflé
Ganté
Voilé
Oignon à poings
Fermés
Rêve de
Parades
Et
Pavanes
Nu comme
Etrange
Chat Sphynx.
Tout l’attirail
En rond autour
A terre
En tas,
Nid de fortune
Témoin fidèle
De la
Métamorphose.

L’arpenteur des coulisses
A tombé la
Cuirasse.
Il rit de tout son
Corps
Libéré
Au vu et su de
Tous.
Les bras en croix
La tête en ciel
Il a fini son
Sacrifice
Et remercie
Son dieu
De ne l’avoir pas
Abandonné.
Il n’est le fils
De personne,
Égaré.
Et la honte
Gluante
A fondu
Aspirée
Dans les volcaniques
Profondeurs
Du globe.

Le spectacle peut enfin
Commencer.

La vraie vie est une sauvage

Recule
Grogne
Mord
L’air
Mauvais
Secoue
Trépigne
Frappe
Le sol
Et
Tourne
Tourne
La trace
La même
Creuse
Sillon
Troue
Perfore
Piaffe
D’encore
Répète
Devient
Fou d’
Im-
Patience.
Et
Stoppe
Et
Rue
Et
Hurle
L’insou-
Mission
Et
Fonce
Bélier
Brise
Les chaînes
Barreaux
Lambeaux
Derrière
Passée
La cage
Menteuse.

Et
Sauvage
L’animal
Renaît.
Éclatant.
Etoile
Filante.

mercredi 5 décembre 2018

L'indomptable

Jongle
Gicle
Gêne
Pousse
Cogne
On grogne
Il
Rit
Roule
Boule
Joue
Salte
Vole
Poursuit sa route
Quoi qu’il en coûte
Traverse la foule
Sa lourde houle.
Inarrêtable.
Irraisonnable.
Fol indomptable.
Troupeau en masse
Tissé en nasse,
Ignore et fonce
Et sans semonce.

Jongle
Joue
Gicle
Sur son passage
Fête sauvage
Tempête arrache
Ronron se cache.
Il
Déchire
Dévêt
Dévie
Le réel évideur
D’anormal
D’animal
D’animé.

Il
Se fout contrefout des
Bousculades
Sans parade,
Fonce et dégonce
Toutes issues
Les jette au ciel
Qui fait son miel
Et suce ses doigts
En fou du roi.

Il
Rêve
Que lève
Soulève
La foule
Que la masse
S’éparpille
Décadenasse
Et brille.
Une seconde,
Il la
Remue
Remous
Marins
Désamarrés.
La tête en bas
Les pieds à l’air
Ouvrent grand les bras
Et prennent la terre
Comme une boule
A neige,
Une boite
A vache,
Secouent secouent
S’écoulent
Le bruit
Les rires
Et la neige
En été.




mardi 4 décembre 2018

Opportuniste ambitieux

Taiseux,
prudent,
aiguise l'oeil et le
flaire,
acère griffes et
poigne.
Il observe.
Sans se dérober
réellement.
A moitié là.
A moitié hors.
Crépusculaire.
Il ne s'assoit que d'une
fesse.
Il ne fixe que d'un seul
dard.
L'autre surveille,
balaye
ses alentours.
Il est armé.
Vigile.
Sourire en coin.
Il n'a pas peur.
Il ne tremble
pas.
Il a oublié
ça.
Il cherche
en fin stratège
la meilleure voix,
celle qui paiera
plus.
Il ne croit rien
ni
plus personne.
Il attend l'occasion,
la saisira au vol,
il sent l'air qui se charge
et la lumière flottante.
Il sait quand il
devra
bondir
s'engouffrer dans
la brèche.
Sur le qui-vive,
jamais repus,
toujours avide,
plus grand,
plus haut.
Ne lâche aucune
prise.
Et sans crier ni loup
ni gare,
déjà à
tire d'aile
au très loin
à se croire
plus beau.

Chacun son masque

Tu suis le fil des visages qui
tout autour,
Collier de
perles
hétéro-
clites
clac
boum
paf.
Nuancier éventail
360°.
Gammes épliées
toutes décibels dehors.
De l'une à l'autre
figure,
semblables
désaccordées
insaisissables mêmes.

