vendredi 29 août 2014

Miroirs de nombril

Le gros ventre en avant,
il honore l'assemblée.
Presque il se tiendrait
les reins
comme une femme enceinte
exhibant
sa fière bedaine.
Parce que tout
ce qu'il touche est d'or,
les bourlets pendouilleurs
y compris.
Ce prélat auto-proclamé
craindrait-il
la tête la première ?
Oh non que non !
Péché de lèse-majesté.
Tu ne seras absous,
impudent !
que si !
tu écoutes
consciencieusement
l'immense et luxuriant
discours
vespéral.

Bien.
Reprenons cette entrée
majestueuse.

La bedaine
impérieuse.

Tout le monde se tait,
n'en pense pas moins.

Quelques minutes ou
la petite heure
pour ranger
le personnage
décidément
dans les maniaques
du nombril.
C'est confirmé
bel et bien !
L'écoeurant prétentieux
est de la fête.

Apres l abdomen vantard,
les bras se sont vite
mis en marche.
Les moulinets,
non Ô mon Dieu !
Pardonnez !
les arabesques
élégantes
ou fermes,
selon contexte et argumentation.

La soirée passe
autour
et sur tous les côtés
de ce ventre
et ses mystères.
C'est lui
encore et toujours lui
que les bras
célèbrent
et dansent.

La soirée passe
et peu à peu ,
alors qu'on s'était tu
devant l'éléphantesque
ego,
chacun se remet
en route
en contournant
le gros bide.
Plus de déférence
pour le gros lourd
gros lard
qui perd
ses pieds
à ne plus être loué.
Il parvient
à la force
des entrailles
à happer
toujours
au moins un interlocuteur
sauvé par son conjoint
au bout de quelque temps
avec l'anthropophage.
Un ou une autre
prendra sa place,
sacrifice momentané,
parenthèse concédée
au cochon affamé.

Il est au Jardin d'Acclimatation
de son enfance.
Il n'en est jamais ressorti.
Le premier jeu,
le labyrinthe de miroirs,
il s'y est abymé.
Sous toutes les coutures,
il se fascine.
Il n'en décollera plus.
Jusqu'à l'atroce douleur
au bout d'une corde
ou le cancer fatal.
Son monde
est un cristal réfléchissant,
décoloré,
lissé à la perfection.
Pour la soirée,
il n'a pas omis
les lunettes
du soleil
posées bien sagement
sur son ventre
ébloui
et béat.

Monsieur Gros Bide
tout en nombrils.

jeudi 28 août 2014

De tsunami en moulinets

Le tsunami enfantin
oublié
qui réveille
le moulin
endormi.

Moulin inquiet
Moulin pédale
Moulin et moulinets.

Les mous et remous
haut la vague
haut le cœur
cœur battant
à craquer.

Moulin inquiet
Moulin avale
Moulin et moulinets.

Respirer.
Ne rien dire.
Patientez
la prochaine fois.
Vomir.

Moulin inquiet
Moulin pédale
Moulin et moulinets.

Tsunami remisé
de l'enfance
dans le placard
à sorcières
jamais mortes.

Moulin inquiet
Moulin avale
Moulin et moulinets.

Le moulin
agite la vague
et tous les vents
la semoule
et la boue.

Moulin inquiet
Moulin pédale
Moulin et moulinets.

Ses ailes
perdent le nord
se démantèlent
et on retient
les larmes.


Moulin inquiet
Moulin avale
Moulin et moulinets.

Le moulin
s'enraye
s'arrête
s'enrage
s'arrache.

Moulin à tsunami d'eau douce
Moulin perdu dans l'eau salée des yeux.
Moulin pédale jusqu'aux larmes.
Moulin ravale.
Courageux moulin de haute mer.
Marin d'eau douce.
Mon moulin
Mon beau moulin.
Tu attends la fin des catastrophes
naturelles
et les mots qui les épuisent.

mercredi 27 août 2014

La montagne insensible

Les actions passées
tournent
et retournent
dans leur tombe.
Finies
achevées
apparemment remplacées.
Elles sous terrainent
encore et toujours
à la mesure des mots
et des pensées
qu'on leur accorde.
J'en parle peu.
Plutôt pas.
Je les palpe
de haut en bas
dans leurs recoins.
Les autres m'en parlent.
Toi tu m'accuses,
les autres effacent.
Nos mots et mes pensées
ressuscitent
les mortes.

Il y a
les actions
devant lesquelles
on a reculé
détourné
le regard,
peur et honte
paralysie.
Et parfois,
pas si rarement,
elles se fondent
et s'accordent.
Parfois comme prévu,
elles coincent
et ça fait
enrager.

Il y a
aussi
celles
qui sont passées
inaperçues
dans le flux
d'une journée
ou de toutes les journées.
Moi
si craintive
à imprimer ma marque
sur mon chemin
comme sur
celui des autres,
je franchis
parfois
une immense montagne
sans chaud ni froid.
C'est que
je ne l'ai pas vue
les yeux fermés.
Je répugne
à admettre
que j'ai pu
être aveugle ;
disons pour apaiser
mon orgueil
d'illuminée
que j'avais les yeux
autre part.
Pas là où il fallait
mais quelque part
quand même.
Et l'exercice commence :
active remémoration
pour percevoir
le loupé.
J'abaisse
sciemment
les paupières
cette fois.
Je tire sur tous les muscles
derrière mes orbites
jusqu'au sage occiput.
La montagne ne pousse pas.
Je n'ai qu'une tendre et courte
plaine,
sans intérêt.
Jour après jour,
je ne peux m'empêcher
de chercher la montagne
derrière mon
insouciance
passée.
Je creuse
et perce
peut-être
pour exhumer
cette inaccessible
élévation.

Vaine et inutile
tâche.
Mon action
a été énorme
grosse comme une montagne
mais ce n'est pas la mienne.
Je ne vois pas,
je ne sens pas,
je ne souffre pas
cette montagne.
C'est ta montagne
et mon action.  
Si tu me permettais
de regarder avec toi,
je verrais sans
aucun
doute
cette montagne.
Je crois
aussi
que j'en baisserais la tête
et que j'essaierais
de l'éroder
ensemble.
Mais tu gardes
jalousement
ta douleur
et mon action
déchireuse.
Je ne peux que
m'avouer
impuissante.
Et aussi
malgré mes réticences
responsable
de cette souffrante
équipée
que tu as vécu
seule.

samedi 23 août 2014

L'histoire et un bout d'âme

L'histoire
dérive.
Chacun
son cours
sa course
source
et trophée.
Chacun
retourne
ou varie.
Toutes les histoires
sont réversibles.
Toutes les histoires
sont infinies.
Autant
qu'il y aura
de corps
et de douleur
pour les revivre.
Je croyais
cette histoire
droite
et claire.
Tu la repasses
et la déchires
la cribles
et la salis.
Je ne te déteste pas.
Je déteste
ton histoire
ta nouvelle
sens dessus dessous.
Je te pardonnerai tout
sauf ton histoire
amère
et
détournée.
Pas de la vérité.
Détournée de la mienne.
Je dois
tenir
contre cette tornade
spectaculaire
aussi
tentaculaire
mon histoire
et mes sens.
Ta version
tes ratures
pourraient bien
malheureusement
avoir raison
de moi.
Contaminer
mon conte
ma belle
et triste.
Je dois
lutter
et méchamment
pour échapper
à ton thriller
morbide.
Je reste
pour l'instant
le seul témoin
de notre douceur.
Je ne dois
pas
jamais
céder
et assombrir
par ma colère
ou mon dégoût,
par lassitude.
Je ne dois
pas
jamais
lâcher
l'histoire
que personne
ne connaît
sinon
toi
ou
moi,
chacune dans
notre
langue.
Je me sentirai
seule.
On m'a déjà
proposé
d'oublier
d'avancer
d'enrager
et de frapper
à mon tour.
Je peux
mais ne veux.
Je ne laissera
pas
couler
l'histoire
qu'aujourd'hui
tu gribouilles.
Elle est striée
de traits haineux
noirs et oranges.
On n'y voit plus
la trame
ni la vague.
Je la connais
par cœur.
Je n'ai besoin
de rien
pour savoir
qui nous étions
et notre marche.
Je ne serai
ni
lâche
ni
égoïste.
Je garderai
sans aide
et sans serrure
ce que tu vomis
aujourd'hui.
Je protégerai
de tes acides
l'histoire
celle qui en vaut
la peine
l'énorme peine
ta monstrueuse douleur.
Je répèterai
mille et milliers de fois
que tu n'es pas
vampire
qui se nourrit
du sang
de la blessure
et des cris.
Je répèterai
que tu étais
et restera
une de ceux qui
sauvent.
Une de ceux
auxquels
sans doute
on envoie un bout d'âme
quand il est temps
de tout éteindre
et mourir.
Une de ceux
sans lesquels
on n'aurait pas
vécu.



