jeudi 27 octobre 2016

Quelqu'un !

Besoin d’un quelqu’un
Sous la main
Pour le tenir
Qu’il tienne
Et je parlerais
Comme une fontaine
De chocolat
Dégoulinante.
Parce que les premières heures
Parfois impitoyables du matin
Se passent seule.
Des heures
Sans un mot.
Il y a ceux
Qui sont putain de tranquilles,
Ce que c’est cool !
Comme ca.
Et il y  a ceux qui attendent
Le premier quelqu’un
Qui va parler
Sourire
Même juste s’adresser.
Besoin d’un quelqu’un
Qui rattrape
Que ça arrête de s’envoler mal
De faire des remous gluants
Et nauséeux.
Oh non... Pas toute la journée comme ça...
Oh non...ça commence mal...
Phrase des plus stupides
Puisque concernant une journée,
Le commencement est souvent le plus dur.
La lune de miel du matin-départ eu travail
Semble quelque peu
Ridicule.
C’est comme la naissance.
Heureusement que le bébé ne se dit pas :
« Eh merde ! Si ça commence comme ça, je suis mal barré ! »
Il sautera du berceau tout de suite
Le petit gars dis.
Mais c’est un peu pareil
Ces jours où
Les heures solitaires du matin
Donnent l’impression
De tout devoir recommencer à zéro.
Toute la vie qui doit être refaite,
Réprouver,
Reprise du départ
Et on a peur à crever.
Je vais jamais pouvoir.
Il faut que je rentre.
Je pars droit dans le mur.
Je suis Paso.
J’y arriverai jamais.
Je vais m’écrouler.
Je vais me disloquée.
Je vais tout gâcher.
C’en sera fini pour moi.
Je serai bannie.
Je vais tout perdre.
Ils vont tout voir et tout comprendre.
Je serai nue comme un ver
Devant tous.
Je n’aurai plus rien.
Je pleurerai.
Comme une minus.
Sans autre arme.
Débile à faire peur.
Je serai à terre.
Sans pouvoir tenir sur les jambes.
Quelqu’un !
S’il vous plaît !
Quelqu’un pour parler
Avant la fin du monde !
Youhouuuu !
« Bonjour Madame, vérification des titres de transport. »
Et premier plouf.
Attendons les suivants.
Salvateurs.

lundi 24 octobre 2016

Jours où

Les jours où
Mains ballantes
Inutiles
Désarmées
Juste connes.

Les jours où
Bossue
Et bien comme ça,
Boudeuse
Sans colère,
Rabougrie
Un peu pourrie
Un peu vieille
Un peu vielle fille
Plutôt sale
Pas joli parfum.

Ou alors,
Noir corbeau
Brillant
Cinglant
Aigu
Sans. Ô cessions
Cruel
Sans un mot
Tiquant
Agacée
Exaspérante
Inatteignable.

Les jours
Sans couleur
Ou plaquées
Fausses.

Les jours
Sombre
Le ciel bas
Les yeux tombent
Rien ne vaut.
Tout énervé
Et rien ne vaut.
Tout est décidément stupide.

Les jours
De gerbe
Du moins nausées
Moue écœurée.

Envie d’un lit
D’une couette
Toute la sainte de pute journée.
Et arrivée la nuit,
3 plombes pour s’y glisser
Se pelotonner,
Comme un connard
d’humain qui ne
Sait ni ne saura
Jamais
Ce qu’il veut.

mercredi 19 octobre 2016

Je suis un monstre

Si je laissais vraiment
Faire la nature...

Arrête de réfléchir !
Te complique pas la vie !
Tu penses trop !
Lâche-toi un peu !
T’en fais toujours des pataquès !

Vous voyez ce que je veux dire ?
Que vous soyez celui qui le dit
Ou celui qui le reçoit ?
Voyez-vous bien ?
Peu importe.
Non ! peu n’importe pas ! peu n’importe pas du tout !

Bref,
Si je laissais donc
Faire la nature,
Notre belle nature,
Sincère et authentique,
Vraie plus vraie que tout autre chose,
Paraît-il,
(Ce que je trouve très insultant pour la culture qui semble opposée à toute cette merveilleuse jungle qui nous habite)
Je dévorerais tout
Sur mon passage.
J’engloutirais
Engouffrerais
Enfournerais
Dévorerais
Dévasterais.
Je serais une ogresse
Une folle déchiqueteuse,
Une égorgeuse de tout ce qui se bouffe
Et se digère,
Une sorcière qui ferait tout bouillir,
Pourvu qu’elle puisse enfourner.
Pas une gentille ogresse verte à couettes
Ou une sorcière qui met trois mômes à la broche.
Je serais une furie de la dévoration.

