lundi 30 mars 2015

La faiblesse et la force

Déterminer
où est le bon
où est le faible ;
examiner
le viable
l’handicapé ;
fouiller les êtres
à la recherche
des plus
des moins ;
établir deux
jolies colonnes,
proprettes
idiotes
et calmes ;
coller des
sparadraps
pansements-étiquettes
mutifonctions ;
ranger
et entasser
du plus grand
au plus petit
pour un équilibre
parfait.

Ou alors,
on peut aussi…

être à terre
tant on se sent
fragile.
Moi et d’autres
nous sommes
roulés
dans la terre
et parfois les ordures.
Parce qu’au moins là
était un fond.
Jusqu’au jour où,
infortunés,
même les poubelles
et la planète
ont cédé
sous nos derrières
bourrés
de coups.
Moi comme les autres,
on n’a pas cru qu’on
pouvait
descendre plus bas.
Mais il n’y a pas de limite
si ce n’est celle fixée
en désespoir.
Alors l’ivraie et le bon
vin ne font qu’un.
Même soi,
on n’est sûr de rien
de ce qu’on est.

Passent les ans à se mettre
debout.

Et surgit un jour,
l’image de
l’escalier colimaçon,
on aurait bien
envie
aussi
de parler d’escargot.
Avec un peu d’orgueil quand
même.
L’escargot fier
et complexe.
On voit aussi une vis
qui s’enfonce
dans un meuble
le fend
et se fond.
On se voit
danseur étoile
pirouettant sur soi-
même
jusqu’à devenir
un tournoiement
indistinct.
Et surtout
l’escalier colimaçon,
comme dans les histoires
magiques
de
citrouilles cabanes
et arbres multicolores.
L’escalier colimaçon
fait d’écorces d’arbres
multicolores ;
a base de vert.
Une lourde écorce
malléable et
enveloppeuse.
De conte.
De lutins et
de fées.
De forêts enchantées.
Parce que voilà
pourquoi :

Au départ est
un être chétif,
malingre,
comme attendu,
malaimé
et honteux.
Son tableau
est entièrement
gris.
Avec de belles nuances
chaudes.
Mais toujours tristes.
Il pousse en lui,
de tous ses pores,
entre les orteils
et de tous les
trous,
une plante
maléfique.
c’est celle qui
l’empoisonne.
Il lutte
comme un
forcené
pour
l’éradiquer.
D’arrache-pied,
il élimine
la mauvaise
graine.
C’est un labeur
du jour et la nuit.
Il ne ménage
aucun effort.
Tout demeure
gris
et souris.

Cela dure des années qui
paraissent
des siècles.
Il pense
à l’Apocalypse,
il ne trouve pas
cela si
grave.

Imperceptiblement,
le tableau
laisse
entrer
quelques taches.
De plus en plus.
Très,
lentement.
Très,
lentement.
Mais cela ne s’arrêtera
plus.
Parallèlement,
il étudie
la plante.
La phase d’observation.
Sans les mains.
La phase des hypothèses.
La phase d’expérimentation.
Avec les gants.
A mains nues.
Jusqu’au jour
tout le spectre
lumineux
s’est invité au
tableau
et où
la plante a poussé
pour le
bercer
et l’ennoblir.
Peu à
peu,
il a viré de toutes les
couleurs,
habillé de son arbre
vert
en colimaçon
tout autour de son
être.
Il est de la forêt
magique,
il rit
et il éclaire.

Passent les ans à réfléchir
ce monde.

Puis,
il recommence
à griser.
Il s’éteint.
A nouveau.
Retourne à ses
démons.
L’arbre
devient ronchon
parfois.
Il avait pourtant
tout trouvé !

Passe une longue année
à se creuser
la tête.

La tête n’arrive à rien.
Un jour, il sent
que
définitivement,
il a laissé
entrer
la plante au tableau.
C’est la métamorphose.
il se va à lui-même.
Il a cru qu’ils
étaient
deux.
Il s’est trompé.
A eux deux,
ce n’est que lui
et il touche enfin
parfaitement
tous les creux
et rebords
de sa coquille,
la sienne
et la sienne seule.
Plus jamais,
il ne verra
son arbre.
Mais il sait qu’il
est là.
Lui, la plante maléfique
et les malheurs.
Ils sont là
et parfois
ils ressortent
pour un duel
ou une petite guerre
orchestrée.

Sa faiblesse
est sa force.
Il l’a laissée
fondre
comme un vieux
camembert.
Il l’a laissée
œuvrer.
Il a rouvert les yeux.
Le colimaçon est
désormais
à l’intérieur,
dans toutes ses artères.
Il a l’air d’un
lutin,
un vrai de vrai.
Et ses yeux noirs sont
bleus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire