mardi 19 janvier 2016

Je t'attends mon amour !


En fait, elle se rendit compte que le moins pire était encore de l'attendre. En toute conscience que c'était une énorme lubie. Elle attendait son retour. Pas le retour du fils prodigue. Le retour du frère crevé. Et
elle crut peut-être,
oui,
devenir folle,
alors.
Le temps ralentit
abominablement.
Le temps rit comme un damné
de la voir jouer
enfin
avec lui.
Il était l'inévitable
vainqueur.
Elle s'asseyait sur son lit,
dix fois par jour
et elle l'attendait.
Elle se levait à 4h du matin,
l'aube est propice
aux miracles,
et elle l'attendait.
Elle le priait lui et
Dieu
de redescendre,
et elle attendait.
Elle lui écrivait des lettres
qu'il pouvait lire de là-haut
et elle attendait.
Elle ne faisait rien,
pendant des minutes entières,
debout quelque part,
elle espérait,
elle tendait l'oreille,
elle l'attendait.
Elle se mit à courir
presque chaque jour,
dans la forêt,
sur le bitume,
dans les flaques,
sous tous les cieux,
pour le trouver sur son chemin.
Elle dut encore l'attendre.
Parfois,
elle s'arrêtait,
elle le sentait près d'elle,
juste à côté,
mais non.
Elle attendait encore,
la prochaine fois.
Parfois,
elle était tellement
enragée,
qu'elle se pelotonnait
sur elle-même,
et hurlait
plus fort qu'une diva
en plein opéra.
Elle hurlait
d'attendre,
d'être le jouet,
la poupée,
la marionnette
de ce salopard de
temps.
Elle attendait le coup de fil.
Elle attendait la porte qui grince,
la sonnette qui appelle,
la télé qui annonce,
l'ombre qui prévient,
la voix qui enveloppe.
Tout,
elle attendait tout
et
n'importe quoi.
Elle laissa aux ordures toutes
les barrières,
tous les grillages,
toutes les clôtures.
Elle fit fi
de toutes ses croyances,
prête à lever ses mains vides,
pourvu que l'attente
s'arrête.
Mais rien ne vint,
rien ne changea.
Elle attendait pour
rien,
pour du vide
et de la peine.
Un matin
de nuit blanche
à attendre,
elle alla trouver
sa mère,
au petit déjeuner.
Elle ne pouvait plus
attendre
seule.
Elle lui dit :
« je l'attends et j'en meurs ».
Et elle se lova dans les bras
rassurants
d'une vraie maman,
qui se tut
pour dire :
« Cesse cette torture.
Personne n'en revient
mon aimée. 

1 commentaire:

  1. un jour, une semaines, un mois, les barrières sauteront, disons que le miracle viendra ! ;-)

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