Meuh enfin non tu ne ferais jamais ça !
On te donne trois graines et t’es contente
Alors dis pas de bêtises !
(Connard va !)

Et si, je sais,
Je sais,
Pas parce que mon cerveau malade
De bouffe
Le dit,
Halluciné.
Je sais
Parce que mon corps le dit.
Je sens que je suis
Entièrement prête
À engloutir
Sans rien choisir,
Sans rien laisser,
Sans rien abandonner.
Tout finir jusqu’a la dernière miette,
Comme sortie d’Auschwitz
Et narguée affamée
Squelettique.
Je sais que mon corps
Peut avaler
Beaucoup de couleuvres
Et beaucoup de tout,
Des heures durant,
Sans s’arrêter,
Manger,
Manger,
Quoi qu’il en coûte.
Quoi que je sache
Exactement ce qu’il m’en coûtera
Très cher,
Dans très peu de temps.

Je sais.
D’autres savent
Ces monstres qu’ils vivent,
Qui se tortillent à l’intérieur,
Qu’on tient en laisse bien serré
La journée
Et qui explose de rire et de liberté
Le soir.
Ce n’est pas de la douleur quotidienne.
Enfin si !
Quotidienne, tous les jours.
C’est la douleur d’être fou
Quelque part.
D’être sans aucune limite
Quelque part.
D’être délirant
Quelque part.
Et de n’être qu’une marionnette
Dépossédée.

Qui a son monstre à lui ?
Qui qui ?
Vous êtes là ?
Qui le connaît ?
Qui le déteste ?
Qui le craint plus que tout ?
Qui voudrait ne plus exister quand il tire les ficelles ?
Qui sait, malgré les apparences ?
Qui sent le monstre tordu et taré pousser les membres bien sages ?
Qui sent la bête, la plus stratégique ?

Ma nature est aussi ce monstre.
Alors, non !
Je ne laisserai pas faire
Sans les mains
Youplaboum.
Parce qu’il faut
Laisser hurler le monstre
Le regarder
Et l’ecouter,
Le respecter,
Y parvenir,
Avant de lâcher le leste.
Et c’est l’affaire d’une vie.
Ou d plusieurs.

jeudi 13 octobre 2016

Routine salie

Sortie de douche,
Propreté
Netteté
Tranquillité.
Pas poétique
Mais physique
Chimique
Atomique.
Tout cela est parfois bien apaisant.
Habillage et finitions.

Sortie au monde.
Première du jour.
Toujours un inattendu
Même si le calme engrenage routinier est en place.
Toujours un choc.
Toujours un vrai choix.

T’es folle ma pauvre !
Bref, je préfère me choquer
Plutôt que
M’ennuyer.
Attention à la routine !
Attention au poids du quotidien !
Jamais vu.
Connais pô.
Pô du tout.
En bonne folle,
Je suis chaque jour surprise.
L’endroit de la médaille.
Il en faut bien
Pour tout le monde.
Partagez donc Messieurs Mesdames les Pô de Souci.

Sortie au monde et première marche.
Elle monte et elle descend
La salope.
La saloooope...
Elle fait faire la tête chouette
A 360°.
Ah voila une journée qui commence !
Ah, je suis déjà moins nette...
Je commence à brouiller.
Je commence à salir.
Couler.
Dégorger.
Détonner.
Boiter.
Bancale.
Craquer.
Crader.
Craqueler.
Mochir.
Suer
Suinter
Gigoter
Décaler
Decranter
Déchanter
Détruire
Casser
Rapetisser
Écroulée dans le caniveau.
En quelques minutes, je suis sale.
Je suis gâchée.
Pas tout de suite complètement.
Doucement mais sûrement.

Les heures passent.
Je bouge.
Je vis.
Je m’émeus.
Je m’agite.
Je suis de plus en plus
Vieillie
Rabougrie
À refaire,
De À à Z.