Chacun a chaussé son
masque,
unique.
Chaque expression
chaque trait
témoigne
raconte
et se montre et
se cache,
brandit
et efface,
expose
et enterre
fier et
honteux.
Et tout ce qui n'a pas de mots
et qui entre-deux,
étire
la ribambelle des
tons,
courts et souvent
invisibles,
imperceptibles et
pourtant
bien inscrits
à l'encre indélébile.
L'encre aussi
sympathique,
le masque à revers offre
le texte
original.
Mais il colle à
la peau
et gare à toi
la chair à vif et
le souffle coupé.



lundi 3 décembre 2018

La Nonne moderne ou Narcisse en soutane

C’est
Le beau milieu de la
Fête,
La chaleur tout juste
Pointe,
Au détour des
Petites grappes
Papoteuses.
Les sourires fusent,
Les voix commencent
De chanter
Chavirer
De tout en haut
En bas.
La tessiture des êtres
Double
Triple
Druple !
Peut-être
Plus tard
Les corps se délieront
Et bondiront
Joyeux lurons
Dansants.
Tout cela s’annonce
S’entend
Résonne déjà
En sourdine et coulisses.
Encore.

C’est
Le beau milieu de la
Fête,
Et elle toujours
Grande impassible.
Elle ne rit
Pas.
Elle ne rentre
Dans
Aucune danse.
Elle ne saisit
Jamais la balle que l’on
Lui lance,
Se dégage et
La laisse
Tomber.
Un autre,
Un rigolard,
Une feufollette,
La ramasseront
Et reparti comme si
De rien.
Elle est grise.
Elle est froide.
Immobile.
Elle observe et
Avec une humilité
Ostentatoire
Se terre dans son
Silence.
C’est bien le sien
Et personne d’autre.
Elle le borde
Jalousement
Et de sa grandeur
Magnanime
Regarde
Ses con-
génères dépravés
Accepter tous
Les
Compromis.
Elle ne mouille pas
La chemise
Ne se salit
Les mains.
Vade Retro Satanas !
Le plaisir nuit
A sa santé.
Le sourire dégoûté
Qu’elle arbore
Croyant bien faire
La trahit.
Elle est peut
Même seule-
Ment là
Se fondre au
Pot commun.
Elle ne partagera
Pas.
Au mieux
Convertira
Une brebis égarée.
Dans son enclos,
Ne vivent que des
Mêmes
Purifiés.
On voudrait
L’ignorer
La pousser loin
Voire la...
Mais l’humeur trop normale
Du troupeau est
À la fête
Et réprime son
Jugement
Irrité.
Ni le lieu
Ni l’heure.
Parfois,
Qui baisse les yeux
Poli,
Gêné,
Qui se détourne
Ah bon ?!,
Qui jette un oeil
Et tique,
Le cou nerveux,
Peut-être le sourcil
Hautain.
Elle voit
Entend
Et l’autre et ses vies
Tamponnent son
Dôme irréfragable
Et retour flash
À l’envoyeur.
Elle refuse d’être
Un quelconque in-
terlocuteur
Et affiche mine
Contrite
Et douce de
Martyr innocent.
Elle stoppe
Nette
Toutes les armes.
Les siennes
Enveloppées de
Tendre velours et dentelle
Surannée,
Règnent en
Tyrans
Mielleux.
La nonne moderne.
Moraliste muette.
Ascète.
Pure.
Un peu morte.
Fantôme
Narcisse
Grossièrement
Caché
Derrière
Sa soutane
Informe.
Mais dis,
Est ce que tu baises ?





Flamboyance

Un coup
Un tir
Un flash.
Claque
Toque
Frappe.
Flamboyance
Brute
Crue
Sèche.
Sans tache
Contours nets.
Éclair
Immodéré
Indécidé.
Au-delà de toutes les
Consciences.
Intraçable.
Déchireur du
Normal.
Fou
Extra-hors ;
Flamme
Délinquante du
Quotidien.