vendredi 15 août 2014

Cœur nœud

Où trouvera-t-on le nœud ?
Celui qui déploie l'être,
éclôt,
éclate,
sans douleur et bellement,
un peu brusquement
sans aucun doute
mais
éclaté pour libérer
le cœur.
Les pétales
qui étaient
fermement serrés
autour de leur base
névralgique,
immobiles résistants,
commando infaillible,
s'ouvrent et
s'éclairent.
Protection barricade
étouffeuse
par défaut.
Le précieux nœud
dépérit
à trop valoir.
On cherche tous
le cœur nœud
éclipsé
quand on l'accueille,
surgissant
quand on est sûr qu'il n'en sera
pas.
Parfois,
les horloges
s'emboîtent
idéalement.
C'est seulement
quand on est calme.
Quand le bataillon peut
ou se replier
ou bien se disperser.
Sans risquer la mort
d'hommes.
Le nœud
a un cœur de coquin.
D'insoumis.
Infatigable.
Gare à vous et
aux pétales soldats
s'il vient à
se ranger.
C'est le bouffon du roi,
facéties et
pirouettes,
cache-cache
même à contre-courant.
C'est le bouffon du roi
sans lequel
cour et monarqueries
tombent en
poussière
et clac !
Et pas de la jolie poussière
d'or et d'argent.
La poussière
de la Bible,
l'inutile
et morbide
qu'on piétine
éclabousse
asphyxie.
Le cœur nœud
jamais n'en finit.
Jamais ne s'encage.
Jamais ne se dompte.
S'il se laisse attraper,
gare à vous
Messieurs Dames,
l'ordre du monde
branle.
Votre Terre
basculera
et peut-être
explosera.
Plus rien n'est assuré
à la chute
de
l'impertinent.
Si le jeu
et la chasse
cessent,
vous êtes morts
et reremorts
Messieurs Dames
importants.
Jouez !
Coursez !
Feintez !
Traquez !
Trinquez !
Feignez !
Coupez !
Joutez !
Sans jamais s'arrêter.
Le lièvre nœud
cœur impétueux
vous devancera
et guidera.
C'est le jour de s'éteindre
qu'on le rejoindra tous,
notre propre cœur nœud
et la place sera nette.