Ca ne se voit pas.
Ca se transpire
En solitaire.
Et on finit la journée
En déchet,
Au fond,
Pas effondrée,
C’est la routine,
C’est pas si grave,
Mais on,
N’y pense pas,
Parce qu’on ne pourrait
Vomir
Et ne plus revenir
Demain.
Que dit mon palpitant alors ?
Silence béant.
Ou surdité sévère.
Il passe son tour.
Gros Colon
Et son copain
Gros Testin
Prennent le relais.
Des voix
Des voix
Partout.
Allez,
Pavillons dressés !
Jusqu’a toutes les entendre et
Les aimer.

mercredi 12 octobre 2016

Mon coeur tu as mon nom

Je suis allongée,
J’écoute mon palpitant.
J’écoute les coups et trous.
Pas le flux et reflux.
Il n’a pas le pied marin,aujourd’hui.
Plutôt martial.
Je suis prête à dormir.
Il est feu follet.
Pas batifolant.
Pas affriolant.
Plutôt flamboyant.
Plutôt formidable.
Formidable et flamboyant
Comme on veut les entendre.
Formidable-admirable (contemporain et banal) ;
Formidable-effrayant (antique au pied de la lettre) ;
Flamboyant-merveilleux (optimiste et pyrotechnique) ;
Flamboyant-venimeux (pyromane nyctalope).
Etc. Etc.
(Pas trois p’tits points après Etc., n’empêche que le répète, alors, ma foi, cela ne revient-il pas au même ?)
Mon palpitant bat comme un forcené.
Je l’ecoute à ce moment-là,
Pour la première fois,
Après une soirée bien remplie.
Je l’avais toujours ignoré,
Sans aucune determination quelconque d’ailleurs.
Ou celle, parfaitement incontrôlée, de
Ne pas
Entendre sa voix.
Je hurle au scandale parce que,
Démocratie ou pas,
Quoi qu’on en dise,
On écoute toujours le plus fort,
Le criard,
Le verbe haut
Mais pas forcément juste.
Et pourtant, je m’insurge,
Je resignerai chaque jour s’il le faut,
Cette révolution,
Mais je succombe comme tous
A ces sirènes-là.
J’ai laissé mon palpitant
S’emballer comme un damné,
Chaque fois,
Chaque jour qui a fini trop rempli,
Nombreux,
Et n’ai jamais compris.
J’ai cédé à la prétention de l’idée.
Elle me disait :
« Tout va bien,
Tu vas enfin te reposer.
Tu es au calme.
Tout est calme.
Tout cela est loin
De ce lit,
De ces draps.
Tu as déjà oublié.
Demain est déjà là. »
Et le palpitant cognait comme un dingue !
Mais comme un dingue je vous dis !
Il tapait creusait tapait creusait tapait creusait
Poussait trouait poussait trouait poussait trouait
Toute la poitrine
Et personne ne me disait rien.
Je veux dire,
Personne ne me résonnait.
Je ne reconnaissais
Personne.
Je laissais le corps s’essouffler
S’époumoner
Et moi comme si de rien.
Ca n’était pas encore assez bruyant,
Pas assez grande gueule pour que je.
La honte d’être moi aussi de ceux qui.
Facilité.
Paresse inée
Et salvatrice,
Aussi,
Il faut l’avouer.

Hier pour la première grande fois,
J’ai entendu
Le palpitant
Crier.
J’ai entendu,
Ouï,
Oui !
Le tambour dans ma cage respirante.
Les côtes branlaient et l’estomac faisait le grand huit.
Mon palpitant faisait comme dans les films.
Et je me dis
Qu’il faisait pourtant bien
Son cowboy là quand même
Et que je n’y avais vu que du feu
Ou pas de feu
Justement.
C’est idiot cette expression qui dit le contraire de ce que je veux dire.
Petite conne tiens !

Mon coeur
M’a prévenue,
Souvent,
Efficace.
En grand danger,
Je l’ai suivi aveuglément.
Il avait forcément raison.
Plus que n’importe qui
Dans et hors de moi-même.
Bien m’en a pris,
Je m’en rappelle.
La vie était en jeu.
Largement.
Je l’ai amené
Jusque là,
Cette extrémité-là.
Et je n’entends pas ses tonitruants boums boums
Du quotidien.
C’est pas moi la p’tite conne ?!

J’écris et mon palpitant,
Tu recommences.
Je t’entends.
Je t’écoute.
Tu as mon nom
Et mon sourire.

lundi 10 octobre 2016

Jour de caprice

Quand le caprice,
La rage,
Tient par les couilles.
Meme celles que je n’ai pas.
Quand tout doit être là
Maintenant
Parce qu’apres la patience,
Vient la violence.
Pas d’entre deux.
Pas d’impatience
Puérile mais convenable.
Là,
Envie

De casser la gueule.
Parce que le café a coulé.
Parce qu'elle réveil à sonné.
Parçe qu’il fait froid.
Parçe qu’il fait chaud.
Parçe qu’on est en retard.
Parçe qu’on finit par tout détester
Et tout le monde.
On est merdique,
Tout est merdique,
Et on engorgerait les géniteurs.
Et un petit privilège pour les enculeurs de l’enfance.
Pas juste de l’impatience.
Parçe que toutes les fureurs remontent.
Parçe qu’on voudrait hurler
Aux gens qu’ils doivent avoir honte d’eux.
Parçe qu’on voudrait dire qu’aujourd’hui,
Ton désir toi mon salaud,
Je n’en tiens plus compte.
Tu n’as écouté que ton petit etre de victime du monde,
Oh ce qu’on est méchant avec toi !
Pauvre chou !
Tu n’as écouté que ca,
Ils n’ecoutent que ca,
Le monde se regarde le nombril,
Et on doit faire avec ?
Toujours les mêmes,
Les machines à concessions.
C’est dans votre gueule
Que je vais vous péter,
En pleine face,
En plein bide,
Là où le  respect de moi ne vous a pas effleuré.
Vous n’allez plus omettre de m’écouter,
Je ne sourirai plus.
Je fermerai les lèvres pour ne pas cracher en pleine
Rue.
En public.
Pour ne pas être celle qui passe pour folle
Alors que la vie fait tellement enrager.

Et se sentir aussi rageuse de soi
Et de ses enflammades,
De cette inutilité,
De cette vanité.
Prête à tout salir
Parce que seule la rage à sa place
Ce jour-là.

dimanche 9 octobre 2016

Bébé Alex

Le bébé n’a que ses yeux et ses entrailles pour armes. Il vit survit par eux.