mardi 12 août 2014

Catastrophes naturelles

Pas le corps qui s'écroule.
Pas le corps de vieux
qui tombe
et se dérobe.
Pas le corps qui rompt.
Non.
Non.
Le corps qui s'écoule.
Le flash du corps
dont les eaux
se perdent
de tous les trous.
Tous les tous
s'ouvrent
en grand,
disques
et ailes
repliés
dans les bords
à
cet
effet.
Le creux des lèvres
et toutes parois
à interstices
à ranger
les ailes
bouchantes.
Les étagères
du corps,
Ikéa battu
à plates coutures
ou simple imitateur
du corps génie
rangeur.
A tous les étages,
ses trous,
ses espaces,
au mini nanomètre
près.
De haut en bas
des trous
et leurs opercules
rétractables.
D'un coup,
il s'ouvrirait
les bras en croix
à tous les vents
et
tous les excréments
et autres liquides
inconnus
invisibles
sans nom
avec odeurs.
Toutes les senteurs
pestilentielles
du corps
tout en un.
Tir groupé
plouf
plaf
beurk.
La mare
amniotique
déchèterie
exhibée
malgré moi.
Je m'évente.
Après ce
désastre,
je suis sèche,
parfaitement
sèche
et
droite.
Parfaite.
Sauf
l'épaisse
flaque
qui me baigne
été tous mes liquides
et bouts flottants
interdits.
Si tout le monde
s'écoulait
en pleine rue,
le marasme !
Dites donc pas !
Et tout en mélange !
Mais non.
Je serais
l'unique
et seule
à éclabousser
mon cercle
Vitale.
Mon espace
souillé
et celui des
autres
touché
et qui mettrait les pieds propres au fond ?
On reste sur la berge.
Je suis sèche
et belle transparente.
Mais les liquides
ruissellent le long
de mes jambes,
baignent mes
pieds,
les imprègneront ?
Les oreilles
narines
yeux
bouche
et tous les autres
encore moins nobles
bavent leur
produit
insoumis.
Rébellion
du monde
intérieur.
Impénétrable.
Impistable.
Insoupçonnable.
Un jet
Un spasme
et tous
de conserve,
évacué,
épanché,
éjecté,
loin des trous
et tunnels
du corps
et de l'âme.
Sèche
jusqu'au bout des
doigts.
Intouchable.

samedi 9 août 2014

Chronique ronron

Ces mots
toujours les mêmes
toujours toujours les mêmes
encore vomir
mes restes
encore frémir
de dégoût
encore récurer
tous les fonds de cuve ;
encore tous ces termes
d'égoutier
purificateur
maniaque.
Une dizaine d'années
plus bientôt une autre,
pas tout à fait,
à coucher
ces gerbes
d'abats
à évanouir.
Tout doit disparaître,
depuis si longtemps.
Ce n'est pas celui qui
s'acharne
au business !
Non, non !
C'est celle qui lutte
pour sa faillite.
La phrase en elle-même
n'a ni queue ni tête
puisqu'elle se bat
pour perdre.
Et si !
Messieurs Dames !
Il existe
de par le monde
de tout temps
et sous toutes les latitudes
des championnats
d'Échec.
Perdre
poids
face
courage
pied
main
coup.
On quitte le winner club.
Un autre attend
sagement
au bas de l'escalier
dans le sous-sol
des gueux
et tocards.
Encore encore.
Toujours toujours.
Le refrain
ronron
pathétique
de la maladie
à vie.
La chronique,
la régulière,
l'exaspérante,
qui parfois,
au lus bas,
toujours,
donne un sens.
Le symptôme
qui rassure
berce
et rendort
la douleur.
On en pleure,
on en geint
et cette Jérémiade
nous revigore.
Cette colère,
cette rage,
d'être lié
à ça
et l'on reprend
Pied.

Dans le vif

Me vomir
M'extirper à moi-même
M'énucléer s'il le faut
M'éviscérer en premier lieu
Puisque ce sont bien
Elles
ces mesquines
et poisseuses
Vipères.
Elles entortillent
leur corps
à croissance infinie
au creux
du mien.
J'enfle
et me répands
bientôt dégueulante
de trop.
Un corps en trop.
Un corps de trop.
Je cisaillerais
Trancherais
dans le Vif
si l'équipement
ne me faisait défaut.
J'arracherais
Sécaterais
Éplucherais
jusqu'à la sève
si j'avais la main verte.
Que demeurent
le conduit
et ses affluents
nécessaires.
Que circule
le liquide
de velours
et sa cohorte
nutritive.
Que crèvent
Meurent
et S'enterrent
les détritus
ornements.
On me dira
que voilà donc
un corps vivant.
On me dira
qu'une femme
se vallonne.
Si je ne me rends pas
à leurs pieds,
je répondrais
que ce dont il s'agit
est une catastrophe,
une invasion ignoble
et que non
Ô que non !
rien de la
plus petite parcelle
de ces corps étrangers
qui sifflent
soufflent
et pénètrent
mes intérieurs
n'est acceptable.

Je redeviens
l'Ancienne
l'Honnie
la Répudiée.
Reniée de
moi-même.
Répudiée
du fond
du gouffre.