Les gens viennent salue son arrivée en ce bad-monde. Ils ont un mouvement de recul. Parfois, un petit claquement de langue pour dire leur désapprobation. Si jeune et si gênant. L’enfant pourtant, de loin, n’a rien que d’ordinaire. Tous les bras et jambes sont en place. La tête est la même que celle de n’importe quel enfant . Elle a peu de cheveux. Plutôt foncés mais sans vraie couleur encore. De toute façon, tout cela changera encore et encore. Autant ne s’habituer à rien. Pour lInstant elle est à peine. Non sans peine mais à peine. Ils sont dupes.
Les parents ne s’aperçoivent de rien.
Les parents ne s’aperçoivent jamais de rien.
Le bébé fait cet effet-là. Il tue les consciences et les intelligences. Il réveille le plus enfoui. Le plus tripal. Il suscite l’irrépressible, le plus dingue et le plus puissant. Ce qu’on ne maîtrisera jamais. On peut toujours le nier après coup. On en toujours l’objet sur le coup. Le bébé est une divinité de l’intuition, un éclaireur du chemin le plus court vers le point G sans aucun plaisir de notre être. Le point zéro, alpha, princeps. Certainement pas lambda ni x ou y. Le vrai point de départ qu’on ignore presque toujours. Sauf peut-être le dalaï lama.
La vie comme elle va. Oublieuse. Salope oblitéreuse.
Ce bébé-là va défouir la douleur primordiale. Il fascine et attire. Il obnubilé ou répugne. On veut absolument le revoir ou plus jamais de la vie.
Ce bébé-là est né avec l’intuition de la douleur D, alpha, princeps. Chacun son don. Le minuscule humain qui va décrocher les sourires, les mettre au placard et qui regarde dans l’absurde profondeur de l’être. On en a des nausées. Qu’on soit pour ou qu’on soit contre. On est au bord des dents, la glotte aux aguets. On est ouvert, sur la table chirurgicale. Ce bébé a déjà une destinée. Il opère, ouvre, écarte les pans de la couverture sociale, qui cache, habille, construit le joli poli molli. Ce bébé-là est encore plus fou que les autres, encore plus détonnant. On dit d’elle : « Quels yeux ! quel regard ! » Parce qu’on ne sait pas comment dire autrement et qu’on ne veut pas passer pour le loufoque de service, parano à ses heures. Rien de is normal pour l’adulte de base, malhonnête et aveugle. Mais on sent l’intestin protester. Lui sait et dit qu’il se passe un truc grave. Bien plus haut et fort que les autres, il le dit. Pas sûr qu’il ait le choix d’être une grande gueule. Pas sûr qu’il ait son propre mot à dire. Quoi qu’il en soit, l’humain adulte auquel il appartient n’entendra pas les gargouillis.
Elle n’est pas devin. Elle n’est pas magique. Elle est depuis le début dans sa bulle missionnée. Elle est attendue oui comme un Messie. Pas de quoi s’enorgueillir. Elle est déjà doublement impuissante dans la vie. Elle ne l’a pas choisie sa mission. (Mission de merde, disons les choses comme elles sont.)  Elle n’a pas encore les moyens de la détester. L’enfant pourra le commencer. L’ado la haïra très vite.. Et l’adulte reniera sans remords. Chacun son potentiel.
Qui dit que l’enfance est un paradis ?
Elle se mettra quand même très tôt, tout de suite presque, dans des colères noires. Bébé parfait qui mange, qui rote et qui dort quand il faut tout bien jusqu’au moment où? La cuve est vide ou la coupe pleine.
Le puits à sec.
Les poumons essoufflés.
La gorge sans cris.
Elle ne pleure plus.
Elle se recroqueville sans qu’on le sache.
Bien sûr sans qu’on le sache !
Qui sait les drames du bébé sage ?
Qui les soupçonne ?
Elle finit par lâcher du leste et ne plus être belle. Elle est au bord. Non ! Elle est au fond ! Dans le noir le plus complet. Elle s’électrise. Elle laisse la foudre la foudroyer. Elle est en sécurité autre part, recroquevillée dans l’oeuf, tout petit œuf au fond du ventre. Elle sent les vibrations de la foudre. Toutes les catastrophes naturelles en même temps. Elle y est, tourneboule, mais aussi non. Aussi, elle regarde, elle filme le désastre. Toujours, elle filmera et enregistrera consciencieusement ces foudroyances. Elle y trouvera toujours une issue à l’entière asphyxie. Bien sûr, elle perdre rythme, elle perd de l’air. Elle se rétrécit. Elle siffle et râle. Ben oui ! La mort n’est pas loin quand elle est en colère, qu’elle ne peut plus être belle et parfaite. La mort déjà pointé son nez. Elle est dans l’armée des bébés-douleur. Les bébés du point D, alpha, zéro et la douleur.
Les bébés-douleurs.
Les bébés-soigneurs.
Les bébés-soldats.
On ne les voit pas. On parle de la santé et du pipi caca. Et après ? Et après rien. On s’inquiète pour cela alors que le bébé voudrait se retirer, voudrait rendre les armes, du moins le titre. Parce que les armes, personne n’a trouvé de bon ton de les lui fournir avec la mission. Le statut invisible qui écrase. Comme un éléphant au dos s’un nourrisson. Ridicule, risible, stupide. Dessin animé. Histoire de conte de fées. Ou pas.
Bébé Alex, soldat historique protecteur. Le magnifique. Le splendide. Fille ou garçon, finalement, peu importe. On l’aimera quoi qu’il en soit.
Oui et ?
Et ?
Et rien ?
Et, fille ou garçon, il se battra pour vous protéger sans même que vous imaginiez le lui avoir suggéré.
Suggère-t-on a un bébé ?
Réflexion faite, je dirais... Non.
Qu’en dis-tu Bébé Alex ?
Qu’en dis-tu ?
Ah oui, pardon. Au temps pour moi, tu ne parles toujours pas. C’en est agaçant d’ailleurs ce mutisme. Alors que bon... De mauvaise volonté ? Mmmm... À voir.
Les fous furieux.
Quel bonheur cette enfant ! Elle est a-do-raaable ! Elle ne bouge pas. Elle est idyllique. Et rigolote en plus ! ( ils ne disent tout de même pas qu’elle ne parle pas assez parce que ça paraîtrait fou furieux précisément, mais, soyons francs, très francs, ils le pensent. Ca complique tout. Mais on y trouve quand même un avantage. Verrez après !)
Quand elle est dans le trou, elle finit par se laisser choir. Elle laisse faire. Elle abandonne et c’est doux. Elle meurt la conscience tranquille et le corps évidé sur le champ de bataille. Elle s’endort. Ses  yeux se retournent vers le petit œuf et basta ! Elle n’en peut plus. Au bout du rouleau. Elle n’a pas même un bouclier voyons ! Pas même la moindre armure. Alors, elle leur Fuck Bye et Faites ce que vous voulez de moi, vous et tout le monde. Forcément, ça fait peur aux adultes responsables et sérieux. Qui forcément l’entourent de mille attentions. Ils se pressent. Du coup, elle revient à elle et elle cède. À chaque fois. Elle n’y résiste pas. Elle ne pense pas d’ailleurs. N’oublions pas, ni vous ni moi qu’elle est bébé, Bébé Alex. Un ch’tiot comme ca, ca n’abandonne qu’un temps, qu’un instant. Et puis ça repart comme en 40. Comme en 40, même si ça ne veut proprement rien dire. Mais enfin, quand on est in bébé-soldat, on a bien le droit à cette formule-là.
Ce bébé-la, moi, il me fout les boules. J’ai envie de tout recommencer à zéro pour lui, pour elle. De tout refaire du commencement, au point zéro, son point zéro à elle. Parce qu’on s’est bien foutu de sa gueule quand même. Bien bien foutu. Pour une bouffonne on l’a prise, une vraie bouffonne. Elle n’était même pas née qu’elle était déjà manipulée. Déjà un tournevis tout beau tout neuf, joujou impeccable qui tourne les vis pour les autres et perd la tête de vertige. Et tout le monde se réjouit du cadeau. Il y en a même un qui en jouit sur elle, l’immonde. C’est écœurant, Bébé Alex ! Et toi, tu continues de te battre pour vivre. Parce qu’un bébé, ça fait comme ça. Ça fait rien d’autre. Un bébé, ça lutte pour la vie toujours.
Ca fout les sacrées boules de voir qu’on la traite comme ça et qu’elle se bat comme ça. Moi, j’aurais bien envie d lui dire : « Bébé Alex, lâche l’affaire tout de suite. Ça ne s’arrangera pas. Un bébé, souvent, on essaye quand même de pas faire n’importe quoi. Même si ça dégringole ensuite. Sauf qu’il y en a des furieux, qui déglinguent même le bébé. Il faudrait les éliminer ceux-là, les enfermer, les stériliser. Putain, c’est Bébé Alex et ses grands yeux noirs et forts qui me font dire des conneries pareilles. Mais j’y résiste pas.
Non mais concrètement, que lui fait-on à ce bébé Alex ? Concrètement ?
On le réveille en pleine nuit parce qu’on n’arrive pas à dormir, soi, pauvre adulte en détresse. On va chercher son doudou dans son berceau.
On le caresse partout pendant des heures, le temps de s’apaiser soi-même, parents « ressources »... Parents sources de tous ses problèmes au Bébé Alex oui ! On la caresse pour se bercer soi-même. Parce qu’elle, elle est toute calme ; même parfois endormie alors forcément calme, quand on l'a chopée et qu’on lui vole son calme, comme je l’ai dit tout à l’heure.
On pleure avec elle en silence quand personne ne nous voit dans le noir, quand on peut se lâcher. Parce qu’un bébé, c’est tout doux et tout rond et ça cafte pas. Il peut tout arrondir et tout adoucir le bébé Alex. Ou un autre. Elle ou un autre, finalement là n’est pas la question. C’est le bébé poupon qui compte.
Et puis le meilleur pour la fin, il y a toutes les histoires qu’on lui raconte. Ça ne peut pas lui faire d mal. Il ne comprend rien de toute façon. Alors on lui dit tout, tout de tout.
On se soulage de tout.
On lui chie dessus.
On lui vomit toutes ses ordures de la journée.
En vrai, c’est tellement bien qu’on va faire son gros caca après ça. Et on la remercie parce que c’est grâce à elle le gros caca. Ce bébé est formidable ! Il fait tout passer !
Après, on le laisse et celui du gros caca va bien dormir, à poings fermés lui.
Bébé Ales, elle, ne dort jamais vraiment bien. Je ne vous apprends rien. Elle finit parfois par pleurer à force d’attendre. On vient, on vient. Un peu et pas mal mais quand même pas le temps qu’elle s’endorme. On est fatigué. Y en a qui bossent ici ! Rooooo mais ! Qui se lève demain pour partir au turbin et pouvoir acheter les couches ? C’est Bibi L pas toi, p’tite coucouille va !
Et sur ce, on s’appuie sur ses genoux pour se relever en lui soufflant au visage. Fait mal aux jambes cette position dis ! On va souffler dans son lit et se reposer de l’enfant. Lus loin et pas trop près. Pas maintenant du moins. Pas que ça soit aussi gênant que ca, en pleine nuit et tout le tintouin.
On a bien bercé, c’est bien.
On est fier de soi.

On chiale depuis des lignes, là, sans l’avouer, sur le sort de Bébé Alex. Mais elle, qu’est-ce qu’elle chiale, dit ou fait ? Ben, pas grand chose, pas grand chose. Toujours cette pute d’impuissance qui mène à la mort.

Il y a un moment où, à raconter ça, j’ai envie de prendre ce bébé et de le jeter contre le mur. Parce qu’elle ne sert à rien, parce qu’elle ne se défend pas, parce qu’elle laisse faire le pire et presque avec le sourire. Elle continue pour le moment d’être un bébé joyeux et gentil. Elle a des vrais bras, des bons bras, parfois. Elle s’en gave jusqu’a plus soif. On a envie d’en finir avec sa vie déjà merdique. Parce que d’ici, on sait qu’elle n’en est qu’au début du calvaire. On a envie d’être en rage pour elle, avec et contre elle, je ne sais même plus de quel côté. Envie de défoncer tout ce qui passe et qu’elle ne soit pas cette victime débile. Qu’elle se réveille, qu’elle hurle en atteignant le mur et en sentant le coup. Que ses neurones en construction prennent un coup de fouet et s’insurgent comme des emmurés.
Et puis, cette colère, cette rancoeur qu’on a contre elle s’estompe brutalement quand cogne l’image de sa vulnérabilité. Tout frappe, tout heurte pour elle. Tout le monde. Sens dessus dessous. Le bordel intégral.
Bébé Alex.
Bébé guerrier.
Pourquoi ?
Tout fait penser, pourquoi ?
Et ca, on ne peut pas y répondre.
Cette fragilité insoutenable,
Telle,
Qu’on en devient violent.
Pourquoi ?
Parçe qu’elle ne peut rien y faire, voyons !
Mais ! Pas ce pourquoi-là enfin ! Je ne suis pas une imbecile. Pourquoi cela arrive-t-il ? Pourquoi y a-t-il le droit ?
Cette lutte infinie et méprisable.
Pourquoi ?
Cet air. Rien.
Pourquoi ?
Et toute cette connerie ambiante.
Pourquoi ?

Un jour, Bébé Alex Pete les plombs. Ce n’est pas que la première fois. Elle blé de tout son corps. Elle est en transe. Elle n’est plus là. Elle ne peut plus être là. C’est impossible. Elle s’evade dans lOeuf mais en fanfare, cavalcade urgente, elle n’a pas le temps de se recroqueviller doucement. Au bord du fond,  on n’oublie pas.
Elle crève l’abces.
Elle crève un peu.
Bébé Alex est une guerrière.
Rien nEst fait à moitié.
Elle est carrément flippante parfois.

De plus en plus, elle est dans son lit et elle attend. Elle est immobile. Complètement. Quand elle sent le danger surtout. Comme pour disparaître. Elle n’est plus dans son corps. On ne doit plus la voir. L’oeuf ne fonctionne plus. Se recroqueviller n’est plus assez. Désormais, on ne doit plus la voir. Plus tard, quand elle aura l’âge, elle rêvera dUne cape d’invisibilité. Ou de se réveiller le lendemain refaite à neuf. Nouvelle carrosserie, nouveau garage, nouveaux proprios.  Mais on n’en est pas là. Au max, elle se sort d’elle-meme. Et voila tout.
A l’arrache.
Elle s’arrache.
Arrachée aussi.

J’ai envie d’arreter de parler de parler de Bébé Alex. A quoi cela sert-il ? Sinon à déprimer définitivement.
Sinon à se mettre en furie.
Sinon à en vouloir à tout l’univers.
Bébé Alex désespère.
Elle est une sale victime faible et informe.
Bébé Alex ne sert à rien.
Elle est déjà pourrie à peine sortie du bide.
Autant l’exterminer maintenant.
Exterminons oui tous ces bébés trop malheureux.
Achevons-les avait qu’ils ne souffrent encore davantage.
Mais,
On ne sait pas, en vrai, ce qui peut advenir. La vie est pleine de surprises, paraît-il.  Pleine de surprises sans aucun doute, Messieurs Mesdames. Sûrement que Bébé Alex ne s’attendait pas à ca. Surprises pleines de saletés pour les bébés-soldats.
Ce sont eux après qu’on traite de faibles.
Face auxquels on change de trottoir.
Ceux qui sont bizarres.
Ceux qui font peur.
Ceux auxquels on se frotte pas.
Ce sont pourtant eux les remparts de l’humanité.
Qui se souvient que ce sont eux qui ont un jour protégé notre espèce ?
Sue ment pas l’ecole ni la rue.
La famille ?
Jamais.
L’hôpital psychiatrique ?
Mmmmm...
La prison ?
Non non non !
Les autres fracassés ?
Oui oui et puis c’est tout.
Bébés guerriers voués à l’oubli.





samedi 8 octobre 2016

Les oreilles folles

L’orille est bien là
Toujours là
Bien accrochée.
A droite, Check.
Voyons voir à gauche...
Check Ok RAS.
Les deux oreilles sont en place.
On positionne la tête bien dans l’axe.
On se fait une belle voix.
Et on explique avec clarté et fermeté.
Quelques secondes,
Et les yeux fuient,
Se baladent ces vauriens !
Ils n’ont pas le temps.
Autre chose à faire.
A découvrir.
On a beau les rappeler à l’ordre.
On a beau.
Ils s’en branlent.
S’en branlent.
Les oreilles bien en place
Entendent et tourneboulent
Les mots.
Elles jouent.
Elles ne sont jamais sérieuses.
Elles font rouler les mots
Comme des billes dans un circuit,
Démembrent les phrases
Et les mots glissent et
Rebondissent
Dans les toboggans
Du pavillon auriculaire,
Puis dans le conduit,
Jusqu’a un endroit du cerveau,
Méconnu,
Pas le bon,
Puisqu’ils n’ont plus ni queue ni tête.
Pour eux,
L’oreille félonne les a pervertis ;
Tout ça est un grand parc d’attraction.
Le plaisir est au rendez-vous.
Ca s’annonçait mal.
Mais tout est devenu beaucoup plus
Drôle que
Prévu.
Hihi !
Mes
Mots,
Pesés,
Lourds,
Douloureux,
Forts,
Osés,
Impérieux,
Ne sont plus que
De fantômes
Rigolards.
Pour finir,
Ils redeviennent convenables.
Mais,
Ils ne sont pas tous là
Ni tous sains d’esprit.
Ils ont été pris au piège
Du jeu
Et du jouir,
Toboggan a l’appui.

Je suis impuissante.
Impuissante à fixer mes mots
Pour ces oreilles-là
Et cet esprit-là.
Impuissante face à eux,
Malgré tous mes stratagèmes.
Impuissante et rageuse.
Mais mais !
Les mots ont été lancés
Forts et enfin,
Surtout.
Après toutes ces années.
Impuissante à résonner.
Finalement est-ce si grave ?
J’ai bien la preuve que
Ces organes-là
Sont toqués.
J’irai jusqu’au bout
Pour le bout.
Pour toucher la ligne d’arrivée
Et commencer une autre course,
Moins infinie,
Moins brûlante.
J’irai leur dire à ces oreilles folles,
Handicapées,
Qu’elles sont malades.
Que moi aussi,
Sans doute,
Mais pas seule.
J’irai jusqu’a ce point
Et j’en aurai fini.
J’arrêterai de porter
Ma montagne,
Galerienne quotidienne,
Ridicule pathétique.
J’aurai droit
A d’autres humeurs
Et d’autres mondes.
Je serai goal volant
Et non plus
Scotchée à
Mon beau fauteuil roulant.
Je serai balle
Rebondissante.
Je serai à ressorts.
Je serai libre,
Sans être plus entendue.
Mais j’aurais tout tenté
Et tout gerbé.
Je serai incasable.

Tout ca dort bien sagement,
Encore.
Attendez quelque temps,
Encore.
Le jour viendra,
Bientot.